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[Pourquoi Slamez-vous?] Coupe de la Ligue Slam 2019: Jade, Bordeaux

Slameuse/ Slameur: Jade Equipe de: Bordeaux


Jade. Photo: Saranda Billaud (c)


Pourquoi Slamez-vous?

Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr



Bonjour Jade. 1ère question : comment as-tu rencontré le slam ?


Bonjour Philippe. J'étais en 2nde au Lycée François Mauriac à Bordeaux, j'avais 15 ans à tout casser. Daitoha était pion dans mon lycée et il tenait également des ateliers d'écriture à la pause méridienne. Au début de l’année, il est passé dans les salles en expliquant ce qu’il faisait pour essayer d'entraîner un maximum de personnes dans son groupe. Moi, à l'époque, j'étais quelqu'un de très introverti. Je ne parlais absolument pas, encore moins en public, donc tout ce que j'écrivais déjà dans un journal tranquillement la maison, pour moi ça restait au placard. Un jour, une copine a pris mon cahier et l'a apporté à Daitoha. Elle lui a dit : “voilà dans ma classe, il y a elle qui écrit ça !”. Les choses ont fait qu’on s’est rencontrés sur un atelier. Il m’a brusqué dès la première minute ! Il était hors de question qu’il lise mon texte, il fallait que je le dise moi et debout de surcroît. Aujourd’hui, il dit qu’il secoue les coquilles pour faire sortir ce qui s’y cache… Pourquoi pas. Toujours est-il que je lui dois tout. Il a été mon pion, puis mon coach, dans quelques jours je monte sur scène avec lui et au-delà de tout ça, il est devenu mon ami et mon papa de cœur... Oui, tout ça c'est grâce à Daito.


C'est joli. Il m'a parlé des ateliers justement... Il m'a raconté. Il m'en a beaucoup parlé, c'est super intéressant comment il en parle... Tu les as suivis pendant combien de temps ?


J'ai suivi les ateliers pas longtemps, parce que Fred est parti avant la fin de mon cursus au Lycée. Je les ai suivis en 2nde et 1ère... et j'ai fini par les donner moi !


Ah oui ? Maintenant, c'est toi qui les donne ?


Oui, c'est ça ! A la hauteur de mes disponibilités bien sûr.


Super ! Et tu vas aussi sur les scènes slam de Bordeaux ?


Jade. Photo: Saranda Billaud (c)

Oui, j'y vais du mieux que je peux. Là, je suis partie depuis Septembre à Toulouse pour mes études, mais j'essaie au maximum d'être là le vendredi et le samedi, de rentrer le plus tôt possible pour pouvoir retrouver tout le monde sur les scènes.


Tu rentres à Bordeaux exprès ?


Pas que pour ça, mais mes horaires dépendent un peu de ça oui. C’est surtout que je sais sur quelle scène il est impératif que je vienne, à quel moment il faut que je les soutienne. J’ai beaucoup d’admiration pour les slameurs de façon général et toute l’équipe de Street Def. Alors, je fais au mieux pour être présente. J’essaie de rendre ce qu’ils m’ont offert. Je ne promets rien mais je tente de venir sur leurs différentes représentations – (T)rêves, L’Echographe – et puis sur les qualifications bien sûr.


Parce qu'il y a une belle scène slam à Toulouse !


Oui, je sais, mais je suis un peu casanière. Ma scène est bordelaise, j'ai commencé à Bordeaux, je reste à Bordeaux...


Ca fait combien de temps maintenant ?


Ca fait plus de 5 ans.


Qu'est-ce que ça a provoqué en toi ? Qu'est-ce que ça a changé ?


C'est une véritable catharsis, c'est très impressionnant, ça a été une thérapie énorme. Ca m'a fait un bien fou. Artistiquement, ça apporte énormément, humainement, c'est encore plus grand. J’ai eu des opportunités d’or: le slam m’a amené voir Paris pour la première fois avant de partir pour l’Allemagne. C’était incroyable. C’est une expérience qui offre une infinité de possibilités dans un temps donné. Maintenant, j'ai des amis en Allemagne, à Vienne... Et dans toute la France. J'ai une grande famille d'artistes. Ça m'a beaucoup apporté.


C'est énorme. Et ton écriture elle-même a-t-elle changé ?


Oui, quand même, parce que quand je tombe sur mes premiers textes je me dis waow, je ne sais pas si Fred me voulait vraiment où s'il avait pitié! On va dire que j'ai accentué mon style, j'ai essayé de le perfectionner au maximum. Après, je n'ai pas cherché à m'en créer un. C'est à dire que je suis beaucoup dans l'émotion dans ce que j'écris, donc des fois, ce sont des choses très simples, dites avec des mots très simples, mais chargés d'émotion. Je n'ai pas cherché à changer ça en mettant des allitérations, alors que ça ne me ressemble pas. Au fond, il y a plein de slameurs, et tout autant de styles. Bien sûr que j'ai travaillé, parce que ça apporte quelque chose aux textes, mais mon trait c'est la sensibilité, c'est ce que j'ai cherché à affiner au maximum. C'est ce que j'ai fait évoluer, à savoir : maintenant, je veux jouer la corde sensible, comment faire ? Je peaufine. Mais j’ai aussi grandi, j’ai commencé à écrire à 14 ans, aujourd’hui j’en ai 20. Quelque chose s’est passé. Et ce que l’on écrit, et bien souvent le reflet de ce que l’on est.


Jade et Daitoha. Photo: Saranda Billaud (c)

Maintenant, tu le transmets à d'autres, d'ailleurs...


Je n'en ai pas eu autant que Fred, parce que je suis étudiante donc mon emploi du temps ne me permet pas non plus d'être dispo tout le temps, mais j'ai eu un contrat pendant 2 mois l'année dernière pour donner des cours d'écriture à une classe de 3ème dans un Collège pas loin de Bordeaux. J'y allais tous les mercredis de 10h à midi et c’était: “comment écrire”. Le but était de les amener à se produire dans leur collège et à rendre quelque chose.


Tu as pu assister au résultat ?


Oui. C'était une grande fierté.


On était en train de parler de ton évolution à toi sur l'écriture et tu disais que tu avais simplement essayé d'affiner ton style... Tu as des techniques particulières ?


Lorsque j'entame un texte, je me fixe un sujet dans ma tête, n'importe lequel, celui qui me parle sur le moment. Je note tout un champ lexical sur une feuille et je me dis que je vais écrire et qu'il ne faut pas utiliser un seul mot de ce champ. C’est drôle que tu poses cette question, c’est une technique que j’ai apprise le soir où j’ai fêté ma majorité avec un slameur venu sabrer le champagne justement. Je ne l’applique pas à la lettre, pour autant je trouve qu’elle me correspond assez bien.


C'est super dur cette contrainte!


Je la respecte plus ou moins parce qu'il y a des subtilités, ou des cassures qu'on veut créer dans le texte, des choses à entendre avec un vrai mot fort. Le but est de pousser au maximum la métaphore de façon à ce que n'importe qui en face se reconnaisse peu importe la situation. Moins c'est détaillé plus les gens s'assimilent à ce que je dis et plus je les touche.


Comment vois-tu ton évolution dans le monde de la poésie et des mots ?


Je ne veux pas du tout me professionnaliser, ça c'est certain. En revanche, j'espère garder ces liens avec tout le monde, ces liens à la scène, parce que je m’y sens vraiment bien et vraiment moi, c'est très important. C'est le seul endroit où on n'impose rien, où personne n'a d'étiquette et où on est tous nous-mêmes. Je veux le garder, j'espère garder un pied sur la scène même en grandissant. Après, peut-être que je vais arrêter pendant 5 ans et m'y remettre du jour au lendemain, je ne sais pas. Mais j'espère garder ça en tous cas. Je ne m'étais pas donné un temps imparti. Au-delà de la scène, si je viens à me détacher de l’artistique, j’espère garder l’humain. Ils ont tous contribué à faire de moi ce que je suis. Et, pour toutes nos virées désorganisées, nos fous rires, nos disputes, pour chacune de nos victoires, chacune de nos défaites, pour tout ça, j’espère que je resterai un membre Street Def. Je leurs suis tellement reconnaissante pour cette petite infinité...


Un grand merci à la Ligue Slam de France à toute l’équipe de Bordeaux, notamment bien sûr à Jade pour sa disponibilité... Propos recueillis par #PG9


Jade. Photo: Saranda Billaud (c)

Tous les portraits sont regroupés ici:




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