top of page
  • Photo du rédacteurCulture Etc

[Le Théâtre et vous] APOLLINE MAILLARD - TPN44 (Promo 2021)

"Le Théâtre et vous" est un tour d'horizon des jeunes comédien-ne-s dans leur dernière année de formation, en partenariat avec le Théâtre école de la Rue de Belleville - Nantes. L'aventure continue cette année. Les portraits vont se succéder pour annoncer les présentations de projets de fin d'études à voir au théâtre dont vous trouverez le programme dans l'article ci dessous:

Aujourd'hui, nous accueillons APOLLINE MAILLARD... qui, comme ses collègues de promotion, a été brillante dans les différents spectacles auxquels elle a pu participer, avec une mention toute particulière pour son long monologue du cabaret "Con, Verge, Et... !" (sur la sexualité). Bravo et à suivre...


MYRIAM PERRAUD et APOLLINE MAILLARD. Photo: Patrice Godin (C)

Comment le théâtre est-il entré dans ta vie? Quel est ton premier souvenir de spectatrice?


J’ai découvert le théâtre dans le cadre d’animations que le centre de loisirs de mon quartier proposait à Saint Sébastien sur Loire. J’avais à peine 10 ans que l’on faisait déjà des spectacles d’improvisation devant les habitants grâce à des intervenants extérieurs. Ils m’ont transmis leur passion directement, j’ai accroché à fond, ça a été un coup de cœur évident. J’ai toujours eu ce besoin de m’exprimer, de lâcher les vannes, faire le clown... et pour la première fois on me laissait faire! Je me sentais enfin écoutée et valorisée dans ce que je faisais, disais. Je me sentais vivante et j’adorais l’effet comique que je pouvais avoir sur un public.


Mon premier souvenir de spectatrice ou plutôt celui où j’estime que j’ai commencé à avoir un sens critique, a été quand le lycée nous a emmené voir « Huis Clos » de Jean-Paul Sartre. A cette époque, je commençais tout juste à vraiment m’intéresser au théâtre dans sa profondeur car le désir d’être comédienne apparissait progressivement. C’était Salle Vasse à Nantes et depuis ce jour-là je n’ai jamais cessé d’aller au théâtre. Je me souviens d’une image marquante : en m’installant avec ma classe, mon regard s’est tout de suite tourné vers une femme déjà assise dans un siège côté cour au premier rang. Elle ne bougeait pas. J’ai tout de suite pensé qu'elle était déjà installée avant de monter sur scène pour jouer. J’étais subjuguée! Elle n’avait pas bougé d’un poil pendant au moins 30 minutes. J’ai adoré l’illusion que ça avait créé. Je me suis alors dit qu’au théâtre tout était effectivement possible et j’adore ça ! La mise en scène et le jeu d’acteur m’ont fascinée, j’en garderai un souvenir mémorable.


Quand as-tu pris conscience que tu voulais en faire ton métier? Quel sentiment domine quand tu es sur scène?


Le désir de faire ce métier a débuté avec deux prises de conscience. La première, enfant, naïve que j’étais et la seconde bien plus tard à la fin du lycée où celle-ci s’est avérée concrète. A 6-7 ans, je vois pour la première fois comme beaucoup d’enfants de mon âge le film "Les Choristes"... et mon imaginaire développe une histoire d’amour avec le personnage de Morhange. Véridique, j’étais fan ! Je m’entends encore dire à mes parents : "plus tard je serai actrice pour jouer dans des films et je serai l’amoureuse de Morhange". C’était très marrant mais moins pour mes parents surtout quand ce désir s’est confirmé au lycée. OOPS ! C’est toutefois grâce à eux que l’amour de la scène est arrivé tôt dans ma vie, puisqu’ils m’ont inscrit à la danse dès 6 ans, à Bonne Garde. J’ai tout de suite été très à l’aise en tutu...


Les années ont passé et je n’ai jamais arrêté, jusqu’à mes 16-17 ans, l’année de mon bac, où ma professeure de danse m’a proposé d’intégrer la Revue Bonne Garde. Là un rêve de petite fille se réalisait. Quelle fierté... Malgré mon bac j’ai foncé. Ça a été rock’n’roll : je révisais mes bacs blancs entre deux danses dans les loges. Pour la petite anecdote, mes profs se demandaient pourquoi les copies que je rendais étaient toujours pleines de paillettes… S’ils savaient ! J’avais l’impression d’être Hannah Montana. Le mardi soir j’endossais mes plumes et mes faux cils et le lendemain matin j’allais en maths en jogging haha ! Alléluia j’ai quand même réussi à avoir mon bac ! A cette période, j’étais déjà plus que convaincue, j’y prenais goût, je regardais sans cesse les différentes écoles de théâtre à Paris, je m’informais sur les parcours des comédiens que j’aimais beaucoup. Je regardais énormément de films et je continuais à aller voir des pièces. Puis, vint le moment des vœux post bac, où là j’étais perdue et, surtout, seule. J’avais la pression de choisir une porte de sortie qui me dégoutait. Je n’en avais strictement pas l’envie. Mes amis partaient en fac, BTS, DUT, prépa et moi rien ne me faisait vibrer autant que le théâtre.

APOLLINE MAILLARD (C)

C’est alors qu’en parallèle de la fac de psycho - que j’ai finalement décidé de choisir en attendant - je m’inscris à la Compagnie du Café-Théâtre et j’y rencontre Pascale Daumer, ma maman du théâtre. Elle me propose d’intégrer la revue de La Cloche en tant que comédienne et chanteuse, puisqu’elle y était metteuse en scène pour les sketchs. J’ai passé les tests et j’ai été prise…. Merveilleuse expérience ! C’était beaucoup de travail et d’investissement mais j’en suis sortie vraiment grandie ! J’avais des rôles que j’aimais beaucoup et qui faisaient beaucoup rire ! Pour la première fois, j’ai senti mes parents fiers… Je pense qu’ils ne réalisaient pas que j’étais à La Cloche, d’ailleurs moi non plus.


Le sentiment qui domine quand je suis sur scène n’est rien d’autre que la plénitude, simplement. Je suis comblée et à ma place. Ça a toujours été une évidence. Car sur scène je ne m’interdis rien, tout est possible. J’aime oublier l’espace d’un instant le monde extérieur et les soucis. On est là pour vibrer et faire vibrer. On se laisse emporter par l’histoire et par le personnage en oubliant parfois qui on est et on emporte le public avec nous, je trouve ça magique. On peut faire ressortir des choses de nous que l’on ne peut pas montrer en société: on a le droit de le faire, personne ne nous dit rien (à part le metteur en scène qui peut nous dire de la fermer bien évidemment haha mais là c’est ok!)...


Dans quelle mesure le théâtre a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et y contribue-t-il encore?


Le théâtre a énormément contribué à mon épanouissement personnel. J'y ressens depuis le début une forme de liberté et de bienveillance envers moi-même et avec mes partenaires, que je ne ressens pas ailleurs, dans un autre contexte.

ANTONIN AUGER et APOLLINE MAILLARD. Photo: Mathilde Banderly (C)

Plus jeune j’avais beaucoup de mal avec l’autorité et le schéma scolaire classique. On te bloque de toutes tes émotions, on ne prend pas en compte ta singularité et si tu n’es pas comme les autres on ne s’attarde pas sur ton cas. J’ai toujours été frustrée: j’étais très bavarde, rêveuse, dans la lune, toujours à faire le clown et à finir en colle ou dans le couloir, renvoyée de cours, alors que pour moi je ne faisais rien de mal… On m’empêchait juste d’être moi-même en me conditionnant à être une personne qu’il m’était impossible d’être. Puis, quand j’arrivais à mes cours de théâtre après l’école, je me défoulais, je n’étais plus la même et je regagnais confiance en moi. Mon imaginaire se développait et je finissais par créer et être inspirée à 1000%. J’ai appris à me connaître, à jouer avec mes émotions, mes sentiments, à m’en servir de façon positive puis à les retranscrire au public. Et ça marchait. Je me voyais progresser réellement dans un domaine. L’enfant hyperactive et impulsive se canalisait naturellement.


Aujourd’hui, je suis beaucoup plus à l’aise en société, je n’ai plus peur de ma place dans un groupe ou de ce que les autres peuvent penser de moi. Je suis moi-même, j’ai une pensée mieux définie et une personnalité qui s’est bien construite. Le théâtre et la formation que je suis m’ont donné la force et la hargne pour la vie. Le théâtre c’est l’école de la vie, c’est véridique!


Qu'est ce qui a été le plus important pour toi pendant les 3 années du TPN? Ton regard sur le métier de comédien a-t-il changé (si oui comment)?

Photo: Mathilde Banderly (C)

Au TPN, j’ai réalisé tout au long de ces trois années le réel travail et les difficultés qui accompagnent le métier de comédien. On ne nous promet pas monts et merveilles, on nous prévient d’emblée avec honnêteté que ça va être dur et que l’investissement est important.


J’ai aussi appris à travailler en groupe. Je suis tombée dans une promo très bienveillante où nous sommes complémentaires, on fonctionne plutôt bien sur un plateau. C’est un bonheur d’avoir pu travailler, s’ouvrir et avancer avec eux. On s’est vu évoluer ensemble et ça c’est très agréable.


J’ai surtout appris à réellement jouer, je me suis vite rendu compte que j’avais une vision erronée du jeu au théâtre. Apprendre à être juste, là est le challenge! J’ai finalement acquis un tas de techniques, une mentalité et des valeurs qui vont m’aider à aller loin. J’accepte aujourd’hui d’être parfois perdue et de douter, je sais que ça fait partit intégrante du métier. J’ai aussi appris l’importance de la polyvalence pour un comédien et qu’il faut sans cesse se remettre en question pour être meilleur. On apprend tout au long d’une carrière, il ne faut jamais se reposer sur ses acquis ou connaissances.


Quels sont tes espoirs, quelles sont tes peurs - notamment dans la situation très particulière actuelle ?


J'espère avant tout et plus que tout pouvoir bientôt gagner ma vie avec mon métier, ne pas être obligée de cumuler les jobs alimentaires à côté. Me consacrer seulement aux projets artistiques, continuer les créations, les résidences, les castings, les tournages et les allers-retours Nantes-Paris. J’aimerais maintenant entrer dans une agence à Paris, me consacrer davantage au jeu face caméra, même si j’y ai déjà pas mal goûté depuis quelques années. J’aspire à conquérir le grand écran !


Mes plus grandes craintes sont évidemment de ne pas réussir pleinement dans ce métier et de devoir faire autre chose à côté pour vivre… Mais j'essaie de ne pas trop penser à mes peurs sinon je n'avance pas. Je garde le cap, je reste focus et tout ce qui compte c'est que je ne cesse jamais d'évoluer. J'y crois très fort.


Concernant la situation actuelle, on a tous connu une privation de liberté et d’ouverture au monde considérable. La frustration a assez duré, on en a marre ! Pour ma part j’ai surtout ressenti le manque d’inspiration, puisque c’est le fait d’aller au théâtre, au cinéma et de rencontrer des gens qui nous permet de créer: on s’inspire, on se nourrit de ce qui nous entoure... Personnellement c’est de cela dont j’ai vraiment souffert. Je ne veux plus jamais être coupée du monde comme on l’a été pendant aussi longtemps.. Je me languis de passer 2h dans un siège rouge quitte à ce qu’on m’y scotche à vie !


Un mot de conclusion?


Je ne remercierai jamais assez Régis, Flore, Mathilde et tous ceux qui ont contribué à la création du TPN. J’ai eu beaucoup de chance de faire partie de cette école, d’avoir rencontré autant de gens bienveillants avec qui j’ai adoré travailler et avec qui pour la plupart je continuerai à travailler. Plein de belles choses arrivent pour la suite. Je crois en la loi de l’attraction et je pense que si on ne cesse de se dire que c’est possible, ça le sera forcément. Il faut croire en soi et en ses rêves même si d'autres se tuent à te dire que tu ne vas jamais y arriver.


Tes auteurs préférés : Jean-Luc Lagarce, Amélie Nothomb, Alexis Michalik

Tes comédiens préférés : Albert Dupontel, Vincent Cassel, Daniel Auteuil, Leonardo Di Caprio, Benoit Magimel, Marina Foïs, Viola Davis, Rosamund Pike, Marion Cotillard

Ton livre de chevet : On n’est pas sérieux quand on a 17 ans de Barbara Samson



APOLLINE MAILLARD. Photo: Michaël Blot (C)

auto-portraits d'élèves comédiens


[A SUIVRE!]


NB: les auditions du TPN pour constituer la prochaine Promo commencent Mardi 30 juin 2021. Vous pouvez prendre contact avec la très sympathique équipe par téléphone (02 40 69 62 20), mail (theatrepopulairenantais@gmail.com) ou via le site: www.tpn44.fr






Pour retrouver tous nos articles, rendez-vous ici


Partageons la Culture!

PS: toute reproduction, même partielle, interdite sans autorisation






936 vues0 commentaire
bottom of page