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[Plonger dans l’âme de...] Les Respect SiXters, épisode I (ou III ou IV): Sophie Proix

C’est une série que j’avais en tête depuis un moment et qui, comme toute grande série mondiale -n’ayons peur de rien- a commencé avant d’être commencée et se poursuivra après sa conclusion parce qu’au fond, il y est simplement question de l’amour de la musique et... d’une chanteuse planétaire, hors norme. Le projet est né d’un concours de circonstances dont le bassiste Laurent Cokelaere a le secret, que Olivier des “Petits Joueurs” a abrité, encouragé et continue à choyer. Mais tout vous est expliqué ci-après par Sophie Proix qui, au passage, va bien sûr parler aussi d’elle. Vous êtes prêts? Bon voyage dans un monde où toutes les couleurs de voix s’unissent pour en servir une, unique, celle de Aretha Franklin


PS: pour comprendre le titre, il faut lire l’interview jusqu’à la fin et même après

Bonjour Sophie ! Avant de parler des Respect Sixters, parle-moi en quelques mots de toi... Qui es-tu Sophie?


Bonjour Philippe! Je suis un peu une ancienne de l'aventure. Ce qui est très chouette dans ce projet pour ma part, en plus de la qualité des gens qui y sont, c'est l'idée du transgénérationnel. J'aime beaucoup ça. Donc, je suis une ancienne du gaz. On s'est rencontrés avec Laurent Cokelaere à l'école de Jazz du CIM. Je suis d'une famille un peu à part avec un père peintre qui faisait un peu de musique, une mère qui fait de la peinture aussi et qui, tous les deux, avaient des métiers à côté pour nourrir leur famille. Du coup, j'ai baigné là-dedans, j'ai eu cette chance. A mon époque, les gens, les parents n'aimaient pas beaucoup quand les enfants faisaient de la musique. Moi, j'étais très aidée pour ça... Ce qui est plutôt bien tombé parce que j'étais quelqu'un d'assez timide et ça m'a aidé à m'extérioriser. On le croirait difficilement aujourd'hui...


Il y a eu effectivement beaucoup de chemin de fait !


Sophie Proix (enfin "les cheveux et le pull de"). Photo: Valérie Cimetière (c)

La chose qui me caractérise peut-être, c'est que j'aime la musique. J'ai joué du trombone, je me suis mise au sax, je n'étais pas super bonne, j'ai étudié l'harmonie, la musique classique aussi... Je suis touchée par la musique d'une manière générale, les voix bien entendu, puisque c'est mon instrument et que je me suis rendu compte que c'était un moyen d'exprimer ce que j'avais à l'intérieur de moi, toutes les souffrances de l'adolescence et les choses un peu tendues de la vie... Je ne pensais qu'à ça, je ne rêvais que de musique et j'ai eu la chance de pouvoir en faire. J'ai fait les bonnes rencontres quand j'étais au CIM, je me suis fait un réseau et j'ai pu vivre de mon art. J'avais envie de gagner ma vie, je n'ai donc pas fait de jazz (!), j'ai aussi fait des choeurs, ça m'a plu. J'ai accompagné des artistes français comme Fugain, Voulzy, Gotainer pendant longtemps, et à côté de ça, j'avais des groupes et des projets personnels. J'ai une culture très jazz, parce que le rock, quand j'étais jeune, je n'aimais pas! A mon moment donné, quand même, j’ai ouvert les oreilles et j’ai découvert plein de groupes et d’artistes de Stevie Wonder à Crosby Stills Nash and Young ou à Weather Report, Miles Davis, Billy Cobham, tous les groupes de Jazz Fusion. J'ai écouté énormément Aretha Franklin, énormément toute la soul music: Donny Hathaway était mon Dieu, Aretha Franklin, ma déesse. Et puis James Taylor, Joni Mitchell et une espèce de brassage... Du Jazz, évidemment, Sarah Vaughan évidemment... Quand j'ai découvert le rock, je me suis dit, ça n’est quand même pas trop mon timbre de voix. Jessie, elle, a une voix vraiment blues rock.


Et donc, tu as travaillé ta voix pour chanter?


J'ai dû travailler ma voix parce que j'avais des petits moyens, beaucoup d'envie, énormément de volonté, mais des petits moyens. Du coup, j'ai pris des cours, avec plein de gens différents. J'ai un peu picoré à droite et à gauche, j'ai développé, j'ai beaucoup bossé ma voix.


Tu t'es fait toute une famille comme ça autour de toi avec notamment Laurent mais pas que, avec plein de monde. Comment est né le projet des Respect Sixters alors ?


C'est toujours grâce à notre ami Laurent, qui a des tas d'idées. Pour faire la dernière de l'année du Pelican, notre regretté Gilou voulait faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Ils en parlent avec Laurent qui nous appelle, Jessie, Lisbet, Léna... On fait la soirée, on chante du Rythm and Blues, on fait “Think” 2 - 3 trucs comme ça d'Aretha et à la fin Laurent dit: “mais c'est génial ce truc! On fait un tribute à Aretha Franklin?” Un pari fou pour nous: Aretha il n'y en a qu'une et l’idée paraissait tellement… mais son principe était bien: il faut que vous soyez nombreuses et qu'il y ait toute cette palette de voix. J'avais vraiment la pétoche, mais je me suis dit bon, avec Caroline, Lisbet, Jessie, Lena... je veux bien essayer. C'est comme ça que c'est né. J’ai quelquefois des doutes -la timidité qui resurgit!-, mais il y a une si belle énergie, un si joli partage, chacune est à sa place, tout le monde s'exprime... On écoute et on se dit: c’est super!


Les Respect SiXters. Photo: Thierry Wakx (c)

C'est vrai que ce qui est très beau, c'est que vous mettez tous votre touche et que toutes ces touches font quelque chose d'énorme, très varié, très humain, joyeux, festif... comme la carrière d'Aretha Franklin .


Oui. Elle était un étonnant mélange de paillettes, elle était réputée pour aimer les tenues extravagantes, magnifiques, une espèce de façade et quand elle ouvrait la bouche son authenticité te mettait direct un coup dans les tripes. Les frisons arrivaient tout de suite. Pour s’en sortir, on fait les chansons que chacune a choisies. Laurent nous a dit voilà, prenez, écoutez tout ça, choisissez les morceaux qui vous plaisent. On a fait en fonction de qui on était, de nos personnalités pour aller chercher dans notre âme et dans nos tripes ce qui nous correspond le mieux. On ne voulait pas faire un groupe de covers où on est un peu des mercenaires qui font tout! Du coup, chacune fait ce qui lui correspond et ça fonctionne. Et quand on s'écoute mutuellement, on a un tel plaisir, c’est tellement communicatif. Quand chacune descend c'est waoow ! Chacune y met ses tripes. C’est comme ça que ça va marcher.


Quand une fait sa chanson, les autres font les choeurs, ça tourne... Tout le monde est au service du groupe!

Les Respect SiXters. Photo: Valérie Cimetière (c)

Ca, c'est vraiment très rigolo. Les choeurs, c'est encore un autre métier. Ca n’est pas si simple. Parfois, même les très bonnes chanteuses lead vont avoir des difficulté à faire des choeurs: elles ne savent pas forcément doser leur voix, la mettre dans une certaine couleur et la tenir. Il faut garder une voix pendant que les autres en font d'autres, garder l'harmonie, c'est musical, c'est tout un jeu. En tant que musicienne, je trouve ça passionnant. Tu n'es pas seulement leader... tu fais partie de l'harmonie, tu ajoutes une touche en fonction de la voix que tu choisis, du timbre, de l'intensité que tu y mets. C'est vraiment de la musique, c'est super...


Vous bossez beaucoup sur le répertoire ?


On a beaucoup travaillé. Là, on continue à bosser chacune chez nous, on se revoit ensemble pour des répétitions de choeur uniquement ou avec tous les musiciens quand on peut, mais on est nombreux et tout le monde est très pris.


Vous jouez régulièrement ensemble cela dit. On va en venir à l'album, où en êtes -vous ?


Avec Laurent, on a discuté du choix des morceaux. On ne sera pas 6, on sera plus parce qu'il y aura les “remplaçantes” Beehann et Amalia... qui sont juste des tueuses! C'est tellement merveilleux, qu’elles soient là aussi. Le KissKissBankBank est en cours, on fait des concerts, en mai et en juin. Pour l'instant on en est là. On répète pour les concerts et on prépare l'album...


Laurent Cokelaere. Photo: Thierry Wakx (c)

Vous enregistrez quand?


A la rentrée d'automne je crois. Mais si on est prêts et que Laurent a une opportunité au niveau du studio, ça peut changer. En tous cas la sortie de l’album est pour février et le concert de sortie d'album fin janvier a priori. Tu auras les infos au fur et à mesure: à chaque fois que tu auras quelqu’un de l’équipe au téléphone, ça va se préciser !


Je pense effectivement suivre tout votre parcours... par la voix de chacune d'entre vous. Combien de fois avez-vous joué sous cette forme-là ?

Les Respect SiXters avec Olivier des Petits Joueurs. Photo: Valérie Cimetière (c)

On a fait une petite dizaine de concerts. Comme on est nombreux... On avait notre QG aux Petits Joueurs, mais il a dû fermer malheureusement. Cela dit, il nous a trouvé quand même des concerts, on continue ailleurs. Mais, je pense que les lieux qui peuvent accueillir autant de monde ne sont pas si nombreux. On va cibler les festivals...


Justement vous faites un festival le 30 mai ?


Oui, dans le cadre des Petits Joueurs hors les murs. Olivier s'occupe de ça. C’est un festival au 100 SC, un lieu solidaire, culturel et social, 100 rue de Charenton à Paris 12.


Jeudi 30 Mai, Festival 100 Petits Joueurs: Respect SiXters - Tribute Aretha Franklin https://www.facebook.com/events/374040809991193/

Le choix définitif des titres que vous allez mettre sur l'album est-il fait?


On a les 90% et on 10% en attente...


Toi tu vas être lead sur quelles chansons ?


Celles auxquelles je tenais et peut-être d’autres... Cela reste un secret ! Laurent supervise tout ça pour que ça soit équilibré.


Oui et c'est un chef gentil, doux. Un bon chef ! Tu as d'autres projets à côté ?

J'ai un projet un peu familial à la Snarky Puppy, un groupe américain, leadé par un bassiste qui s'appelle Michael League. C’est avec mon fils Theo Largent et son père, Jaco Largent, ancien percu de Sixun, sur les compositions de mon fils. On a un projet pareil où on est 15 musiciens, on a tout filmé en live studio. On a monté un label aussi qui s'appelle Rosemonde avec lequel on essaie d'aider les gens qu'on aime bien autour de nous qui font des chouettes trucs. Mais on a mis ça un peu en stand by parce qu'on est tellement nombreux. On réfléchit aussi à faire des formules plus simples. On va composer de nouveaux morceaux et se remettre en studio pour ça.


Tu aimes bien les projets où vous êtes nombreux, apparemment!


C'est vrai! Mais en même temps, j'ai eu un duo de blues pendant longtemps avec un guitariste, Richard Arame, on n'était que deux, guitare voix. Ca a duré très longtemps, on a fait plein de salles, des festivals... On a beaucoup joué.


Qu'est-ce que tu ressentais, qu'est-ce qui te plaisait particulièrement ?


Il faut toujours qu'il y ait une alchimie avec la personne avec qui tu joues. Avec lui, on se complétait vraiment: il commençait un truc je continuais, il y avait beaucoup d'improvisation, on répétait, mais en même temps on s'écoutait énormément. Il y avait beaucoup de musicalité, beaucoup d'improvisation, j'aimais bien être sur ce fil du danger et de la liberté. Tu écoutes l'autre, tu ne sais pas exactement sur quoi il va terminer, sur quoi il va passer, tu l'écoutes et paf, il part sur telle note et tu le suis. Ce que j'aime, c'est la liberté de l'improvisation, la liberté musicale où tu peux ralentir les tempos, les accélérer, la musicalité. J'ai adoré. Dans une grosse machinerie, c'est autre chose. Il faut trouver de la liberté dans ce gros carcan, c'est encore un autre travail.


Comment définirais-tu la musique pour conclure?


Attends... Je réfléchis. La musique pour moi est une source inépuisable de vie, de vitalité, de magie, de partage et de lien entre les êtres. Un puits sans fin, un jaillissement de créativité et de liens. On se lie par ça, ça circule entre nous... comme l'eau.


[A suivre!]


Propos recueillis par #PG9


Les Respect SiXters. Photo: Thierry Wakx (c)


Rappel des épisodes (pas vraiment) précédents (mais en même temps si):










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