Slameuse/ Slameur: Noomad
Equipe de: Tours
Pourquoi Slamez-vous?
Enquête auprès des poètes sélectionné-e-s pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2020
Comment as-tu rencontré le slam? Te souviens-tu de la première scène à laquelle tu as assisté, puis participé (et donc de ton premier texte)?
En y réfléchissant, j'ai rencontré le slam par hasard quand j'avais 13 ou 14 ans, lors d'une semaine en vacances vers Royan, un atelier s'est tenu animé par un certain Didier. J'avais un peu oublié cette histoire... Je l'ai redécouvert, en soi, à la scène mensuelle de Tours, ça devait être en 2017. C'était ma première scène en tant que public et en tant que slameur. Je me souviens très fort de mon premier texte (en fait celui de la finale) qui s'appelle "L'Arbre". Première scène, première "victoire": la chance du débutant !
Comment écris-tu tes textes? Qu'est-ce qui t'inspire? Aimes tu te mettre dans des conditions particulières pour écrire (lieu, ambiance, moment de la journée...)?
C'est assez difficile de définir une unique manière d'écrire, mais il y a une tendance générale. Le point commun à tous mes textes est qu'ils ont tous vu le jour sur papier, marqués à l'encre d'un stylo ou d'un feutre dans un de mes nombreux carnets. J'écris rarement un texte d'une seule traite, ça m'angoisse, sauf quand j'ai quelque chose de gros sur le cœur et, à ce moment là, ça déballe, ma main agit en étant guidée par autre chose que mon seul cerveau… En fait, en général, mes textes résultent d'un assemblage de phases, de bouts d'écrits que je pioche et assemble comme pour construire un puzzle de ressentis. A la différence que les couleurs qui unissent l'image finale du puzzle sont ici les émotions particulières que j'ai ressentis à divers moments de ma vie, inscrites sur le papier quand elles me traversaient. Je m'inspire énormément donc de ma vie, de mes expériences, et des émotions qu'elles me procurent. La scène slam n'est qu'une des finalités de ce travail, c'est avant tout pour moi un travail d'introspection et de découverte de moi-même, c'est pas mal le bazar dans ma tête alors mettre les mots sur ce que je ressens me permet de ranger cette pagaille. J'ai mes petites habitudes, d'abord comme dit plus haut j'écris toujours sur papier, ça met déjà dans un contexte particulier. Et en général (ça change tout pendant le confinement), je me pose quelques dizaines de minutes à une terrasse dans le vieux Tours, ingurgitant café ou houblon, croisant des regards et des sourires familiers, ou pas, et tout ça réveille des choses dans le ventre. Je fais en sorte ensuite de le traduire dans ma tête puis sur la feuille.
Si tu as d'autres activités artistiques, le Slam a-t-il une place particulière dans ton processus créatif?
Oui, j'ai d'autres activités artistiques. En fait de base, je suis musicien. Guitariste en premier lieu, puis j'ai commencé à toucher à la batterie, à la basse, au piano, à la MAO... Je joue d'une vingtaine d'instruments aujourd'hui. J'avais écrit mon texte "L'Arbre" à l'époque du bac de français, donc j'avais 15 ans, pour m'évader de la lassitude des révisions scolaires et pour créer ma première chanson. Au final, ça passait super bien a capella en slamant le texte. Du coup maintenant j'écris comme si j'allais présenter mon texte à une scène slam, pour capter la quintessence des mots, faire attention à leur agencement et à leurs puissances, car, dans un contexte Slam, ils sont à poil, comme son interprète, enfin c'est comme ça que je le ressens. Si je trouve que mon texte est suffisamment bon, puissant et légitime seul, sans artifice autour, je l'exploite à la fois en scène slam et à côté dans mes créations plus tournés rap / spoken words ! Donc oui le slam a une bonne place dans mon processus créatif, il a ajouté une nouvelle dimension et aussi un outil pour mesurer la puissance de certains de mes propos.
Comment est la scène slam autour de chez toi? La fréquentes-tu assidûment chez toi et aussi ailleurs?
Si j'avais un mot pour définir la scène slam autour de chez moi, c'est "Bienveillante". C'est la scène mensuelle de Tours animée par Mr Zurg et Yopo (big up), je la définirais aussi par "diversifiée", avec une tendance assez calme dans un bon contexte d'écoute. Comment définir mon assiduité… Disons que je fais partie de ces habitués qui souvent passent en coup de vent pour dire bonjour et qui vaquent ensuite à leurs occupations héhé, mais j'essaye de m'y représenter au moins deux fois tous les semestres ! Je n'ai malheureusement pas encore eu vraiment l'occasion de participer à une scène dans une autre ville, à part une fois au festival "Terre Happy des Forts Rêveurs" à Valence. C'était un chouette événement et j'ai compris là-bas que le slam était plus qu'une simple discipline.
Que dirais-tu à quelqu'un qui cherche à découvrir la discipline pour lui donner envie?
"Tu utilises des mots pour parler ? Tu utilises des mots pour penser ? Pour rêver ? Et bah viens écouter et voir des humains qui font la même chose! C'est créé à partir d'un cerveau, d'un stylo et d'une âme, tu en es capable, ils en sont capables, c'est du partage tu en sortiras grandi ou au minimum émerveillé, ou soulagé, enfin tu auras participé à un chouette moment de vie !"
Quelle est pour toi la place de la poésie dans la société?
Wow ! Elle est au cœur de la société pour moi. Je veux dire littéralement! Un cœur est caché par un tas d'autres organes mais c'est celui qui est à la base de la vie. C'est peut être biaisé parce que je mets à peu près toutes les formes d'art dans la poésie. Du moment que tu ressens quelque chose à partir d'une forme quelle qu'elle soit, pour moi c'est poétique. C'est ce qui nous fait vibrer. Quelle tristesse un monde sans poésie! En fait, je n'arrive pas à me l'imaginer: même quand j'ai bien le cafard... c'est poétique.
Parce que rien n'arrête la Poésie!
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