Notre dossier consacré au Théâtre Montansier de Versailles se poursuit (et se termine ici)... Après une présentation globale de la Saison par sa co-directrice, Geneviève Dichamp [à lire ici: Théâtre Montansier, Versailles. Un théâtre pour rêver par Geneviève Dichamp] et un entretien avec celui qui l'a ouverte en y créant le spectacle de son nouvel album, Thomas Fersen [à lire ici: Thomas Fersen crée son nouveau spectacle: "c'est tout ce qu'il me reste"], nous allons rentrer dans le processus créatif de Céline Schaeffer pour "La République des Abeilles" créé dans le IN du Festival d'Avignon cet été. Le parcours, le discours, le projet, la démarche, l'objectif poursuivi... tout est passionnant. Plongez donc dans ce monde fascinant façonné par la nature avant qu'il ne soit trop tard. Bonne lecture
Enchanté Céline. On va faire un petit panorama de choses. D'abord, Avignon, vous venez juste de rentrer. Les 11 représentations se sont bien passées?
Oui, très bien, on est très contents. La 1ère a eu lieu le 16 juillet à la Chapelle des Pénitents Blancs. Je suis contente parce qu'Avignon, ça n'est jamais simple. On est arrivés dans le lieu deux jours avant la première. Il fallait donc être prêts, avoir créé le spectacle avant mais sans public ! On a réussi à mener cela pendant 3 semaines de résidence à la Roche sur Yon avec l’équipe au complet. Ce temps de concentration, tous ensemble, a été très précieux pour la réalisation du spectacle. La Chapelle des Pénitents Blancs, m'avait beaucoup inspirée pour la conception de la scénographie. Ce lieu a été le point de départ d’une réflexion sur la question de l'espace et de la représentation de la ruche.
Vous vouliez totalement habiter l'espace précis dans lequel le spectacle allait être créé...
Exactement, tout en souhaitant qu'il puisse s'adapter dans d'autres lieux, bien entendu. Avant de faire du théâtre, j’ai une formation de plasticienne, et c'est vrai que la question du lieu dans laquelle une œuvre se donne, m'a toujours interpellée. Elle a toujours été le point de départ d'une écriture de spectacle, de performance ou d'installation... Là, je savais que le lieu réservé aux spectacles jeune public était la Chapelle des Pénitents Blancs d’Avignon: c'est, déjà, une ruche en soi ! Un peu comme les théâtres à l'italienne d'ailleurs. L’architecture de la chapelle : ses colonnes, ses voûtes… m’ont beaucoup inspirée. D'ailleurs, Maeterlinck appelle la ruche "le royaume de cire".
Avant de revenir à "la République des Abeilles", on va partir du départ, c'est à dire de votre parcours. Qu'est-ce qui à un moment donné dans votre vie à vous, vous a donné envie de travailler sur les représentations du réel ?
Quand j'étais dans mon école d’art appliqué (Olivier de Serres), j'ai fait des fresques, de la peinture murale grand format. Il y a un rapport avec le mur, le matériau, quelque chose de brut, de monumental, qui engage totalement le corps et qui m'a toujours plu. Un peu comme en sculpture aussi. Je pense que le glissement qui s'est fait entre les arts plastiques et le théâtre se situe à cet endroit : un glissement de l’espace du mur à peindre vers l’espace de la scène. J’ai toujours aimé soit travailler directement dans le lieu qui doit accueillir l’œuvre, soit à partir de celui-ci. La question de l’espace est première. Et puis, il y a aussi cette collaboration avec l’auteur Valère Novarina, depuis une vingtaine d'années. Le travail à partir de sa langue poétique, non-narrative, non psychologique, place la question de la scénographie à un endroit particulier. Comment créer un espace de jeu, une scénographie à partir d’un récit qui n'est pas narratif ? Comment représenter un espace permettant au spectateur de comprendre, de saisir tous "les sens" de la pièce ?
Toute ces questions que j’ai traversées pendant ces années de collaboration artistique avec Valère Novarina m’ont permis de continuer d’appréhender et de creuser les liens qu’il y a entre peinture et écriture. Sur un plateau de théâtre, "l’espace", son mouvement, la traversée des objets racontent autant que le texte! C’est la rencontre des mots, de l’écriture de la pièce (qu’elle soit narrative ou non) avec l’espace qui fait sens.
Ma rencontre, il y a plus de dix ans, avec "La vie des abeilles" de Maurice Maeterlinck n'est pas arrivée totalement par hasard. En dehors de mon intérêt pour cet auteur que je connaissais surtout par son théâtre, dans mon travail de plasticienne, je me suis toujours beaucoup intéressée aux artistes qui questionnent le lieu, le paysage. Comme les artistes du "Land Art" qui interviennent directement "in situ" dans des espaces souvent monumentaux. A travers leurs actions, ces artistes posent la question de notre lien à la nature, à l’environnement. Cette réflexion sur le lien de l’homme à la nature m’interpelle depuis toujours. En lisant "La vie des abeilles", j'ai été sensible à un aspect particulier: la langue poétique à l’épreuve de la ruche. Je me retrouvais devant la question de la représentation de cette dernière. Comment raconter sur une même et unique scène toutes ces étapes de la vie des abeilles? Comment représenter la ruche?
Ce qu'on ressent de ce que vous dites c'est le geste créatif qui fait passerelle entre l'abstrait et le réel. Le geste lui-même.
Oui, c'est ça. C'est concret. Tout est vrai, très concret. Il n'y a pas de psychologie: les actions font sens. Dans "La République des abeilles", je demandais aux acteurs de porter un soin particulier "au faire", aux actions sur le plateau. Dans le monde animal, il n'y a pas de psychologie mais un déterminisme. Dans le spectacle, les acteurs font et défont l’espace, transportent des objets, fabriquent et déplacent des accessoires… cela fait partie du récit. D'ailleurs, c’est très beau de regarder un apiculteur travailler. Une certaine émotion jaillit du rythme et de la précision d’un geste. C’est comme regarder un danseur, un peintre, un sculpteur... mais aussi un boulanger ou un ouvrier travailler. C’est la beauté du geste, de l’action !
Et donc, dans tout ce parcours, vous avez épousé la ruche on va dire.
Oui.
Vous parlez du corps, du geste et donc on retrouve la danse, évidemment...
C'est la première fois que je travaille avec une danseuse. Marion Le Guevel est aussi comédienne et c’est surtout à travers le jeu que je l’avais rencontrée auparavant. J’ai toujours souhaité que dans le spectacle, il y ait une dimension chorégraphique car je voulais parler des danses des butineuses, ces fameuses "danses en 8", dites "frétillantes", découvertes par Karl von Frisch dans les années 1940. C'était important pour raconter "ces danses", qui sont un véritable moyen de communication entre les abeilles, que cela passe par une parole dansée ! Je ne voulais cependant pas qu'il n'y ait que de la danse, tel que l’on peut l’entendre dans son rapport "performatif". C'est pour cela que j'ai souhaité réunir une comédienne-danseuse et une danseuse-comédienne. Cela m'intéressait de travailler autour d'un duo composé comme ça.
La danse des abeilles n'est pas qu'une danse, c'est un langage en fait...
C'est un outil de communication très précis. En frétillant du bassin, les abeilles butineuses transmettent aux autres abeilles restées dans la ruche des informations extrêmement précises sur l’endroit et la distance où elles ont trouvés de la nourriture. Quand les premières butineuses reviennent, elles dansent sur le bord d’un rayon de cire, situé à l’entrée de la ruche. Cela crée des fréquences, des ondes qui appellent les autres abeilles plus éloignées de l’entrée. Chacune leur tour, elles vont s’approcher et danser la même danse qui contient donc toutes les informations. L’orientation de la danse de la butineuse se fait par rapport à l’axe du soleil. La direction du mouvement de la butineuse renseigne sur l’endroit où se trouve la nourriture, sa durée donne des informations sur la distance à parcourir et son rythme sur la quantité de nourriture. Plus il y a de fleurs, plus l’abeille frétille! Au fur et à mesure de la journée, les butineuses déplacent l’axe de leur danse en fonction du rayon du soleil. Toutes les abeilles trouvent donc le chemin sans problème à n’importe quel moment de la journée. Dans la scène des butineuses, j’ai souhaité raconter cette découverte uniquement par la danse et l’espace. Marion danse dans un espace restreint, délimité par un petit cercle de lumière et la chorégraphie reprend au pied de la lettre le dessin du 8, le frétillement du bassin que font les abeilles. Toutes ces informations, cette documentation sur la vie des abeilles que j’ai entreprises en amont des répétitions m'ont beaucoup nourri pour la mise en scène du spectacle.
Je suis très heureuse car certains apiculteurs qui sont venus voir le spectacle m'ont dit qu'il y avait quelque chose de poétique, mais aussi de très juste scientifiquement. Cela m’a fait très plaisir: leur regard m’importait beaucoup et ce lien dans le spectacle entre poétique et didactisme qui tient sur un fil me tenait à cœur. A nous de garder maintenant toujours intact ce fil tendu, cet équilibre sensible entre la langue poétique de Maeterlinck et la connaissance de la ruche. J’ai toujours souhaité raconter cette histoire à la manière d’un conte où tout est vrai ! C'est pour cette raison que je qualifie ce spectacle de "conte-documentaire". Un conte parce que ce qui est porté par la langue métaphorique de Maeterlinck rend cette vie des abeilles absolument magique et aussi documentaire car j’ai toujours eu le souci et le désir que chaque information donnée soit juste scientifiquement. Le merveilleux se trouve dans la connaissance scientifique. Je trouve cela merveilleux d’apprendre que la reine a la capacité de choisir le sexe de l’œuf qu’elle va pondre, de savoir qu'elle pousse un cri en naissant pour chasser ses rivales et devenir l’élue, qu’elle secrète une odeur (une phéromone) qui empêche les ouvrières de pondre et qui sera également l’odeur de la reconnaissance de la ruche, que l’abeille sait compter… Il se passe des choses à la fois merveilleuses et effroyables que j'ai souhaité dire dans le spectacle.
Pour rendre réel tout ça, vous avez utilisé toutes les capacités du spectacle vivant. On a parlé danse, théâtre, il y a aussi les images, les musiques, la scénographie... Il y a tout.
Oui. Et il y a même un travail sur l’odeur ! C'est un peu une surprise mais dans le monde animal l’odorat est sans doute le sens le plus important… Pendant la préparation du spectacle, j’ai rencontré des apiculteurs qui m’ont permis d’approcher la ruche. Je voulais sortir des livres, faire l’expérience sensible du réel. Ce qui m’a saisi la première fois que j’en ai visité une, c’est la chaleur qui s’en dégageait et son odeur. Une odeur très forte et singulière comme une sorte de mélange de bois, de fleurs, de miel et de cire… J’avais l’impression d’être devant un animal. J’ai réalisé à quel point la ruche convoquait tous nos sens: la vue, l’ouïe mais aussi l’odorat, le goût, le toucher… Paradoxalement, quand on est autour de la ruche et que l’on voit toutes ces abeilles voler, il y a quelque chose qui peut faire un peu peur, mais finalement quand on l'ouvre et qu’on s’approche très près, on se retrouve devant une masse, un corps (composé de millions d'abeilles agglutinées les unes contre les autres) qui bouge lentement et qui semble respirer comme un poumon. Il n'y a pas du tout d’agitation. On y perçoit une organisation, des circulations - comme devant une fourmilière. Et puis, il y a aussi le son. Toute une gamme de sons est produite par les abeilles en fonction des événements, des épisodes de la vie de la ruche : l’essaimage, la naissance de la reine, le son des danses que produisent les butineuses. Un univers sonore extrêmement riche dont Peter Chase, le compositeur, s’est d’ailleurs inspiré dans sa création musicale. En effet, une équipe s’est constituée à l’instar d’une ruche pour réaliser le spectacle. Elie Barthès est venu me rejoindre sur la scénographie et a créé la vidéo. Lola Sergent, qui a créé les costumes, est aussi venue collaborer sur la scénographie. Peter Chase a donc composé l’espace sonore de notre ruche, Jean-Pascal Pracht l’a éclairée, Julien Avril m’a accompagnée sur la dramaturgie etc…Ce qui était formidable, c’est qu’un dialogue était toujours présent et actif entre nous tous. Personne n’était dans son coin à travailler uniquement sur sa partition. Les différentes disciplines artistiques œuvraient ensemble. Je souhaitais que tout soit poreux. Je voulais que le costume des interprètes soit en lien avec l’autre corps qu’est la scénographie, que la vidéo soit pensée comme matière et lumière, que l'on soit dans une chose totale, une pensée commune... Ca a été formidable. Il fallait trouver enfin son orchestration et c’est tout. Vous avez créé votre propre ruche, qui est à la fois celle qu'on a sur scène, que vous reconstituez, mais qui est aussi cette équipe.
Exactement. Je défends ce principe-là. Depuis 20 ans avec Valère Novarina, on est une équipe fidèle, parce que quand ça marche, ça rend plus fort. L’échange et l’écoute permettent le déplacement du point de vue et parfois c’est utile ! Seul au théâtre on n’est rien. C’est ensemble qu’un spectacle se fait ! On était une vraie ruche ! Tous indépendants et travailleurs, mais dépendant les uns des autres et œuvrant ensemble pour notre bien commun: "La République des Abeilles"!
« Isolée l'abeille ne vit pas ».
Karl van Frisch a dit : «Tu ne peux avoir qu'une poule, qu'un poisson, qu'une vache, qu'un mouton, qu'un chien, mais tu ne peux pas avoir qu'une seule abeille. Elle mourrait au bout de peu de temps». J'adore cette réplique, elle est dans le spectacle.
L'abeille a besoin des autres.
Celle dont on parle dans le spectacle, l’abeille domestique, l’abeille à miel, oui. Comme le dit Maeterlinck, "elle a besoin de respirer la multitude. L'abeille est un être de foule". C'est très beau. Il le dit avec ses mots de poète, les scientifiques parlent, eux, de "super organisme". Cela fait partie des réflexions que j'ai eues pendant l’écriture du spectacle et de son espace. Comment montrer que tout est lié? J’écrivais en même temps que le décor se construisait, que des choix se faisaient avec les costumes, la vidéo, le son.... Tout avançait en parallèle et ça a été comme ça jusqu'à la générale ! J'aurais été incapable d'écrire un texte d'un côté et de dire "on va imaginer une scénographie et à un moment tout se rencontrera". Il fallait que tout avance ensemble, je ne pouvais pas travailler autrement !
On ne dira pas tout là, mais, à un moment, vous soulevez le problème central de l'avenir des abeilles... et celui de notre société qui sont sous-jacents au projet.
Maurice Maeterlinck raconte la vie d’une ruche en 1901. Tous les épisodes de la vie des abeilles dont il parle, qui se déroulent sur une année, sont dans le spectacle. J’ai souhaité raconter cette vie sur un an, en prenant en compte un cycle de la nature. Maeterlinck parle de la vie des abeilles à une époque où la nature ne se porte encore pas trop mal. Malheureusement, aujourd'hui la nature s’est fortement dégradée et la disparition en masse des abeilles n’en est que le triste constat. Aujourd'hui, ce qui se passe est très grave : les abeilles meurent et beaucoup d’espèces (surtout les sauvages) sont en voie de disparition. Les ruches souffrent du frelon asiatique, du varroa, mais aussi du changement climatique et, beaucoup, des pesticides… C'est multi factoriel et très inquiétant. Bien évidemment, je voulais en parler, parce que c'est grave. On ne peut pas parler de la nature et des abeilles sans parler de ce problème. C'est impossible. C’était un endroit très délicat pour moi à traiter dans le spectacle car je ne voulais pas être dans un discours catastrophiste, mais en même temps, je voulais qu’un message très clair soit entendu. On a traité ça à notre manière.
Ce qui se passe à la fin, est à la fois très parlant et redoutable.
Un jour, j'écoutais une émission de radio. Un apiculteur et un scientifique parlaient de ce que l’on nomme "le syndrome d’effondrement des colonies". Ils disaient qu'aujourd'hui avec l'utilisation en masse des pesticides dans l'agriculture intensive, la nature était devenue silencieuse et stérile. Mais le silence et la stérilité c’est la mort! Une nature qui se porte bien est bruyante et foisonnante. Et puis au théâtre, les mots habitent aussi l’espace. Alors, je me suis dit que, pour raconter cette scène, j’allais partir de la question de l'espace et du langage et que j’allais attaquer l’espace par les mots...
Passionnant. Le spectacle part en tournée après Avignon.
A partir d'octobre. On reprend à Aurillac début octobre, après on va à Versailles et dans d’autres villes jusqu’en avril.
Vous avez envie de rajouter quelque chose ?
Le spectacle est une plongée dans la vie de l'abeille et non dans l’apiculture. Depuis le départ, je souhaitais donc qu’il y ait d’une façon ou d’une autre un lien avec ceux qui s’occupent des abeilles et qui ont le souci de les protéger. Le Festival d’Avignon a fait appel à l'association "Car elles butinent". Je souhaitais aussi que les spectateurs partent avec le goût de la ruche. Des apiculteurs de l’association, vêtus de leur costume "d’homme blanc et invisible", étaient à la sortie du spectacle et faisaient gouter du miel aux enfants. Ils avaient apporté différentes sortes de ruches, des outils et certains produits comme de la cire et du miel… Cette "petite installation", en lien et dans la continuité du spectacle a permis de créer un échange avec les spectateurs sur d’autres aspects qu'il ne traite pas. Les apiculteurs sont extrêmement sensibles aux problèmes environnementaux et aux abeilles qui sont les sentinelles de notre avenir ! J’ai fait la même demande à tous les théâtres où l’on va aller: se rapprocher de l'apiculteur de sa région. Ça me plairait beaucoup que dans chaque ville où l’on ira, il y ait une collaboration avec des apiculteurs locaux. Aussi parce que l'abeille du nord n'est pas la même que celle du sud, que le miel des Cévennes n'est pas le même que celui de Bretagne... La richesse et la beauté se trouvent dans la diversité.
Dans tous les lieux à la fin, il y aura une rencontre avec des apiculteurs.
Je l’espère...
[A suivre!] - Propos recueillis par #PG9 en Août 2019
"La République des Abeilles" de Céline Schaeffer
Prochaines représentations:
#Versailles Mercredi 16/10, 15h: Le Montansier. Infos: ici
Puis...
Maison des Arts du Léman - Thonon - 22 et 23 octobre 2019
Forum de Meyrin 13 et 14 novembre 2019
Le Grand Bleu - Lille - 21 au 23 novembre 2019
Le Grand R - La Roche-sur-Yon - 26 au 28 novembre 2019
Théâtre Nouvelle Génération - CDN de Lyon 10 au 20 décembre 2019
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