Vous avez peut-être déjà croisé le grand comédien filiforme dont vous allez suivre le parcours ci-après dans des festivals, lors d'avants-premières... ou plus certainement l'été à Saint-Marc-sur-Mer, sur la plage de Monsieur Hulot. Il cherche son chemin, joue parfois au tennis, pique une tête dans l'eau... sous les regards amusés des passants. Cyril Guillou (s')amuse ainsi depuis désormais bientôt 7 saisons. C'est son rituel d'été. Le reste de l'année, il donne des conférences sur les dragons, fait le hamster dans le manège de Monsieur Charly... et j'en passe! Bref, c'est un saltimbanque plein d'idées et d'entrain dont le regard brille quand il voit le sourire des autres. Suivez-le, il a plein de choses à vous raconter! Bonne lecture
C'est formidable, cher Cyril, je suis très content que nous puissions enfin parler... de toi.
Moi aussi. C'est un sujet que j'adore!...
Avant tout, aujourd'hui, je parle à qui ? A Cyril Guillou? A Monsieur Hulot, au professeur des dragons?
Tu parles à Cyril Guillou, créateur de “Attention dragons”, alias professeur Drake, Peter Drake. Un spectacle que j'ai écrit et que je joue depuis maintenant un bon moment... La première a eu lieu au TNT de Nantes. J'avais dû être poussé par le directeur de l'époque pour monter mon spectacle... chose que je n'aurais jamais faite sinon!
On va parler de tout ce que tu fais, mais d'abord avant tout, à quel moment, dans ta vie, la mouche du spectacle t'a-t-elle piqué?
C'est rigolo, parce que j'ai le moment exact. Je sais précisément quand je me suis dit: "c'est ça que je veux faire". C'était en CM1, on étudiait “Les trois mousquetaires” et la prof a dit: “tiens, ça serait de monter des scènes à partir des trois mousquetaires”. Elle a choisi des passages du livre et on devait jouer ce truc-là. J'avais été choisi avec un copain qui n'était pas très bon à l'école, qui avait du mal à lire et à apprendre son texte, du coup, à partir du moment où on savait qu'on allait jouer, j'ai pris le gamin sous le bras et je l'ai fait répéter, répéter, répéter... On allait dans un espèce de débarras de l'école, on bossait, je voulais que ça soit absolument parfait. Nickel. On a joué devant la classe... Génial! La classe en délire, la prof n'en pouvait plus, elle dit: "ça marche bien, écoutez, on va jouer devant toute l'école!". Allez hop, banco! Donc, on a joué sous le préau devant les CM2, les CE2, les CE1. Et là, je me souviens, à la fin, toute l'école a applaudi. Au moment des saluts, j'ai fait: “c'est bon, je sais ce que je veux faire”. C'est là, vraiment. En 6ème, on te demande ce que tu veux faire, j'ai dit: “je veux être comédien”. Et puis après, chaque année, c'est pareil.
Tu revois l'image de tout le monde qui applaudit?
Je revois parfaitement l'image. Qui doit être déformée par les années, mais je revois exactement l'image de toute l'école qui applaudit, nous sous le Préau, on salue et là, je me suis dit à ce moment, fort, j'ai trouvé, c'est bon. Les autres veulent être vétérinaires, flics ou détectives. Moi, je veux être comédien.
Tu n'as jamais quitté cette voie là?
Je l'ai quittée un peu après le lycée parce que j'aurais pu aller directement au Conservatoire de Nantes et ça faisait beaucoup flipper mes parents. Je suis allé dans la file d'attente des gens pour s'inscrire, pour entrer au Conservatoire, avec mes papiers et au dernier moment, j'ai dit non, je ne le fais pas. De toutes façons, je n'aurais pas eu le temps, parce que j'avais prévu de faire un BTS communication des entreprises pour rassurer mes parents. Ils préféraient que j'ai un Bac +2. Ils me disaient, tu feras ce que tu veux après, mais fais ton bac +2 chéri. Donc, j'ai bien fait chier tout le monde au BTS. C'était de la communication, alors on avait des trucs sur du commercial et tout ça. On nous apprenait bien comment s'adresser à l'inconscient des gens, comment diffuser un message sans en avoir l'air de façon à ce que ça les touche sans qu'ils en aient la sensation. Je trouvais ça juste dégueulasse. Je découvrais le monde, quoi. Et donc, j'étais toute rebellion dehors. Je les ai bien fait chier. Du coup, ils m'ont fait redoubler ces petits cons, sans avoir compris une seule seconde que c'était parce que je n'avais pas forcément envie d'être là au fond de moi. Donc, au lieu de faire le BTS en deux ans, je l'ai fait en trois ans. Mais, je suis détenteur du diplôme. J'ai un BTS communication des entreprises. Papa et Maman étaient contents.
Après, tu as donc tourné le dos à la manipulation pour lui préférer la sincérité du spectacle vivant?
Voilà exactement. Je préférais ça. Après tout, le monde du spectacle vivant est-il particulièrement honnête et sincère? Je n'en suis pas si sûr... (rires)
Mais un comédien sur scène l'est...
Voilà, un comédien sur scène est sincère, c'est ce qu'on recherche, effectivement.
Après une petite disgression, tu es retourné sur les rails. Comment t'es-tu accroché à toi même?
J'avais continué à faire du théâtre pendant que j'étais dans mon BTS. Un copain avait monté une asso avec un autre pote, les Contes à Rebours, et comme je n'avais jamais abandonné le théâtre, j'ai pris part activement à cette asso. On a monté “Un riche, trois pauvres” de Louis Calaferte qu'on a joué au Festival Universitaire de Nantes et qui a été repéré par quelqu'un de la délégation du Festival international Universitaire d'Agadir. Du coup, on est allés jouer là-bas, soutenus par la fac de Nantes et financé par le TU. En revenant, on jouait 15 jours au TNT. Donc, on avait presque la sensation de devenir un peu professionnels. Parce que le TNT a été créé quand nous, on était encore au lycée... On regardait l'équipe, c'était un peu nos grands frères. On ne les connaissait pas, mais on les admirait. On était gamins, au Lycée, un petit théâtre se montait, c'était une bande de copains qui avait fait ça... On rêvait là- dessus. Et, du coup, le fait d'aller jouer là bas, on se disait ça yest! On devient pros!! On était dans le journal, on était annoncés tous les jours, on côtoyait ces mecs-là. On faisait nos premiers pas dans le show biz!
Tu jouais un rôle particulier dans cette pièce-là?
Je jouais différents rôles, comme chacun de nous quatre: ce n'est pas une pièce qui raconte une histoire. Ce sont différentes scènes sur la relation dominant dominé. C'était hyper intéressant, hyper riche à faire.
Qu'est-ce que tu en gardes comme souvenir en tant que comédien? Qu'est-ce que ça t'a appris?
Ce que j'en ai retenu, c'est le sentiment d'être dans le parcours. Je n'étais pas encore professionnel - enfin, si, on commençait à toucher un salaire grâce à ça... Et puis l'aventure! On était allés jouer au Festival inter-universitaire de Bordeaux aussi. Après, on a joué plusieurs fois au TNT. Bon, on l'a pas vendu beaucoup ce spectacle! Deux fois peut-être... Mais j'étais content, je commençais à faire ce que j'avais décidé à 9 ans! Dans ma tête, j'étais dans la cour des grands.
Et puis aussi, tu étais en accord avec toi-même...
Totalement. En plus, je n'avais pas fini mon BTS quand on a joué au TNT. J'allais en cours dans la journée et le soir je jouais. C'était ma dernière année de BTS et du coup, j'étais content de me dire qu'une fois que j'aurai le diplôme en poche, je pourrais surtout ne pas faire de communication!
Tes parents ont pris ça comment?
Ils le savaient depuis des années, donc... Ils voulaient que je fasse le BTS pour assurer un peu mon avenir, mais ils ne se faisaient pas d'illusion. Des fois, j'ai un peu regretté. Je me dis j'aurais dû faire le Conservatoire et tenter les grandes écoles. J'étais très content pendant des années. Et là, ça fait quelques années que je me dis mince. Si j'avais fait les grandes écoles, j'aurais pu prétendre à plus de choses, peut être, même si j'ai toujours réussi à bosser. Je bosse régulièrement, ça fait presque quinze ans que je suis intermittent du spectacle, je fais mes heures chaque année... J'ai toujours réussi à travailler en faisant tout un tas de trucs différents.
Justement, peux-tu nous dire tout ce à quoi tu as touché stp?
J'ai touché au conte, avec les Contes à rebours, on a commencé comme ça. J'ai fait du clown, du théâtre forum, j'ai fait du parc d'attraction, de la prévention dans les écoles. Je fais passer des diplômes d'aide à domicile, encore aujourd'hui. A l'examen, la nana doit s'occuper de moi pendant trois quarts d'heure. Et j'improvise. On me dit voilà, tu es Robert, 83 ans, alzheimer, ta femme a du mal à s'occuper de toi. Du coup, une aide à domicile vient pendant une heure, pendant que ta femme est partie prendre l'air. Et donc, j'improvise pendant 45 minutes avec la candidate qui s'occupe de moi sous le regard de deux jurés. J'ai fait du spectacle pour enfants avec le Théâtre du livre qui rêve. Je suis passé par la compagnie de la Pastierre, qui faisait beaucoup de formation par le théâtre. Le Théâtre des 7 lieux, donc j'ai fait du théâtre de rue aussi. J'en fais encore, avec Monsieur Charly et son manège pour enfants... Donc, ça tourne pas mal autour des enfants. En parallèle, avant d'être un comédien, à 19 ans, j'avais mon BAFA donc l'été, je faisais des colos.
Ca tourne pas mal autour des enfants, mais se tourne aussi pas mal autour d'un théâtre social, d'un engagé dans la vie.
Alors ça, oui. Hyper engagé. Au plus proche de la population. J'ai toujours un peu de mal avec les élites. Du coup, le Conservatoire, tout ça... Je me disais, il faut aller parler aux gens au fait. En plus, en grandissant, je me suis rendu compte que tout le monde ne va pas forcément au théâtre. C'est pour ça, aller dans la rue, c'est bien, tu touches tout le monde. D'où Monsieur Hulot aussi, et là, j'adore. Monsieur Hulot est venu aussi grâce à un parc d'attractions, un labyrinthe à Beaugency, près d'Orléans. On était une dizaine de comédiens, dont une majorité de parisiens - qui sortaient presque tous de la même école de théâtre. Ils se retrouvaient là bas parce qu'un pote à eux avait trouvé le plan, mais pour eux c'était un peu la honte d'être là. On s'amusait quand même comme des dingues. J'y retrouvais l'esprit d'une colo avec des 5èmes repas interminables.
Moi, j'adorais être là dedans parce qu'on avait carte blanche. Certes, le propriétaire-patron ne jurait que par les Etats-Unis et Johnny.... Mais moi, j'adorais parce que dans ce labyrinthe, tout le monde venait. Les vieux, les jeunes, toutes les catégories sociales et on avait carte blanche. Donc, pour moi, c'était une sorte d'école de la rue pendant 4 étés, j'ai appris vachement. Je me suis vraiment formé en bossant tout au long de ma carrière, en n'ayant pas peur de ce qu'on allait me proposer ou de ce qui allait pouvoir se passer. En disant toujours, allez hop, on y va. J'ai toujours aimé relever des défis. En me disant, je n'ai pas peur. On va se débrouiller.
Que faisais-tu dans ce labyrinthe?
Il y avait un thème à chaque fois. Il y a eu “Contes et légendes”, "Lucky Luke", "Alice au pays des merveilles" et “Comédia dell 'Arte”. Chaque jour tu prenais un rôle différent. Tu jouais un personnage dans le labyrinthe, à certains moments du parcours, les gens devaient répondre à des énigmes et nous on improvisait avec eux. C'est à dire, il y avait deux personnes, il fallait trouver un truc pour les amuser. Il y en avait 15, fallait trouver un autre truc. S'ils étaient 40, là tu faisais carrément un mini-spectacle improvisé... On était soit tout seul, soit on se retrouvait avec les autres copains. C'était un labyrinthe sur 3 hectares de maïs. On avait chacun son personnage, sa zone, mais des fois, on abandonnait nos zones et on allait voir les copains pour improviser à 2 - 3. On avait carte blanche, pas de texte. Rien. C'était nous qui nous débrouillions pour amuser les gens: “faites-nous rire”! Ca t'oblige sacrément à chercher. Des fois tu te plantes, des fois des gens passent devant toi comme ça, certains te demandent même d'arrêter parce qu'ils veulent être tranquilles. Ca t'apprend aussi à ne pas avoir trop d'ego et à être efficace, à savoir ce qui fait marrer les gens... Pendant deux mois, tu apprends, tu apprends... Tu découvres ce qui marche, ce qui ne marche pas, comment ça fonctionne, dans quel état d'esprit il faut être pour que ça marche... C'est une sacrée école!
Et donc Monsieur Hulot est né de ça?
Oui, parce que j'en avais un peu marre des conditions là bas, je vieillissais comme tout le monde et je voyais les équipes qui étaient toujours aussi jeunes... C'est plutôt des plans pour des comédiens qui débutent en général. On vivait dans le camping en face du labyrinthe, les conditions faisaient que je me disais, ça serait bien que je trouve autre chose pour arriver à faire mes dates. L'été d'après, je n'avais rien, donc je m'étais dit... Je bossais pendant l'année sans problème, mais l'été quedalle. Il fallait donc que je trouve quelque chose, je me disais: il faut tirer la substantifique moelle de ce que je viens de faire pendant 4 ans. Et j'ai eu envie d'aller tester la rue. J'en avais envie depuis des années, mais aller tout seul dans la rue... c'est dur. Ce qui était bien, c'est que le labyrinthe, pour moi, c'était une école de la rue. Au moins, les gens venaient pour s'amuser. Ils croisent un personnage, ils veulent s'amuser. Alors que dans la rue, tu croises tout le monde, dont des gens qui ne sont pas forcément là pour s'amuser. C'est en ça que c'est plus compliqué. En cherchant des idées, je me suis souvenu que Yto Legout, une metteure en scène nantaise, m'avait déjà dit: “tu me fais penser à Monsieur Hulot”... Et, en 2008 ou 2009, pour un séminaire d'entreprise à La Baule, elle avait été contactée pour faire une animation pour les employés, elle m'avait embauché, on avait cherché un costume. On avait trouvé un truc qui pouvait le faire, elle m'avait montré le film et elle avait dit, tu serais super en monsieur Hulot. Et ça avait bien marché. On m'avait déjà dit quand je faisais du théâtre pour enfants avec le Livre qui rêve où je jouais un rôle de facteur: toi, tu as vraiment une dégaine à la Tati. Ça m'était resté en tête. En plus, j'habitais à La Plaine sur Mer à l'époque, Saint-Marc sur Mer est à 30 km, donc, je me suis dit pourquoi pas? Je me suis renseigné sur Jacques Tati... Parce que, je me disais que Saint-Marc, c'était un peu le sanctuaire, que j'allais rencontrer beaucoup de gens qui connaissaient son oeuvre et je n'avais pas envie de me retrouver débile en face. Et puis, je voulais être le plus fidèle possible à l'oeuvre... Donc, j'ai retardé énormément ma première sortie en Monsieur Hulot, parce que je flippais... et en attendant, je regardais des films.
J'ai regardé toute la collection de Tati, je me suis renseigné sur le personnage aussi, je me suis dit que les gens allaient peut-être me poser des questions... J'ai préparé, vraiment. Je voulais y aller en étant sûr de moi. Et puis j'ai fini par y aller, début août 2014, je crois. Sans prévenir personne, je suis arrivé comme ça. Les gens me regardaient... Il est fou, lui! C'est qui? Et puis, très vite, les gens ont dit: bah si on sait qui c'est, c'est Monsieur Hulot! Ca a surpris tout le monde, les premiers c'étaient les commerçants! Très vite, ils sont venus vers moi. Je leur ai dit que c'était de mon propre chef que j'étais là. Et j'ai été mis en contact avec l'association Culture et Loisirs de St Marc, des vieux briscards sympas qui ont monté une association culturelle pour rassembler des gens qui avaient envie de faire de la peinture ou d'avoir des activités culturelles sur St Marc en général, dont un certain Pierre Joubert, qui a joué dans le film quand il était tout petit. On le voit à la fin quand Monsieur Hulot part, il y a 4 -5 gamins en bas de la butte de sable, qui sont en train de jouer et on le voit lui. C'est un monsieur en or qui sait faire mille choses vachement bien. Il était directeur d'école publique, il est aujourd'hui à la retraite. Donc, j'y suis allé la première année, et puis la deuxième année, j'y suis retourné, il a dit oui, mais là il faut venir plus! J'ai dit, oui, mais moi, j'habite pas à côté, ça me coûte de l'argent de venir, je veux bien venir plus, mais ce serait super si vous pouviez au moins me loger de temps en temps. Et donc ce Pierre me dit: "j'ai un appartement que je loue à mes petits neveux pendant l'année, mais, pendant l'été, il est libre, si tu veux je te le prête!" L'appart! 120 mètres carrés sur le port dans un grand immeuble... Voilà, et je me suis retrouvé là dedans. Et là, j'ai fait ça tous les jours quasiment. Je venais en Monsieur Hulot.
En 2015?
En 2015, oui. Et j'y étais quasiment tous les jours. Mais alors, toujours pour pas un rond par contre. Dans mon idée de faire de la rue, je me disais je vais passer le chapeau. Sauf que ça se combinait mal. Parce que ce qui était intéressant pour être fidèle à l'oeuvre, c'est que Monsieur Hulot, il déambule, il bouge, il fait des mini gags ici ou là , des mini-rencontres avec des gens. Mais ce sont des mini-choses. C'était difficile de faire un spectacle que les gens s'assoient et regardent pendant une demi heure, trois quarts d'heure. Ce que j'aimais bien, c'est que les touristes se disent, ah, Monsieur Hulot est là et il fait sa vie de touriste. Je m'étais fait faire un maillot de bain, j'allais à la plage. J'étais Monsieur Hulot en vacances. C'était difficile d'aller faire la manche. Un Charlot, par contre, il est clochard, il fait la manche, ça reste dans le personnage. Là, c'était compliqué. Tati, c'est un espèce de Dandy, on ne sait pas d'où il vient, il ne demande rien à personne. Il a envie d'être le plus discret possible. Passer le chapeau, ça casse un peu la magie du truc. Heureusement, la Presse s'était intéressée un peu à ce que je faisais. J'ai fait la une de Presse-Océan, j'ai eu une photo en une de Ouest-France, L'Écho de la presqu'île... Donc, ça a fini par se savoir au niveau de la mairie que j'existais. Et ils m'ont embauché après.
"Ouvrez les yeux, Monsieur Hulot est en vacances sur la côte Atlantique" (France TV Info, 17/08/2015)
Super!
En 2017 et 2018, j'ai été embauché à raison de 10 dates sur la saison. J'intervenais 4 heures par jour en Monsieur Hulot, payé par la Mairie. Ca s'est un peu dégradé depuis, parce que maintenant, je fais que 4 dates dans l'été et en gros, ce sont des dates sur les marchés nocturnes. J'ai jamais su trop me vendre. Pourtant, j'ai une super idée! Je leur ai proposée, j'attends la réponse... D'autant que... J'ai désormais l'aval de Jérôme Deschamps qui a racheté les droits de Jacques Tati. Je suis en lien avec la Société des films de mon Oncle, je leur ai demandé de le rencontrer. On s'est vus, je lui ai montré des petites vidéos qui avaient été faites. Il m'a donné son avis, je suis revenu un mois plus tard à Paris avec mon costume et il m'a dirigé pendant deux heures. Il m'a donné plein d'indications et de conseils précieux. C'était super...
On est en 2020, ça fait donc 6 ans... Le personnage de Monsieur Hulot fait partie de ta vie?
Oui, c'est une rencontre avec le personnage, avec ce cinéma que je n'avais jamais vu avant et qui a malheureusement tendance un peu à tomber un peu dans les oubliettes. Et grace à ça, j'ai fait le Festival 1er Plan à Angers, le Festival de la Baule, la grande scène du Festival des Accroche Coeurs au milieu de la fanfare de Joe Bitume pour les 20 ans devant le grand théâtre d'Angers... J'ai rencontré Pierre Richard à Sainte-Sévère pour l'anniversaire du film “Jour de Fête”, j'étais allé avec mon costume de Monsieur Hulot des vacances. Il y avait un mec qui faisait le facteur de “Jour de fête”, comme moi. Je suis allé travailler au Liban pour l'Institut français, là c'était Monsieur Hulot en vacances pour le coup! J'ai fait plein de chouettes rencontres.
Le projet Hulot en est où aujourd'hui?
Je le présente à droite à gauche. Diane Sagard, une comédienne chanteuse aux multiples casquettes s'occupe de ma com' et de la diffusion. Je propose ma déambulation en Monsieur Hulot...
Pour l'avoir vu, c'est hyper poétique...
Oui et mine de rien, il n'y a pas grand chose. Je suis en improvisation avec les gens, j'ai deux trois accessoires, je propose des parties de tennis dans des endroits complètement incongrus... Même ceux qui ne connaissent pas le personnage comprennent tout de suite que c'est une sorte de clown. Je suis habillé tout en blanc. Le personnage sort de nulle part et surtout de l'ordinaire et ça marche. C'est là qu'on voit que le travail de Tati a été super bien pensé et réfléchi parce que, encore aujourd'hui, même les gens n'ont pas vu le film s'amusent avec le personnage.
Quel est ton plus beau souvenir de ça?
J'en ai eu plusieurs. Deux personnes, notamment, dans deux classes totalement différentes. Un vieux monsieur dans un petit bar de Saint-Marc à la clientèle est très populaire. Il se retourne, il avait les larmes aux yeux. Il dit: “ah c'est lui!” Il était super ému de se retrouver en face du personnage. Je crois qu'il avait vécu le tournage. Peut-être que la bière avait contribué à l'émotion, il avait l'air d'être installé là depuis un petit moment, mais c'était hyper chouette. Et puis un autre, vraiment une autre classe. C'était un monsieur qui était à l'Hôtel de la Plage et moi j'étais sur l'esplanade à côté de la statue. Et le monsieur vient me voir, il était assez âgé, tout doucement, très gentiment, il dit écoutez est-ce que vous pourriez venir sur la terrasse de l'Hôtel, ma femme est là-bas, elle est malade, en fauteuil, elle est fan de Monsieur Hulot. Si vous pouviez venir la voir pour discuter un peu avec elle, ça lui ferait tellement plaisir... Du coup, j'y suis allé. Et effectivement, elle était dans son fauteuil et elle était tellement contente! Elle avait le sourire jusqu'aux oreilles de voir le personnage et peut-être de voyager dans le temps grâce à ça. Je voyais que le plaisir était au rendez-vous.
Parallèlement à Monsieur Hulot, il y a “Attention Dragons”, un bébé à toi complètement.
Le début est assez rigolo. J'étais en voyage avec ma copine de l'époque. Dans un petit village magnifique presque à la frontière italienne dans les montagnes, mais on était encore en France on tombe sur une petite fête de village sublime. Sainte Agnès, je crois ce petit village... On allait rentrer dans notre camion et on croise un couple avec qui on sympathise très vite et ils nous invitent à boire le thé chez eux. On dit qu'on est comédiens... Le mec fait: “moi aussi, j'ai été comédien! Excellent. Je vous passe un bouquin, je vous le donne parce que franchement il y a un truc à faire avec... “ C'était un bouquin de Jacques Perret “la bête maousse”, une super histoire. Jacques Perret est un académicien, il a repris une vieille légende écossaise dont Walt Disney s'était emparé pour faire “Peter et Eliott le dragon” et le bouquin est sublime effectivement. Le texte est hyper beau, poétique, c'est magnifique... J'ai essayé de partir vraiment du bouquin, mais c'était compliqué, je n'arrivais pas à trouver le truc. J'ai fini par simplifier et par faire une conférence sur les dragons. Pour parler de tous les dragons, un truc général sur les dragons...
Ca marche?
Ca fonctionne du feu de Dieu! D'ailleurs, maintenant, il y a du feu en plus à la fin du spectacle. Mais je ne peux pas raconter pourquoi, c'est une des surprises! Ca marche vraiment bien. Tous les publics apprécient ce spectacle-là. Autant les enfants, eux, ça leur met vraiment le doute... Mais c'est incroyable, les dragons existent! Les plus jeunes, ils sortent persuadés que les dragons existent, les plus vieux qui avaient un doute, parce que passé 7 ans ils ne croient plus aux fantômes à tous ces trucs-là, comme j'attaque le sujet de manière un peu scientifique, quand ils ressortent, ils ont un peu le doute. Ils ne savent plus trop. Du coup... Et puis les parents, eux en sortant du spectacle, ils ont l'impression que je suis un vrai anglais, donc... Tout le monde est pris dans l'histoire.
C'est un spectacle que tu as écrit, qui a évolué certes, mais qui est complètement ton bébé...
J'ai tout écrit. Pour les premières représentations, je n'avais qu'une trame et je m'adaptais. Quand je l'ai créé au TNT, c'était comme ça, le spectacle faisait 50mn, 1h, 1h10, 1h15, c'était jamais vraiment pareil! Et puis je me suis mis à l'écrire mais j'ai continué à faire comme ce que je faisais d'habitude, à ne pas respecter ce que j'avais écrit... Sauf qu'un jour, je suis revenu sur le texte que j'avais écrit et là j'ai fait, ah mais c'est pas mal. J'avais bien pensé à tout dans le rythme... Donc, maintenant, je respecte. 50 minutes montre en main, sauf si, vraiment, je sens que le public est prêt et que c'est possible, parce qu'à un moment, je laisse la parole aux enfants, ce qui donne parfois des sorties extraordinaires magnifiques, géniales... Mais, sinon, quand il y a vraiment beaucoup de monde et que je ne peux pas laisser la parole au public, le spectacle fait 50mn et c'est carré.
Et ça t'a donné envie d'en écrire un nouveau?
Oui, j'ai envie d'en écrire d'autres mais je n'arrive pas encore à trouver le sujet. Je pense aux pirates... Je suis fan, fan fan des pirates. J'aime bien cet esprit de liberté, mais ce qui me gêne, c'est que la Cie avec qui je jouais avant, le Théâtre du livre qui rêve, qui continue de jouer, ils ont un super spectacle sur les pirates! Je n'ai pas envie de marché sur leurs plates-bandes... Mais, ça viendra. Là, de toutes façons, je suis pas mal pris, sauf là avec le confinement, entre les dragons, Monsieur Hulot, le théâtre forum, les aides à domicile, le manège de Monsieur Charlie, il y a des fois où je me dis qu'il faudrait que j'arrête d'aller dans tous les sens et que j'essaie de me concentrer de manière plus sérieuse, de courir un seul lièvre à la fois...
Ou un seul dragon! Le théâtre Forum, ça te plaît beaucoup?
Enormément. Déjà, avec les Contes à rebours, j'avais monté des séances de Théâtre Forum juste après avoir lu le bouquin d'Augusto Boal, le théâtre de l'opprimé, j'avais découvert ça, c'est génial: faire participer le public, rejouer les scènes... Quand j'étais jeune un peu foufou. On était en contact avec un syndicat des familles dans une cité à Bellevue à Nantes et puis aussi en Bretagne. Donc, j'ai animé 3 séances de théâtre forum... sans avoir aucune expérience! Mais ça me plaisait bien, je pensais avoir compris le principe... Après, je m'étais dit, laisse faire les professionnels ou fais une formation dans ce sens-là. Et, je n'ai jamais vraiment retouché, mais par contre, j'ai fait de la prévention dans les écoles. Ca n'était pas du théâtre forum, on faisait du théâtre, on jouait des scènes et ça amenait du débat sur les préventions: prévention routière, sur le tabac, l'alcool... Tous les trucs de santé publique. Et là, j'ai retrouvé une compagnie, Noctilus, basée à côté de Poitiers et qui est vraiment spécialisée dans le théâtre forum. Ils sont vraiment très bons et le directeur Didier Nourisson est vraiment super. Il a fait des études de psychologie, il travaille sur le conformisme social. Comment est-ce que on est libre d'agir. Pour lui, la base de tout le travail de prévention auprès des jeunes, c'est de remettre en place, de redire un peu comment fonctionne l'humain et pourquoi on se retrouve tous à faire les mêmes choses et surtout les mêmes conneries. Donc, c'est un peu la pierre angulaire de son travail, pour dire eh les gars, si on redevenait un peu libres de nos mouvements, de nos actions...
Donc, tu travailles avec eux?
Je devais! J'ai fait la 1ère date début janvier, en mode stagiaire, observation, après une semaine de formation. On avait une séance avec des collégiens, avec des membres de sa troupe, nous on regardait et on intervenait un petit peu. Et les premières dates devaient être là en mars, en avril et en mai... Donc c'est repoussé.
Qu'as tu d'autre sous le coude?
Le manège de Monsieur Charly, la plus petite grande roue de l'univers. C'est une vraie minie grande roue avec des nacelles qui bougent, c'est un manège à sensation pour les enfants, c'est une attraction. Pour tourner la roue des enfants, il faut être dans une grande roue et tourner comme un hamster... Là on est trois, avec Monsieur Charlie, c'est haut en couleur comme on a une platine vinyle, on diffuse du gros rock et en même temps, c'est une animation pour les enfants. C'est de la rue, on a nos personnages et puis après on improvise avec tout ce qui se passe.
Propos recueillis par #PG9
PROCHAINES DATES:
Saint-Marc-Sur-Mer (44), 17, 24, 31 Juillet & 7, 14 Août:
Monsieur Hulot en déambulation sur le marché nocturne
Chateau de Vair, Anetz-Varades (44): 8 & 29 Juillet:
"Attention Dragons!"
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