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[Plonger dans l'âme de...] RoSaWay. Tome 1: Rachel, chanteuse/ flûtiste aux 1.000 défis

Dernière mise à jour : 3 mai 2020

RoSaWay. Rachel, à la flûte et au chant, SteF, à la batterie (dans le Top 5 des meilleurs batteurs mondiaux - catégorie blues) sont des acharnés de travail, des passionnés de musique et leur enthousiasme est communicatif. Ils ont la folie joyeuse de ceux qui sont heureux de faire ce qu'ils font en espérant réussir à partager leur univers. Et ça marche (parce qu'ils font tout pour). Depuis 2018, on les a déjà vus dans plein d'endroits en France mais aussi en Italie, en Angleterre et aux Etats-Unis, leur terre d'inspiration. Et puis, voilà, leur nouveau single "Walk" après l'EP "Stranger" est arrivé Vendredi 15/11/2019...



Il est grand temps que vous sachiez qui ils sont, non? Roulement de tambour, voici le Tome 1 de notre dossier spécial. Mesdames et Messieurs, please, welcome... Rachel! Bonne lecture


Rosaway. Photo: Studio Trendz (C)

Enchanté Rachel. Pour suivre le travail de "RoSaWay" depuis plusieurs mois, "Walk", votre nouveau single, marque un cap. Il s'est passé quelque chose... Que s'est-il passé ?


Enchantée Philippe. Je ne sais pas s'il s'est passé quelque chose, mais il s'est passé des choses ! C'est un peu difficile de dire. On est un projet en développement dans le sens littéral du terme : le projet n'a que deux ans, il évolue au fur et à mesure, on évolue ensemble. Ce qu'on a envie de dire évolue, plus exactement la façon dont on a envie de le dire, sans qu'on puisse vraiment s'en rendre compte. On a du mal à avoir un recul, on est déjà trop dedans, c'est trop jeune, on ne peut pas vraiment se retourner sur la "carrière" de RoSaWay. Ce qui est sûr c'est que pendant ces deux ans on a eu la chance de pas mal jouer et d'enregistrer. On s'est mis pas mal de challenges, notamment l'international qui nous a fait passer une marche, si ce n'est musicale, en tous cas dans notre façon de voir et d'appréhender notre projet. L'évolution a vraiment commencé avec nos premières fois à New-York et Los-Angeles. Le projet a pris un sens pour nous en allant le jouer là-bas parce que nos inspirations pour ce projet sont très anglo-saxonnes en fait. Pouvoir partager la scène avec des artistes américains, sortir tous les soirs pour aller voir des concerts, voir ces gens sur scène, ça nous a beaucoup inspiré. Peut-être qu'il y a plus de parti pris maintenant, peut-être qu'on assume plus nos inspirations.


Vous vous êtes sentis à votre place, donc vous avez pris confiance...


Oui, on s'est vraiment sentis à notre place. Déjà, nos textes sont en anglais, donc on était compris ne serait-ce que par la langue. C'est hyper important parce qu'on essaie d'avoir des textes qui racontent des choses. Même si ça aussi, ça évolue parce que nos premières chansons ne parlaient pas de grand chose finalement et puis, de plus en plus, on parle de ce qui nous touche. Donc, le fait que les gens puissent comprendre ce qu'on dit, c'est important et puis, notre répertoire est chanté mais aussi assez instrumental. Là-bas, la musique instrumentale ne fait pas peur, que l'instrument prenne autant de place que le chant, ils en ont vraiment l'habitude. Peut-être que sur ça, on s'est sentis si ce n'est plus compris, en tous cas plus à notre place, oui. Et puis, comme beaucoup de français, d'européens, les Etats-Unis, c'est un modèle. Donc, de l'avoir fait, c'est comme si on pouvait cocher quelque chose : on l'a fait, ça s'est bien passé, ça s'est même très bien passé. Une barrière psychologique est tombée.



Ca s'entend dans "Walk", vraiment.


C'est chouette. On a encore pas mal de barrières à faire sauter, mais, s'il y en a déjà quelques unes qui tombent. C'est pas mal.


On va revenir au tout début... Donc, Rachel, qui êtes-vous ? D'où venez-vous ?


J'arrive de Paris. En fait, je n'ai pas beaucoup bougé.

Si : vous êtes allée à New-York et Los Angelès ! Et pas que...


Non, je suis vraiment un pur produit parisien.


Pur produit parisien, ça veut dire que vous avez fait tout votre cursus, scolarité et Conservatoire notamment, à Paris?


Oui, à Paris et j'ai fait deux ans de mon cursus supérieur à Lille. Mais, je n'y allais que deux jours par semaine.


Le Conservatoire restait à Paris, j'imagine ?


Voilà. J'ai fait un CRR à Rueil, en banlieue parisienne, mais qu'on considère comme un Conservatoire parisien et après, j'ai fait un cursus supérieur à Paris et à Lille. Il y avait le Conservatoire et à la Fac, j'ai fait une licence et un master 1 à la Sorbonne, Paris IV en musicologie.


Votre univers, votre monde, c'est la musique ?


Oui. Ma vie, c'est la musique !


Comment vous est venue l'idée de vous y consacrer...

Collection privée (C)

En fait, il n'y a pas un jour où on se lève et on se dit "ma vie c'est la musique". J'ai commencé la musique à 2 ans et demi : ma vie c'est la musique depuis toujours ! Et ça a toujours été quelque chose de sérieux. Je suis une enfant des années 80-90, le Conservatoire, c'était sérieux, ça n'était pas juste un loisir. Tous les jours, de toute ma vie, j'ai travaillé ma flûte, j'ai fait de la lecture de note, je suis allée au Conservatoire, en plus, j'étais à la danse aussi, j'y étais donc 5 ou 6 fois par semaine. J'étais au Conservatoire municipal et d'une manière pragmatique, une fois qu'on a fini qu'est-ce qu'on fait ? On va en Conservatoire Régional. J'y suis allée. Ma prof m'a dit : "tu pourrais peut-être devenir professionnelle, mais il va falloir que tu te dédies complètement à ça". J'étais en musique classique à l'époque. On peut passer des concours jusqu'à 21 ans. Donc, si tu veux le faire, c'est maintenant et à plein temps. Ca s'est fait comme ça, d'une façon hyper naturelle. Je n'ai pas le souvenir d'un moment précis où je me suis dit : "je vais devenir professionnelle". Pour moi, c'était acté.


J'allais poser la question inverse alors. Est-ce qu'à un moment, vous ne vous êtes pas dit: non, il faut que j'essaie autre chose?


Si ! La musique classique, c'est vraiment très difficile : il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus. En fait, ce qu'on m'en avait montré, c'est qu'il n'y avait que l'orchestre. Or, des orchestres en France, n'y en a pas beaucoup et, dans chacun, il n'y a que deux flûtistes. Donc, à un moment la question se pose : est-ce que je vais être une de ces deux flûtistes? Après un orchestre, ça peut-être Montpellier, par exemple, mais ça peut-être aussi le fin fond d'un territoire perdu... Ca joue dans la balance : est-ce que j'ai envie de courir après les Concours? Un concours d'orchestre, on joue 30 secondes derrière un paravent et puis c'est fini. Est-ce que j'ai envie de faire ça toute ma vie ? Si non, qu'est-ce que je fais ? Est-ce que vraiment j'ai une place dans la musique ? Ca a été un vrai questionnement ! L'avenir, c'était soliste, l'Orchestre ou rien. La petite porte de sortie, c'était prof, mais c'est tout. Donc, à un moment, je me suis dit: qu'est-ce que c'est ma vie ? Je suis sûre que c'est la musique, mais comment vais-je faire ? C'est à ce moment-là où j'ai commencé à me dire que je pouvais monter mes propres projets, faire de la musique à ma façon qui serait peut-être différente...

Quel a été votre premier projet personnel ?

Collection privée. Dessin: Marion Lienhart (C)

Un spectacle pour enfants. J'ai monté une Cie et c'était déjà un peu "transgenre" et transdiscipline. Il y avait de la flûte, bien entendu puisque c'est mon instrument, une contrebasse, donc c'était déjà deux instruments qui n'allaient pas forcément vraiment ensemble et qu'on ne voyait pas beaucoup. Ca c'est un truc qui me plaît. Mettre des instruments qui n'ont pas grand chose à faire ensemble. Il y avait de la danse hip-hop et du dessin. En fait, c'était de la danse hip-hop sur de la musique classique et un petit peu de marionnettes ! C'était mon premier projet.


Sacré patchwork...


Oui ! Je l'ai monté avec des vidéos etc... J'ai démarché des salles. C'est un projet que j'ai mené seule : j'étais la "directrice" si on peut dire. Mais, monter quelque chose tout seul, vraiment, ça n'est pas évident. On peut tout faire, je pense, mais pas avec tout le monde. C'est là que je me suis rendue compte de l'importance de bien choisir ses partenaires. C'est à ce moment-là que RoSaWay est sorti de terre. C'était un beau projet ce spectacle, en plus le spectacle jeune public, c'est vraiment intéressant. Je pense, d'ailleurs, que tous les artistes devraient se pencher dessus parce qu'on forme le public de demain et ça fait partie aussi de nos missions de s'adresser aux plus jeunes. Je pense donc que je reviendrai dessus, mais le partage artistique avec les autres personnes n'a pas été à la hauteur de mes attentes. Et là je me suis dit, si je remonte un projet, il faut que je le fasse avec quelqu'un qui soit dans la même optique que moi, prêt au même sacrifice. J'ai rencontré Stéphane. Avec lui, j'ai tout de suite compris qu'on pouvait faire quelque chose ensemble parce qu'on a les mêmes idées. C'est difficile de monter un projet tout seul, il faut être avec la bonne personne, comme pour toute entreprise en fait.

Vous avez fait après pas mal de choses en parallèle. Vous avez été choriste sur pas mal de projets, entre autres... Vous avez commencé à intégrer le monde de la musique...


Pop et variété.


...et du coup à être présente sur des grandes scènes.


Oui. A un moment, j’ai compris que ce qui me manquait, c’était un vrai réseau. J’avais tissé un petit réseau dans la musique classique mais pas suffisamment dense pour me permettre de vivre de la scène. J’ai commencé à développer les réseaux sociaux et j'ai rencontré Leslie Bourdin, la pianiste de Grand Corps Malade à l'époque, il faut que je la remercie. Elle a aussi on propre projet... et ça a été une jolie rencontre. Elle m'a dit : "je suis dans une agence d'artistes, je vais donner ton profil". C'est comme ça que ça s'est fait : je suis rentrée dans cette agence et j'ai pu faire des scènes avec des artistes que je n'aurais jamais côtoyés dans le milieu où j'étais avant. Ca m'a ouvert à plein de choses, à l'industrie de la musique que je ne connaissais pas sous cet aspect-là. De chouettes expériences.


Vous avez pris autant de plaisir à chanter de la pop qu'à faire de la musique classique ?

Rachel Ombredane. Photo: Matis Viot (C)

Oui. Je me suis vraiment sentie dans mon élément. Même plus ! D'un coup, il y avait quelque chose de beaucoup plus léger pour moi. Est-ce que c'est dans ma tête, parce que malgré tout, c'est pas léger de faire une scène avec un artiste important... Il faut faire quand même le job. Est-ce que c'est parce que je ne l'avais jamais fait avant ? Est-ce que c'est le contexte ? Je n'en sais rien et je me sens plus à ma place. J'adore la musique classique, ça sera toujours en moi, je continue à en jouer, à faire des récitals... Mais, ça n'est pas du tout la même chose. Je me sens presque plus à ma place en faisant de la musique pop, oui.


Même s'il y a aussi une exigence, c'est quand même plus détendu dans la variété, pop... Non ?


Je ne sais pas si c'est plus détendu. En fait, il y a quelque chose qui est plus de l'ordre de l'instant. Quelque chose qui peut plus se passer sur scène en "live". La musique classique, il y a une partition, c'est très écrit, il y a une tradition... Ce sont des choses qui ont été jouées par des milliers de gens depuis des années : tout le monde sait ce que vous jouez. Si on met le doigt à côté, tout le monde le sait. Cette pression sur mes épaules était peut-être trop pour moi. Dans la pop, il y a un côté instant, show... Si on met le doigt à côté, ça peut-être hyper cohérent avec le choix, ça n'est pas grave. Attention, c'est mon rapport à la musique classique et à la pop, je ne dis pas ça comme une vérité.


Il y a eu la musique classique, il y a eu ce spectacle pour enfants – qui s'appelle comment ?


Il s'appelait "Rêve de cirque"


C'est joli.


Ma base, c'était "La petite fille aux allumettes". Mais c'est vraiment très très triste alors je l'ai détournée avec un danseur, un petit garçon, pour en faire quelque chose de beaucoup plus joyeux. C'était vraiment pour les tous petits, 3-6 ans. Sans parole. C'était mon truc : faire du spectacle pour enfants sans paroles.


Montrer qu'on peut dire des choses sans parler...


Voilà. Sans texte.


D'où la force de la musique et des gestes ! RoSaWay est venu assez vite après le spectacle pour enfants et en parallèle de tout ce que vous faisiez à côté ?


Exactement. Je pense que, malgré tout, j'ai cet espèce d'esprit d'entreprise. J'aime bien ce côté, allez on y va ! Le plus dur c'est de tenir dans le temps, finalement. C'est là où est le challenge pour moi. En musique, ça n'est jamais fini, on est toujours en train de prendre sa respiration. En apnée.


Donc RosaWay a commencé à se mettre en place. Qu'est-ce qui vous a fait vous associer avec Stéphane - qui fait de la batterie ?

"Rosaway" au Bus Paladium, Paris. Photo: Eric Massaud (C)

Tout le monde nous dit : flûte / batterie, c'est hyper original, comment ça vous est venu ? En fait, là encore, la question ne s'est pas posée. On voulait travailler ensemble. C'était vraiment de l'humain d'abord. Stéphane est un superbe artiste, techniquement, musicalement. Sa personnalité musicale me plaisait et c'était réciproque. Mais plus que tout, il y avait l'humain. Comme je disais, monter un projet, ça veut quasiment dire être H24 ensemble. Il faut s'entendre parfaitement, parce que le moindre petit grain de sable devient une montagne. On avait déjà joué ensemble dans des projets d'autres personnes et il se passait vraiment quelque chose sur scène. Une espèce de connexion subliminale. C'est précieux : ça n'arrive pas avec tout le monde d'avoir cet espèce de fil invisible sur scène et c'est assez difficile à décrire. Je pense que tout le monde a vécu ça au moins une fois dans sa vie avec quelqu'un et, quand on l'a, on se dit : je n'ai envie que de ça, sur scène. C'est comme ça que ça s'est fait. Ca paraît un peu conte de fée, ça ne l'est pas du tout. C'est juste que c'est difficile de mettre des mots. C'est une sensation que tous les musiciens ont eu au moins une fois. Evidemment, on a cette connexion en dehors de la scène, mais elle est sublimée sur scène, vraiment.


Vous avez commencé à travailler ensemble. Qu'est-ce qui est venu d'abord ?


Les mélodies. C'est là où, vraiment, on est deux musiciens. Tout a commencé par des mélodies, mais c'est aussi là, où ça a évolué. Et même, c'est marrant, Stéphane étant batteur, on pourrait croire que ce sont des grooves qui lui sont venus mais non. Ce sont des mélodies chez lui aussi. On s'est bien retrouvés. Effectivement, pour lui c'est beaucoup plus facile de penser un groove, une ligne de basse, parce que c'est quelque chose qu'il a fait toute sa vie. Il joue avec le bassiste beaucoup plus qu'avec le leader quelque part. Là dessus on est assez complémentaires et ça a évolué avec le temps. Dans un 2ème temps, notamment moi, j'ai eu besoin d'avoir des contraintes d'écriture. Me dire, pour le prochain morceau, c'est très technique, je vais écrire en 7/8. J'ai envie de trouver un truc qui tourne autour de ça. Ou, j'ai envie d'écrire dans telle tonalité. D'un coup, tout un tas de problématiques se mettent en place. J'ai eu besoin de contraintes. Là, on est dans une phase où on a envie de raconter des histoires, d'avoir des thèmes. "Stranger", l'EP précédent, était sur l'oubli et la maladie d'Alzheimer. Comment mettre le thème en musique ? "Walk" est sur des femmes SDF. Qu'est-ce que ça nous évoque musicalement ? Si on écoute la musique, on peut complètement passer à côté du sujet, ça n'est pas grave du tout. Mais nous, dans notre processus d'écriture, c'était important qu'on ait un sujet et des choses à dire. La musique se mettait en place après, progressivement. Là, on en est là dans ce processus d'écriture. Je ne peux pas dire où on en sera dans 6 mois, un an. J'ai l'impression que tout évolue tellement vite que je ne peux pas dire ce qu'il en sera. Mais, là, tout de suite on en est là.


"Stranger", votre premier EP (4 titres) est sorti en début d'année.... "Walk", qui arrive, fait partie d'un ensemble ?

"Walk" est tout seul. Encore une fois, ça a été une réflexion... On est passés par faire un diptyque avec comme thème les femmes, puis un triptyque qui ressemblait fortement à un EP et puis après par un single, parce que, malgré tout, comme beaucoup d'artistes émergents, il faut qu'on pense, si ce n'est stratégie, en tous cas moyen terme. Un EP, comme tout format qui est plus long qu'un single, c'est plus lourd financièrement, c'est une évidence, mais à défendre aussi. Parce que quand vous sortez un album de 12 titres, il faut le tenir un an, un an et demi. Il faut être sûr de là où on en est, sûr que dans un an ça corresponde encore... Nous, on est tellement en évolution que l'EP est plus léger, certes, mais le single, c'était parfait. Quand on a écrit cet été, ça avait un sens pour nous, là, ça a encore un sens et je pense que ça sera toujours le cas dans 6 mois. Mais il n'est pas dit que, après, ça en ait encore un. On a envie d'être légers. (Rappel, il est ici: RoSaWay: "Walk")


Et en phase avec vous même.


C'est peut-être difficile à comprendre pour les gens qui ne connaissent pas la production musicale. En fait, le titre est enregistré depuis déjà 3 mois. Il est presque vieux pour nous. Un album de 12 titres, vous le sortez 6 mois après... et vous passez un an et demi, deux ans avec. C'est long ! Il faut être sûr de ses choix. Nous, on a l'impression de ne pas être prêts en tous cas. On n'a pas envie d'être figés.


Et la question qu'on ne peut pas ne pas poser : qu'est ce qui vous a amenée à la flûte ? C'est marrant entre parenthèse, parce qu'un des derniers portraits est celui d'un autre flûtiste, Jî Drû, pour son merveilleux album "Western"... un pur hasard !


On suit nos travaux mutuellement, d'ailleurs. La flûte est un coup de cœur. Totalement. Et tout est venu par le son. J'ai commencé la musique à 2 ans et demi. Au Conservatoire, à l'époque, on était encore dans le principe de faire un an de solfège et après on commençait l'instrument. Ils préconisaient d'avoir déjà en tête une idée d'instrument, pour que l'enfant tienne dans cette idée de faire un an sans instrument, mais de savoir qu'au bout du tunnel, il y a l'instrument. Et moi, je n'avais absolument aucune idée d'un instrument. Chez moi, on écoutait beaucoup de piano et de violon, mais ces instruments ne m'intéressaient pas du tout. Je pense que j'ai vu à peu près tous les concerts parisiens pendant un an. Théâtre des Champs Elysées, du Châtelet, de la Ville, l'Opéra... J'ai tout vu. Et rien. Rien ne venait vraiment. Ma mère était désespérée... Et un jour, j'avais 5 ans, en allant voir Bambi, j'ai entendu de la flûte traversière dans la correspondance du métro Ligne 5 à République. Je l'ai entendue, pas vue. Parce que, peut-être que les gens ne voient pas, mais cette correspondance Ligne 5, ce ne sont que des coudes! C'est un très long couloir en coudes, on ne voit pas les gens, c'est même un peu flippant, maintenant ils ont mis des miroirs. J'ai donc entendu la flûte et j'ai dit à ma mère : « c'est mon instrument ». On est allées le voir, j'ai vu cette personne qui jouait dans le métro... Et j'ai redit : c'est mon instrument ! Voilà l'histoire... qui est un peu conte de fée, je reconnais.


Vous êtes rentrée en correspondance avec...


Et que par le son. C'est marrant...


Il y a quand même quelque chose de logique.


Oui et non. Il y a des enfants aussi qui sont hyper impressionnés par la forme de leur instrument. Ceux qui font de l'euphonium ou du tuba, il y a quelque chose de très impressionnant. La contrebasse, aussi. La flûte, pas du tout. C'est un tuyau tout petit... C'est vraiment le son qui m'a parlé.


Vos premières compositions musicales datent de quand ?


J'ai fait une composition à 6 ans et demi qui s'appelait "Le Branle du Bourguignole"... Ca ne veut rien dire ! Parce que dans ma méthode de flûte, il y avait des petites portées et il fallait... On avait des contraintes, je me souviens. Il fallait par exemple écrire 8 mesures avec deux croches, des noires... Donc, ça a été ma toute première composition. Après, dans le classique, on a souvent des compositions à faire ou à écrire des cadences. Dans des concertos, il faut écrire des cadences. Quand j'étais en musicologie, il y avait de l'analyse, une matière qui s'appelle l'écriture d'invention, comme son nom l'indique, il faut écrire. Mais, encore une fois, il n'y avait rien de fun. Finalement, mes premières compositions, je pense pouvoir dire que c'est avec RoSaWay.

RoSaWay est un peu la libération de tout ce que vous avez emmagasiné depuis toujours ?

Rachel Ombredane. Photo: Matis Viot (C)

Exactement. Stéphane me le dit moins maintenant après un certain nombre de concerts, mais il le disait souvent au début: "quand je te vois sur scène, c'est évident que cette scène-là est ta place". Effectivement, vraiment, je suis bien.


Avez-vous déjà essayé de chanter en français ?


Je suis très, très chanson française à la base. Le côté désuet est important. J'ai un côté très has-been, tout ce qui est cabaret Rive Gauche, Brassens, Juliette Gréco et leurs héritiers, Souchon, Barbara... j'adore quand c'est bien fait et que les textes sont très beaux. Juliette Gréco chantait du Appolinaire ou du Prévert. Pour moi, le français ne souffre pas de la médiocrité, comme la musique classique ! Je n'ai chanté que ça pendant toute mon enfance et mon adolescence. Je suis amoureuse de la diction française, mais elle ne correspond pas à la façon dont je veux m'exprimer moi. Je trouve que le français n'est pas une langue très mélodieuse, donc, les mots ont une importance vraiment forte, alors que l'anglais ou l'italien par exemple, la consonance est presque plus importante que le sens. Même si on essaie de donner du sens à ce qu'on dit et même si j'adore Bob Dylan, par exemple, notre écriture reste assez simple et accessible...


Je comprends et c'est très bien aussi. En fait, vous voulez être dans un univers où vous êtes à l'aise. Est-ce que vous lui donneriez une couleur ?


J'aime un peu le clair obscur. On me dit souvent que ce que j'écris c'est triste... mais pas si triste. J'adore les gammes mineures par exemple, c'est quelque chose où je me sens bien. Le côté un peu mélancolique c'est mon truc. C'est pour ça qu'on écrit tous les deux, parce que si j'écrivais toute seule, ça serait quand même assez triste. SteF arrive à donner une touche un peu pop.


Par exemple "Walk", vous l'avez écrite à deux ?


Complètement. Les refrains sont de SteF, qui sont très pop, et tous les couplets c'est moi. On nous dit que cette chanson est un peu bicéphale, qu'elle pourrait presque être plusieurs chansons. C'est vrai. Je ne le ressens pas du tout comme ça parce que pour moi elle représente complètement le projet, et le projet, c'est un duo. Deux cerveaux qui fonctionnent ensemble ou en parallèle, donc oui, cette chanson est bicéphale : il y a de SteF et de moi. Effectivement, les refrains sont pop. Les couplets le sont peut-être un peu moins.


Super. Walk a été sélectionné par Fip pour sa play list groove!

Exactement. Mais, elle sera sur Fip, Fip à partir de la sortie. C'est assez excitant pour nous.


Super nouvelle ! Comment voyez-vous l'avenir immédiat ? Qu'aimeriez-vous ?


J'aimerais beaucoup de concerts dans des vraies bonnes conditions de concert. J'aimerais aussi que des professionnels s'intéressent à nous, qu'ils reconnaissent ce qu'on fait, qu'ils considèrent que « RoSaWay » a sa place dans le paysage musical. J'aimerais que ça soit plus facile pour nous dans notre pays. Ou au moins aussi facile que l'accueil qu'on a ailleurs... C'est ce que j'aimerais, oui.


Les choses sont en train d'évoluer quand même, non ?


Complètement. C'est juste que quand on a la tête dedans, ça paraît toujours très long. Je trouve que les artistes n'en parlent pas beaucoup, après c'est vrai que on a tendance à se jeter des paillettes parce que c'est aussi ça ce métier, mais ça n'est pas que ça. Parfois, c'est difficile et on ne voit pas encore une fois on ne voit pas le bout du tunnel et en même temps, je ne suis pas sûre qu'il y ait un bout. C'est ça aussi le paradoxe. Ce qu'on aimerait c'est pouvoir jouer beaucoup beaucoup beaucoup ce projet partout.


Vos prochaines dates ?


Vendredi 22 novembre vers Digne-les-Bains et Samedi 23 à Fréjus (infos ici)


Un mot de conclusion ?


Pour tous les gens qui lisent ce texte : soyez curieux, n'ayez pas peur d'écouter beaucoup de choses, plein de choses... N'ayez pas peur de ne pas aimer : ça n'est pas grave. Essayez d'écouter même ce qui ne passe pas à la radio, parce que parfois il y a des artistes que vous allez adorer et ces artistes n'auront peut-être jamais d'éclairage médiatique, c'est comme ça. Vous pourriez être surpris et, même si vous n'aimez pas, finalement, ça n'est que 3 minutes ! J'en appelle aux gens à être curieux et à se déplacer aux concerts, parce qu'un artiste c'est sur scène qu'il faut le voir.


Propos recueillis par #PG9


RoSaWay à NYC. Photo: Scott Tellis (C)


[Plonger dans l'âme de...] RoSaWay. Tome 2: Stéphane. Battre le faire tant qu'il est show! A lire ici




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