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[Pourquoi Slamez-vous?] Coupe de la Ligue Slam 2019: Ben, Epinay/ Odon

Slameuse/ Slameur: Ben

Equipe de: Epinay/ Odon


Ben. Photo: Emmanuel Itsik Revah (c)

Pourquoi Slamez-vous?

Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr


Enchanté Ben ! 1ère question : comment as-tu rencontré le slam ?


Enchanté Philippe. C'était d'abord en écoutant du grand Corps Malade et après ça a été en allant à une scène ouverte. Mais cette scène était vraiment très ouverte: toutes les générations étaient représentées, des enfants, des personnes âgées... Les styles aussi: des danseurs sont venus nous proposer une danse. Du coup, la prise de contact avec le slam, c'était vraiment un truc super libre, super ouvert, hyper social...


C'était où ?


A Hérouville dans la banlieue de Caen, il y a un peu moins de 10 ans, j'étais au lycée.


Ce qui t'a plu dedans, c'est cette liberté ? L'ouverture à tous les types d'expression ?


Oui, vraiment. Le côté, aussi, où ce qui est beau dans la scène ouverte, n'est pas la performance mais l'authenticité. Je baignais dans le théâtre, j'étais dans un truc de technique, de performance... Et là, de voir des enfants faire leur truc, de voir des personnes âgées qui chantaient une vielle chanson, ça ramenait une autre dimension du spectacle comme un vrai moment de partage.


Qui quelque part est extrêmement touchant.


Oui, complètement.


Ce que tu cherches, toi, en montant sur scène, qu'est-ce que c'est ?


Déjà c'est le plaisir.


Le tien ou celui des autres ?

Ben. Photo: Emmanuel Itsik Revah (c)

Les deux. Le plaisir d'être sur scène. Il y a vachement d'adrénaline, le corps tout entier se met en branle... Ce sont vraiment des sensations qui me plaisent. Et puis la sensation de liberté quand j'arrive sur scène et que je maîtrise ce que je fais. Quand on est dans la maîtrise, c'est libérateur parce qu'on n'est pas en train de se restreindre, je peux par moments être plus spontané, dans l'impro corporelle...


Pour maîtriser, il faut préparer comment?


C'est beaucoup, beaucoup de répétitions. Répéter les choses, répéter encore... mais à la fois, c'est que du fun, parce que ce que je développe, ce sont des choses que je prends plaisir à faire, donc, c'est pas une tannée quoi !


Combien de temps mets-tu pour maîtriser un texte ?


Je ne pense pas que ça se quantifie en temps, mais plutôt en nombre de fois qu'on le fait. Après, ça va dépendre des textes: si un texte me fait vraiment vibrer, il vient assez vite. Parce que je le fais en boucle, je le répète beaucoup, j'ai envie de le connaître par cœur le plus vite possible pour pouvoir me libérer de la feuille et de l'exercice de mémoire. Ca peut donc aller très vite quand le truc me plaît.


Une des grandes particularités de ton écriture, c'est qu'elle n'est pas que par les mots, elle est profondément par le corps...


Oui. C'est vrai. A mon avis, la force du slam c'est de pouvoir adjoindre la poésie au corps et c'est tout l'intérêt d'avoir un moment de spectacle vivant. En plus, il y a une restriction intéressante dans le slam: le côté pas le droit aux accessoire, arriver comme ça, tel qu'on est. Du coup, tout le reste devient de la matière. Quand tu n'as pas d'accessoire, que tu es juste là avec ton texte et tu as ton corps. Ca permet de rentrer dans autre chose: j'adore chorégraphier un texte, lui donner une rythmique gestuelle. Je prends presque autant mon pied en mettant ça en forme qu'en l’écrivant.


Pour justement donner corps à un texte, tu travailles comment ? Tu imagines ? Tu sens, tu fais... ?


Devant le miroir. Je me regarde dans les yeux et je chorégraphie. Après, ça ne va pas être une chorégraphie sur tout un texte, ça va être des mots clés, des gestes clés, parce que je ne pourrais pas tout saturer de gestes. Des moments importants, ciblés, qui vont baliser, qui vont rythmer la gestuelle du texte. Une fois que j'ai ces balises-là, quand je suis devant un public, c'est là où ce qui n'a pas été chorégraphié peut sortir spontanément. C'est là arrive l'improvisation au niveau de la posture, au niveau du geste.


Les parties chantées sont spontanées ou préparées?

Ben. Photo: Emmanuel Itsik Revah (c)

Ca, ca dépend vraiment des textes. Il y a ceux qui ont été écrits avec cette dissociation-là, et d'autres... Par exemple, j’en fais un que je commence et termine en chantant et tout le texte à l'intérieur c'est du rap. A la base, c'était un texte de rap et j'ai greffé un extrait de chanson traditionnelle au début et à la fin parce que les images correspondaient au texte. Là, ça a été bricolé comme ça. Des fois, ça va être complètement intégré au texte, dès le processus d'écriture, des fois c'est même carrément une chanson, à la base, qui après a été détournée en slam et on a gardé des parties chantées... C'est assez modulable.


Pour tes textes à toi, tu travailles tout seul ou à plusieurs ?


La majeure partie, c'est tout seul. Mais, je fais aussi partie d'un collectif de rap, on se donne des thèmes d'écriture, on compose beaucoup... parmi mes derniers textes, beaucoup ont été composés avec eux. Chacun écrit aussi individuellement, mais sur des thèmes qu'on se donne ensemble. C'est dans une démarche globale où on doit présenter 4 textes aux autres... Le slam que j'utilise le plus en compèt’ en ce moment a été fait comme ça avec le groupe. Je le répète énormément avec eux et, justement, c'est le fait d'avoir le groupe qui m'a permis de lui donner cette force.


Vers où veux-tu aller avec tout ça ? Quel est ton objectif ? Ton combat ?


C'est de toujours me perfectionner pour ce que je propose en live et, à terme, j'aimerais pouvoir mettre en place que des projets culturels, des collaborations de musique, j'aimerais baigner à fond dans la musique, la production musicale, événementielle...


Tu as déjà écrit un spectacle entier que tu joues un peu ?

Oui.


Ce spectacle parle de quoi ?


Ca va dépendre vraiment du lieu où je vais le jouer. Disons que j'ai une base de morceaux de musiques, c'est plus un format de concert, et en fonction du lieu, de l'événement pour lequel je vais jouer, je vais adapter le set, le personnage. Je vais y mettre plus ou moins de musique, plus ou moins de théâtre. A chaque fois c'est en fonction de l'événement. Par exemple, j'ai fait un concert pour un congrès de la CGT, le set a été très orienté sur des textes politiques par exemple. Dans une maison de retraite, je vais plus aller vers la poésie, peut-être des vieilles chansons et dans les moments quartiers libres, c'est là où je m'amuse à faire des parties collaboratives, où je demande au public de faire des chorégraphies avec son voisin de gauche, monter sur scène pour faire des petites annonces... C'est un truc qui me plaît aussi vachement: briser la frontière entre le public et la scène. J'aimerais développer ça de plus en plus aussi.


Du coup, le slam, dans cet univers, quelle est sa place, son rôle ?


Il me permet de poser des moments purement a cappella. Dans le spectacle que je propose, ça me permet de respirer un peu de l'instrument, de sortir du rythme de la musique et d'arriver avec une performance hyper libre basée autour du texte. Après, évidemment, tout le temps que je passe à slamer en scène ouverte ou dans des grosses compete à voir des sacrés slameurs, apprendre de leur technique, tout ça c'est hyper riche pour travailler l'élocution, la présence corporelle. Toutes les disciplines de spectacle vivant en m'intéressent et ont leur rôle à jouer. Le fait de continuer à faire du slam c'est justement pour continuer ce laboratoire de nouveaux textes, de nouvelles performances. C'est en scène ouverte qu'on va pouvoir essayer des choses, beaucoup plus facilement que dans un concert où le set doit être un minimum propre et la mise en danger est autre. Pour moi, le slam est surtout une excellente école de la scène.

Ben. Photo: Slam Poetry Nantes (c)

Y a-t-il un mot plus puissant que tous les autres ?


Non, je ne pense pas.


Qu'est-ce qui fait la force d'un mot ?


Quand on le comprend


Qui ? La personne en face ?


Oui, même celui qui le prononce.


Donc, c'est le sens alors ?


Oui, je pense.


Quelle est la force d'un geste ?


Son mouvement


Parce que ça créé quoi ?


C'est de la vie.


Quelle est la force d'un regard ?


C'est faire exister ce(ux) qu'on regarde.


Merci Ben.


Un grand merci à la Ligue Slam de France à toute l’équipe de Epinay/ Odon, notamment bien sûr à Ben. Propos recueillis par #PG9




Tous les portraits sont regroupés ici:






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