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[Pourquoi Slamez-vous?] Coupe de la Ligue Slam 2019: Madatao, Paris

Slameuse/ Slameur: Madatao Equipe de: Paris



Pourquoi Slamez-vous?

Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr



Bonjour Madatao! 1ère question : comment as-tu rencontré le slam ?


Bonjour Philippe. J'ai rencontré le poète Yann Thomas dans une soirée par hasard. Il slamait sur un balcon. Je lui ai dit un texte, il m'a dit un texte, il a fait une impro, j'ai fait une impro... J'ai slamé avec lui sans m'en rendre compte: moi, je faisais du rap avant. Et après, il m'a dit, encore dans une impro, qu'il avait arrêté le slam et que si je trouvais un bar pour qu’on en fasse ensemble, il était prêt à revenir et à me montrer comment on animait des scènes... Donc, j'ai cherché et trouvé un lieu et on a créé une scène à “la Taverne de Guingamp”, vers Montparnasse, le 10 mars 2008.


Cette scène a duré longtemps ?


Un an et demi, c'est tout. Yann a arrêté au bout de 6 mois parce qu'il a des soucis de santé. L'Azraël, un autre animateur qui était déjà dans le slam depuis longtemps, l’a remplacé. On a donc animé avec l'Azraël pendant un an, puis on a été virés parce que le patron en avait marre de voir des gens qui venaient sans consommer. Mais ça a créé notre bonheur parce qu'on a été contactés par le “Downtwon Café” à Paris dans le 11ème à Parmentier. J'ai commencé à animer là-bas pendant 2 ans avec Runo, un rappeur, puis après avec Dareka et le Bon Slamaritain, qui, lui, est maintenant à Bordeaux. A chaque fois j'animais le 1er set et mes comparses s'occupaient du 2ème parce que je travaille tôt le matin. Il y a donc eu deux années avec le bon Slamaritain et Dareka, puis à nouveau avec l'Azraël pendant 3 ou 4 ans. Et puis le Downtown a été vendu l'année dernière, on a cherché un nouveau lieu et depuis octobre 2018, on est au Babel Café à la station Mesnilmontant à Paris. Ce qui nous plaît, c'est que le Babel Café est situé en face d’un bar qui s'appelait avant “Les lucioles” et c'est le lieu historique où on dit qu'est né le slam en France.. Il y a plus de 20 ans, il y avait Yo, D’, Nada et tous ces gens-là. Le slam y est apparu en France dans sa version moderne.

Donc c'est depuis Octobre 2018 ?


Oui.


Et tu l'animes avec qui ?

L'Azraël et Madatao. Photo: Roland Lagoutte (c)

Avec l'Azraël. On a bougé ensemble. Depuis le 10 mars 2008, depuis 11 ans, tous les lundis, j'anime une scène ouverte de slam avec un ou plusieurs autres slameurs. Ca fait plus de 600 scènes... Et, à côté, il y a eu plein de rencontres. Maintenant, je bosse aussi sur “Quand Dire C'est Faire” avec Neobled du 129H... Ils sont 3, il y a Rouda, Lyor et Neobled et qui eux étaient de l'époque de Grand Corps Malade, du Café Culturel à Saint-Denis et qui anime le Lou Pascalou. Avec Neobled, on fait donc un truc qui s'appelle le “Quand Dire C'est Faire”. Chaque slameur rapporte 1€ ou 2€ pour une association qui est présentée chaque mois... Et puis il y a un don qui est fait aussi pour les aider dans leur démarche. Des associations culturelles, sociales, tout ça. Ca permet de les faire connaître et aux slameurs de faire une bonne action. C’est le “QDCF”.


On va reprendre au tout début. Avant de faire du slam, tu faisais du rap...


Oui, je suis de la génération rap. Je suis né en 1976, donc j'ai vraiment grandi avec IAM, NTM, même au tout début avec Radio Beur… Moi je suis clairement un gosse du rap. On a fait un groupe dans mon quartier, le 14ème arrondissement à Paris, j'étais vraiment porté par cette musique-là. Après, je me suis heurté aux préjugés que pouvaient avoir les membres de mon groupe : on ne pouvait pas aborder tous les thèmes, par exemple l'amour au sens homme/ femme, il fallait défendre une certaine image et ça me faisait chier. J'ai donc été très déçu et j'ai mis ça de côté. Parallèlement, j'ai continué à écrire. J'ai auto-édité 3 recueils de poésie en 20006, 2008 et 2011. Je continuais à rapper un peu en free style chez moi ou avec des potes, avec un peu de guitare ou machin, mais je ne me produisais pas. C'est ce que j'avais exprimé à Yann sur le balcon quand on s'est rencontrés. Yann Thomas, c'est un historique du slam. Il improvise très très bien, il écrit très bien. Ca a été une vraie rencontre. Il m'a vraiment donné l'envie de faire du slam... J'y ai trouvé l'éclectisme et la liberté d'écriture ou de propos que je ne trouvais plus dans le rap.


A la base, c'est la musique ou l'écriture ? Tu dis que tu es de la génération rap, ce qui te plaisait dans le rap c'était le mélange texte/ musique, c'était plus la musique, l'écriture ?

Le rap français à l'époque, il n'y avait pas de flow énorme. C'était plus de l'écriture, de la revendication, du combat social... De la poésie aussi, mais la poésie contemporaine, pas sous les formes où on nous l'enseignait très scolairement. C'était des nouvelles versions où ceux qui étaient pas forcément bons à l'école avaient le droit de manier le stylo et montraient qu'ils le maniaient très bien. Cette démarche, on la retrouve dans le slam: l’idée de permettre à tout le monde de prendre la plume même si on fait des fautes d'orthographe... C'est vrai que je suis plus sensible au texte qu’au flow personnellement, même si j'aime bien la musicalité, mais le contenu, le message prime pour moi.


Donc, effectivement, le prolongement avec le slam est clair.


Oui, je n'ai pas eu à me forcer !


Quel est ton regard sur la scène slam à Paris ? Vous vous avez votre scène, il y a le QDCF...?


On fait pas mal de choses en fait. Il y a notre scène avec l'Azraël tous les lundis. Là, c'est scène ouverte à tout le monde et ce qui est génial c'est l'éclectisme, la différence de styles, de propos, d'idées. On est vraiment ouverts çà tout: il suffit de s'inscrire et on fait passer les gens. Et puis, le QDCF, on y retrouve pas mal de slameurs de nos scènes d’ailleurs, on mutualise nos forces et nos savoirs. Sur les scènes ouvertes du lundi, tu peux passer avec des instruments acoustiques, mais on ne met pas d'instru pour que ça ne devienne pas une battle de rap. Tandis qu’au QDCF on pousse le truc où les gens font vraiment ce dont ils ont envie. On le fait différemment selon les lieux. L'année dernière, à Montreuil, c’était dans une très grande salle, il y a eu une scène ouverte et un show case d'un artiste connu, puis une battle qui s'appelait “les 45 secondes”: 8 slameurs tirés au sort qui s'affrontaient en duel, ¼ de finale, ½ finale, finale avec possibilité d'être sur une instru ou a capella comme ils voulaient. Ce sont des concepts différents. A côté de ça, en 2015 on a monté un collectif avec 12 autres slameurs, le “Kidikwa” avec l'idée de mutualiser nos forces pour permettre à certains d'avoir accès à des salles, faire des concerts, être soutenus, faire des créations collectives, créer des événements, permettre à chacun de trouver une place... Utiliser les connaissances et les qualités de chacune et de chacun. Il y a une responsable de l'image qui filme et photographie très bien, qui nous accompagne sur le QDCF maintenant, on a un illustrateur - graphiste - designer tout ça, un metteur en scène... Tout le monde a le point commun d'être slameur. On a 12 profils différents et on fait pas mal de choses. Tu peux aller sur notre site:


Super ! En fait, tu te sers du slam comme un outil pour faire plein de choses....


Oui. Et j'ai une spécificité dans le slam : je ne fais qu'improviser. Tout le temps. J'écris des livres, j'ai fait un disque aussi “Enfant intercalaire” que tu peux capter sur itunes, deezer, spotify... mais en scène slam, je ne fais que de l'impro.


Pourquoi ?


Pour deux raisons. Une fois, je suis allé au Lou Pascalou, la Scène du 129H, et j'ai eu un trou lors d'un texte. Les gens m'ont soutenu, mais ça m'a gêné qu'ils me soutiennent en mode pitié, j'ai dit c'est bon, je pars en impro. Et je n'ai jamais arrêté depuis. C'était au débuts, en 2008, on était allés là-bas avec Yann. Et puis aussi parce que je vois un psycho thérapeute avec qui j'avais une discussion. Je lui dis que je fais du slam. “Donc, vous improvisez ?”. C'était au tout tout début. Je dis “non, non, je dis des textes”. Il me dit: “ça n’est pas du slam alors”... Est-ce qu'il était vraiment au fait de ce qu'est le slam ? En tous cas, ça m'a piqué qu'il me dise ça. Sa remarque et mon trou lors de la scène au Lou Pascalou ont fait que, depuis, à chaque fois que j'interviens sur une scène slam, j'improvise. Je n'ai pas en plus à le préciser, tout le monde le sait si je prends la parole.


Ca te fait quel sentiment quand tu démarres?


Ca dépend. Des fois, c'est balbutiant au début. C'est comme un coureur qui s'apprête à faire une longue course et qui doit trouver sa foulée. Il y a d’autres fois où tu es inspiré... Un autre slameur, Djaraï, me disait que ça lui faisait penser au duende du flamenco, ce moment quand une danseuse semble complètement habitée par la danse: ses gestes ne sont plus maîtrisés, ils sortent tout seul, elle est dans une espèce de transe. Djaraï disait: “On a l'impression que les mots décident de sortir de toi et que ce n’est pas toi qui maîtrises les mots ou les idées”... Donc, ça dépend. Ce qui est agréable dans l'improvisation, c'est que, évidemment, ça n'est pas une science exacte. Il y a des jours où on est inspirés, touchants, où on parle à tout le monde, et d'autres où on l'est moins et on rame. Il faut arriver, avec ses rames, à bon port. C'est inégal, mais c'est le jeu. Quand on réussit une belle impro, qu'on emmène tout le monde avec soi sur son radeau, on a l'impression de toucher à quelque chose qui va au fond de soi et au fond du cœur des autres aussi. On est complètement portés par le public. Des fois, tu es perdu et c’est le public qui te donne un coup de fouet, l'inspiration. Le mot que tu attendais va apparaître: quelqu'un rentre, il a un chapeau sur la tête, il te manquait une rime en o et bingo... Des fois, il faut laisser libre cours à la magie, accepter les événements extérieurs. Il faut accepter la poésie. Accepter de la vivre: quand elle apparaît dans la salle, tu n'as plus qu'à la lire. Les gens t'envoient des phrases sans savoir, comme ça par rapport à l'histoire que tu te figures en les regardant. Leur sourire, ce que tu crois lire à l'intérieur de leurs yeux. Tout ça guide ton impro et quand ça le fait c'est un partage incroyable.


On pourrait appeler ça de la connexion ?

Madatao. Photo: Kidikwa (c)

Oui. De la connexion... ou de la déconnexion. Parce qu'en tant qu'animateur, tu fixes un cadre, pour permettre aux gens de s'en évader! L'impro, quand j'anime, c'est de l'impro à réaction par rapport aux textes qui ont été dits ou pas dits, à l'ambiance... Ca peut être une humeur, l'inspiration du moment par rapport à la journée, par rapport à ce que tu sens qui n'a pas été abordé dans la soirée et qui a été important, ou alors, au contraire, tu décides de mettre un focus sur quelque chose qui a été dit, qui est peut être passé inaperçu et que tu as trouvé important. Il y a une recherche d'écho. Après est-ce que tu vas trouver l'écho d'une personne ou de 59, ça varie... La force de l'écho et de la connexion varient aussi. Si on se met en scène, c'est qu'on cherche des connexions, c’est vrai. Ca peut aussi permettre à quelqu'un d'aller mieux parce qu'il comprendra qu’on a traversé une douleur qui nous est commune. Une idée de partage en tous cas.


Ces impros te servent parfois quand tu écris? Tu les gardes d'une manière ou d'une autre ?


Non. Pas trop. Des gens m'ont filmé. Sur ma page FB, tu verras la dernière impro au DownTown, elle dure 5mn. Elle est assez particulière: c'est la 1ère fois que ma mère me voyait slamer. Au Downtown, elle n’a eu le droit de venir que pour la dernière scène. Il y en a quelques unes qui ont été filmées, comme ça, mais je trouve que ça serait tricher en fait. En tant qu’auteur, j'ai mon petit carnet où je note des trucs, mais pas par rapport à ce que j'ai improvisé. C’est plus par rapport aux jeux de mots qui me viennent quand je suis dans le métro ou que je me balade, mais j'aime bien essayer de ne pas tricher. Je n'improvise pas forcément tous les soirs, c'est un moment que je partage avec les personnes qui sont là et j'aime bien ce côté là. Si j'avais peur d'être en panne d'inspiration quand j'écris je le filmerais peut-être, mais en fait pas du tout. Ca me permet de traverser des états où je suis au bord du chaos quand j'ai fini mon impro, mais je l'ai vécue complètement. C'est ce qui est important pour moi: vivre vraiment tout entièrement, ne pas tricher. Il y a suffisamment de choses dans la vie, de thèmes et d'idées pour écrire. Quand j'improvise, c'est vraiment un partage du moment.


Tu es dans l'instant, en communion avec les gens qui sont là. C'est pour ça que je parlais de connexion d'ailleurs.


Communion, il faut voir. Une fois, à la scène de l'Entrepôt dans le 14ème, qui était animée par Shakiamouni - un ancien du slam-, des mecs se foutaient un peu de la gueule des slameurs. C'était un peu comme dans la chanson de Brel, “L’auberge des 3 faisants”. “Les bourgeois c'est comme les cochons”, ça faisait un peu ça. C'était des jeunes, très bourgeois dans leur attitude, qui se moquaient des slameurs et ça m'énervait vraiment. J'avais décidé de ne pas passer, mais j'ai fait un geste à Tsu Mc qui animait aussi à l'époque pour lui dire de me faire passer. J'ai fait une impro qui leur était dédiée et je les ai éclatés exprès pour montrer leur intolérance et leur suffisance. Ca n'est pas un exercice que j'aime, mais là je m'en étais vraiment servi comme arme de combat... D'ailleurs, ça les a fait partir de la salle. Ca fait que l'impro n'est pas forcément bienveillante, positive, pas forcément, tu vois. C'est vraiment le sentiment qui me traverse.


Tu t’es servi de l’impro pour défendre le slam...

Pas le slam. Enfin, le slam de toutes façons, vu mon implication je le défends parce qu'il donne la liberté à tout le monde, c’est ce qui est génial dans le slam, je ne connais que ça comme ça. C'était plus pour défendre les slameurs en eux-mêmes, leur fragilité, leur faiblesse. Tout ce qu'ils mettent en fait dans le fait de monter sur scène. A l'époque, c’est vrai que tu avais des mecs qui venaient plus pour le verre offert que pour slamer, mais c'est pas grave on s'en fout. Je trouve la moquerie facile de gens qui t'exposent leur fragilité. Si t'es quelqu'un, si t'es énervé, va te clasher le maire, le député, le président... Si t'es vraiment très fort vas-y ! Ou alors vas faire des compètes de slam, prends la parole, mesure-toi à des gens qui s'exercent à ça tout le temps. Mais pas sur une scène ouverte ou t'as des vieux de 85 piges qui ont débarqué depuis 6 mois en France et qui décident de prendre la parole. Ils sont super courageux. Il ne faut pas s'en prendre à eux.


Tu les défendais eux par rapport à une attaque injustifiée. C'était la solidarité des slameurs...

Oui. Après, ça serait démagogique de dire que j'aime tous les slameurs et que je les défends tous. Je défends le slam dans ce que c'est: donner la parole à tout le monde. Ca oui. Et je me battrai toujours pour le slam. Par contre, parmi les slameurs et les slameuses, il y a des gens avec qui je ne suis pas du tout en adéquation et même en profond désaccord.


Je comprends. La scène slam sur Paris, en gros, elle est comment ? Riche? Dynamique ?

QDCF. Photo: Jean-Baptiste Quillien (c)

Nous, on te dira qu'elle est dynamique dans la mesure où on a minimum 30 slameurs/ slameuses tous les lundis. Et qu'en plus ça tourne, c'est pas toujours les mêmes. Ca fait 11 ans qu'on fait ça, si on s'est pas lassés, c'est parce que ça varie. Il y a des apparitions, des disparitions, des réapparitions. Et puis, il y a des jeunes qui décident de s'y mettre. Parmi nous, certains font des ateliers qui amènent leurs élèves et puis il y a des gens qui viennent habiter et tout le monde leur dit que tous les lundis au Babel ils pourront slamer... Donc, nous on la trouve dynamique! Après, à Paris, tu as plusieurs scènes: celle de King Bobo, de Tsu, du 129h de nous... Chacun a sa façon de faire et ses idées, il y a quelques petites divisions qui font que l’on n'a pas une grosse, énorme scène en fait. Même si au Downtown ou au Babel, des fois on a eu 50 à 55 slameurs. C’est beaucoup. De ce que j'ai entendu, je n'y suis pas allé, mais à Lyon apparemment ils ont une scène mensuelle de ouf dans un énorme lieu. C'est ce qu'on veut faire. On a participé à des gros événements genre le Micro de bois, ou le “Slam so What” à l'époque de “As de plume”. Je pense qu'il y a une très bonne scène slam à Paris. Les slameuses ou les slameurs qui viennent chez nous ont énormément de talent, ils sont hyper divers, que ce soit socialement ou générationnel... Des inspirations rap, rock, reggae, hard, tout ce que tu veux, poésie classique. Elle est hyper diversifiée, dynamique...


Maintenant, je pense qu'il ne faut pas que le slam s'endorme sur ses lauriers et qu'on travaille aussi à poser des fondations. Même si le slam existe depuis 20-25 piges dans sa forme contemporaine, j'ai plutôt l'idée qu'il en est à un stade embryonnaire en fait. Et qu’il est important de bâtir des endroits solides pour que, si nous on décide d’aller construire autre chose ailleurs, ces endroits puissent être repris par quelqu'un qui les fera perdurer. En tous cas, il faut se connaître, se rencontrer avec les gens de province, pour pérenniser le mouvement et permettre au slam de se développer. Et, surtout, développer partout l'idée que chacun peut prendre la parole, aller sur un scène slam, que tous les gens qui pensent qu'ils n'ont rien à dire ou que de toutes façons on ne les écoutera pas etc, plutôt que de voter pour quelqu'un qu'ils aiment moyen, ils n'ont qu'à venir aux scènes slams. Déjà, ils pourront dire ce qu'ils pensent, rencontrer des gens qui seront d'accord ou pas, discuter avec eux. Je suis un ancien militant politique et maintenant je mets mes forces dans ce combat-là: développer le slam, que des gens puissent se rencontrer, développer aussi leur scène à eux ailleurs. Dans notre collectif, on a des gens à Lausanne, Marseille, Lyon... qui participent au slam dans ces villes-là. Si on peut être des “agents de liaison” entre tout le monde, c'est cool.

Mais il faut renforcer le slam. C'est pour ça qu’on a proposé de faire la qualif' parisienne pour la Coupe de la Ligue Slam de France. En fait, on est une scène ouverte à la base nous. Mais on a fait une fois une compèt chez nous pour qu'il y ait une équipe de Paris qui aille rencontrer Lyon, Nancy, Marseille, etc, que ça tourne, que les gens s'intéressent à ce que font les autres. Tanguy de Nancy, Mehdi Krüger de Lyon, beaucoup d’autres, ce sont des frérots comme on dit. Mehdi, il a un talent de dingue et en plus de ça, Lundi dernier, il est arrivé tout tranquille à la scène du Babel. En plus, je pense que les improvisateurs comme Mehdi, Marras, fil 2 l’air, Maarouf, Niko K , Nen ou d'autres... on a je pense aussi un truc qui nous réunit parce qu'on est pas tant que ça à improviser. Avec Yann, bien sûr, il y a quelque chose aussi. Mais c'est ça, le slam te permet de rencontrer des chics types et des pures meufs! Comme disait Sebseb, le slam en fait, tu n'as pas besoin d'y être impliqué depuis des milliards d'années pour avoir un lit qui t'attend dans n'importe quelle ville en fait si tu as décidé de faire le tour de France. Je pense que Iokanaan peut en témoigner d’ailleurs. Il y a une grande solidarité, une possibilité d'aller chez les uns chez les autres. Mais il ne faut pas avoir non plus un refus de la professionnalisation. Pour l'instant la plupart des slameurs qui vivent du slam, sont animateurs d'ateliers d'écriture en fait, et donc, il faut que certains aillent jusqu'au bout comme Mehdi qui fait ses trucs avec des musiciens. L'un n'empêche pas l'autre. Il faut garder cet esprit un peu hippie, de partage , sans avoir peur de se prendre au sérieux, d'aller porter ses idées sur des belles scènes, de créer des événements, trouver des salles.


Merci. Un mot de conclusion ?


Je pense que le slam est un sport d'équipe. C'est en ça que ça m'intéresse...


C'est pour ça que tu es le coach entre parenthèses...


Peut être.


Un grand merci à la Ligue Slam de France, à toute l’équipe de Paris, notamment bien sûr à Madatao... Propos recueillis par #PG9


Kidikwa (c)

Tous les portraits sont regroupés ici:





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