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[Pourquoi Slamez-vous?] Coupe de la Ligue Slam 2019: Daitoha, Bordeaux

Slameuse/ Slameur: Daitoha

Equipe de: Bordeaux


Daitoha Photo: Saranda Billaud (c)

Pourquoi Slamez-vous?

Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr


Enchanté Daitoha. 1ère question : comment as-tu rencontré le slam ?

Daitoha. Photo: LesAteliersSlam.com (c)

Enchanté Philippe. A la base, je fais du rap. Je suis allé à Bordeaux, justement par rapport à ça et au fil des rencontres, certains rappeurs m'ont dit: “tu devrais venir parce que tous les mardis soirs il y a une scène slam dans un bar qui s'appelle ‘La dibiterie”. Je suis allé dans ce bar, c'était la première scène hebdomadaire de slam en France et j'ai pris une énorme claque en terme de parole et de lyricisme, clairement.


De lyricisme ?


Oui, c'est un réflexe de rappeur de dire ça ! Quand un rappeur te parle de lyricisme, ça veut dire que c'est de la frappe en terme de paroles et surtout, le premier collectif de slameurs s'appelait “les lyricalistes”. Après cette 1ère soirée, je continuais à monter avec mes textes de rappeur, ça collait pas super, j'arrivais avec des trucs de 50 secondes ! Sur une scène slam, ça n'est pas ouf. Et c'est après que les scènes se soient arrêtées que moi je me suis mis au slam. Etrangement. En terme de forme d'écriture je veux dire. Même si on va me dire qu'il n'y a pas de forme d'écriture slam...


Il y a une durée quand même...


Oui, il y a une durée et il faut que ce soit un minimum “plein” pour installer le jeu avec le public. C'est là que j'ai commencé à vraiment me poser ce genre de questions.


C'est comme si tu avais répondu à un vide ?


En fait, c'est rigolo parce que je faisais partie d'une asso. La Poste organise un tournoi de slam, on me dit: “ouais tu avais fait du slam, viens on le fait”. Là, je me dis, “je vais écrire sous un format différent”... et c'était ça. Et après je me suis dit “ah il est rigolo le format”. Et peu après, un pote, le Bon Slamaritain, est venu me voir et il m'a dit “Fred, viens on va remonter les scènes à Bordeaux”. Et on l'a fait.


Mais revenons au début. Avant de slamer tu faisais du rap... Tu t'es mis à faire du rap pourquoi et comment ?

Daitoha. Photo: LesAteliersSlam.com (c)

Il y a 2 raisons. La première raison m’a fait commencer et c’est la 2ème qui m'a fait continuer dans le slam aussi. La 1ère raison, c'est qu'on était avec les copains, c'était rigolo. Un truc con : je regarde des films d'arts-martiaux depuis que je suis tout petit, bah je suis pratiquant d'arts-martiaux ! J'écoute du rap depuis que je suis ado... je fais du rap. J'ai du mal à rester spectateur. En plus il y avait un délire collectif, on était plusieurs potes à faire la même chose, évidemment, c'est plus engageant. Après, j'ai continué parce que c'est valorisant. Il y a ce sens du défi de toujours aller plus loin, ça permet de t'améliorer. Et j'aime bien cette idée là: s'améliorer.


Ce qu'il y a de fondamental dans ce que tu dis, c'est que les choses se sont passés d'une manière plutôt collective.


Oui. Dans le slam, c'est un peu différent, parce que j'écris seul. Mais je fais partie d'une équipe, “Street Def Records”, et on bosse ensemble. Du coup, oui il y a une idée de collectif quoiqu'il arrive, c'est vrai.


J'ai regardé ta page FB et on sent ça: des individuels qui font partie d'un collectif...


Oui. Des individuels ensemble.


Donc, quand tu te mets à écrire du coup, pour le slam, qu'est-ce qui t'inspire ? De quoi pars-tu et comment fais-tu?

Visite slaméee au Musée des Beaux Arts. Photo: Lucie Fournaise (c)

Ca dépend. Il y a 3 types de textes. Maintenant c'est devenu ma profession : la plupart de mes textes sont des textes de commande. On fait des visites slamées de lieux comme les théâtres, les musées ou même des quartiers . Après, il y a l'écriture spontanée: quelque chose m'agace et il faut que j'en parle. Ou un truc qui m'amuse il faut que j'en parle, c'est un peu mes deux derniers textes. Des coups de cœur ou des coups de colère. Et puis après le défi technique. Quand je vois quelqu'un qui fait un truc absolument ouf techniquement, je me lance un défi à moi-même : on va pas le laisser seul, on va voir comment il fait et on va essayer de faire à sa sauce...


Aujourd'hui, tu vis de l'écriture et du slam en particulier ?


Oui, je suis en intermittent grâce aux spectacles, aux textes de commandes, aux concerts via l’association.


C'est vous qui animez les scènes slam de Bordeaux?


Oui majoritairement. Au nom de l'asso, on en anime 2 sur 3. Mais les 3 sont animées par des membres de l'asso. C'est juste que Caillou s'est laissé la liberté d'avoir une scène hors asso pour faire un peu plus ce qu'elle voulait. Notamment pour pas avoir les contraintes liées à l'associatif.


Liées à la forme aussi ? Parce que le slam, il y a plusieurs écoles...


On est cool. On n'est pas des “rigoristes”. Enfin, bien sûr, si on fait une qualif par exemple pour la coupe, elle sera faite dans les règles de l'art, mais en dehors, on se permet un peu... Tu vois, la dernière scène ouverte que j'ai animée, la première partie c'était un mélange de slam et de théâtre d'impro. Voilà.


D'ailleurs, c'est la différence entre les scènes ouvertes et les tournois en général. Comme leur nom l'indique, les scènes ouvertes sont plus ouvertes...


Non, ça n’est pas forcément vrai. Il y a des moyens de fermer une scène ouverte. On peut être très fermé dans une scène ouverte et très ouvert en faisant du tournoi.


Et donc tu disais que tu animais des ateliers. Comment ça se passe ? Quel est ton regard sur les jeunes ou les moins jeunes qui arrivent dans ces ateliers ?

Daitoha. Photo: Roland Lagoutte (c)

Ca dépend en fait. Il y a des ateliers sur lesquels on ne fait que du ponctuel et des ateliers à l'année. J'anime un atelier un peu particulier : celui qui existe depuis le plus longtemps, l'atelier qui renouvelle notre cheptel, c'est pas le seul, il y en a deux comme ça, mais le mien c'est vraiment le plus ancien au lycée François Mauriac où j'étais surveillant avant. C'est le lycée qui a le plus de médailles d'or et de médailles tout court en junior en fait. C'est une usine à poètes, c'est impressionnant, je ne comprends pas. Je pense qu'un poète est enterré sous le lycée. Je n'ai pas d'autres explications. Les gamins arrivent, des fois je n'ai rien à leur dire, c'est... incroyable. C'est une porte d'entrée et c'est un moyen de dire que la poésie, ça n'est pas que des poètes morts. Si tu veux une anecdote rigolote, généralement dans mon premier atelier, je fais un tableau entre le rap, le slam et la poésie et, histoire de nettoyer un peu les préjugés, je demande ce qu'il faut pour faire du slam, du rap ou et pour la poésie, il y en a qui m'ont répondu : un poète mort. Incroyable ! Mais c'est logique, vu comment on amène la poésie de nos jours. Donc, l'atelier c'est une porte, tellement de gens m'ont dit que ça avait changé leur vie. Ca peut paraître ultra prétentieux de dire ça, mais on me l'a vraiment dit et pas qu'une fois. Pour moi c'est un moyen pour que les gens s'épanouissent, aillent mieux en fait. Après, sur la façon de les construire, je suis plutôt libre : je laisse un gros espace de liberté aux gens que j'ai en ateliers. Je n'aime pas arriver avec des exercices tout faits. Je l'ai fait un temps, je ne le fais plus. Maintenant je propose des formes qui permettent un peu aux gens de s'exprimer, d'être eux mêmes. Qu'ils n fassent pas que copier. Je n'en ai rien à faire que les gens finissent avec un joli texte. Je veux qu'ils aient les armes pour en faire un quand ils seront prêts. J'individualise énormément mes ateliers... parce que j'ai le privilège d'avoir un atelier hebdomadaire, tu ne peux pas le faire tout le temps ça.


L'atelier hebdomadaire du lycée, dans le lycée, ouvert à tout le monde ?


Il est dans la maison des lycéens, donc il n'est que pour les lycéens.


Daitoha Photo: Saranda Billaud (c)

Un grand merci à la Ligue Slam de France à toute l’équipe de Bordeaux, notamment bien sûr à Daitoha pour son aide... Propos recueillis par #PG9


Tous les portraits sont regroupés ici:



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