En découvrant les 20 premières minutes de "Comment retenir sa respiration" par les élèves du Théâtre de la Rue de de Belleville (Nantes) en 2020, puis en revoyant une nouvelle version du même projet l'année suivante, j'ai eu envie d'en suivre la création. Parce que les comédiens me semblaient habités, parce que le texte était intense, parce que l'ambiance ne laissait pas indifférent... Bref, les extraits présentés étaient très prometteurs. J'ai donc pris contact avec le metteur en scène (et aussi comédien): Amaël Charuault. Nous avons décidé, ensemble, de vous proposer ce journal de bord.
Une évidence est très vite apparue: il fallait donner la parole à Blandine Pélissier qui traduit les textes de Zinnie Harris en français (mais pas que! comme vous allez le découvrir en lisant ce qui suit). Elle a accepté de répondre à mes questions et même beaucoup plus: Blandine Pélissier sera à Nantes pour la création de la pièce et vous pourrez la rencontrer le lendemain au théâtre... Pour la rencontre, comme pour les représentations, il est prudent de réserver le plus vite possible. Vous avez les infos à la fin de ce passionnant voyage intérieur. Bonne lecture
"Comment retenir sa respiration"
Journal de bord d'une création
- Au coeur de la mise en scène - entretien avec AMAEL CHARUAULT
- Au coeur de la traduction - entretien avec BLANDINE PELISSIER
- Notes de résidence et de travail (BIENTÔT!)
- Une dernière lettre pour la route (BIENTÔT!)
Bonne lecture et, surtout, bons spectacles!
Bonjour Blandine, nous allons aborder 3 sujets : le premier, c'est vous, bien sûr, le second, c'est Zinnie Harris et Comment retenir sa respiration, le 3ème, ce sont vos projets. Pour commencer, une question toute bête : à quel moment le théâtre vous est-il apparu comme une évidence et savez-vous pourquoi ?
Je dirais toute petite. J'étais quelqu'un de très introverti, qui avait du mal à communiquer avec les autres... J'étais très bonne à l'école, j'avais un an d'avance, et dans les petites classes, j'étais un peu la première de la classe - ce qui n'aide pas à se faire des amis non plus. Très vite les maîtresses m'ont demandé de lire les poésies. Souvent aussi mes rédactions étaient lues, les petits textes qu'on nous demandait d'écrire... Une maîtresse m'avait dit que, quand je serais grande, je serais journaliste.
Vous avez grandi à Paris ? Vous êtes née à Paris ?
Non. Mon père travaillait dans les pétroles, on a beaucoup bougé. J'ai vécu toute petite en Tunisie et puis à Pau jusqu'à mes 11 ans et ensuite en banlieue parisienne, à Versailles, jusqu'à 20 ans. En 6ème, à Pau, les profs d'arts plastiques, ou de dessin comme on disait à l'époque, d'histoire et de français s'étaient mises en commun pour nous faire travailler sur l'antiquité. C'était après mai 1968, donc ça brassait beaucoup les nouvelles choses. J'avais participé très activement au spectacle où je jouais un scribe. Ca me plaisait beaucoup. En 5ème, je suis arrivée à Versailles et, pareil, ça a dû être avec la prof de français, on avait monté les Fourberies de Scapin où je jouais Scapin. Enfin, c'était pas une intégralité, bien sûr, on avait dû jouer ½ h, 3/4h, je ne me souviens pas précisément, mais ça avait été très marquant pour moi, parce qu'à la suite de ça, les grands et les grandes de 3ème me reconnaissaient dans la cour et venaient me féliciter. Donc, en fait, je peux dire toute petite, oui !
Toute petite et par l'entrée de la lecture et du texte, par la musique des mots, on va dire...
Je lisais énormément. Je lisais tout ce qui me passait sous les yeux, tout et n'importe quoi, je dévorais, je m'enfermais aux toilettes en cachette pour lire : je passais mon temps à ça.
Et donc après, vous êtes montée sur scène dans le cadre de travaux scolaires...
Oui, au lycée, 2de, 1ère, terminale, je faisais partie de l'atelier théâtre du Lycée Marie Curie et on a joué au concours inter-scolaire au Théâtre Montansier de Versailles... D'ailleurs, l'autre jour, j'écoutais Denis Podalydes, on est de la même génération, et visiblement, on a participé au concours interscolaire au Théâtre Montansier en même temps ! Ca m'a fait rire. Dans les années 70, la directrice était Marcelle de Tassencourt et on travaillait avec sa bras droit dont le nom m'échappe maintenant, Colette quelque chose. Le théâtre Montansier à l'époque, il baignait vraiment dans son jus... Tout, les coulisses et les loges étaient assez décrépies, le plancher tout poussiéreux... J'adorais. (NDLR: le Montansier a été rénové et a fait l'objet d'un superbe ouvrage pour ses 240 ans à découvrir ici) Et je me souviens, cette Colette nous faisait boire un petit shot de Whisky avant d'entrer en scène, pour nous décontracter... Je pense que maintenant, ça ne serait pas politiquement correct ! Ces années-là, dans cet atelier théâtre au Lycée Marie Curie, en fait, mais j'avais complètement oublié, j'avais mis un gros couvercle dessus, je jouais ET je faisais de la mise en scène.
J'ai fait un Bac économie. Au départ, mes parents m'avaient mis en 2nde C, parce que justement j'étais brillante, que j'avais un an d'avance etc... et ça a été une catastrophe intégrale. Je dis toujours que je suis une littéraire contrariée ! J'ai redoublé en 2nde AB, économie, j'ai eu un bac B au rattrapage, et pas grâce aux maths ni l'économie. Ensuite, mes parents ont insisté pour que je continue dans cette voie-là. Ma mère rêvait que je fasse HEC, mais je n'avais pas du tout le niveau, Je me suis quand même retrouvée en AES (Administration Economique et Sociale) à Nanterre. On essuyait les plâtres en fait d'AES, c'était les tout débuts de cette filière... Et là j'ai été très très très malheureuse pendant 4 ans. J'ai merdé totalement mes études, je ne comprenais rien à rien, la compta, l'administration, tout ça me passait vraiment au dessus de la tête, l'informatique... c'était une catastrophe ! En parallèle, j'ai commencé une double dominante en anglais parce que j'étais très bonne dans cette langue... Et puis, au bout de 4 ans, j'ai quitté la fac, Paris et je suis allée très loin : à Los Angeles. J'y ai passé deux ans. Je gardais des enfants pour gagner ma vie et me payer des cours de théâtre...
C'est magnifique ! Vous avez pris votre liberté...
Oui.
L'anglais venait du fait que vous avez beaucoup voyagé, vécu dans plein de pays... ou aviez-vous un goût personnel pour cette langue?
Je crois que c'était un goût personnel. Mon père parlait très bien anglais lui pour un français de l'époque ! Vraiment très bien. Je crois que c'est lui qui m'en a donné le goût en fait.
Il y a une affection particulière entre vous deux ?
Oui, on avait une relation très forte. Il m'a appris plein de trucs en anglais... Ensuite, je suis allée en Angleterre, en Allemagne... où je parlais anglais !
Donc, on revient à Los Angeles... Vous vous êtes donc évadée là-bas pour être qui vous aimiez et faire ce que vous aimiez...
Oui, mais ça c'est longtemps après qu'on le comprend !
Ca n'était pas délibéré, calculé ?
Non, pas vraiment. J'y suis d'abord allée avec une copine en vacances et j'ai décidé de rester là-bas. Mais j'avais quand même déjà écrit une longue lettre à mes parents - qui habitaient en Norvège à l'époque-, que ma mère m'a re-sortie il y a quelques années. Je leur expliquais que la fac, c'était fini et que de toutes façons, c'est le théâtre que je voulais faire et que je prendrais mon destin en mains. Cette lettre aussi, je l'avais oubliée...
Comment ont-ils réagi à sa lecture?
Ma mère très mal. Mon père, lui, m'a toujours soutenue. Je pense qu'il était très influencé par ma mère, mais, secrètement, lui qui avait fait une école d'ingénieur poussé par sa famille parce que son grand frère avait fait les Arts et Métiers etc, en fait, c'était un artiste dans l'âme. Il adorait chanter... Il avait une très belle voix. Un jour, il m'avait dit : "moi j'aurais aimé être chanteur ou danseur...", donc, le fait que je m'engage dans cette voie-là, ça ne devait pas lui déplaire du tout.
Deux années à Los Angeles ou vous avez pris votre destin en mains comme vous disiez. Vous avez donc appris là-bas le théâtre et en anglais, évidemment.
Oui. En fait, aux Etats-Unis, on apprenait avec "The Method" inspirée de Stanislavski. C'est comme ça que j'ai vraiment appris le théâtre.
Quelles sont les images fortes que vous gardez de ces deux années-là ?
J'avais 23 ans, je vivais à LOS ANGELES, je faisais du théâtre... vous vous rendez compte ? (rires) Je me suis fait très vite un réseau pour garder des enfants dans Laurel Canyon et d’ailleurs je suis toujours en contact avec deux familles de cette époque et aussi assez rapidement des ami·es. Je crois aussi parce que, toutes mes étrangetés, mes bizarreries, ils les mettaient sur le compte que j'étais étrangère, française. Il y avait beaucoup moins de jugements qu'en France.
Là-bas, à Los Angeles, ce n'étaient que des cours ou il y avait aussi des représentations ?
Ce n'étaient que des cours parce que j'étais illégale : je n'avais pas de visa... Je suis rentrée avec un visa de tourisme de 3 mois. Pendant ces 3 mois, j'ai passé mon permis de conduire californien qui servait de carte d’identité, j'ai ouvert un compte en banque... J'ai tout fait pour être autonome et que je ne sois jamais contrôlée... Et puis, à Los Angeles, c'était plus les Mexicains qu'on contrôlait que les blondes aux yeux bleus !
Les cours que vous suiviez, c'était des cours de comédie, pas de mise en scène, la mise en scène n'était plus à l'ordre du jour, comme on disait...
Non. Je n'y pensais pas... Sauf que quand on travaille des scènes en cours, forcément, on s'auto-met en scène.
Là-bas, vous commencez les traductions ?
Non. Ah oui, un moment très fort quand même, dont je me souviens. Il fallait que je présente une scène pour entrer dans un cours, et donc, j'avais travaillé un monologue. Quand je l'ai passé devant Greg Mullavey, le prof qui faisait passer les auditions et qui était un comédien de séries très connu, il était très ému. Il m’a serrée dans ses bras et m'a dit que je lui faisais penser à Meryl Streep... "Que j'avais les qualités de Meryl Streep" ! Et là, donc !...
LE compliment !
THE COMPLIMENT ! Elle et Jessica Lange, c'était mes actrices préférées, absolues...
Là-bas, vous travailliez un répertoire particulier ? Il y avait on va dire une ligne directrice ?
Pas mal Tennessee Williams.
Donc, après, retour en Europe. Retour à Paris.
Oui. Parce qu'après 2 ans, il fallait que je bouge... Soit je faisais un mariage blanc pour rester là-bas, pour avoir une carte verte, pour pouvoir travailler, soit je rentrais. Et puis j'ai eu le mal du pays. Donc, je suis rentrée à Paris.
La France vous manquait... Est-ce que vous savez ce qui vous manquait en particulier ?
Je vais vous faire rire ! J'habitais à Montmartre avant de partir et, un jour où je regardais une émission chez des gens chez qui je babysittais, il y a eu un reportage sur le quartier. J'ai fondu en larmes en voyant le Sacré Coeur, dont je déteste absolument tout ce qu'il représente. C'est ça qui a été le déclic et là, j'ai décidé de rentrer...
Vous revenez donc à Paris. Et là vous continuez le théâtre au Centre américain...
Oui. Alors, d'abord dans un cours privé...Ca a été un peu rude le retour à Paris. Parce que, à Los Angeles, en fait, j'avais fréquenté ce qu'on appelle des stars: ces gens-là on les croisait partout. J'avais un copain qui travaillait dans un des grands studios, il m'invitait à déjeuner. Au restaurant du studio, il me montrait des célébrités, que je ne reconnaissais pas, parce que je suis prosopagnosique, je ne reconnais pas les visages, lui ça le faisait rire... et puis en fait, ça ne m'impressionnait pas. Et je suis allée dans des grandes fêtes aussi, enfin bref, de retour à Paris, je me suis dit: je vais me trouver un agent ! Je parle anglais, je peux jouer en anglais, j'ai été bien formée, ça ne va pas poser de problème. Et en fait, j'ai été refoulée partout ! En plus, j'avais passé l'âge de passer les concours des Grandes Ecoles.
Donc, j'ai atterri dans un petit cours privé où là j'ai rencontré une fille. J'avais 25 ans, on a fondé une Cie et on a mis en scène une pièce de Eric Westphal qui s'appelait Toi et tes nuages. Je jouais le rôle d'Ernestine. Je ne sais pas si vous connaissez cette pièce, mais c'est un personnage... en fait, je pense que ça n'est pas innocent, je pense que je me suis projetée dans ce personnage qui est très particulier. Evidemment, on n'a pas réussi à le jouer à Paris, mais on a réussi à le jouer en Norvège par le biais du Centre Culturel de Stavanger. Mon père travaillait pour Elf, à l'époque. Elf finançait le centre culturel, donc c'est par un ami de mon père qu'on a fait 2-3 représentations là-bas devant une salle archi-pleine parce qu'il y avait tous les Français expatriés... Et puis, on avait rencontré Eric Westphal qui était à l'époque inspecteur du théâtre au Ministère de la Culture. Il nous avait gentiment donné l'autorisation de jouer sa pièce et nous avait dit : "bon courage pour une petite compagnie qui démarre! vous savez ce qui se passe, c'est qu'on aide de moins en moins les petites compagnies et de plus en plus les grosses" - déjà à l'époque, et je vous parle de 1985. Sur ce projet, c'est moi qui avais assuré la mise en scène.
C'était quelque chose de familier en vous le fait de diriger des comédiens… Ce qui vous plaît dans la mise en scène, c'est la direction d'acteurs, la mise en espace...?
Je suis plutôt bonne en direction d'acteurs, je m'en étais aperçue dès le lycée. On avait monté un classique de Cocteau La machine infernale, où je jouais le Sphinx, et le garçon que j'avais choisi pour jouer Oedipe n'était pas très bon. Je l'ai fait travailler, dans le salon de mes parents qui bossaient en journée, donc j'avais la paix - au lieu de réviser mon bac ! Je l'ai vraiment fait bosser, intuitivement en fait avec ce que j'ai appris après aux Etats Unis : "la méthode".... et il a eu le prix d'interprétation. J'étais assez fière de moi !
Vous pouvez ! Qu'est-ce qui guide la direction d'acteur? Le mot, l'interaction avec l'autre...? Quelle énergie vous guide quand vous dirigez ?
Quand je commence à travailler sur un projet, je ne sais pas où je vais et on y va ensemble. Même si j'ai des pistes, des intuitions à l'intérieur de moi, c'est vraiment un travail collectif de toute l'équipe. Aussi bien au niveau de la musique, des lumières, de la scéno etc... C'est comme ça que j'ai travaillé sur mon premier spectacle Un jour ou l'autre de Linda McLean et vu que ça a bien fonctionné, j'ai continué. Ca peut être assez déstabilisant pour certain·es acteurs ou actrices : il y en a avec qui ça a été compliqué. Maintenant je fais attention, je ne travaille qu’avec des personnes qui partagent les mêmes valeurs que moi et la même façon de travailler. Donc, on essaie les choses... Je suis très attentive à ce que font les acteurs et les actrices quelquefois sans s'en rendre compte, tout ce qui émane d'elles et d'eux sans qu'ils en aient forcément conscience et je tire les fils comme ça. Je les amène tout doucement là où je pense que c'est bien qu'ils aillent, et pour le rôle, et pour ce que je veux. Les répétitions sont extrêmement calmes.. Je suis très zen, je n'aime pas du tout faire souffrir les autres, je déteste les crises et les hurlements, ça ne m'intéresse pas du tout. Donc, c'est toujours dans la bienveillance, l'écoute, l’humour et le plaisir partagé. Idem avec les autres membres de l’équipe artistique. Avec comme résultat qu’on avance très vite dans le travail.
D'ailleurs, les deux comédiens de "Un jour ou l'autre" sont des comédiens avec qui vous travaillez toujours.
Oui. Eric Herson-Macarel et Sarah Vermande, la co-traductrice, qui est une amie, étaient là dès le début. Nous ont rejoint par la suite Line Wiblé, que j'avais découverte dans des spectacles de Chantal Morel, et André Le Hir qui m'a aussi été recommandé par Chantal Morel.
Avec Line et André, vous êtes en train de monter "Ce qu'est l'amour"?
Oui. Et également avec Morgane Peters qui joue le monologue d’Iphigénie à Splott, de Gary Owen (que j’ai co-traduit avec Kelly Rivière). Morgane, encore une très belle rencontre, aussi bien sur le plan artistique qu’humain ! Je suis en recherche de résidence et de production, d'ailleurs...
En fait, vous laissez parler les émotions... Ce qui doit donc faire du coup que dans vos spectacles l'émotion est toujours à fleur de peau
Oui. Et je suis très attentive aux silences qui pour moi sont aussi importants que le texte. Quand j'avais monté Un jour ou l'autre, je voulais de Line et André des silences particulièrement longs. Or les silences peuvent angoisser les comédien·nes parce que il y a toujours cette angoisse : "le public va penser que j'ai un trou". Donc, je n'avais jamais les silences aussi longs que je les voulais. Je les retravaillais à chaque fois et un jour, à la sortie du spectacle, une spectatrice est venue me voir et m'a dit - ce n'était pas du tout une théâtreuse, du "vrai public" comme on dit : "j'ai adoré cette pièce, ça m'a émue vous ne pouvez pas vous rendre compte. Et je vais vous dire un truc, ça va peut-être vous sembler bizarre, ce que j'ai préféré, ce sont les silences..." Oh Merci, merci, Madame... je cours le dire aux comédiens !
C'est très chouette. Et la traduction... Je tiens à en parler, parce que ça vous nous amener à aujourd'hui, même déjà pour Un jour ou l'autre, que vous aviez déjà traduit aussi.
Avec Sarah Vermande...
Oui, c'est ça toutes les deux. Vous aimez particulièrement travailler le théâtre anglo-saxon. D'ailleurs vous ne travaillez presque que du théâtre anglo-saxon. Je me trompe ?
En mise en scène, j'ai travaillé aussi Paysage intérieur brut de Marie Dilasser...
Qu'est-ce qui, dans votre parcours, vous a amené à la traduction des pièces – ce que vous faites très très bien d'ailleurs, puisqu'elles sont régulièrement publiées- ?
C'est comme souvent dans la vie, des histoires de rencontre et de hasard. Au Centre américain, j'ai suivi des cours avec Blanche Salant très peu de temps et après j'ai pris des cours avec ses anciens élèves, Philippe Naud puis Steve Kalfa. Avec Philippe Naud, on avait monté en 1987, en semi-professionnel on va dire, Les femmes savantes. J'avais 27 ans, je jouais Philaminte. On a joué au Théâtre Valhubert, l'ex théâtre de la SNCF à la Gare d'Austerlitz. Une ancienne salle de cinéma avec des fresques, pareil, qui baignait dans son jus total, et on avait joué plusieurs semaines là-bas. Pierre Salvadori, avec qui j'ai tourné pas mal de films après, était venu nous voir. Dans le public, il y avait aussi une jeune femme qui devait être très jeune à l'époque, que je ne connaissais pas, mais qui m'a recontactée des années après en me disant : "voilà, je vous ai vue jouer en telle année, j'aimerais bien monter une pièce états-unienne avec vous". On s'est rencontrées, elle m'a fait lire la pièce, c'était une pièce à deux personnages, elle avait trouvé une metteuse en scène, Colombe Barsacq,... mais, en fait, la pièce était moyennement bien traduite. Déjà, quand j'étais en cours au Centre Américain, j'avais retraduit des scènes d'auteurs états-uniens qu'on travaillait en cours et que je trouvais mal traduites. J'ai donc proposé à cette jeune comédienne, Sophie Zuber, de retravailler la traduction. Et il s'avère que Séverine Magois, la traductrice de cette pièce, que j'ai rencontrée par la suite, n'y voyait pas d'inconvénient car elle admettait qu’elle l’avait traduite très vite. Donc, ça c'était passé sans problème : j'ai retravaillé la traduction, on a monté cette pièce, qu'on a jouée quelques fois qui n'a pas fait un tabac, même si je pense qu'on était très bien toutes les deux, enfin bref.
Ensuite, j'ai été contactée par Annick Le Goff, que j'avais rencontrée je ne sais plus comment et qui m'a demandé si je voulais jouer dans une pièce sur Marie-Antoinette, Marie Antoinette et ses amies écrite par Frank Bertrand. Me voilà donc embarquée dans cette histoire qui était assez drôle, je jouais la princesse de Lamballe, on n'était que des femmes, on s'entendait très bien, on était en costumes avec des perruques, c'était assez agréable. Et là, j'ai rencontré, qui était comédienne aussi donc dans l'équipe, Dominique Hollier. Qui déjà à l'époque, en 1993, traduisait et jouait avec Laurent Terzieff. On est devenues amies et elle a commencé à me faire relire ses traductions. Elle disait que je faisais des remarques intéressantes et que je pourrais essayer de traduire. J'avais continué à voir un petit peu aussi Séverine Magois et je me suis lancée. Je n'avais pas d'ordinateur à l'époque, je ne savais pas taper : ma première traduction je l'ai faite à la main. Dominique m'a passé une pièce d'Alan Ayckbourn Seasons greatings que j'ai trouvée vraiment très drôle, je me suis dit allez je la traduis, on verra bien. Seasons greatings est devenue Meilleurs voeux en français, Dominique l'a lue, je pense que Séverine Magois aussi. Séverine, qui était je pense déjà au Comité anglais de la Maison Antoine Vitez, m'a dit je te fais entrer. J'ai donc dû entrer au Comité anglais vers 1997 et après, j'ai fait entrer Dominique dans la foulée. Pour ma 1ère traduction officielle, pour laquelle j'ai eu une bourse de la Maison Antoine Vitez, comme j'avais un peu les pétoches quand même, j'ai demandé à Dominique de la co-traduire avec moi. C'était une pièce de Joe Penhall qui a été publiée tout de suite aux Editions Théâtrales : Voix secrètes.
Du coup, c'est le début d'une belle carrière dans la traduction...
Oui. Et cette pièce a été montée par Hélène Vincent avec Vincent Winterhalter au TEP, à l'ancien TEP...
On continue. Parce qu'en fait, ce qui est super intéressant dans tout ce que vous dites, c'est que se rejoignent à plein de niveaux votre propre histoire, la fugue on va dire vers les Etats-Unis, le fait d'avoir eu ce sentiment de l'étranger, d'être étranger mais acceptée et que ça facilite les choses là-bas, le fait, en France de ne pas vous être sentie au départ en tous cas, très à l'aise, même si c'est la culture qui vous a fait sortir la tête de l'eau on va dire, je schématise tout ça et le fait d'être revenue, de se heurter à des murs, de prendre des initiatives toute seule... Ca vous a marqué dans tous les thèmes que vous travaillez aujourd'hui ?
Peut-être. Sûrement...
Vous dites "le théâtre que j'aime c'est celui qui est prise avec la réalité, les problèmes sociaux/ sociétaux, qui ne juge pas mais qui questionne et fait travailler le public" dans la note d'intention de Ce qu'est l'amour... C'est un peu votre questionnement naturel?
Oui. De toutes façons, toutes les pièces que je choisis de traduire, je veux dire en dehors des commandes, sont des pièces qui me touchent au plus profond, forcément. Celles que je monte pareil. Donc, oui, c'est intimement lié à ma vie personnelle ou à mes engagements. Politiquement, je suis anarchiste. Je dis toujours que je suis tellement anarchiste que je n'ai même jamais fait partie d'un groupe d'anars, ni été encartée, je suis profondément anarchiste, anti-capitaliste, anti-raciste, féministe de naissance, je pense aussi, je suis très très préoccupée par les problèmes environnementaux, mais ça depuis bien avant que ce soit à la mode... Ça, ça me vient aussi de mon père, qui à la fin des années 70/début des années 80, commençait à remettre sérieusement en question l’industrie pétrolière pour laquelle il travaillait ! Ca fait très très très longtemps que je pratique le tri, que je consomme très peu, que je suis végétarienne...
Vous avez une hyper sensibilité au monde on va dire ?
En fait, pour tout vous dire, il y a une chose que j'ai découverte récemment et en rebalayant toute ma vie j'ai compris beaucoup de choses : je suis autiste. Les autistes ont soit des hyper soit des hypo-sensibilités. Pour ma part, je suis hyper sensible à la chaleur, à la lumière, aux odeurs et au bruit. Je fais de l'hyperacousie, donc je suis obligée d'avoir des bouchons d'oreille quasi tout le temps quand je suis en ville ou dès qu'il y a plus de 4 personnes dans une pièce. Hypersensibilité au monde, bien sûr. Je suis très sensible au monde animal, mais ça depuis toujours, je communique avec les animaux, je n'ai pas peur d'eux. Quand on était mômes à la campagne avec mes cousins et qu'on allait dans les champs, c'est toujours moi qui allais voir les vaches et les taureaux et eux qui partaient en courant... parce qu'ils avaient peur.
Est-ce que cela ne nous amène pas un peu à Comment retenir sa respiration? Tout ce qu'on est en train de dire, c'est un peu des thématiques sous-jacentes à Zinnie Harris ?
Oui ! On s'entend très très bien avec Zinnie, d'ailleurs, on est devenues amies. Je suis allée plusieurs fois chez elle en vacances, avec ma fille quand elle était ado, enfin bref, je connais sa famille...
Justement, ça va nous amener à Comment retenir sa respiration! D'abord, Zinnie Harris, vous travaillez régulièrement avec elle... ?
Oui.
Il y a eu Comment retenir sa respiration, qu'est-ce qu'il y a eu d'autre comme texte de Zinnie Harris que vous avez pu traduire ?
C'est à dire que, au début, on co-traduisait avec Dominique Hollier et la vie a fait qu'on a arrêté de travailler ensemble. La première pièce qu'on a co-traduite, c'était Plus loin que loin - Further than the furthest thing qui se passe sur l'ile de Tristan da Cunha où sa mère a vécu enfant. C'est une pièce absolument merveilleuse qui avait été très remarquée à l'époque. Elle a eu trois mises en scène coup sur coup, la première étant de Sandrine Lanno au Rond Point (saison 2004/005). Guy Delamotte et Pierre Foviau l'ont montée eux aussi. Dans Plus loin que loin, l'énorme travail qu'on a eu à faire avec Dominique, c'était sur la langue... Zinnie avait réinventé une langue en fait. Parce que Tristan da Cunha est une ile qui appartient au Royaume-Uni, mais qui est une ile très solitaire au milieu de l'Atlantique et donc, quasi inaccessible... Elle était habitée par quelques familles qui pratiquaient un anglais un peu abâtardi. Et donc Zinnie est partie de quelques phrases, quelques souvenirs de sa mère enfant et elle a un peu inventé une langue. Il a bien fallu en inventer une en français aussi ! Et c'est vrai que notre traduction avait été fort remarquée à l'époque. Je me souviens d'un journaliste qui avait parlé de "la langue somptueuse" de la pièce sans même dire que c'était une traduction, ni évidemment citer nos noms ! Quand ce sont des femmes qui traduisent on ne les cite pas, évidemment...
Les journalistes ont tendance à oublier les traducteurs en général, que ce soient des femmes ou des hommes... non ?
Ils sont quand même contents d'en citer certains, parfois...
Vous co-traduisez souvent ?
Oui. J'adore ça ! Je trouve qu'on est quatre fois plus intelligent·es... en co-traduisant.
Ca permet de mieux rentrer dans les finesses de la langue ?
La traduction, quand on met les mains dans le cambouis, forcément, quelquefois il y a des petits trucs qui nous échappent et à plusieurs il y a moins de trucs qui nous échappent. Quand on est pas d’accord sur un sens ou un mot, on creuse, on cherche jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait.e. C'est vraiment un travail que j'adore la co-traduction... Mais ce qu’il faut absolument, c’est avoir le même niveau d’exigence et une très bonne relation de confiance. Et pas d’égo mal placé !
Pour en revenir à Zinnie Harris, désormais, à chaque fois qu'elle écrit quelque chose, vous la traduisez ? La collaboration continue ?
Oui. Enfin, sauf avec ses adaptations... Les anglo-saxon·es en font beaucoup. Je sais pas, Edda Gabler, Mademoiselle Julie, des trucs comme ça, les adaptations, ils adorent, mais je trouverai bizarre de les traduire. En fait ce n’est pas tout à fait vrai. Je me suis attaquée à une réécriture de l’Orestie de Zinnie. Pour l’instant je n’ai traduit que le premier volet, avec une bourse de la Maison Antoine Vitez, Le retour d’Agamemnon. Une pièce puissante, qui n’a pas encore trouvé de production et c’est bien dommage !
Comment Comment retenir sa respiration est-il arrivé dans vos mains comment ? Dans la continuité du travail avec Zinnie Harris, justement ?
Oui, j'ai eu le texte très vite, elle me l'a envoyé... Quand je suis allée voir la mise en scène à Londres au Royal Court, j'avais déjà attaqué la traduction, il me semble.
C'est à dire que vous collaborez ensemble, vous suivez ce qu'elle fait, vous allez voir les versions anglaises de ses pièces...
Oui. Quand je peux j'y vais.
Qu'est-ce qui vous a le plus attirée dans "Comment retenir sa respiration?"
Le thème. Zinnie Harris a écrit ça - et je l'ai lu dans la foulée-, quand on a commencé, même si ça existait déjà depuis longtemps, à parler dans les medias des personnes qui se noyaient en Méditerranée. Evidemment ce sujet me préoccupe beaucoup. Et ce que j'aime en plus dans l'écriture de Zinnie, c'est qu'il y a toujours un aspect, quelque fois en filigrane, fantastique. J'aime beaucoup ce mélange d'hyper réalisme et de fantastique. Il y a un personnage que j'adore dans Comment retenir sa respiration?: le bibliothécaire. C'est l'élément fantastique et comique.
En avez-vous vu une version française?
Oui, au Studio Théâtre d'Asnières. C'était un travail des élèves comédien·nes, dans une mise en scène de Thomas Harel. C'est une super école et je dois dire que c'était très intéressant. Je leur avais fait des petits retours après qui avaient été je crois très bien pris et très bien entendus... mais je n'ai pas eu l'occasion d'en revoir par la suite. Il y a eu aussi des lectures faites à la Comédie Française et à l’Odéon pour France Culture, une très belle mise en voix de Thierry Blanc au Festival "Regards Croisés" à Grenoble (un de mes festivals chouchous). Elle a été beaucoup beaucoup lue cette pièce, moins montée.
Vous mettez en scène vos propres traductions de Linda McLean et Zinnie Harris vous ne l'avez pas encore mise en scène, si ?
En fait, j'ai été porteuse de projet sur Hiver qui s'est joué à Avignon Off en 2007 avec Alexis Michalik à la mise en scène. C’est moi qui avais choisi mes partenaires, il y avait déjà Eric Herson-Macarel que j'avais rencontré sur un tournage quelques années auparavant, Jean-Marie Frin, et Alix Riemer qui jouait le rôle d'un petit garçon muet et que j'avais découverte justement à l'école du Studio d'Asnières. Une super comédienne.
Vous accompagniez le projet, mais ce n'est pas vous-mêmes qui l'aviez mis en scène ?
Non, je jouais dedans ! J'étais toujours au plateau, donc je ne me voyais pas mettre en scène...
Quelles sont vos angoisses on va dire en tant que traductrice quand un metteur en scène se saisit d'une pièce que vous avez traduite, qu'est-ce que vous espérez et qu'est-ce que vous redoutez ?
Je suis toujours heureuse de voir mes traductions au plateau. J’ai traduit tellement de belles pièces qui ne sont pas encore montées ! Donc j’ai toujours un a priori positif. Il peut m’arriver d’être un peu déçue et que le metteur en scène ou la metteuse soit passé·e à côté de certaines choses dramaturgiquement qui sont essentielles pour moi. Quand on traduit en fait, comme je disais, on met les mains dans le cambouis vraiment bien et on fait un travail dramaturgique énorme.
Ce travail-là se fait avec l'auteur aussi ou pas ?
Ca dépend des relations qu'on a. Moi j'essaie d'avoir des relations suivies et directes avec les auteurs et les autrices que je traduis, il y en a qui sont devenus des amies, comme Zinnie ou Linda McLean. Avec Linda McLean et Sarah Vermande, on a instauré la traduction à 6 mains ! On la traduit toujours en sa présence.
Ca doit vraiment enrichir la version française, c'est clair !
Oui, parce qu'on peut poser toutes les questions les plus bêtes...
Et on va revenir à vous... Quels sont vos projets ? Il y a Ce qu'est l'amour, justement de Linda McLean et il y a Iphigénie à Splott de Gary Owen (trad. : Blandine Pélissier, Kelly Rivière) que vous remontez pour Avignon ?
Oui, on l'avait joué en 2019, on était reprogrammé·es l'année dernière, chez Artéphile, qui nous reprogramme cette année.
Vous avez des attentes particulières cette année ?
Je sais pas trop comment ça va se passer, ça risque d'être un festival un peu particulier... Nous, on va jouer un jour sur deux. Artéphile est un théâtre qui a ouvert en 2015. C'est l'ancien théâtre du Bourg Neuf, entièrement rénové, avec Anne Cabarbaye et Alexandre Mange à la barre, deux personnes absolument merveilleuses. Qui n'étaient pas du tout de la partie. C'est juste génial de pouvoir jouer là-bas. J'ai eu la chance de les rencontrer quand Artéphile a ouvert : j'étais descendue quelques jours à Avignon pour chercher un théâtre pour jouer en 2016 Un jour ou l'autre. J'avais 5 rendez-vous et c'était le 1er Rvs et ça a été coup de foudre mutuel et depuis on ne se lâche pas...
Vous êtes très fidèle d'une manière générale. Aux auteurs, aux comédiens, aux équipes...
Oui. Et Artéphile m'a beaucoup soutenue. Parce que ma compagnie est toute jeune et je peux vous dire que quand on est femme, sénior et qu'on change de casquette, on n'est pas aidée... Les débuts ont été difficiles pour moi, mais j’ai eu la chance de "faire Avignon" comme on dit, dans de bonnes conditions. Carole Thibaut la directrice du Théâtre des Ilets (CDN de Montluçon) aussi m’a soutenue. On s’est connues il y a des années sur la lecture d’une de mes traductions. On a aussi partagé beaucoup d’actions féministes ! Elle est venue voir mon travail dès le début, ça c’est de la sororité ! Et le CDN nous a donné de l’argent pour retravailler scéno et lumières sur Iphigénie à Splott, ce que nous avons fait en septembre dernier au Carroi, chez Richard Le Normand, un autre soutien précieux. Petit à petit, j’ai convaincu des personnes dont l’avis m’importe de la qualité de notre travail. J’ai un autre soutien de qualité depuis fort longtemps de la part de Marie-Cécile Renault (Agence MCR) qui représente en France la plupart de mes auteur·ices.
Cette année, vous jouez à Avignon Iphigénie à Splott, Ce qu'est l'amour est pour après... Ca fait longtemps que vous le préparez : c'est un long travail de maturation pour cette mise en scène ?
Oui, mais c'est pas totalement de mon fait ! On a commencé le travail à la Chartreuse en novembre 2018, pendant la crise des gilets jaunes. J'avais 3 semaines de résidence à la Chartreuse et j'ai travaillé à la fois sur Iphigénie à Splott, sur Paysage Intérieur Brut et sur Ce qu'est l'amour. En fait, le travail sur chaque texte nourrissait le travail sur les autres. C’était passionnant, des fils communs se tiraient. Après, il y a eu la crise COVID... Il faut maintenant que je trouve des lieux de résidence et des co-productions, et comme entre temps j'ai déménagé dans les Côtes d'Armor, je vais chercher par là...
Le théâtres réouvrent demain, en partie en tous cas, quelles sont vos attentes pour cette année ?
On a une date d'Iphigénie qui a été reportée le 14 octobre à La Guérétoise, à Guéret, on avait 4 dates de Paysage Intérieur Brut de Marie Dilasser qu'on devait jouer en avril pour les Traversées du Briançonnais qui ont été reportées en novembre... Et puis du coup on va jouer aussi à Pléneuf en novembre, au festival Houle sentimentale organisé par l'association les 3 flamands de Nicolas Bonneau.
Une question : avez-vous jamais eu envie d'écrire un texte original?
Si (rires). Il est en gestation depuis 2008... J'en avais tiré un monologue de théâtre court pour un concours, "de l'encre sur le feu", en 2015 où j'avais été sélectionnée, mais je ne l'ai pas beaucoup repris depuis et puis comme j'ai fait mon auto-diag d'autisme entre temps, et que en le relisant, je l'ai relu il n'y a pas longtemps en fait, et je me dis qu'il faut que je recommence tout. Mais, là, je n'ai pas le temps. On vient d’emménager et on a beaucoup de travail pour finir de s’installer, et dans le jardin aussi...
Alors, pourquoi la Bretagne ? Vous êtes venue chercher le calme?
Oui, j'ai rejoint des ami·es en fait. C'est un projet qu'on avait depuis très longtemps, ce sont des ami·es de plus de trente ans. Iels ont concrétisé un peu avant moi et se sont installé·es en 2019 et donc j'ai réussi à les rejoindre l'année dernière.
Vous êtes bien ? Vous vous sentez bien là-bas ?
C'est le paradis !
Profitez bien du paradis... et dans ce paradis, faites naître plein de nouveaux mots ! Avez-vous envie de dire quelque chose pour conclure ?
Dans ce paradis, je suis en train de me faire un jardin odoriférant. Je plante ou je sème du jasmin, de l'hélichryse, du romarin, des giroflées... Chaque plante, chaque fleur est associée à une personne chère qui n'est plus de ce monde, mais qui m'accompagne toujours. La culture, c'est aussi important que la culture! ;-)
Le site de Blandine Pélissier:
"COMMENT RETENIR SA RESPIRATION" [CREATION]
de Zinnie Harris - Traduction: Blandine Pélissier
les 11 & 12 Juin 2021, 20H
Théâtre Populaire Nantais
19 rue de Belleville - Nantes
[A SUIVRE...]
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