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[Plonger dans l’âme de...] Arthédone

La magie des réseaux sociaux est d'ouvrir un champ de culture infini et de rendre toutes les rencontres possibles aux curieux... C'est la conclusion de cet échange, comme vous pourrez le constater sur une observation pertinente "hors cadre". Mais ça en est surtout le point de départ. Nous échangeons depuis un moment avec Arthédone. Le temps était venu qu'il nous raconte son parcours: travailler jour après jour pour construire son chemin en toute liberté!


Arthédone par Alexandra Lorenzini (C)

Bonjour Arthédone, ce que tu construis est super intéressant. D'où viens-tu, qui es-tu?


Je suis un toulousain expatrié en région parisienne depuis une 10aine d'années. J'ai fait mes premières armes musicales à Toulouse avec des potes étudiants... Premières chansons, premières dates, premières galères... C'est une formation à la rude, mais au moins tu apprends! On était 5 au départ: 2 guitares, basse, batterie et moi au chant. C'était vraiment un groupe influence hard-rock: "Guns and Roses", "Metallica"... On faisait des reprises et puis on a commencé à écrire nos premières chansons. Après, le line up a évolué, par la force des choses: un groupe d'étudiants évidemment, tout le monde bougeait à droite à gauche! Mais au final c'était cool. On a gardé de supers liens.


Tu étais étudiant en quoi?


En science. J'ai toujours aimé les sciences et les arts. D’ailleurs, je ne vis pas encore de la musique, mais grâce aux sciences: je suis prof en Lycée en banlieue parisienne.


Et tu aimes bien ça aussi?


Oui, bien sûr. J'étais conscient des difficultés du métier de musicien, j'y suis toujours allé à fond quand même, mais les réalités économiques font que pour manger et pouvoir aussi financer des projets artistiques personnels, soit tu fais des reprises, ce que je fais parfois, soit tu as un autre boulot plus ou moins éloigné de la musique (en salle de spectacle, magasin d'instruments, bar...). Perso, j'ai choisi d'être prof et j'aime beaucoup ce métier.


Tu as quitté Toulouse pour être prof ou pour la musique?


Les deux à la fois. La réalité du métier de prof, c'est que, dans le publique, tu pars souvent en région parisienne. Ca été mon cas. Parallèlement, j'en ai profité pour tenter quelque chose en musique. Je suis reparti à zéro en espérant rencontrer du monde, créer des liens... et de fil en aiguille est né "Nantarès", un groupe de hard rock en français. On a arrêté mi 2015. Après, j'ai décidé de me lancer en solo.

Tu comptes garder les 2 activités longtemps?


Tant que je ne vis pas que de la musique, je suis obligé de garder les deux. Si par magie un jour, j'arrive à écrire la chanson qui cartonne et à trouver des dates pour une vraie tournée avec des salles remplies, le choix sera vite fait! Mais on n'en est pas là et je ne connais pas la formule magique...


Donc de fil en aiguille, tu avances bien, tu en es où, là? Qu'est ce qui se prépare?


J'ai sorti 3 premiers titres avec celui que je considère comme mon mentor musical: Dave Kynner. Il travaille pour Tiken Jah Fakoli. Il avait réalisé le 2ème EP de "Nantarès". Je suis allé le voir, je lui ai raconté la situation, mes envies... Il m'a dit "écoute, on va faire 2-3 titres et on verra où ça va". On l'a fait. Puis, j'ai commencé à faire des vidéos, des concerts en acoustique avec mon guitariste, Rémy Vasseur et, petit à petit, après un an de dates, de scènes ouvertes, de rencontres, je sais mieux ce que je veux. Donc, après le Labo d'Astaffort, dont je fais la 2ème étape fin août, on fera une résidence pour faire des vidéos live avec le groupe en soignant particulièrement le son...


Tu construis ton répertoire, avec tes chansons, tes textes et musiques...


Je fais aussi des collaborations à droite à gauche, c'est l'avantage d'être seul. Par exemple, à Astaffort, j'ai rencontré deux chanteuses (Christel Pourchet et OLeti) avec qui on a écrit une chanson. On veut l'enregistrer parce que on en était plutôt contents. J'ai d'autres amis (Alim du groupe Motor Kids, Flavien de L’artisan d’histoire...) avec qui je joue aussi, on va tenter des choses juste pour le plaisir.


J'ai regardé ton actualité sur Juin. Tu fais beaucoup de bars, scènes ouvertes....


Pour jouer en compos, il faut déjà un gros public qui te suit, mais moi c'est pas encore le cas. Du coup, les scènes ouvertes te permettent de jouer devant un public qui ne t'a jamais vu et de tester tes chansons. J'aime vraiment l'exercice: il faut convaincre. En plus, tu rencontres du monde, dont des pros... et tu peux commencer à créer des liens. Après, parallèlement, pour le mois de Juin, on va faire des dates en reprise dans des bars. Je ne le refuse pas, parce que ça fait tourner tes musiciens. C'est toujours bien.




Vous avez besoin de vous connaitre...


Il y a plusieurs écoles. Dans l'air du temps, on dit qu'il faut que ton projet soit parfait pour le sortir. Y'a une part de vrai là-dedans, mais, fédérer une équipe, c'est un peu comme en rugby ou en foot. Plus on fait de matchs ensemble, meilleurs on est. Des bons musiciens à chaque poste, tu peux toujours en trouver, cela dit, une équipe soudée, qui aime jouer ensemble, c'est super important... Bruce Springsteen et ses musiciens, ça fait 40 ans qu'ils tournent. Quand tu vas les voir, c'est extraordinaire: ils se connaissent par coeur, leur plaisir de jouer ensemble est palpable. Je pense que là, y'a une leçon... C'est pour ça que je ne néglige rien, aucune date. Un patron m'engage, on fait la soirée. Jouer devant du monde qu'on ne connait pas, ça force à travailler, à se remettre en question. C'est toujours bien.


Bruce Springsteen reprend “You Never Can Tell” à l’arrachée à la demande de son public... https://www.youtube.com/watch?v=L-Ds-FXGGQg

Et tu en profites pour tester tes compos?


Il faut en placer une ou deux à chaque fois! Les gens peuvent le demander entre deux sets. Et là, on prend la folk... et on joue. Après, au milieu de reprises, tu peux aussi placer une compo. Mais ça dépend des dates, faut discuter avec la personne qui t'engage, c'est au cas par cas.


Donc tu rodes ton équipe, tu travailles tes compos. Comment une chanson arrive-t-elle?


J'écris beaucoup, régulièrement. J'essaie d'être productif, d'avoir vraiment de la matière. Mon guitariste, Rémy Vasseur, fait les arrangements. Pas moi. Je suis juste guitare voix. Bien sûr, j'ai des idées, mais ce n'est pas mon métier d'arranger: je suis auteur compositeur d'un côté, interprète de l'autre, mais pas ce qui se passe au milieu. Je travaille beaucoup avec Rémy et puis je commence à bosser avec un autre guitariste, Alim, le chanteur du groupe Motor Kids. Une fois que le 1er guitare-voix est prêt, je leur chante la chanson et ils m'aident à l'améliorer. Ils le font sonner pour que ça devienne meilleur.


Vous vous voyez beaucoup?

Photo: Garuel (C)

Essentiellement pour les grosses dates. On se voit souvent avec Rémy ou Alim pour poser des choses. Par contre Jules (Brosset) à la basse, Muss (Da Akwesi) à la batterie, ou même Olivier (Proton), le poly-instrumentiste, on se voit seulement pour des sessions avant les événements importants. Un mois - 15 jours avant, je leur envoie les chansons, la set-list, le cahier des charges on va dire, quitte après à ce que je les rencontre individuellement en atelier. Par exemple, le poly-instrumentiste, qui fait les choeurs avec moi, on s'est vus chez lui et chez moi, on a bossé pour avoir les choeurs les plus précis possibles et quand on s'est vus avec tout le groupe, ça sonnait déjà à deux au niveau des voix. C'est un travail d'atelier séparé quelque part... A la fin, tout se regroupe.


Ta prochaine grosse date, justement, c'est quand?


Le 9 juillet, Le Sax Achères 78. C'est une SMAC qui fait des soirées "Local Heroes" sur plusieurs jours. Ils vont installer une grosse scène, j'aurai 40 mn pour jouer mon répertoire. Il y aura toute mon équipe. J'ai aussi une date pour une asso humanitaire le 25 Juin et je vais y jouer compos et reprises.


J'ai vu des photos de toi avec Cabrel à Astaffort... Tu peux en dire plus?


Je prépare les Rencontres! J'y travaille, je croise les doigts... En fait, pour les indépendants comme moi, on commence par faire les labos chansons sur 2 jours, c'est ce que j'ai fait en Avril. Tu leur envoies quelques chansons, des textes aussi. Si tu les intéresses, ils t'appellent et tu fais la formation. Les rencontres, ça dure 10 jours, c'est un cran au dessus parce que là tu croises, comme son nom l'indique, des professionnels (maisons de disques, labels). Cabrel est beaucoup plus présent... C'est pas que pour les indépendants, y'a des gens extrêmement suivis aussi. La concurrence est plus dure. Là, je vais faire la deuxième étape des labos, sur la gestion de projet, parce que j'ai vraiment envie d'aller à l'étape d'après. 10 jours à faire de la musique toute la journée, c'est un peu le rêve! Tu passes tes journées à écrire. Au début, t'as rien. A 14h, ils te disent, voilà ton équipe et dans 4h vous livrez votre chanson! Donc, y'a intérêt à être efficace... Il faut tout écrire, tout faire... On n'a pas le temps d'avoir des problèmes d'égo, on fonce...


Pour les rencontres comment est-ce que tu sauras si tu y participes ou pas?


Vers décembre ou janvier, j'enverrai les nouveaux titres. En guitare-voix, ça leur va très bien. Il faut juste que le son soit nickel. T'es pas obligé d'être connu, mais si t'es parrainé, ou s'ils te connaissent, c'est toujours plus simple. Pour une 15aine de places, ils reçoivent entre 150 et 200 dossiers par an. Cabrel pensait que ça s'arrêterait, il n'imaginait pas que chaque année y'aurait autant de monde (c’est ce qu’il dit dans ses interviews). Les Rencontres de mai 2018 m'intéresseraient beaucoup... Je vais essayer de faire de bonnes chansons, de bonnes vidéos, en tenant compte de ce qui été bon et d'améliorer tout ce qui peut l'être pour que le spectacle que j'ai en tête avance.


“Rencontres d'Astaffort”, organisées par l’association “Voix du Sud” http://www.voixdusud.com/historique.html

Tu réussis à écrire quand? Parce que ton boulot de prof et les concerts te demandent pas mal de temps...


Je dors pas beaucoup. Ca peut expliquer les cernes parfois... Dès que j'ai un peu de temps et de sérénité, j'écris!


Y-a-t'il un groupe dont tu aimerais suivre un peu le chemin? Tu parles souvent de "Guns And Roses" ou "Nirvana" par exemple...



Photo: Michel Dahyot (C)

Compte tenu de mon vécu, je peux pas dire que je pourrais être dans le trajet de ces groupes-là, des trajets d'écorchés, des gens qui ont eu des vies dures jeunes, c'est pas du tout mon cas. J'ai des parents super, je n'ai pas à me plaindre du tout. Alors que la vie d'Axel Rose, c'est pas drôle du tout au départ. Parmi les artistes qui me plaisent aujourd'hui, il y a Fantastic Negrito. Je le trouve extraordinaire. Dans une ITW, il dit: "j'avais plus de 40 ans, je sortais de mon coma - lui pareil, il va une vie très dure - je croyais que personne en aurait rien à cirer du blues que je chante..." Au final il a sorti son 1er album, il a gagné un Grammy Award, il a tourné en 1ère partie de Chris Cornell... En fait, Fantastic Negrito, c'est du modern blues, il a amené quelque chose à lui. Le personnage est extraordinaire. C'est un formidable espoir: il te montre que tu peux avoir plus de 40 balais - ce qui n'est pas mon cas - et être une belle découverte. J'ai l'impression que ma trajectoire, si elle doit se passer, elle ressemblera plutôt à des gens comme ça. Arriver sur le tard, lentement, mais sûrement, en se battant tous les jours. Pas une trajectoire de comète comme les Guns ou Nirvana que j'admire, mais on n'a pas eu les mêmes vies...


D'ailleurs tu es prof à côté... Tu construis sur des chemins que tu sécurises, et ça ne t'empêche évidemment pas d'être créatif!


En fait, t'as pas le choix: y'a une réalité économique. Pour connaître beaucoup de musiciens qui tournent énormément, ils ont presque tous un job de jour. A part le réalisateur de Tiken. Lui, il vit exclusivement de la musique en général, mais pas que de SA musique. En fait, grâce à mon métier, si j'ai envie de produire une chanson de telle manière, avec telle ou telle personne, je le peux. Je suis indépendant. Et pour moi c'est super important.


En même temps, ça t'aide pour l'écriture, non?


Alors, disons que je suis confronté au réel de la société. Certes, je travaille dans un coin plutôt agréable, mais le fait de me lever tôt le matin, de faire cours, de voir les regards des gens, des jeunes, de parler avec eux, de voir les collègues, ça me plonge vraiment dans un réel où tout peut arriver. T'as de vrais sujets d'écriture. De mon point de vue à ce jour, ça m'a plutôt aidé. Je pense que quelqu'un qui écrit, un chanteur, est le reflet de son temps... On peut y arriver même sans avoir de job à côté, attention. Chacun sa manière de faire.


Comment tu sens la jeunesse de juin 2017? Comment tu sens le regard de tes élèves sur la société et sur l'art?


Sur l'art, c'est très varié, je les trouve intéressants. Encore une fois, là où je suis, c'est vraiment un coin cool. Dans la même classe, tu peux en avoir un à fond électro, ou rap, et en même temps, tu vas avoir un mec ou une nana qui va arriver avec un tee shirt de Nirvana, des Guns ou des Rolling Stones. Et moi, je suis toujours sur le cul quand je vois ça. J'étais petit quand ces groupes tournaient... C'est vraiment particulier. Cosmopolite. Internet a permis en fait l'accès à tout, c'est le côté positif des choses. Les mômes ils ont une culture musicale incroyable à leur âge. Après, t'en as qui s'en foutent de la musique et qui préfèrent d'autres choses, chacun son délire. Mais, le truc vraiment qui est dans l'époque et c'est la grande différence par rapport à la mienne, c'est que comme tout est accessible grâce à YouTube, de fait, les curieux accèdent à tout et ne s'en privent pas. Ils développent des cultures générales très intéressantes. Certains, à 16 ans, ont déjà des carrières comme DJ, musicien-ne, comédien-ne, ou au chant... Ils ont une précocité incroyable. Et ça peut vraiment sonner super!


Rentrez dans l’univers de Arthédone...

Une compo: “Le brouillard gagne sur moi” https://www.youtube.com/watch?v=00OvXBcxTfI
Une reprise: Guns N' Roses - “Sweet Child O' Mine” https://www.youtube.com/watch?v=hOPT5pZECVI


Twitter: @Arthedone






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