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[Plonger dans l'âme de...] Johanna Reyjasse. Déterminée

Dernière mise à jour : 15 févr. 2022

Certains chemins de vie sont tortueux, accidentés, avant de devenir enthousiasmants, lumineux... Les pauses, hésitations, alternent avec des accélérations, rencontres et révélations. On tourne en rond (sur le périph!), puis on est au sommet... et soudain tout s'arrête, puis redémarre de plus bell(e). Johanna Reyjasse a le talent de saisir le côté imprévisible des choses quand l'inconnu tend la main, de rester elle-même, mais à l'écoute. Agile. Tout ce que vous allez lire ci-après est plein de sensibilité et de détermination: l'histoire d'une jeune femme qui sait désormais ce qu'elle veut, travaille avec acharnement pour réussir, mais aime prendre le temps de respirer avec les gens qu'elle croise au détour d'un café... Bonne lecture


Enchanté Johanna ! Nous allons partir à la découverte de toi-même... Te souviens-tu de ce premier jour où tu t'es dit: "mon univers c'est la scène, la création ou la musique?"


Enchantée Philippe. Oui, carrément, je me souviens. Pour la musique en tous cas. J’étais en 3ème… J'étais très nulle à l'école, je détestais ça, je l'assume maintenant. Je ne me sentais pas du tout à ma place en cours. Du coup, quand il a fallu dire ce que l'on veut faire de sa vie à la rentrée, j'ai commencé à me sentir pas bien du tout... Aucune des directions qui se proposait pour mon avenir ne m’intéressait. Je ne savais pas ce que je faisais là. A la maison, ma mère cherchait désespérément un moyen pour que je retrouve le moral. Un jour, elle dit: "je t'emmène à un atelier de gospel". Moi, en pleine crise d'ado, je lui fais: “ça va pas la tête ! c'est quoi ton truc de vieux ?” Elle m'emmène quand même, j'arrive à la chorale... et je me prends la claque de ma vie. J'étais enfin chez moi, à ma place, tout simplement. J'en avais des frissons partout et je me suis dit : "c’est ça que je veux faire: chanter !"


Elle avait senti que c'était ce qui allait te convenir?


Je ne sais pas... Je faisais déjà du dessin, du théâtre. Elle a eu une intuition.


Le dessin ne te faisait pas vibrer ?


Si, mais j'en faisais toute seule, beaucoup pendant les cours d’ailleurs... oups ! J'adorais, mais il n'y avait pas de partage avec les gens.


Ce qui t'a plu dans le gospel, c'est le partage ?


Le gospel, ce sont des chants d’espoir. A ce moment-là, j’avais besoin de ça. Quand j'ai senti tous ces gens réunis pour chanter des trucs hyper joyeux… il s'est passé quelque chose de très fort en moi, j'ai eu un gros déclic et je me suis dit: "je veux chanter et je veux chanter de l'espoir". C'est devenu mon objectif de la semaine! Aller le lundi soir au gospel, c'était vraiment mon truc.


Ta mère avait bien trouvé la clé... Après, la musique et le gospel ne t'ont plus quittée...

"Les Voix de l'Ouest Gospel" (C)

Exactement. J'ai continué à en faire toute ma 3ème. Je suis vite passée soliste de la troupe, "les voix de l’ouest Gospel", dirigée par Laurent Gelabale. Mais elle n’existe plus aujourd'hui.


Tu es passée assez vite soliste, tu disais... Donc, tu avais déjà des compétences dans le chant ?


Pas du tout: je n'avais jamais chanté! C’est devenu vital, je me suis mise à faire ça tout le temps et j’ai appris très, très vite. J’arrivais facilement à imiter les différents timbres de voix de mes chanteuses préférés. J’ai appris à placer ma voix comme ça.


L'atelier, c'était un jour par semaine et tout le reste du temps tu le préparais ?


Non, non, du tout. Tout le reste du temps, je m'exerçais à chanter d’autres styles de musique, notamment devant ma cousine Miléna. J’étais tellement peu sûre de moi, que, quand je devais chanter devant d’autres personnes, elle leur disait de se retourner et elle me tenait la main pour me soutenir. J'étais tétanisée. C'était les débuts.


Tu n'avais rien à préparer chez toi pour l'atelier du lundi suivant ?


Non. On venait, on chantait tous ensemble du gospel traditionnel à plusieurs voix. En anglais, bien sûr.


Que s'est-il passé après ?

A la fin de la seconde, j'ai décidé d'arrêter l'école. J'ai trouvé des petits boulots pour continuer à aller au gospel et faire des stages de chant à droite à gauche. J’ai commencé à chanter pour des mariages et dans une troupe à Paris… Avec cette troupe, on a fait notamment un stage de chant gospel à New-York: 10 jours à Harlem ! J'ai eu la chance de chanter en soliste dans un bar et dans une église. J'avais 19 ans. Inoubliable.


Quand tu es à ta place, tu l'es vraiment... Tu n'as pas peur !


J'adorais ça. Après, ce qui est assez drôle, c'est que, là où j'habitais avec ma mère à ce moment-là, c'était très mal isolé. Les voisins n'étaient pas commodes, du coup le seul moyen de m'entraîner à chante,r et à chanter fort comme on le fait au gospel, c'était que ma mère m'emmène faire des tours en voiture pour que je chante pendant qu'elle conduisait. C'est comme ça que j'ai appris à chanter… sur le périph' !


Les chants de gospel sont des chants traditionnels, donc des chansons que tu interprétais. A quel moment as-tu eu envie d'écrire toi-même des chansons ?


C’est venu bien plus tard. Je suis restée super longtemps dans le gospel, ensuite, j'ai fait des stages de jazz, j'ai commencé à prendre des cours particuliers aussi et à chanter d’autres styles de musiques. Le déclic est sans doute venu là: ma prof de chant, Cécilia Deniaud, était absolument géniale. Elle m'a fait prendre confiance en moi, elle m'a poussée à aller plus loin. J'avais toujours écrit des mélodies, mais je ne réussissais pas à aller au bout du processus de création. Cécilia m’a poussée à assumer sans me préoccuper du rendu final, pour commencer en tous cas.


On va revenir dessus après, puisque tu dis que c'est venu assez tard. On reprend. Ton environnement familial te soutenait si je comprends bien ?


Oui, mes parents me soutenaient à fond dans mes démarches... J'ai eu de la chance !


Ca n'est pas toujours le cas effectivement! On continue...


A un moment, j’ai arrêté tous ces petits boulots qui ne me plaisaient pas. J'avais envie de faire mon métier dans la musique, je voulais aussi toucher au social, ça me paraissait important, mais je n'y connaissais rien et personne ne pouvait m'aiguiller. Du coup, j'ai commencé à baisser les bras, d'autant que j'ai commencé à en entendre de toutes les couleurs: on me disait que ce n'était pas un métier, que je vivais dans un rêve, que dans la vie on fait ce qu’on peut pas ce qu’on veut, que je n’avais aucun diplôme, que je n’aurais jamais du arrêter l’école, que je n’arriverais à rien. Etc. Je ne voulais pas donner raison aux critiques, mais je ne savais pas comment faire. J'avais un peu arrêté de chanter, la chorale avait arrêté aussi... Mauvais moment... Et là, ma cousine m'appelle, elle me dit : "il y a une super chorale à Nantes, Urban Voices, qui cherche des choristes". Je vais là-bas, au bout d'un moment, je parle au Directeur Artistique... et j'ai été embauché comme assistante de Direction Artistique pour 6 ans. Bim.


Connaissant "Urban Voices", tu as réussi à joindre les deux choses qui te plaisaient : le chant, le gospel en particulier, et le social.


Exactement. C'était juste parfait. J'ai été choriste la première année, ensuite, j'ai pris rendez-vous avec Karim Ammour, le Directeur Artistique. Il m'intriguait parce qu'il disait qu'il n'avait pas de diplôme, qu'il était "bac-7", mais il faisait vraiment de grandes choses. Ca me redonnait confiance. J'ai voulu en savoir plus, il m'a raconté. Il m'a rappelé deux jours après, il m'a dit: "écoute, j'ai besoin d'une assistante de Direction Artistique, ça te dit ?". Trop de chance! Je l'ai suivi pendant 6 ans. J’ai appris énormément de choses: la médiation culturelle, les bases de la technique son, la pédagogie, comment gérer un atelier de A à Z, organiser un événement, créer un spectacle... Sur "Urban Voices", il y a à peu près 1,000 choristes par année qui se renouvellent par moitié tous les ans. C'est énorme.

Et tout s'est passé très vite. Quand il m'a embauchée, il me dit : voilà, dans 15 jours il y a un gros spectacle sous les Nefs, tu vas être cheffe de choeur avec moi. Je n'avais jamais fait ça de ma vie. J'avais deux semaines pour apprendre les deuxièmes voix de toutes les chansons et, surtout, les apprendre aux gens pour les diriger... alors que je n'avais jamais fait ça. Il m’a complètement lancée dans le bain. 15 jours après, on était sous les Nefs, je dirigeais le choeur avec lui devant 10.000 personnes. C'était incroyable... et j'ai officiellement rejoint l'équipe.


Qu'est- ce que vous avez fait comme répertoire ?


On a chanté des chants afro-cubains, de la soul musique et des musiques algériennes.


"Urban Voices" est un festival de couleurs, de mélange et de métissage de toutes façons .


Oui.


Qu'as tu retenu de toute cette aventure?


Tous les ans, on étudiait des répertoires traditionnels de pays différents... Du coup, j’ai adoré découvrir de nouvelles couleurs musicales, de nouveaux rythmes… J'ai étudié les percussions cubaines et nous sommes même partis à Cuba. Je suis tombée amoureuse de toutes ces cultures complètement différentes. Je trouvais formidable que la musique rassemble 1.000 choristes tous les ans, des gens complètement différents, qui venaient dans le même objectif: chanter pour se faire plaisir et être ensemble.


Ca t'a rendue plus forte à quel niveau ?


Ca m'a donné plein de cordes à mon arc, dans tous les domaines. En fait, pour moi, ça a été mon école. Je n'en avais pas fait, je l'ai faite là-bas.


En parallèle de Urban Voices, tu as commencé à penser à des projets à toi ?

Johanna Reyjasse et Philippe Lai. Photo: Gilles Guyon (C)

C'est ça. On a monté un duo avec Philippe Lai en piano-guitare-voix. A la base, c'était des reprises, on a fait quelques petites scènes, dans des cafés notamment.


Ca vous a permis de mieux vous connaître...


On avait tous les deux envie de rejouer, du coup on a monté ce duo. Mais on n'avait pas beaucoup de temps à y consacrer, on bossait tous les deux. On faisait une petite scène de temps en temps et au bout d'un moment on s'est mis à composer….


Les compos, c'est toi, c'est lui, c'est vous deux ?


Phil écrit beaucoup, moi, je commence doucement.


Quand tu dis on écrit, chacun fait sa chanson (paroles et musique)?


C'est ça. Et après, par exemple, moi j'écris des lignes basiques au piano pour pouvoir m’accompagner et lui il embellit tout ça, il fait les arrangements avec les gars... ils se débrouillent, ils sont super forts.


Comment est-ce que tu composes ? D'où te viennent tes idées ?


Ce que je préfère, c'est partir en voyage pour composer. C'est pas très cool pour le porte-monnaie, mais j'adore partir toute seule avec un sac à dos et passer tout le temps que je peux à écrire à la terrasse d'un café ou à marcher dans des paysages inconnus pour m’inspirer. L'aventure m'aide à écrire.


Tu découvres avec les yeux, les oreilles, les gens ?


C'est tout en fait. J'adore découvrir, être dans un endroit où je ne connais rien: ça n'est pas ma culture, tout est complètement différent, les senteurs, tout ce que tu vois... Tout ce mélange me nourrit. Je suis partie l'année dernière au Pérou et en Bolivie, toute seule. J'adore ne pas savoir où je suis, ni ce que je fais demain, où je dors ce soir... Du coup tout ce que tu vois, tu le ressens 1,000 fois plus. Quand tu n’as plus aucun repère, tu es beaucoup plus attentif à tout ce qui se passe autour de toi. Chaque détail.


Tu pars avec un sac à dos et un instrument de musique ou pas ?


En voyage, j’écris juste les textes. Quand je rentre, je m'occupe du reste.


Est-ce que tu joues d'un instrument ? Tu as parlé des percussions...


J’étudie les percussions cubaines (bata et conga) et j'apprends en ce moment le piano et la guitare pour pouvoir m’accompagner un jour.


Vous avez commencé à monter ce duo qui jouait en fonction du temps que vous aviez. Désormais, tu prévois de te consacrer entièrement à ça ?


Oui. J’ai envie de donner à mes projets la chance d’exister, de créer des choses par moi-même.


Tu dis créer des choses par toi même, d'ailleurs, tu créées physiquement des choses aussi!

(C) Johanna Reyjasse

Oui. Je fais des bijoux et de la peinture...


Tout ça est assez cohérent. Tu fais naître des choses de toi-même, que ce soit des chansons ou des objets.


C'est ça. Selon l'envie du moment.


Là, vous lancez "Johanna Reyjasse and the Bell Orchestra". Peux-tu présenter le projet?


Le "Bell Orchestra" est un collectif de musiciens des Studios Bellarue. Ils jouaient et enregistraient déjà ensemble, notamment sur des reprises de standards soul en version reggae. De notre côté, on formait ce duo avec Phil, on faisait des reprises et puis on s'est mis à composer tous les deux... Au final, on avait plus de compos que de reprises. Un jour, nous répétions aux Studios Bellarue, et Claude, qui gère le studio d’enregistrement, nous dit : “Hey, il est cool ce son!”. Il rajoute sa basse, ensuite un autre musicien rajoute son instrument... petit à petit un groupe s’est crée et on a enregistré nos compositions. “Johanna Reyjasse & the Bell Orchestra” est né de cette rencontre qui n'était pas programmée!


Bell' comme Bellarue...


C'est ça. Et aussi comme la cloche qu’on retrouve dans le logo.


Parce qu'effectivement, un des éléments centraux dans ta vie aujourd'hui, ce sont les Studios Bellarue. Qu'y fais-tu en particulier, à part développer ton propre projet ?


On travaille surtout ce projet-là et ca demande beaucoup d’investissement pour le lancement. Donc je travaille avec Gilles, Claude, Mathieu... pour le mener à bien, trouver des solutions, les bonnes stratégies. Mais ce sont aussi des amis donc j’y vais également beaucoup pour boire le café!


Vous allez sortir un album?


Un premier opus est prévu avant la fin d’année. On devrait avoir la date d’ici peu…


D'accord. "Never Need You Anymore", la chanson du premier clip, est une compo à toi ?


Oui, c'est la toute première que j'ai écrite.


Félicitations! Ca va tu sens bien tout ça, tu es en confiance? La situation est difficile, c'est clair, mais vous avez de l'énergie à revendre...


Oui, je suis super contente de pouvoir mettre toute mon énergie dans ce projet. J'adore travailler sur le projet des autres aussi, mais là, c’est différent: ta propre oeuvre voit le jour... Aller au bout de son projet, de son bébé, c’est trop bien ...


Si on retourne en arrière et tout ce que tu m'as dit, c'est super beau ! Tu étais à un moment complètement déprimée, tu ne savais plus... Le gospel arrive, puis "Urban Voices" et cette année tu sors un album...


Au tout début, je n'aurais jamais imaginé tout ça. La vie m’a envoyé des belles opportunités aux moments ou j’en avais besoin et ça, jamais je n’aurais pu le prévoir.


Récemment, tu t'es fait un petit plaisir qui fait un gros carton sur le net, c'est la reprise de Lauryn Hill "Forgive them father"... C'est un délire comme ça ?

Johanna Reyjasse, Cheffe de Choeur pour "Urban Voices" (C)

On était en plein confinement, tous les musiciens faisaient des lives fabuleux sur internet avec leur guitare, leur piano, ou leur famille. Ca me frustrait de rester à ne rien faire parce que je ne pouvais pas m’accompagner... J’ai eu envie de faire quelque chose avec les moyens du bord et seule, par la force des choses. Vu que j'ai toujours été soit cheffe de choeur ou choriste, je suis habituée au travail d'arrangement des voix. Donc j'ai fait un truc 100% vocal et ça a bien plu ! Je suis super contente.



C'est très beau. Et ce qui est chouette, c'est la polyphonie que tu as mise en œuvre avec toi-même.


Oui ! Je n'avais pas le choix non plus...


Le résultat est vraiment bien, comme "Never Need You Anymore" aussi, d'ailleurs... Donc, maintenant il faut que tout se goupille pour que Johanna Reyjasse and the Bell Orchestra sorte l'album à la fin de l'année.


C'est bien parti …


Qu'est-ce que tu espères après ce projet ?

Johanna Reyjasse à la Havane. Autoportrait (C)

Déjà, j’ai envie que ça marche, qu’on puisse jouer sur scène tous ensemble et continuer d’enregistrer de nouvelles choses, continuer de jouer en duo également. Et puis, évidemment, j’ai envie de continuer à voyager, partir en road trip pour écrire, composer, découvrir d'autres cultures, ajouter d'autres influences dans les musiques que j'écris. Peut-être même sortir un peu de la soul music et du gospel. Aller voir ailleurs... Je ne sais pas. Mais j’ai envie de continuer de créer plein de choses différentes.


Tu les laisseras venir à toi.


C'est ça, l'inspiration viendra frapper à ma porte au moment voulu...


Tu aimes quand l'inconnu arrive dans ta vie.


C'est ce que je préfère. Je déteste la routine. J’aime les surprises que la vie apporte au moment ou tu ne t’y attends pas.


Et le social dans tout ça ? Tu as envie de continuer à le mêler à la création artistique ou est-ce que, pour l'instant ça n'est pas d'actualité, tu verras plus tard ?


J’ai un projet de mash’up pour les entreprises avec Cécilia Deniaud, ma prof de chant, et d’autres projets chorales s’écrivent doucement… Mais j’ai avant tout envie que “Johanna Reyjasse & The Bell Orchestra” soit bien lancé avant de mettre mon énergie ailleurs.


Tu es concentrée là-dessus et tu verras pour la suite après. Un petit mot à notre ami Gillou des Studios Bellarue ?


#GillesEstGenial ! Un grand merci à lui parce que tout ça c'est grâce à lui. C'est une super personne...


On l'embrasse.


Merci à Gilles, Claude, Mathieu et toute l'équipe des Studios Bellarue pour leur accueil chaleureux (et leur café). Propos recueillis par #PG9


Pour voir le 1er clip de Johanna Reyjasse and the Bell Orchestra: "Never Need You Anymore"... c'est ici




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