Slameuse/ Slameur: Yannick Nédélec
Equipe de: Tours
Pourquoi Slamez-vous?
Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr
Comment as-tu rencontré le slam?
Un peu par hasard. Il y a dix ans, à Tours. J'avais beaucoup de poésie en stock, je tournais depuis plusieurs années avec mon spectacle de fables, deux recueils étaient édités, et j'avais un lourd passé d'acteur de One Man Show. Bref, tout ce qu'il fallait pour tomber un jour dans le monde du slam. Pousser la porte d'un bar à vin où on m'avait dit qu'il y avait une scène de poésie. Y dire des fables. Trouver un nouveau type de public, rencontrer plein de nouveaux poètes, découvrir un concept et une ambiance vraiment sympas !
Comment écris-tu tes textes? Qu'est-ce qui t'inspire?
L'écriture est toujours un exercice où je mêle la plus grande rigueur et la plus grande fantaisie. Toujours le souci du rendu scénique, de la théâtralité du texte. Si possible glisser une bonne dose d'humour au milieu de la poésie. Le reste n'est que travail. Un dictionnaire de rimes usé, rafistolé, scotché, mais que je ne quitterai jamais. Beaucoup de patience (je peux rester deux heures à chercher la tournure idéale d'un vers ou le mot le plus juste). J'écris rarement d'un seul jet. Mais il y a peu de rature sur mes cahiers, car je laisse mûrir dans la tête, je brasse mes idées et mes mots, je les mâche longtemps avant de les écrire à coup sûr. Ce qui m'inspire ? Tout ! L'homme ! Cette drôle de créature. Cette merveilleuse sale bête. Mes textes sont globalement assez sociaux et humanistes. Je n'aime pas vraiment les natures mortes...
Aimes tu te mettre dans des conditions particulières pour écrire (lieu, ambiance, moment de la journée...)?
Pour écrire, le problème numéro un est le manque de temps. Les journées ne faisant que 24 heures, et ayant mille choses à faire... Le grand luxe est d'avoir une journée entière sans contrainte, une chaise longue, un stylo, un dictionnaire de rimes... et un sujet insolite attrapé au vol !
Si tu as d'autres activités artistiques, le Slam a-t-il une place particulière dans ton processus créatif?
Mon activité principale est le théâtre. En tant qu'acteur, auteur et metteur en scène. Le slam est un bonheur annexe, mais j'y tiens beaucoup. Car c'est vraiment un pur bonheur, juste pour les rencontres, les découvertes, jamais pour l'argent. C'est une forme d'art sans contrainte matérielle. Contrairement au théâtre, il n'y a pas à se poser les questions du budget de production, de l'organisation de la tournée, du prix de vente du spectacle... On joue des brèves, on cueille des applaudissements, on écoute les autres. On sourit, on s'émerveille, on s'ennuie un peu parfois mais jamais bien longtemps et c'est pas bien grave...
Comment est la scène slam autour de chez toi? La fréquentes-tu assidûment chez toi et aussi ailleurs?
La scène de Tours est plutôt active, grâce à l'énergie de Zurg et Yopo. Au moins une scène par mois, dans un lieu magique (une cave ancienne de la vieille ville) et souvent plein à craquer d'un public fidèle et chaleureux. Sauf rare empêchement, je n'en rate pas une miette ! En dehors de cette scène locale, il m'arrive de voyager un peu sur des grands tournois nationaux (la Coupe de la Ligue, bien sûr, que je vais faire pour la sixième fois, et d'autres festivals). Et le must : la grande chance d'avoir été invité en 2013 à Chicago, et d'avoir slamé sur la scène mythique du Green Mill !
Que dirais-tu à quelqu'un qui cherche à découvrir la discipline pour lui donner envie?
Sois curieux ! Va voir en vrai, au lieu de rester sur les faux clichés assimilant le slam au rap ou le réduisant à Grand Corps Malade. Tu découvriras une incroyable variété, une réjouissante vivacité de la poésie ! Bien sûr, comme c'est libre et ouvert à tous, il y a parfois du n'importe quoi et du médiocre, mais on l'accepte toujours parce qu'on se dit que peut-être, trois minutes plus tard il y aura une pépite ! Et crois-moi, ça arrive souvent !
Un grand merci à la Ligue Slam de France, à toute l’équipe de Tours, notamment bien sûr à Yannick pour sa disponibilité... Propos recueillis par #PG9 (par mail)
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