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[Plonger dans l’âme de...] Billet d'humeur. Brice. A la recherche de la plume absolue


Billet d'humeur aux Etoiles - Paris. Photo: Mary S. (c)

Il était un peu plus de minuit dans la nuit du 25 au 26 mai quand le Palmarès du Pic d’or 2019 - concours très sympa à Tarbes pour découvrir des jeunes artistes- est tombé sur les réseaux sociaux... Pic d’or à Matéo Langlois, que nous avions rencontré il y a peu: Matéo Langlois. Artiste complet (et bondissant) et triple prix à Billet d’humeur (interprétation, public et Académie Charles Cros...!). Un SMS à Doriane, la super manageuse, et le rendez-vous était fixé. Nous avons échangé avec Brice, un des jumeaux - celui qui écrit. Voici la fabuleuse histoire d’un jeune groupe vraiment enthousiasmant et aux, déjà, très nombreuses références! Bonne lecture


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Enchanté Brice. Bravo bravo pour les 3 prix que vous avez remporté à Tarbes au Pic d’or... Vous avez pu fêter ça?

Enchanté Philippe. Alors non, on n'a pas vraiment fait la fête ! Évidemment, on était contents (on l’est toujours !) et on a trinqué après l’annonce des résultats du Pic d’Or 2019 mais le soir même, on s’est vite remis en selle. Il fallait rester concentrés pour les prochaines scènes. En fait, on n’a pas vraiment pris le Pic d’Or comme un concours mais plutôt comme une super opportunité de jouer devant des pros, dans un lieu super et avec un sono au top. On a vraiment voulu donner le meilleur de nous même pour avoir des retours positifs et on était heureux de le faire aux côtés de ces artistes.


C'est vrai que la sélection était vraiment bien.


Oui on a retrouvé des artistes qu'on connaissait déjà, je pense à Abel Cheret et à Ali Danel. On avait aussi beaucoup entendu parler de la Piéta et on était curieux de voir tout ce beau monde sur scène. On les a beaucoup observés pendant les balances, pour essayer de comprendre leurs univers et pour se jauger aussi, on va pas se mentir. Ça nous a permis de comprendre ce que les jurés attendaient de chacun. Par exemple, pour la finale, le groupe Bess qui nous a suggéré de miser sur l’interprétation plutôt que l’énergie. On a donc décidé de jouer nos titres "Allo ma mère" et "Si Masculin", ce qui a permis de montrer au jury une autre facette de notre projet et ça leur a plu. On a quand même remporté le prix de l’interprétation, c’est juste... Wow !


Billet d'humeur aux Etoiles - Paris. Photo: Mary S. (c)

On va revenir au début... Le début c'est le métro ? Que s'est-il passé avant ?


Avant le métro, on jouait dans les bars. On a beaucoup joué dans les bars...


Nous, c'est qui ?


Alors, je vais te raconter l'histoire de “Billet d'humeur”. Allan et moi on est frères jumeaux, du coup on se connaît depuis un moment... Très tôt, on a commencé à composer ensemble. Allan faisait des bruitages avec sa bouche (on a compris plus tard que c’était du beatbox) et moi j'écrivais de mon côté, mais on ne pensait pas du tout à monter un groupe. Au collège, on rencontre Davy avec qui on s’inscrit au foot en club. Dans les vestiaires, on s’amusait tous les 3 à faire des petites improvisations, comme ça, en beat box, c’était sympa. Après les matchs, les défaites, les victoires, on animait un peu les vestiaires ou le bus pendant les déplacements. Et je crois que c'est à la suite d'un trajet, justement qu’un chauffeur de bus nous donne un flyer et nous dit: “Présentez-vous samedi à cette scène ouverte, les gars, c’est pour vous”. Donc on y va.


C'était où ?


A Meaux (on vient du 77). Il se trouve que cette “scène ouverte”, c’était en fait beaucoup plus que ça: c’était un concours “jeunes talents de Meaux”. On y participe, on remporte un prix et ça nous donne la chance de jouer au festival Muzik’elles. Là on joue pour la 1ère fois aux côtés de Christophe Maé et... Tryo. Elle vient de là notre première “rencontre” avec Christophe Mali (jury du Pic d’or 2019). A la suite de ça, on se dit qu’on tient peut-être quelque chose. On décide de se présenter sous la forme d’un trio vocal qui fait du beatbox et qui s’appelle B.A.D comme Brice, Allan et Davy... et en référence à MJ qu’on adore. On fait quelques dates à Paris, quelques bars aussi (encore !) et là on rencontre JB, le blanc du groupe LOL. C’est surtout un ancien DJ qui adore la musique électronique underground berlinoise. En discutant avec lui et en échangeant sur notre vision de la musique, on s’entend super bien déjà et on se comprend super bien surtout ! On a tellement le coup de cœur qu’on décide d’intégrer de l’électro au projet. JB devient notre DJ. Après pour le nom, on se dit qu’il faut le changer pour intégrer JB. Comme on veut un nom français qui reflète notre état d’esprit et qui annonce un peu la couleur de nos textes, on décide de s’appeler “Billet d’Humeur”.

Pour ce qui est du métro, c’est Allan qui nous a lancé le défi d’y jouer un jour comme ça, sur un coup de tête... On le fait et comme ça nous amuse, on y va régulièrement. Sans accréditation. La RATP Musiciens du métro nous a découvert un beau jour et nous a proposé de passer les auditions pour pouvoir jouer de manière “légale” accrédités et tout. Du coup, on passe l’audition. On a le statut officiel de musiciens du métro et ça nous permet notamment de jouer aux festivals Solidays ou encore Art Rock qui sont partenaires des musiciens du métro. Et puis en 2017, pour les 20 ans des musiciens du métro, la RATP lance un concours en ligne pour que les internautes soutiennent et votent pour leurs musiciens du métro préférés. Les 5 lauréats gagnaient la chance de pouvoir se produire à l’Olympia. Grâce aux internautes et à nos fans, on a gagné et on a joué à l’Olympia aux côtés de Oxmo Puccino, Mathieu Chedid, Tété... Apres ça, on a trouvé notre éditeur, notre tourneur et notre label.


Vous êtes dans la Cour des grands tout de suite!


“La cour des grands”… si on veut. Ce qui a été un peu déstabilisant pour nous, c’est qu’à la base, on vient du live et la démarche studio a été un peu difficile à intégrer. Parce qu’il a fallu apprendre et comprendre les techniques du studio, les exigences et les contraintes aussi : fini les chansons à rallonge qui durent 10 minutes et que tu rejoues 10 fois différemment! Là, il fallait fixer les choses une bonne fois pour toute. Ça n’a pas été facile... Aujourd'hui, on appréhende beaucoup moins le studio parce qu’on comprend bien mieux comment et quoi donner, avec quel dosage. “Hollywood”, notre 1er premier album, nous permet de monter une première marche, grâce à lui on va pouvoir repousser nos limites et construire un escalier… en colimaçon qui monte vers le ciel… parce que “sky is the limit”!


Quel est votre “Hollywood” ?


“Hollywood”, pour nous, c’est un mot valise qui veut dire dire “le rêve”, “l'Eldorado”. Dans cet album, on fait référence à beaucoup de thèmes, mais tout l’ensemble de l’album, les 10 titres, ce qu’il représente pour nous, c’est notre “Hollywood”, notre rêve. On rêvait de faire cet album, on l’a fait. A travers tous les thèmes abordés, y a des messages cachés (ou pas) de ténacité et de poursuite du bonheur, de tout faire pour atteindre ses rêves. Chacun de nous à son Hollywood. Chacun de nous doit tout faire pour l’atteindre. En fait, on est tous la star de notre de notre propre vie en gros. La star ou l’acteur de notre propre vie, d’ailleurs. Je veux pas forcément dire “star”, il ne s’agit pas forcément de rechercher la célébrité. C’est plutôt de dire qu’on est tous le personnage principal de sa propre vie. On a tous le droit de briller dans sa propre vie. On devrait tous le faire !


Et, donc, c'est toi qui écris les textes...

Oui, j'écris les textes. Je le fais depuis le début parce que j’adore ça, depuis petit. Je t’ai pas dit mais quand j’étais plus jeune, j’ai eu la chance de rencontrer le groupe Milk Coffee and Sugar. C’est là que j’ai découvert Gaël Faye et que j’ai fait des ateliers d’écriture avec lui. Ça m’a énormément donné confiance en moi, en ma capacité à raconter des choses en poème ou en musique. J'étais assez timide avant, j’osais pas dire ce que je ressentais vraiment et Gaël Faye m’a donné un conseil que je n’oublierai jamais qui est que “pour écrire, il faut puiser en soi et dans ses origines. Ça rend l’écriture plus vraie et moins pénible”. Par origine, il parlait de l'ADN, ce qui fait qu’on est nous et ce qui nous touche au plus profond de nous. C’est super inspirant et ça me motive à aller toujours plus loin. C'était hyper philosophique j'adorais à l’époque, j’adore toujours aujourd’hui et je comprends encore plus chaque jour.


Le fait d'être avec ton frère jumeau, est-ce que ça te nourrit sur la sincérité justement ?


Oui. Clairement. Travailler avec Allan, c’est assez confortable parce qu’on se comprend sans se parler ni même se regarder. Donc on va vite. Et puis Allan est très honnête avec moi. Il n’a pas peur de me contredire ou de me confronter à ce que je dis. Lui quand il aime pas, il le dit, quand il est pas à l’aise, il le dit. Donc ça va vite. Après je te cache pas que parfois c’est intense, voire électrique, mais c’est ça de bosser avec son frère de sang. Après, avec JB et Davy qui sont devenus mes frères d’adoption, on s’entend bien aussi. On a appris à travailler ensemble. Ça a mis plus de temps mais maintenant on se connaît suffisamment bien, donc c’est comme sur des roulettes. Allan, c'est le beatmaker du groupe, il compose toutes les musiques, ensuite JB y apporte quelques idées. Allan, je l’envie beaucoup parce qu'il a toujours eu cette facilité avec la musique, il joue de tous les instruments sans jamais avoir pris de cours. E la guitare, du piano, de la trompette… Il a la chance d'avoir l'oreille absolue donc ça l'aide beaucoup et ça nous aide aussi.


Et toi tu as la plume absolue alors ?


Non ! LOL Moi, c’est pas inné. J'admire les Balavoine, Goldman, Gainsbourg qui pour moi, étaient des plumes absolues. Hier encore, on réécoutait “L'envie d'avoir envie” écrite par Goldman chantée par Johnny. Et on se disait que rien que de parler d'envie d'avoir envie c'est tellement simple et à la fois tellement compliqué que c’est magnifique. C'est ça la force de l’écriture.


Tu mets combien de temps pour écrire une chanson ?


Ça dépend. Parfois, certains sujets m’inspirent plus rapidement que d’autres. Et là, j’écris et j’écris sans lever le nez de ma feuille. Pour “Hollywood”, la chanson que j’ai eu le plus de “facilité” à écrire c’est “Ego” et celle que j’ai mis le plus de temps à terminer c'est “Doux village”. “Ego”, c’est suite à la rupture de mon frère avec sa copine et après qu’il m’a raconté ce qu’il ressentait que j’ai été inspiré.



“Doux village” par contre a été plus longue si je comprends bien?


“Doux village” a été un peu plus longue parce que je n'étais pas sûr de moi. Je ne savais pas trop comment raconter ce sentiment qu’on peut ressentir parfois quand on quitte son lieu d’origine pour vouloir réussir ailleurs sans pour autant renier d’où on vient.


Tu travailles comment, Tu te concentres comment, tu trouves tes mots comment ?


Mes mots sont les miens. Je ne triche pas. J’écrire comme je le pense et j’essaie ensuite de faire rimer et sonner les mots. Je n’utilise jamais des mots que je ne comprends pas. J’écris sur du papier, ça me permet de raturer et de ne pas effacer (comme sur un ordinateur par exemple). J’aime bien conserver tous mes brouillons. J’écris mes idées sur le téléphone quand je l'ai, puis ensuite je pose tout sur papier. Par associations d’idées… Par exemple, pour “Allo ma mère”, il y a l’idée du coup de fil que tu donnes à ta mère (ah ah)... Derrière y a aussi que grâce (ou à cause) du téléphone, une certaine distance se créée, tu prends des nouvelles ou t’en profite pour dire des choses que t’arrive pas à dire en face à face ou pas ? Pourquoi t’appelles ? Pourquoi tu te déplaces pas ? Le téléphone permet de re-créer du lien. Un coup de fil ne coûte rien et fait beaucoup. Enfin bref, voilà.


Tes associations d'idées, tu les stabilises, tu les poses, tu dis ok je vais partir de ça et tu poses les bases on va dire...

Je pars de moi, de ce que je ressens mais j’essaie aussi de raconter les choses de manière à ce que ça puisse parler à tout monde. Donc, je suis jamais vraiment dans l’introspection. Ce que je chante, c’est assez universel même si à la base ça part d’une expérience personnelle et de sentiments subjectifs.


Quelles sont tes inspirations au niveau écriture ?


J'ai grandi avec la musique africaine et le hip-hop. Allan et moi, on a beaucoup écouté MC Solaar. L'album “5ème As” est pour moi, un chef d’oeuvre ! Et puis en essayant de comprendre Solaar, je me suis intéressé à Gainsbourg, de Gainsbourg, j’ai découvert et suis tombé amoureux de Balavoine, Michel Berger, Goldmann et, dernièrement, comme tout le monde j'étais un peu sur le cul quand j'ai entendu l'aisance de Stromae.


Vous avez donc remporté le prix du métro en 2017, après vous avez fait l'album... Quels sont vos projets dans les mois qui viennent?


Notre prochain clip “Hollywood”, qui donne son nom à l’album, va sortir bientôt là, début juin. On est contents du clip réalisé par Baptiste Erondel (qui a déjà réalisé “Ego”). Avec “Hollywood”, on montre une autre facette de notre personnalité. C’est un titre plus dansant, plus énergique, on avait envie de faire un clip qui reflète tout ça. Côté live, on continue de faire des concerts. Notre prochaine date à Paris ce sera le 14 juin à l’Institut du Monde Arabe pour le festival Arabofolies. On est invités par Demi Portion et on pouvait pas être plus fiers d’être soutenus par un artiste aussi talentueux et intègre que lui. On continue notre petit bonhomme de chemin en pensant à la suite.



On ne peut pas ne pas parler du 5ème larron de l'histoire, qui n'est pas un mais une... Je veux bien sûr parler de votre manageuse, Doriane. Qui est aussi votre sœur!


Oui, c'est assez drôle. Si on se l'était dit il y a 20 ans on aurait dit non, c'est impossible. C'est venu naturellement. On était dans un moment avec les gars où on doutait, on ne savait pas où aller, on ne savait pas comment coordonner les choses. Doriane nous donnait toujours des conseils comme ça, de loin mais aussi de près finalement. Un jour, on lui a dit : "tu ne veux pas être notre manageuse ?”. Elle nous a répondu qu’elle ne savait pas faire. On a répondu que nous non plus on ne savait pas ce qu’on faisait. Et ça a commencé comme ça!


C'est bien, vous vous dites clairement les choses.

"Derrière chaque grand homme il y a une femme". Si Billet d'humeur marche aussi bien, c’est en partie grâce à elle.


Un petit mot de conclusion ?


Ecoute, on continue ce qu’on a à faire, c’est la mission qu’on s’est donnée : donner du plaisir aux gens en étant un peu le trait d'union entre le rural, le populaire et l'urbain. Parce qu'on a la chance d’avoir grandi en banlieue parisienne mais de vivre à Paris, de chanter en français mais de penser “musique du monde", d’avoir des origines africaines et en même temps d’être influencés par des artistes venus d’Europe, d’Amérique ou d’Asie… Finalement Billet d’Humeur ressemble beaucoup à l’équipe de football française. Il nous manque juste la coupe du Monde!


N'ayons peur de rien, tu as bien raison...


Merci à Brice et à Doriane. Bravo à toute l’équipe de “Billet d’Humeur”! Propos recueillis par #PG9


Billet d'humeur (c)






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