A un moment dans sa vie, Lorena Masikini est tombée au plus bas, au presque point de non retour. Et puis, elle a saisi les mots de sa descente aux enfers pour en faire une résurrection. "Maïsha Petite Pluie" est son histoire dans ce qu'elle a de plus intime, humain, sensible... et donc de plus universel. Celles et ceux qui ont vu le projet au Théâtre de Belleville, Paris XI, l'ont remerciée d'être allée au bout d'elle même avec autant de sincérité et ont compris l'énergie partagée avec son équipe sur scène. Ouvrez grand vos yeux et votre coeur, une jeune femme pleine d'envies et de talent a des choses (vraies) à vous dire. Bonne lecture
Enchanté Lorena. Nous allons donc parler de "Maïsha Petite Pluie", mais avant, nous allons parler de vous. Vous êtes originaire de où ?
Enchantée Philippe. Ma famille est d'origine congolaise, mais je suis née à Créteil et j'ai grandi en France. J'ai vécu une grande partie de ma vie en Picardie, dans plusieurs villes différentes parce que j'étais en internat du coup j'ai changé en Primaire, Collège et Lycée... à chaque fois. Après, je suis venue à Paris. Ca fait 9 ans que j'y suis maintenant.
Qu'avez-vous fait comme type d'études ?
Un bac littéraire art, musique et danse. Ensuite, je me suis formée dans des écoles professionnelles d'artistes, à l'ECM de Paris, notamment, et je suis allée aussi à New-York prendre des cours au Broadway Dance Centre et des cours particuliers à Broadway.
Vous dites "je vis pour l'art". Qu'est-ce qui vous a fait vous diriger vers ça ? Est-ce que vous le savez ?
C'est depuis l'enfance. Je suis issue d'une famille d'artistes, ça m'a donc toujours bercé. Je vis pour l'art aussi parce que c'est un énorme moyen d'expression pour moi. Mon enfance n'était pas très joyeuse, du coup, l'artistique était vraiment un échappatoire, une façon de m'exprimer dans tous les sens du terme, d'explorer tous types de sentiments, tous types de personnages, tout ce que je pouvais explorer à travers l'art.
C'était d'aller chercher des parts de vous, un autre vous...
Juste de pouvoir me sentir vivre pleinement en fait.
D'où la multiplicité des arts que vous avez expérimentés.
Exactement. Après, je suis très curieuse. J'aime bien toucher à tout et c'est vrai que je m'intéresse énormément aussi à la culture américaine, un peu comme tout le monde: on est beaucoup à s'imprégner de ça. Pouvoir toucher à tout et faire de tout, c'est très enrichissant. En France, on veut souvent nous mettre dans des cases, soit tu es chanteuse, soit tu es juste danseuse... et en fait je me suis toujours découverte de plein de manières, j'ai toujours été polyvalente, parce que j'ai grandi avec une maman caméléon qui s'en est sortie dans la vie en ayant plusieurs casquettes. Donc ça fait partie de mon éducation! Ce qui fait que dans l'artistique je ne me suis pas limitée. Autant j'adore chanter, autant j'adore danser, autant je dessinais, autant je faisais de la peinture, je jouais des instruments, autant j'écrivais des sketches, des trucs que j'appelais "pièces de théâtre" quand j'étais gamine. Je ne me limitais pas. Je ne me limite toujours pas, d'ailleurs. Encore moins avec le temps !
Vous avez raison. Vous souvenez-vous de la première histoire que vous avez écrite ?
La première fois que j'ai écrit, c'était une chanson. Une chanson qui parle de moi, où je disais qu'il y a bien une raison pour laquelle je vis tout ce que vis, que je ne savais pas du tout laquelle, mais qu'il fallait la chercher.
C'est joli. Un jour, donc, vous avez pris la plume et décidé d'écrire "Maïsha Petite Pluie".
D'où vient le projet?
"Maïsha Petite Pluie" est vraiment le récit de ma vie pour le coup. En vrai j'ai écrit ce spectacle sur plusieurs années. Je dis officiellement 6 ans, mais c'est bien plus long que ça, parce que ça part en fait d'une sorte de journal intime. Je suis dans une famille où on ne dit pas les choses, on encaisse, on garde tout pour soi. Je tenais cette sorte de cahier où je notais tout ce qui me passait par la tête, tous mes souvenirs les plus graves, les plus marrants aussi, un peu tout. Pendant ma formation à l'ECM de Paris et, même avant, j'ai commencé à vraiment écrire et du coup j'avais écrit ce spectacle sous forme de fiction, une sorte de comédie musicale, l'histoire d'une mère et de sa fille. La mère, grande sorcière dans le royaume, enfermait sa fille parce qu'elle savait qu'elle avait des pouvoirs plus forts qu'elle. Je mêlais aussi l'histoire du père, pourquoi on ne parle pas du papa. Il y avait tout un mélange et j'avais écrit vraiment beaucoup de choses en plus de mon journal intime. Et puis, un jour, c'est venu. J'ai eu une succession d'événements hyper tragiques dans ma vie qui m'ont fait craquer. Notamment, la rupture avec un ex que j'ai aimé plus que tout. Le genre de personne que tu as dans la peau. Je me disais c'est pas possible, c'est l'homme de ma vie et il m'a quittée en disant juste : "je te quitte, je ne t'aime pas, je ne t'ai jamais aimée, je n'ai rien à faire avec toi". Du jour au lendemain, vraiment et je n'avais pas vu la chose venir du tout. J'ai vraiment fait une crise avec une énorme dépression, je n'avais jamais fait ça avant. J'ai toujours tenu le coup. J'ai déjà fait des dépressions jusqu'à la tentative de suicide, mais à chaque fois je me relevais hyper vite. Ca n'était presque pas normal même. Je me cachais derrière une carapace en fait.
Vous renaissiez à chaque fois...
Oui, c'est un peu ça. Je suis en dépression, mais ça dure deux-trois jours et puis tout va bien. Je fais une tentative de suicide, je vais à l'hôpital, je reviens, tout va bien. C'est un peu un système qui a faisait que je renfermais encore plus les choses en fait, parce qu'au final je ne disais jamais rien. Même devant les psychologues, je ne disais pas grand chose... Mais j'écrivais quand même beaucoup et quand cet ex m'a quitté de cette façon si brutale, j'ai écrit. Après, j'ai encore plus pété un plomb quand j'ai appris que j'avais un cancer. Je me suis dit ça n'est pas possible, le sort s'acharne sur moi, qu'est-ce qui se passe, pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait à Dieu ? Dans ma remise en question, je remettais en question toute ma vie, même mes croyances, parce que j'ai grandi dans une famille très croyante, très dans la religion. Je me suis dit Dieu n'existe pas, ça n'est pas possible. Je me suis enfermée chez moi. J'ai tout déconnecté Facebook, internet, WhatsApp... pendant au moins 6 mois. Je ne parlais à personne, je ne sortais pas, je ne mangeais quasiment pas... Je faisais flipper tout le monde. Une amie a fait du forcing, elle est venue me voir, elle était très inquiète. C'était au delà du pathos... mais pendant toute cette période, je me suis replongée dans mes écrits, j'ai sorti tous mes cahiers, toutes mes feuilles, toutes ces années d'écriture de tout ce que je renfermais. Je me suis mis à parler à mon petit moi, mon enfant intérieur, et il s'est un peu exprimé, parce que pour une fois dans ma vie, j'avais vraiment craqué. Que ce soit dans la famille ou mes amis, je suis très réputée pour: Lorena ne pleure jamais. Lorena c'est la fille hyper forte qui a toujours le sourire, elle est méga forte, elle ne craque pas. C'est limite... elle n'est pas humaine.
Super Lorena !
Voilà. Et pour une fois, j'ai accepté en fait de me dire: non, je ne suis pas si forte que ça, j'ai le droit de pleurer, de m'enfermer, de n'avoir envie de parler à personne. Du coup, je me suis mise à réécrire. J'ai tout pris, j'ai tout réécrit et j'ai tout rassemblé dans un seul et même récit. Et je n'avais pas du tout de titre en fait. Au bout de 6-7 mois, j'ai décidé de retourner un peu à la vie, d'essayer de voir ce qui se passait dehors... Donc, je sors de ma grotte, je revois certains amis, ça choque un peu tout le monde de me revoir, je suis dans un état quasi squelettique, je garde toujours le sourire mais pour une fois j'assume que non, ça ne va pas. Je suis clairement en dépression, mais je sors quand même un peu de chez moi parce qu'il faut vivre. Parce que dans cette dépression, j'ai fait encore une tentative de suicide qui n'a pas fonctionné, pour dire comme quoi l'univers m'a dit non, ça n'est pas le moment ! Si Dieu existe, il me voit arriver, il me dit : "non, non, Lorena, ça n'est pas le moment, tu retournes sur Terre !".
Vous aviez quel âge quand il s'est passe tout ça ?
J'avais 25 ans. J'étais à Paris depuis mes 19 ans.
Ok. Vous vous remettez à vivre, vous poussez la porte de chez vous pour aller voir la lumière...
Voilà. A l'aube de mes 26 ans, je dis allez, sors de la caverne et j'assume du coup mon état actuel. J'arrête de faire semblant, de me mentir à moi-même. C'est vrai que je cherchais beaucoup à avoir l'image de la fille parfaite, qui travaille bien... Ca venait de mon éducation. J'étais à l'internat catholique avec des bonnes sœurs donc quasiment élevée par elles, parce que j'ai passé ma vie à l'internat. Il y a l'image de la femme qui se tient, qui ne dit pas les choses, qui reste parfaite, qui vit toujours sur les mêmes émotions... Et là, j'ai cassé ce truc. J'ai revu un ami, qui écrit beaucoup, lance ses trucs, les assume. Je suis allée le voir en lui disant, j'ai écrit tout un truc, ça parle de ma vie et il y a une centaine de pages. Je ne peux pas faire un spectacle de 5h, as-tu des recettes pour que je puisse structurer ça? Je n'arrivais pas à savoir ce que j'avais envie d'enlever, de garder... J'avais envie de faire un spectacle de tout ce récit mais je ne savais pas trop où aller parce que c'était la première fois. Jamais je ne me suis dit que j'allais faire un seul en scène de ma vie. Un One Woman Show? Jamais je ne ferai ça! Je n'assume pas d'être toute seule en scène. Ceux qui font ça sont trop forts, ils sont malades. Mais au final, je me dis: personne d'autre que moi ne peut raconter mon histoire. Ce copain m'a aidé, il m'a donné des petites astuces. J'ai continué à m'enfermer, à écrire et à structurer, structurer... Et dans ma structure est venu le fait que je n'allais pas faire que du théâtre. Parce que je ne suis pas que comédienne, je suis aussi chanteuse, danseuse. Du coup j'ai amené des moments où ça chante mais parce que c'est justifié. Il y a, par exemple, ce moment où je parle de la première fois où on change d'église. On ne va plus à l'église catholique traditionnelle, on va à l'église des noirs, l'église des congolais, l'église évangélique. Il n'y a quasiment que des congolais, donc c'est... mon Dieu ! Je raconte cette première fois où je vais à l'église des Noirs.
Ca devait être énorme...
Ah mais oui, ca a été énorme ! Pour moi, c'était une évidence: il fallait de la musique. Il fallait marquer l'arrivée dans l'église où il y a de la musique, où les gens chantent et parlent FORT, où c'est coloré... C'est la première fois où je suis dans un endroit où il n'y a que des noirs. Parce que j'ai grandi entourée de blancs, qui m'ont pour la plupart rabaissée ou autres. J'étais souvent la seule noire et pour la première fois, j'arrive dans un endroit où tous les gens sont comme maman ou moi. Pour avoir déjà parlé avec des gens qui sont nés en Afrique et qui ont grandi là-bas, c'est vraiment en France ou en Europe qu'on apprend qu'on est noirs en fait. Et qu'on apprend aussi la différence de couleur de peau. C'est aussi comme ça que j'ai compris que ma mère était métisse et que moi j'étais noire, plus foncée qu'elle en tous cas. Enfin voilà, cette ambiance de musique africaine, mais religieuse, c'est juste dingue. Ca chante! A cette époque ma mère et mon père avaient dit à l'église: Lorena chante, il faudra la laisser chanter aujourd'hui. Du coup, j'avais les chansons qu'on chantait déjà à la maison, dont une, mythique, que tous les congolais connaissent. Dans le spectacle, je parle donc de ce moment où je mets les pieds dans cette église et où, en plus, je chante. C'était une libération pas possible. J'ai chanté, j'ai mis mes tripes. Mon âme est sortie de mon corps, tellement c'était incroyable pour moi de vivre ce moment-là, tellement c'était puissant. Du coup, là boum, pour moi c'est une évidence, il faut que je compose, que je mette de la musique là-dedans... Il y a donc des chansons déjà existantes et d'autres que j'ai composées.
Des chansons du patrimoine culturel ?
Oui. J'ai un classique de musique congolaise de Koffi Olomidé et un classique de musique religieuse. Dans mon spectacle, je fais aussi un hommage à ma grand-mère qui était une des grandes divas de la musique congolaise, une des pionnières. Des petits bouts de ses chansons font partie du récit quand je switche de personnage et je deviens ma mère qui parle de sa mère.
Super dites donc !!
Voilà. Le spectacle parle vraiment de ma vie. J'ai eu envie d''exposer des secrets, des douleurs, tout ce que j'ai gardé au fond de moi toute ma vie et qui m'a amené à une auto-destruction progressive. Ce qui m'a fait tilter, c'est de me dire: j'ai fait pas mal de tentatives de suicide et je m'en sors à chaque fois. Donc, si je m'en sors, c'est que je ne dois vraiment pas partir que j'ai encore des choses à donner. A travers ce récit, je raconte mon histoire et je pense que des gens vont se reconnaître dedans. Tout ce que je vis, je pense que je ne suis pas la seule à le vivre. Et, en effet, quand on a fait les dates en juin, j'ai eu beaucoup de retours de gens qui m'ont dit: "c'est fou, j'ai vécu la même chose et ça m'a fait un choc que tu aies osé le dire, parce que moi jamais je n'oserais dire ça... C'est presque une libération que toi, tu aies osé le faire". En plus, ça n'est pas brutal, mon écriture reste poétique, mais je dis les choses telles qu'elles sont quand même. C'est brut et poétique en même temps. Et les gens se sont reconnus malgré le fait que dès le départ j'ai quand même fait comprendre que c'est le récit d'une fille, d'une femme noire en France.
Bravo ! Donc, vous vous êtes enfermée un première fois pendant 6 mois et là c'était le noir noir, c'était la chute, vous êtes ressortie et après vous vous êtes ré-enfermée mais c'était la lumière quand vous vous êtes mise à écrire et à dire ça y est j'y vais ?
Oui, pour le coup, c'était la lumière. Je m'enfermais sans vraiment m'enfermer, je m'autorisais à sortir un peu, à aller voir des gens... En plus, à ce moment-là j'hébergeais une amie qui préparait son voyage en Corée. Ça la dépannait de pouvoir rester chez moi et le fait qu’elle soit à la maison me forçait à reprendre une vie sociale. En même temps, je bossais sur mon projet, je restructurais tout, je composais, j'écrivais, je réécrivais... "Non, juste à ce moment-là, c'est trop dur je ne peux pas dire ça comme ça, comment je peux retranscrire la chose ? Alors, je vais danser à ce moment-là, je vais écrire une musique, quelque chose et je vais danser là-dessus et c'est à travers le corps que je vais exprimer tel événement". Tout s'est structuré comme ça. Oui, c'est la lumière ! C'est là que me suis rendu compte qu'il fallait que je travaille sur mes blessures si j'avais envie d'avancer dans ma vie personnelle, que ça ne servait à rien de se voiler la face, de garder les choses au fond de soi, parce qu'au final, je finissais toujours par rechuter. Je plonge, je déprime quelques jours, je ne dis rien, ça recommence, ça revient encore plus fort et je finis par attirer des gens qui me balancent des vérités qui font mal en pleine face. Aujourd'hui, avec le recul, je me dis et cet ex qui a osé me dire : "je ne t'aime pas, une femme comme toi on ne peut pas l'aimer"... Quelque part, il a été un peu mon miroir. Je ne m'aimais pas moi-même. C'est compliqué d'aimer quelqu'un qui ne s'aime pas. Aujourd'hui, je prends du recul, mais c'est dans mon récit, dans mon spectacle, c'est en écrivant que je me suis rendue compte, qu'il y avait un vrai problème, que j'avais un vrai souci. J'ai beau être aimante, douce, tout ce qu'on veut, il y a quand même une barrière. Un mur qui fait que c'est difficile d'aimer cette personne telle qu'elle est quand elle ne s'aime pas elle-même.Tout ce travail-là, je l'ai mis dans mon art aussi. En tant qu'artiste, je me rends compte -c'est mon avis-, que nous, les artistes on devrait se sentir responsables de ce qu'on donne, dans la chanson ou dans les messages qu'on a envie de véhiculer, parce que ça touche vraiment les gens en fait ! Il faut vraiment faire attention à ce qu'on dit. Parce que c'est très fort. Certains artistes véhiculent des messages de haine et on en voit les répercussions sur certains jeunes : ils sont énervés H24 parce qu'ils écoutent ça. Moi, j'ai envie de monter sur scène, de crier ma vérité mais sans créer de haine.
C'est très joli. Et donc, finalement, vous n'êtes pas seule sur scène...
Je ne suis pas si seule que ça. Parce que en écrivant la musique, je me suis rendue compte que je ne pouvais pas jouer toute seule, ça n'était pas possible, j'avais besoin de musiciens et de musique live! J'ai grandi dans une double culture, française et congolaise. Quand on se retrouvait en famille, on mettait des bandes son pour chanter, mais aussi, je suis d'une famille de musiciens: on joue en live. Jouer en live, ça me manquait parce que dans ma formation j'ai fait du jazz et beaucoup de jams, avec des musiciens en live et je me suis dit mon Dieu que ça ferait du bien d'avoir des musiciens sur scène. J'ai donc fait un petit casting et j'ai trouvé mon équipe. Au départ, je voulais juste qu'ils soient musiciens, mais je me rends compte que tous les artistes autour de moi ne sont pas juste musiciens, ou juste chanteurs ou juste danseurs. On a tous plusieurs casquettes en fait. Je me suis donc dit, je vais impliquer mes musiciens dans le récit. Ils participent à l'ambiance. Je vais revenir sur ce passage de l'église. Quand j'en parle, la musique monte crescendo et eux incarnent la foule en fait. Donc tout le monde sort Bible et accessoires des tontons et tantines en pleine louange pour le seigneur Jésus... Et le bassiste mets ses lunettes noires, bien sûr ! C'est tellement fort qu'il faut que ça existe, que ça vive, que la scène entière vive. Du coup, j'ai décidé d'impliquer mes musiciens. Ils chantent les choeurs avec moi, ils participent. C'est moi qui raconte mon récit. Il n'y a que moi qui raconte, mais eux donnent du corps à tout ça.
Comment s'est passé le mariage artistique?
C'est magnifique, parce qu'ils ont permis à mes compositions d'aller plus loin. Chacun y a mis de sa patte. C'est mon histoire Ok, mais j'aimerais bien que vous trouviez des choses auxquelles vous raccrocher, que vous trouviez vous aussi un truc à raconter. Sur chaque composition, chacun a apporté un truc. Du coup, ça n'est plus juste ma musique, c'est la nôtre et ça devient notre histoire. L'histoire de Maïsha est devenue notre histoire. C'est vraiment une collaboration incroyable parce que je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Ca reste mon histoire, mais ils la portent avec moi en eux...
"Maïsha Petite Pluie"... Interview de l'équipe: ici
Où en est le projet-là. Que va-t-il se passer ?
On a fait deux dates en juin au Théâtre de Belleville. Ca s'est très bien passé. A la suite de ça, j'ai eu quelques propositions de productions, mais un peu compliquées, parfois des dates extrêmement lointaines... Pour l'instant on est en pleine recherche de production ou de programmations dans des théâtres. J’agrandis mon équipe aussi pour plus d’efficacité, parce que depuis le début je m’occupe d’absolument tout, sauf le booking où Manuela est là depuis longtemps. J'ai mon metteur en scène, chorégraphe, musiciens, assistante, bookeuse, manager... Là, j'ai trouvé un attaché de presse, plus CM, mais maintenant il faudrait chargé de prod et tout ça. Là, on est vraiment en recherche de production ou de salles pour se produire. J'aimerais que ça se passe à Paris pour l'instant, parce que c'est là que je vais pouvoir vraiment faire parler du projet, mais j'aimerais aussi que le spectacle tourne un peu partout en France. Et j'aimerais aussi, ça c'est vraiment un grand souhait, pouvoir le jouer sur le continent africain et dans les Caraïbes.
Je fais aussi des démarches pour récolter des fonds parce que financièrement, c'est moi la productrice pour le moment et ça coûte très très cher un spectacle, surtout quand on a 4 musiciens sur scène avec un metteur en scène, une chorégraphe... une créatrice lumière et tout ça, ça devient cher. Donc, je fais aussi les démarches pour mettre ce qu'il faut financièrement et trouver des productions en envoyant la captation et tout le matériel. Ce qui n'est pas facile, parce qu'à Paris, il y a déjà beaucoup de spectacles. Après, c'est l'investissement: est-ce que les productions sont prêtes à s'investir dans un spectacle jamais vu, sans tête d'affiche. C'est vraiment le frein que j'ai particulièrement à Paris, en France.
"Maïsha Petite Pluie"... la bande annonce: ici
Il y a les Festivals aussi...
Oui, c'est fait on s'inscrit partout où on peut. Déjà ça, ça va nous permettre de faire connaître le projet. Continuer dans la démarche de le faire connaître parce qu'il y a toujours des professionnels qui se baladent et qui viennent voir. Il y aura sûrement finalement un producteur qui finira par proposer quelque chose de très intéressant pour qu'on puisse enfin se produire.
"Maïsha Petite Pluie", pourquoi ce titre ?
C'est ma mère qui l'a inspiré. Parce que dans le spectacle je parle d'elle et un jour je l'ai appelée en lui disant, écoute, j'ai écrit un spectacle, je crois que ça y est, j'ai fini ma version. Mais je n'arrive pas à trouver le titre. Au départ, je voulais l'appeler "Vivuele" parce qu'en swahili ça veut dire "ombre". Ca parle des ombres de ma vie. Et elle me dit: "je trouve que c'est un peu nul comme titre. Non, c'est nul".
Avec beaucoup de tact, merci maman.
Elle me dit : "ca parle de quoi ce spectacle ?". Ca parle de ma vie, c'est le récit de ma vie, de l'enfance à maintenant quasiment... Ecoute si tu veux un titre en swahili, tu dis "maïsha", parce que "maïsha" en swahili ça veut dire "la vie". Et en plus c'est très beau parce que ça ressemble à un prénom... Et "Petite pluie", en référence à toutes les gouttes d'eau qui sont tombées dans ma vie. Les gouttes d'eau, c'est vraiment les épreuves que j'ai subies toute ma vie, jusqu'ici en tous cas. Donc, Maïsha, la vie, et mes gouttes d'eau parce qu'il y a eu un moment où le vase a débordé...
Bravo Lorena... Et tous mes souhaits de réussite pour cette magnifique aventure!
Merci à Fabien Briet pour la mise en contact. Propos recueillis par #PG9
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