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"Comment retenir sa respiration", journal de bord d'une création: avant-propos

Dernière mise à jour : 6 juin 2021

En découvrant les 20 premières minutes du projet qui suit lors des travaux d'élèves du Théâtre de la Rue de de Belleville (Nantes) en 2020, puis en revoyant une nouvelle version du même projet l'année suivante, j'ai eu envie d'en suivre la création. Parce que les comédiens me semblaient habités, parce que le texte était intense, parce que l'ambiance ne laissait pas indifférent... Bref, les extraits présentés étaient très prometteurs. J'ai donc pris contact avec Amaël Charruault, metteur en scène (et aussi comédien). Nous avons décidé, ensemble, de vous proposer ce journal de bord. Il sera constitué d'interviews, de notes de travail et de différentes traces qui marquent un processus créatif. Les doutes, les questions, l'enthousiasme et la peur. Une autre manière de plonger dans l'âme des créateurs...


"Comment retenir sa respiration"

Journal de bord d'une création


- Au coeur de la mise en scène - entretien avec AMAEL CHARUAULT

- Au coeur de la traduction - entretien avec BLANDINE PELISSIER

- Notes de résidence et de travail (BIENTÔT!)

- Une dernière lettre pour la route (BIENTÔT!)


Bonne lecture et, surtout, bon spectacle!


Avant-propos


On est en 2016. Je découvre le texte de Zinnie Harris, traduit en français par Blandine Pélissier. Quelque chose se passe en moi. Je n'imaginais pas alors que cette sensation aller m'embarquer dans une aventure qui lancerait ma vie professionnelle.


"How to hold your breath" de Zinnie Haris ("Comment retenir sa respiration")

Le choix définitif de travailler sur “Comment retenir sa respiration" est venu après plusieurs lectures. J'ai cherché les sujets qu'il abordait et noté un point commun : ils sont tous d'actualité. Dans sa première version du texte en 2013, Zinnie Harris, autrice britannique, décrit une Europe en train de s'effondrer socialement mais aussi économiquement. 3 ans plus tard, c'est le Brexit.


Au vu de tout ce qui peut se passer en France ou en Europe actuellement (manifestations, fermetures des frontières d'autres pays, économie au ralenti...), il me semblait intéressant et important, de partager ce texte-là précisément. Il me semble aujourd'hui que la question de l'apparence, de la “bonne impression”, de la dépendance à l'approbation de l'autre, est de plus en plus importante. Les enjeux relationnels et les systèmes de rapport de force sont omni-présents actuellement dans notre environnement, en politique comme au travail. Avec ce texte au sujet actuel et à travers l'histoire de son personnage, Zinnie Harris nous pose une question : « Et si c'était vous ? ». Cette question, j'avais moi aussi envie de la poser.


J'appréhende donc le texte d'une manière sereine : je veux aller au plus proche de l'écriture de Zinnie Harris. Mon travail en tant que metteur en scène va donc être de la retranscrire parfaitement sur scène. Le jeu des comédiens en découlera. Le texte parle de quelque chose de moderne, de naturel, dans notre langage. Il est important et primordial d'avoir un jeu tout aussi naturel pour aller au plus proche du concret de l'écriture.

Même si le texte précise à chaque début de scène l'endroit où nous sommes, tout reste d'une certaine manière intemporel: on ne sait pas vraiment sur combien de temps l'histoire se déroule. C'est, en plus, comme un « road-movie » - l'action se passe dans beaucoup de lieux (bar, chambre, bateau, bibliothèque...). Pour la scénographie, il est donc nécessaire d'avoir quelque chose d'à la fois évolutif et qui puisse retranscrire l'effet d'intemporalité... Cela va se traduire en décor par 4 cubes noir (2 grands, 2 petits), modulables en fonction des scènes pour créer des espaces différents, tout en gardant un esprit “boîte”, comme si personnages et action étaient enfermés dedans.

Des accessoires et éléments de décor seront ajoutés en fonction des lieux et des scènes (lit, baignoire, fauteuil...), mais la scénographie ne sera pas trop chargée pour autant, afin de garder une ambiance aseptisée et angoissante, avec cette « boîte fictive » dans laquelle les personnages pourraient se retrouver. J'ai le souhait de travailler sur la matière, l'eau en particulier, qui interviendrait à plusieurs moments du spectacle.


Pour défendre le côté scénario et « road-movie » du texte, la vidéo interviendrait à des courts moments dans la mise en scène, comme pour donner un effet « épisode » ou « bande-annonce ». Elle concernera surtout le personnage principal de l'histoire, Dana, en dialoguant avec l'action en train de se dérouler .


Pour la lumière, il est intéressant d'avoir quelque chose pour appuyer et mettre en valeur le décor modulable qui crée cet esprit de « boîtes ». Pour l'ambiance aseptisée et angoissante, on aura des lumières froides: blanches, comme des éclairages d'hôpital, ou bleues, pour rappeler et faire un lien avec l'eau. Tout cela avec des intensités qui vont évoluer selon les lieux mais aussi le rythme de la scène. La lumière sera principalement générale, pour traduire les différents lieux. Mais à certains moments, et en particulier lorsque Dana passe son entretien, elle pourra se concentrer sur des personnages.


Tout comme pour le décor et la lumière, il fallait trouver des musiques pour appuyer l'ambiance aseptisée et l'émotion de ce qu'il se passe. Ce seront des reprises instrumentales de musique contemporaine (Muse, Lady Gaga, Billie Eilish...) par un quatuor à cordes qui interviendront lors des changements de lieux, mais aussi au début et à la fin.


J'espère embarquer le spectateur dans le voyage de Dana. J'ai envie qu'il vive la même chose et en même temps qu'elle. Qu'il soit pris par ce qui est en train de se passer, comme quand on est pris dans l'intrigue d'un film ou d'une série. Qu'il sorte en se demandant ce qu'il vient de vivre pendant 2h... J'ai envie qu'il retienne sa respiration !


Pour mes comédiens, c'est assez similaire. J'ai envie qu'ils se laissent embarquer par leurs personnages et par ce qu'ils vivent. Que dès qu'ils entrent sur scène, ils oublient le reste, qu'ils soient à fond dedans. Je pense que c'est ce qui va permettre d'embarquer le public avec eux dans l'histoire. Mais, surtout et principalement, je veux qu'ils se fassent plaisir et qu'ils soient fiers d’eux autant que moi je suis fier d’eux.


J'attends de ce travail qu'il me soit bénéfique sur un plan personnel, mais aussi professionnel. C'est mon premier projet en tant que metteur en scène. Il ne sera certainement pas parfait, j'en ai conscience. Mais je vais me battre, travailler, donner le meilleur de moi-même pour que ça s’en rapproche. J'ai envie que ce projet m'apporte autant à moi-même, que ce que je vais tenter de lui apporter.


Je n'attends pas de résultat précis. C'est pas parce que je n'ai pas d'objectif ou de but, c'est juste que j'ai envie que tout se fasse de manière progressive. J'ai envie de voir les choses se construire autour du projet, de ne pas me poser de question et de voir ce qui se passe. Je fais confiance au texte, j'ai confiance en ce que je peux lui apporter et, surtout, en mon équipe et en mes comédiens.


Abraham Lincoln a dit : « gardez toujours à l'esprit que votre décision de réussir est plus importante que n'importe quoi d'autre ».


Ce projet pour moi est comme ma décision de réussir.


Amaël Charuault



[A SUIVRE...]

DERNIERE MINUTE
Blandine Pélissier, comédienne, metteuse en scène, traductrice multi-publiée de Zinnie Harris, Linda McLean..., membre du Comité anglais de la Maison Antoine Vitez, sera présente Vendredi 11 juin pour la première de "Comment retenir sa respiration" au Théâtre de la Rue de Belleville - Nantes. Une rencontre publique aura lieu Samedi 12 juin à 15h au théâtre...
Réservation obligatoire: reservation@ruedebellevile.net
BLANDINE PELISSIER. Photo: Morgane Peters (C)


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