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[Pourquoi Slamez-vous?] Coupe de la Ligue Slam 2019, Marion, Epinay/Odon

Slameuse/ Slameur: Marion

Equipe de: Epinay/ Odon




Pourquoi Slamez-vous?

Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr


Comment as-tu rencontré le slam?


C'était il y a dix ans, j'en avais 16, j'étais en seconde option théâtre. Ce n’est pas très original, des textes de poésie, j'en écrivais depuis un bail. Soirée festive engagée en soutien à la Palestine. Des slammeurs dans la salle. Ma mère qui me dénonce à l'organisateur de la scène ouverte. Dénoncer, c'est vrai, sur le moment j'ai d'abord eu l'impression d'être trahie. Et puis, une fois que tu es sur scène, tous les regards sur toi, tu peux plus vraiment reculer, y'à ton égo qui te colle au plancher, alors faut bien dire quelque chose, autant dire son texte... en tout cas c'est ce que j'ai fait. J'ai une amie qui a l'habitude de dire que le slam c'est une maladie contagieuse, si c'est le cas, j'ai choppé le virus, dès la première fois. Ok, c'est triché, je faisais déjà du théâtre. Mais ce n'est pas pareil. Au théâtre, tu es habillé de costumes, et du rôle que tu es en train de jouer, du personnage, bien recouvert de tout ça, la scène paraît moins impressionnante. Pour le Slam, tu es à poil, ton texte, tes fringues, tes tripes sur le sol, devant tout le monde.... Au début, des tremblements incontrôlables prenaient d'assaut mes jambes, et j'avais beau répéter, mes textes sortaient toujours comme une récitation à l 'école primaire. Petit à petit, on comprend que le public n'est pas un ennemi, mais plus un complice.


Comment écris-tu tes textes? Qu'est-ce qui t'inspire? Aimes-tu te mettre dans des conditions particulières pour écrire (lieu, ambiance, moment de la journée...)?


Si j'avais la recette unique et miraculeuse, j'en aurais publié un livre “comment écrire un slam à coup sûr !”, je n'aurais pas gardé ça pour moi, c'est promis ! Aussi, j'aurais peut-être enfin un spectacle à présenter... Pour répondre plus sérieusement (attention c'est quand même une interrogation écrite!), ce qui me passionne, dans chaque aspect de ma vie, perso, pro, slam … c'est l'Humain. Comment se construisent les personnes, qu'est ce qui les constitue. Comment se créent et s'opèrent les rencontres, les relations, les partages entre humains. Pas des personnes extravagantes ou connues, non, plutôt celle de tous les jours, celle à qui on sourit dans la rue parce qu'on croise son regard, celle à qui on dit bonjour, au revoir, merci, très souvent mais rarement plus, celles qui sont fracassées par la vie, qui sont bancales, qui laissent passer la lumière. Celles qui donnent l'impression de ne jamais pouvoir se rompre, celles dominées par l'insouciance... J'aime écrire la ligne ténue entre le quotidien et la routine. Mes textes reflètent aussi, j'espère, mes convictions et mes valeurs de “Vivre Ensemble”.


Du coup, la forme s'alignant sur le fond, la façon d'écrire varie, fluctue en fonction de mon quotidien. Un texte écrit en une seule nuit blanche de A jusqu'à Z. Des idées notées dans un cahier de brouillon qui à force de s'amasser finissent par se relier, des fois au bout de plusieurs mois. Par moment, un atelier d'écriture imposant des contraintes de styles, de rimes, de thèmes... permet l'ébauche de quelque chose qui devient un texte. Certains jours c'est à la terrasse d'un café au sein de l'agitation urbaine, d'autres, isolée dans ma chambre, cahier sur le lit et musique. Certaines fois encore, au cœur d'une pièce qui vit, la cuisine par exemple, un lieu de passage et d'échanges.


Si tu as d'autres activités artistiques, le Slam a-t-il une place particulière dans ton processus créatif?

Je pense que j’allie Slam et Théâtre, aussi bien en Slam qu'en Théâtre. Mais c'est plus facile de partager ses slams que des créations théâtrales, on peut travailler seule, et se tester, partager pendant les scènes ouvertes.





Comment est la scène slam autour de chez toi? La fréquentes-tu assidûment chez toi et aussi ailleurs?


Chez nous, on a une scène “urbaine” qui a plus de 13 ans, dont la fréquentation est irrégulière Certains mois, il y a 50 personnes, le suivant plus que 15. J'y suis présente la plus part du temps, je l'anime de temps en temps, des fois je ne slamme pas, pour mieux écouter. Nous avons également, depuis 3 ans, une scène “rurale” dans un village où le bar-épicerie est l'unique commerce. Cette scène est très hétéroclite, entre adolescents testant les mots et les soirées sans parents, vieux au béret venu remplir sa soirée, poètes anonymes trouvant enfin espace pour s'exprimer... On se rencontre, on se nourrit, on vit. Et puis le Slam, c'est les copains, alors de temps en temps, on essaye de bouger un peu, voir l'équipe “Slam'va bien” de Granville, les copains du Havre, de Nantes, de Rennes, d'ailleurs....


Que dirais-tu à quelqu'un qui cherche à découvrir la discipline pour lui donner envie?


Probablement un peu la même chose que ce que je raconte aux enfants, aux ados quand je commence un atelier d'écriture. Que le slam, avant d'être un art, c'est une tribune d'expression libre, c'est un moment d'échanges. Que le slam c'est un carrefour entre le rap, la chanson, le conte, le théâtre...: on y met ce qu'on y veut. Que le slam, ce n’est pas fait pour rester dans des livres qui prennent la poussière au fond d'une bibliothèque, c'est fait pour être vécu, c'est un espace et un temps. C'est le fond, la forme et l'interprétation au service du partage. Que pour être Slammeur ou Slammeuse, il faut aussi savoir être Public, écouter, découvrir, ressentir, rencontrer... Qu'avec le Slam, on peut sortir de notre rôle de tous les jours, ranger les masques et pour une fois être authentique.



Un grand merci à la Ligue Slam de France à toute l’équipe de Epinay/ Odon, notamment bien sûr à Marion. Propos recueillis par #PG9 (par mail)


Tous les portraits sont regroupés ici:



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