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[Rencontre] Mathieu Ferré transmet la parole de Léo : "Je parle à n'importe qui !"

L'oeuvre colossale de Léo Ferré est d'une éternelle actualité et d'une richesse à toujours redécouvrir... Pour continuer à la transmettre, Mathieu Ferré s'empare des chansons, disques, moments clés... sans artifice et en toute spontanéité. Il nous éclaire de sa connaissance intime de nombreux détails. Plongez dans la marmite ferréenne: vous allez vous délecter de tout ce qui s'y concocte! "Pace salute" comme on dit à Castellina in Chianti...


Note: si cette interview est mise en ligne ce jour, c'est qu'on est le 24 août. Léo aurait donc eu 105 ans aujourd'hui. Bon anniversaire Léo!



Cher Mathieu, depuis fin juin, tu mets en ligne des pastilles pour retracer l'oeuvre, le parcours de Léo Ferré, pour partager des souvenirs... Ca s'appelle: "Je parle à n'importe qui"... Pourquoi fais-tu cela ?


"Je parle à n'importe qui"... et il peut m'arriver de dire n'importe quoi ! Je fais ça d'abord parce que je trouve que les médias sont un peu absents concernant Léo. Quand je rencontre quelqu'un-e qui s'intéresse à lui, je demande toujours: "comment êtes-vous rentrés dans l'univers poétique de Léo ?" Il y en a qui disent : "c'est mon père, mon oncle, mon cousin... Ma fiancée m'avait amené voir un concert de lui il y a longtemps"... ou je ne sais trop quoi. Il y a toujours des raisons. Pour moi, c'est important de les comprendre. En tous cas, c'est rarement "parce que je l'ai vu à la télé, entendu à la radio", je me dis donc que si je peux être moi-même le déclic pour certains... Depuis que j'ai commencé ces vidéos, ce sont surtout les gens qui le connaissent ou qui disent le connaître qui réagissent. Mais j'ai envie de dépasser le cercle des initiés et puis, celles et ceux qui disent connaître Léo le connaissent-ils vraiment? Ont-ils cherché à aller plus loin? Je pense à ma fille Charlotte qui s'intéresse beaucoup à la musique. Elle achète encore des disques, elle est un peu atypique dans notre société aujourd'hui ! Je cherche à toucher ces personnes un peu curieuses, qui veulent sortir du moule et qui peut-être un jour ou l'autre tomberont sur Léo. Je veux essayer d'être un déclencheur sur sa poésie, sa musique, sa vision du monde, de la société, sur comment il voyait les choses. Je les fais comme je suis: je suis en colère souvent, j'ai un humour un peu particulier qui ne fait pas rire grand monde... mais c'est le mien ! J'essaie de désacraliser, pour avoir aussi une touche un peu ludique, parce que Léo aimait rigoler, il racontait beaucoup d'histoires. Souvent, les gens se disent, Léo, c'est triste, déprimant, or moi je trouve que c'est rempli d'espoir. Si on lit bien les textes, si on connaît bien le sujet, on se rend compte qu'il y a toujours une note d'espérance qui l'anime. S'il dénonce certaines choses, c'est pour dire au final que le monde serait meilleur en fonctionnant autrement.


Tu dis que les médias s'intéressent assez peu à Léo, mais par contre, beaucoup d'artistes de toutes les générations, le reprennent. Ils peuvent aider pour ce travail-là...


Quand j'ai commencé mon métier d'éditeur, j'étais obsédé par les interprètes. C'était quelques années après la mort de Léo, je me disais: "c'est important que des interprètes chantent Léo, parce qu'une chanson, c'est fait pour aller sur une scène, pour trouver un auditoire, pour être diffusé... Ca n'est pas fait pour rester dans une bibliothèque". Après, j'en suis un peu revenu, parce que je n'ai pas réussi à trouver vraiment satisfaction. Je vois toujours les trucs en grandiose, mais ça ne s'est pas vraiment fait comme je voulais. Il y a eu des gens qui ont interprété Léo... mais sans que ça vienne vraiment d'une conviction profonde. 90% des disques d'interprètes consacrés à Léo se font avec les mêmes chansons. On dirait une compilation. Ils connaissent le best of de Barclay et puis sorti de là... Qu'est-ce que c'est Léo Ferré ? On prend la play list Spotify, on trouve "Avec le temps", "C'est extra", "La mémoire et la mer", parce que ce sont les titres les plus connus, alors on les reprend. Mais c'est une connerie. Il faut un fil rouge. Quand tu fais un disque sur un interprète, un auteur- compositeur ou quelqu'un comme Léo, Brassens ou Brel, il faut avoir une idée à défendre. Il faut expliquer pourquoi on le fait et comment on a choisi les chansons. Des portes d'entrée, il y en a plein: les chansons d'amour de Léo Ferré, les chansons sur Paris, sur l'Espagne, les anarchistes, les chansons sociales, de révolte... Des thématiques, je t'en trouve tant que tu en veux, sauf que ça n'est pas souvent ça. J'ai l'impression que les interprètes qui font des trucs sur Léo en ont une connaissance superficielle. Peut-être que je me trompe et sûrement que ça n'est pas le cas pour tout le monde.


Pour revenir à ce que tu disais, au tout début de ton métier d'éditeur, tu as effectivement préparé l'intégrale des partitions et des paroles des chansons de Léo...

Oui. Ca a été la première chose que j'ai faite professionnellement, parce que, pour moi, un chanteur doit savoir lire des notes, donc, l'outil primordial, c'étaient les partitions. Or, aujourd'hui, les chanteurs ne savent pas lire une partition! Quand ton métier c'est écrire, enregistrer des chansons, faire des concerts, que je t'envoie une partition, mais que tu me dis: "non, ne me l'envoie pas, parce qu'il va me falloir une semaine pour la déchiffrer, je ne sais pas vraiment lire..." Je trouve ça grave. Ton métier, c'est chanter, donc tu dois savoir lire une partition, m... ! C'est comme si un maçon ne savait pas faire du ciment. C'est un peu le BA-BA de la chose. Pour Léo, le côté musical était fondamental, parce qu'il est d'abord et avant tout un musicien : il savait écrire une partition, il écrivait pour un orchestre symphonique, il le dirigeait... Ca s'est un peu perdu. Aujourd'hui, on se met sur un piano, on tapote, un bouton de l'ordinateur te fait la partition pour la déposer à la SACEM, mais sinon c'est du chinois. Je trouve que ça ne va pas du tout. J'exagère un peu peut-être. Mais ça m'énerve.


Ta démarche aujourd'hui est de faire fructifier toute la connaissance que tu as accumulée...


Voilà, je veux dire les choses. On a souvent une idée reçue de Léo, comme l'ours mal léché, le gars agressif, méchant... La pastille sur "Brel, Brassens, Ferré", tu verras, elle n'est pas mal. J'ai retrouvé des archives de Brel où il dit des saloperies sur Léo et de Barbara qui dit : "Léo, il est méchant". Ah bon ? Mais pourquoi il est méchant ? Ce sont des raccourcis qui traînent depuis des années. Parce qu'en fait, Léo ne racontait pas de banalités. Dans ses chansons, il essayait toujours de raconter des trucs qui l'interpellent. Il a toujours eu quelque chose à dire, à mettre en avant et c'est peut-être ça qui dérangeait. Et puis son vocabulaire peut être extrêmement difficile et sophistiqué, ou très vulgaire, grossier, avec des gros mots "ton style c'est ton cul" ou "salope". C'est vrai que ça peut gêner.


Mathieu Ferré "Je parle à n'importe qui" :


Tu le voyais travailler ?

Bien sûr. A 21 ans, donc j'étais quand même jeune, je l'ai accompagné sur l'enregistrement de son dernier disque "Une saison en enfer" de Rimbaud à Milan. J'étais avec lui au studio. Et puis à la maison, il travaillait tous les jours. L'air était rempli de musique parce qu'il travaillait tout le temps. Donc, je l'ai vu, je l'ai entendu travailler au piano... Tu ne peux pas savoir le nombre de fois où je me suis pris à rêver pendant que je dormais, ou même en étant éveillé, d'avoir pu travailler avec lui quand il était en activité... Je lui aurais peut-être fait des suggestions. Je trouve qu'il a été très mal entouré professionnellement dans ses stratégies, qu'à un certain moment il aurait pu peut-être faire des choses différemment. Mais, là aussi, pour conseiller quelqu'un comme Léo, il faut bien connaître son œuvre, donc c'est difficile. Souvent, les managers ou les Directeurs Artistiques ne connaissaient pas bien Léo, ce qu'il faisait dans le fond. Enfin, oui, je me rappelle quand il travaillait et je regrette qu'il ne soit plus là pour pouvoir travailler avec lui et mettre toute mon énergie à son service.



Sur son dernier album, tu l'as accompagné à toutes les étapes ?


Sur "Une saison en enfer", il s'accompagne au piano, donc mon rôle était de suivre le texte de Rimbaud. Pendant que lui enregistrait, quand il se trompait, je disais stop, tu t'es trompé et tu recommences. C'était ça mon rôle : suivre sur le papier ce qu'il était en train de faire. C'était assez restreint comme tâche. Un peu genre "contrôleur du texte" pour qu'il soit correctement dit.


C'est lui qui avait demandé ? C'est toi qui avais proposé ?


C'est lui qui m'avait demandé. Il m'avait dit: "pendant que j'enregistre, le texte est là, tu le suis et si je me trompe, si j'inverse un vers avec un autre, tu me dis".


Tu disais tout à l'heure que Léo avait beaucoup d'humour, qu'il avait même un humour assez particulier. Comme ça se traduisait au quotidien ?


Il aimait bien rire. C'était pas le mec bougon, de mauvaise humeur. Il aimait la vie. Il racontait des histoires, des choses qui lui étaient arrivées, des blagues... Il inventait aussi des situations incroyables. Il te les faisait passer comme si c'était vrai, il avait le talent pour ça. Il le faisait tellement bien! Encore aujourd'hui, je me souviens de choses et je me demande quelle était la part d'invention et la part de réel, c'est difficile à dire...


Quel genre d'histoire ?


Par exemple, une fois je me rappelle, il me dit : "il m'est arrivé un truc incroyable, tu ne peux pas savoir". Il allait tous les jours faire sa balade avec les chiens. "Aujourd'hui, j'ai croisé Marilyn Monroe dans la forêt..." et il partait dans un délire.


Dans "Je parle à n'importe qui", tu veux parler de tout ce qui te passe par la tête par rapport à Léo ?

Oui! Je vais parler aussi de trucs qui suscitent mon indignation personnelle, aujourd'hui en 2020. Dans la première pastille sur "Le bateau espagnol", je parle de Georges Floyd assassiné aux Etats-Unis. Il y a des choses qui se passent en France, j'aurais pu en parler aussi. C'est pas du tout écrit, c'est très spontané... Au montage, j'essaie de récupérer quand j'ai des hésitations, des répétitions, pour faire un truc qui soit fluide, pas trop long. Je trouve que ça manque un peu ça, en France, des gens qui partagent leur connaissance sur certains sujets, par rapport à la musique notamment. Ca serait intéressant que plus de gens compétents fassent des pastilles sur des disques, des chansons, des interprètes... parce que le public ne sait pas beaucoup de choses. On vit dans un monde à toute vitesse, de l'instantanéité. On veut tout savoir mais en fait on connaît très mal. Tout reste saupoudré. Moi, il y a des sujets que je ne connais pas du tout. Par exemple, Claude François, je suis désolé, je ne connais pas et ça ne m'intéresse pas. J'ai tord ou j'ai raison, là n'est pas la question, mais à partir du moment où je connais un sujet, et dans mon cas spécifique, c'est Léo, j'y vais à fond. Ca n'est pas uniquement parce que c'est mon père que je fais ça, attention. Mon père, pour moi, ce sont deux entités. Mon père biologique, mort et enterré à Monaco, et le poète, le musicien, l'interprète, le philosophe, le penseur… qui lui est bien présent dans mon quotidien, qui a voulu communiquer son amour de la poésie en mettant en musique les poètes. Moi, à ma petite échelle j'essaie de communiquer mon amour et ma connaissance de l'oeuvre de Léo, de qui il est, ce qu'il représentait pour certains, ce qu'il représente aujourd'hui et ce qu'il représentera dans l'avenir. Léo Ferré, ça n'est pas "Jolie Môme", "Paris Canaille"... C'est "La Mémoire et la Mer", "Il n'y a plus rien", "La solitude" etc. C'est ça qu'il faut essayer de développer à mon avis.


Chaque pastille a un thème axé sur une chanson ?


Pas forcément. Comme je disais, j'en ai fait une sur Brel, Brassens, la photo mythique. Souvent, je prends comme impulsion, un disque ou une chanson, mais pour après parler d'autre chose en définitive. Et puis je ferai des pastilles sur des bouquins, sur la musique, la poésie... Des idées et sujets, j'en ai plein. Ca ne sera pas toutes les chansons, parce que je n'ai pas des choses à dire sur toutes, ce n'est pas le but recherché et je ne ferai pas 10,000 vidéos dans ma vie. J'ai fait un truc sur les singes, "La planète des singes", en trois épisodes. Les singes c'est encore un argument bien sûr. Je ferai aussi le divorce, sa première femme, Madeleine, la séparation. Ca pourra partir d'une chanson, mais ça sera mis en contexte avec d'autres choses.


Combien de chansons Léo a-t-il fait en tout?

Je ne sais pas te dire, c'est difficile. Si tu prends "L'opéra du pauvre", c'est un titre, mais un quadruple album... Donc combien de chansons ? 5, 10, 50 ? Si tu comptabilises juste les titres, l'Opéra du Pauvre égal 1. Il en a fait plus de 500, 600 c'est sûr. Après, un poème qu'il a écrit, mais pas mis en musique... c'est une chanson, un poème ? Il faut le comptabiliser ? C'est difficile. Il a fait beaucoup de choses, voilà.


Tu disais que les artistes avaient tendance à reprendre un peu toujours les mêmes, mais il y a donc beaucoup d'autres choses à explorer que le "best of" dont tu parlais...


Oui. Justement, ça souligne en réalité la faible connaissance que les interprètes ont de lui. Moi, si j'étais un chanteur et si je devais faire un album sur Léo, Pink Floyd, Bob Marley, Brassens ou qui tu veux, après avoir pris ma décision de le faire, je me mettrais à une table et j'écouterais tout ce qu'il a fait du début à la fin, tout en me disant, ah celle-là, je ne la connaissais pas ! Et j'essaierais de construire le tracklisting en ayant une vision globale, parce que sinon, ça ne va pas. Si tu connais 30 chansons, alors tu choisis dans ces 30 chansons... donc au final, ça se restreint... C'est comme quand tu vas sur Spotitfy: "si vous avez aimé Léo Ferré, vous aimerez aussi Georges Brassens, Jacques Brel, Barbara"... Les 10 titres proposés sont toujours les mêmes et l'algorithme ne te propose pas d'aller creuser plus loin. C'est toujours la pointe de l'iceberg que tu vois. Moi, je veux enfiler ma combinaison, prendre quelqu'un par la main et descendre en dessous de la surface pour montrer tout ce qu'il y a et que c'est bien plus grand qu'au dessus. Voilà. C'est un peu ça...


Tu dis que Léo prend dans le cœur et transforme...


Oui, ça c'est certain pour celles et ceux qui sont sensibles à Léo ou qui ont un terreau favorable à la germination de la "graine ferréenne". Pour d'autres, Ferré, ça va rester des tubes, ils ne vont donc pas être transformés, d'ailleurs ils n'en ont même pas envie ! Mais je connais beaucoup de gens qui m'ont raconté leur parcours et leur histoire. Certains te disent: "Léo Ferré, c'est le plus grand, c'est magnifique sans développer". Mais d'autres expliquent : "ma vie a changé quand j'ai découvert Léo. Il m'a accompagné toute ma vie, il a changé ma vision des choses". Il y en a qui te disent : "il m'a sauvé, j'étais eu bord du suicide". Il y en a des gens comme ça. Il y en avait, il y en a et il y en aura toujours... Ce que Léo te raconte, est, pour moi, résumé dans un album fondamental, le double chez Barclay "Amour Anarchie". L'anarchie, certes, mais avec l'amour. Parce que sans l'amour il ne peut pas y avoir d'anarchie. Ca va ensemble complètement. C'est impossible pour lui de le voir différemment. Quand tu peux ouvrir ton esprit et ton cœur à cette idée, il te change forcément. Tu vois les choses différemment, tu te comportes différemment peut-être même dans la rue. Quand tu vois une fourmi, au lieu de lui mettre le pied dessus, tu vas mettre le pied à côté... Léo s'arrêtait au feu rouge. Un jour, un gars lui a dit: "vous êtes anarchiste, mais vous vous arrêtez au feu rouge !" Il dit: "oui, pas parce que je veux respecter la règle, mais parce que je respecte l'autre, j'éprouve de l'amour pour l'autre personne qui au moment où je me suis arrêté passe elle au vert. Parce que s'il n'y avait pas de code comme ça, on se rentrerait dedans..." C'est le respect. L'Amour, le Respect, c'est fondamental. C'est ce qu'il m'a appris et qu'il a communiqué à de nombreuses personnes. Je pense que c'est assez noble de voir les choses comme ça.


Ne pourrait-il pas y avoir un prolongement de tout ce que tu fais en lançant un appel aux gens à témoigner de la manière dont Léo les a transformés ?


Oui, c'est une bonne idée, effectivement. Je pourrais demander aux gens qu'ils m'envoient une vidéo, un témoignage dans un 2ème moment quand j'aurai une audience un peu plus large. Avec Universal, on va sortir un nouveau coffret, une nouvelle intégrale que j'ai un peu chapeautée... Et on aura une chaîne Youtube. Donc pourquoi pas. Il faut voir ce que disent les gens, des connus, des inconnus, peu importe la notoriété.


Tu viens de faire "Je parle à n'importe qui" et du coup "n'importe qui" te répondrait...


Oui, alors enfin, ça, voyons ! Parce que Léo est loin d'être consensuel. Moi, dans une certaine mesure, je suis tout à fait honoré qu'on déteste Léo. Ca ma va très bien ! Au contraire, je suis content: pour moi, Léo se mérite. On le déteste ou on l'aime, il n'y a pas vraiment de juste milieu. Si tu le détestes, je t'accepte comme tu es, très bien. Mais argumente un minimum, parce que c'est trop facile de dire: "l'anar à la rolls, il se disait anarchiste et il gagnait du fric, il vivait dans un château"... C'est un peu trop simple cette argumentation. Je suis tout à fait content qu'il y ait des gens qui détestent Léo, parce que ce serait hypocrite de dire "tout le monde il est beau, il est merveilleux", mais insulter c'est facile. Les haters sur les réseaux sociaux qui prennent du plaisir à susciter des polémiques, très peu pour moi. Ca n'empêche pas que c'est ton droit de ne pas aimer Léo! Tu dois juste un peu argumenter parce que si on reste sur les idées reçues sans vraiment creuser, ça n'est pas honnête vis à vis de soi-même.


Evidemment, derrière c'est toi qui déciderais de le publier ou pas sur ta chaîne...

L'idée de faire comme ça des petites pastilles où je serai avec quelqu'un... Si demain, quelqu'un-e fait un projet sur Léo qui m'intéresse ou que je veux soutenir, peut-être que je ferai quelque chose. Si j'avais eu cette chaîne quand le disque de Cali est sorti, par exemple, j'aurais probablement fait une petite pastille sur son disque, avec lui. Après, ça peut effectivement être des gens, des inconnus, qui ont quelque chose à dire. "Léo m'a transformé pour ça ou pour ça." Il faut que je trouve pas seulement des gens que je connais, il va falloir voir large, notamment au niveau des âges. Parce que contrairement à ce qu'on pourrait penser, des jeunes qui aiment Léo, il y en a beaucoup aussi. Ils tombent dans la marmite comme Obélix, et ils en re-veulent sans arrêt. On est obligé de leur dire: "non, toi, tu en as déjà eu une fois quand tu étais petit tu n'as plus le droit..."


Au passage, toi, sinon, tu es tombé dans la marmite du chianti ?


Je suis vigneron aussi, je ferai aussi des pastilles sur le vin, bien sûr ! Je donnerai ma vision du vin, de la vinification, qu'est-ce que c'est le vin, comment il faut le faire à mon sens, pourquoi je le fais...


Quel était le rapport de Léo au vin ?


Il était content de boire son vin, d'avoir son huile, évidemment... mais il ne s'en est jamais vraiment occupé. Lui, c'était un créateur: il passait son temps à faire sa musique et sa poésie. Il aurait peut-être dû essayer de trouver une personne un peu responsable, un maître de chais, quelqu'un qui aurait pris des initiatives, qui aurait commencé à mettre en bouteille à son époque. Parce qu'on a commencé à le faire seulement après sa mort, ça aurait été mieux de commencer avant... Mais c'est comme ça.


Tu penses sortir une pastille par semaine au début ?


Grosso modo oui tout cet été..


De toutes façons, tu fais ça pour le plaisir ?


Oui ! Je fais ça pour mes enfants aussi. Alors, le jour où je ne serai plus là, j'espère le plus loin possible, mes enfants, mes proches, ceux qui m'aiment bien pourront aller regarder ça et se mettre à chialer. Quand tu perds ta mère ou ton père, tu comprends ce que c'est. J'ai perdu mon père et je suis avec lui tous les jours, je le vois, je l'entends, je l'écoute... C'est une chose merveilleuse. Peut-être une sorte de leg à mes enfants ou à mon petit neveu, le fils de Manuela, qui a 6 ans... Il pourra dire que son oncle ne faisait pas que des conneries!


Merci Mathieu et bravo!


Propos recueillis par #PG9


Mathieu enfant sur la pochette de l'album "L'espoir" de Léo Ferré (c)

Mathieu Ferré sur Léo: "Je parle à n'importe qui"





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