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[Le Théâtre et vous] MAEL COLLEWET - TPN44 (Promo 2021)

"Le Théâtre et vous" est un tour d'horizon de jeunes comédien-ne-s dans leur dernière année de formation, en partenariat avec le Théâtre école de la Rue de Belleville - Nantes. L'aventure continue cette année. Les portraits vont se succéder pour annoncer les présentations de projets de fin d'études à voir au théâtre dont vous trouverez le programme dans l'article ci dessous:

Parole à MAEL COLLEWET qui prépare deux spectacles faits maison à 100% pour sa sortie de formation. Pour en avoir déjà vu quelques extraits conséquents, j'ai hâte de pouvoir me détendre en voyant les intégrales prochainement: "La Méthode" les 28 et 29 mai, 19h; "Dans la roue de Lucien Baron", les 9 et 10 juin, 21h...


Comment le théâtre est-il entré dans ta vie? Quel est ton premier souvenir de spectateur?

CANTIN JUTEAU et MAEL COLLEWET. Photo: Patrice Godin (C)

Mes premiers souvenirs de théâtre remontent à des scènes qu’on avait jouées au centre aéré quand j’avais 8 ans. On avait fait une scène où un des personnages se faisait tuer. Et ce qui m’avait marqué c’est qu’il y avait des enfants qui avaient eu peur, et d’autres qui étaient hyper enthousiastes. Je me souviens que ça m’avait surpris que ça puisse avoir autant d’impact, et j’avais trouvé ça jouissif ! Après ça je n’ai plus du tout joué au théâtre, et mes premiers souvenirs de spectateurs sont surtout des mauvais souvenirs : obligation d’aller voir des spectacles que je n’avais pas envie de voir avec l’école, en même temps il faut voir comment c’était enseigné : je me rappelle qu’on regardait des vieilles VHS d’un Molière au collège. Je suis pas sûr que ça soit la meilleure façon de faire aimer le théâtre à des enfants ou des ados. En plus je viens d’un milieu où personne n’allait au théâtre, que ce soit mes parents ou mes amis, ce qui fait que ça ne faisait pas partie "des possibles". J’ai construit à cause de ça une relation assez ambigüe avec le théâtre. J’ai toujours eu le "jeu" en moi : faire des personnages, des imitations, inventer des histoires, mais de l’autre le théâtre était un endroit étranger.

MAEL COLLEWET. Photo: Mathilde Banderly (C)

C’est peut-être à la fin de l’adolescence que l’idée est revenue, au début c’était plutôt pour vaincre ma timidité (spoiler : ça ne marche pas). Mais j’étais trop effrayé pour m’inscrire, au point qu’une fois, quand j’avais 21 ans je crois, je voulais m’inscrire au théâtre avec l’université, je suis arrivé devant la porte, je suis resté coincé, paralysé devant pendant 5 minutes et je suis rentré chez moi. Je me suis finalement inscrit l’année suivante en arrivant à Nantes, au théâtre du Cyclope, où j’ai passé une super année. Dès le début, le prof nous a mis hyper à l’aise et j’ai surtout adoré les exercices pour apprendre à se faire confiance les uns les autres, il y avait quelque chose de très doux. L’année d’après je me suis inscrit à la compagnie du café-théâtre parce que j’avais envie de jouer davantage. C’était une ambiance différente, plus individualiste mais où on avait l’occasion de jouer, d’écrire nos sketchs, et de jouer seul sur scène. J’y ai beaucoup appris. Puis ensuite j’ai atterri au TPN !

Quand as-tu pris conscience que tu voulais en faire ton métier? Quel sentiment domine quand tu es sur scène? Sur scène… ça dépend vraiment des moments. C’est assez difficile d’exprimer ce que je ressens parce que beaucoup de choses se passent. Ce que j’aime vraiment, je l’ai vécu peu de fois, c’est me sentir parfaitement avec l’autre le temps d’une représentation. C’est rare de se sentir juste "être" dans la vie. On se compare, on se juge, on doute, on sait pas, on est perdu … Et sur scène, quand ça se passe bien, tout ça s’annule, on est avec notre partenaire, à égalité, chacun avec sa sensibilité, on vibre et on joue. C’est un des très rares moments où je ne me sens pas seul, peut-être que c’est ça en fait. Et puis c’est du ressenti, c’est quelque chose de vraiment vécu. Bon quand ça se passe mal, c’est tout l’inverse par contre.

MAEL COLLEWET. Photo: Mathilde Banderly (C)

Et ce travail me met face à mes blocages, parce que de toutes façons on joue avec ce qu’on est, on a rien d’autre que ça sur scène, on ne peut pas mentir (enfin si on peut toujours essayer de faire semblant mais ça marche pas et c’est inintéressant). Par exemple, en septembre on a joué un cabaret sur la sexualité et je jouais notamment une scène où un homme victime de pédophilie par son instituteur racontait comment il s’était construit. Le texte me touchait beaucoup mais pour autant sur 10 représentations je n’ai vraiment été touché "organiquement" qu’une seule fois sur scène, et ça a duré dix secondes. J’aimerais bien que ça soit plus, mais pour l’instant c’est comme ça. C’est un long chemin et j’en suis au début.

Qu'est ce qui a été le plus important pour toi pendant les 3 années du TPN? Ton regard sur le métier de comédien a-t-il changé (si oui comment)? Pour moi le plus important c’est qu’on a le temps d’apprendre en 3 ans, le temps de toucher au jeu, à l’écriture, à la mise en scène, et aussi d’apprendre à travailler avec les uns et les autres. Au début de la première année j’envisageais pas du tout de faire comédien ou de travailler dans le théâtre, je suivais une envie mais ça n’allait pas plus loin que ça mais c’est au fil des spectacles, des rôles qu’on se rend compte que c’est là qu’on a envie d’être. Et en 3 ans on a le temps d’apprendre à se connaître les uns les autres et à créer, je l’espère, des relations professionnelles qui seront solides.

Le début d’année 2020 a été un moment charnière pour moi. J’étais résigné, je n’avais pas trouvé ma place dans le spectacle un peu expérimental qu’on avait joué en janvier 2020 (Mystère Bouffe de Dario Fo), et ensuite on a enchaîné par le confinement. Le moral était au plus bas. Mais, début juin, les théâtres ont rouvert un peu à la surprise générale et on a pu jouer nos projets de deuxième année où je me suis amusé sur scène comme jamais. J’ai adoré ce moment, c’était un moment un peu miraculeux, un moment donné, il y avait une forme d’euphorie collective à l’idée de pouvoir jouer et ça a été pour moi une forme de renaissance. On a présenté 20 minutes de ce qui deviendra "La Méthode" avec Antonin Auger, et on s’est beaucoup amusé tous les deux. Dès le lendemain de ces cartes blanches, je me suis lancé dans l’écriture d’un autre projet qui deviendra "Dans la roue de Lucien Baron" sur un thème qui me tient à coeur (l’histoire d’un coureur cycliste qui décide de se doper). Puis on a joué le cabaret "Con, Verge, Et..." mis en scène par Caroline Aïn, qui a été un super spectacle, puis maintenant "Peanuts" de Fausto Paravidino mis en scène par Régis Florès. J’attends la suite avec impatience !




auto-portraits d'élèves comédiens

[A SUIVRE!]


NB: les auditions du TPN pour constituer la prochaine Promo commencent Mardi 30 juin 2021. Vous pouvez prendre contact avec la très sympathique équipe par téléphone (02 40 69 62 20), mail (theatrepopulairenantais@gmail.com) ou via le site: www.tpn44.fr





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