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[Le Théâtre et vous] SEBASTIEN LOISEAU - TPN44 (Promo 2020)

Dernière mise à jour : 25 mai 2021

Culture Etc a eu envie de donner la parole à des jeunes comédien.ne.s en cours de formation au moment de leur sortie d'école afin qu'ils parlent de leur parcours et de la place que le théâtre a dans leur vie: pourquoi? comment? Vous connaissez le principe de nos entretiens. Pour commencer -ou continuer, parce qu'à vrai dire il y en a déjà eu un certain nombre faits pour le format des [Plonger dans l'âme de...]-, parole à Sébastien Loiseau. Il est en 3ème et dernière année du Théâtre Ecole du Théâtre Populaire Nantais / Rue de Belleville à Nantes. Alors, Sébastien, le théâtre...?


auto-portraits d'élèves comédiens


Sébastien Loiseau. Photo: Sébastien Marqué (C)

Comment le théâtre est-il entré dans ta vie? Quel est ton premier souvenir de spectateur?


J'ai commencé à l'âge de 8 ans dans ma ville natale des Deux-sèvres, Mauléon. Il y avait des ateliers jeunes de théâtre, proposés par la Cie amateur Les Compagnons de la Tour. Ma mère pensait que c'était une bonne idée de m'y inscrire car j'étais un enfant qui aimait beaucoup faire rire mon entourage (que ce soit dans la vie ou à l'école d'ailleurs !). J'étais content d'y entrer, il y avait les copains de l'époque mais à part ça je ne me souviens pas avoir eu une envie particulière de théâtre. J'ai suivi l'intuition maternelle. Très vite j'ai découvert un monde qui me plaisait beaucoup, en coulisses comme sur scène. J'adorais la préparation, les répétitions, la découverte des costumes et des décors. Comme si on ouvrait les portes d'un lieu magique. L'idée d'avoir le droit de se fondre dans la peau d'un autre sur scène et que des gens viennent pour te voir, c'est un magnifique jeu pour un môme. Je me rappelle juste que j'avais du mal à être sérieux dans l'apprentissage du texte (mais lors des représentations tout allait bien). Je me souviens aussi du stress, cette énorme boule au ventre. Avant de jouer, j'avais envie de mourir alors qu'une fois sur scène j'avais envie de vivre l'instant à l'infini. En montant sur les planches, en jouant et en recevant des applaudissements, je crois qu'à l'intérieur de moi il y avait déjà un petit quelque chose qui m'apportait beaucoup de joie et cette envie folle d'y retourner la saison d'après. Ensuite je suis allé voir jouer le groupe adulte de la Compagnie. Je ne me rappelle pas du tout de la pièce, mais en voyant une salle comble rire à gorge déployée je me suis dit: "c'est quand même incroyable ce truc, je veux faire ça !"


Quand as-tu pris conscience que tu voulais en faire votre métier? Quel sentiment domine quand tu es sur scène?

C'était il y a environ 5/6 ans. A ce moment de ma vie, j'avais complètement arrêté le théâtre. Je faisais beaucoup d'intérim pour me financer des voyages, c'était mon but du moment car je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire. J'avais bien un Bac pro Commerce en poche mais bon ça ne me plaisait pas non plus. J'étais attiré par tellement de choses. Je me suis renseigné sur plein de métiers, j'ai même fait une formation de 6 mois en Lozère pour apprendre à transformer et vendre des produits fermiers, je voulais devenir fromager ! Enfin ça n'a pas duré... En Décembre, j'ai reçu un coup de téléphone des Compagnons de la Tour car une personne s'était désistée pour jouer un rôle de valet dans leur nouvelle pièce de la saison Le noir te va si bien de Jean Marsan. Ils cherchaient quelqu'un en urgence car les représentations étaient en Mars. J'ai donc dit banco et me voilà rabiboché avec mon vieil amour, le théâtre. Je me rappelle m'être énormément amusé avec ce personnage en m'inspirant de Mr Bean. Le soir de la première est arrivé, énorme plaisir à jouer de nouveau. Et au moment du salut, je me souviens que les applaudissements étaient très fournis et sincères. J'ai ressenti des frissons dans tout mon corps, j'ai même eu envie de pleurer tellement j'étais heureux. Ça y était, je voulais faire ça toute ma vie, le déclic. Sur scène ce qui m'importe c'est d'oublier tout ce que je sais de la pièce et de la mise en scène, de m'abandonner entièrement à ce qui se passe et de me laisser surprendre. Être connecté à mes partenaires et atteindre ce fameux "lâcher-prise", Saint Graal de tout-es comédien-nes.


Dans quelle mesure le théâtre a-t-il contribué à ton épanouissement personnel et y contribue-t-il encore?


Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu des problèmes de confiance en moi. L'humour que je mets dans ma vie n'est qu'une protection. Mais bon... j'aime quand même toujours autant faire rire la galerie ! Sur scène, c'est différent, je me sens vraiment vivant et moi-même. A la fois sur un fil et en même temps complètement ancré. Ce qui me plaît c'est l'apprentissage perpétuel que le théâtre nous apporte. Découvrir des auteurs, faire des recherches sur des thématiques bien précises pour enrichir nos personnages... Il y a toujours la possibilité d'apprendre.


Une partie des élèves du TPN44 - Promo 2020. Photo: Sébastien Marqué (C)

Qu'est ce qui a été le plus important pour toi pendant les 3 années du TPN? Ton regard sur le métier de comédien a-t-il changé (si oui comment)?


Ces trois années ont été très importantes pour moi car elles ont posé les fondations du comédien que je deviens aujourd'hui. Nous avons pu toucher à tout. Le théâtre, bien-sûr, mais nous avons eu aussi des cours d'improvisation, d'histoire du théâtre, de jeu face caméra, danse, atelier d'écriture, création de spectacle... etc. C'était complet. Mais ce qui me semble le plus important ce sont toutes les rencontres que j'ai pu y faire. Que ce soit dans ma promo, dans les autres ou bien par Régis, Flore, Mathilde et tous-tes les intervenants-tes. Je suis très heureux de connaître toutes ces belles personnes et de faire partie de l'école du TPN. Cette dernière année est la fin d'une aventure pour nous tous-tes et en même temps le début d'une autre. Des choses commencent à se concrétiser... Avec May et Cécile, nous créons une compagnie "La lionne à Plumes" avec une première pièce: "Fallopes" . Avec Cécile et Jules, nous montons une autre pièce intitulée "20 minutes avant que la mort nous fauche" de Wilfrid Renaud (auteur local, et oui !), mais nous n'avons pas crée de compagnie pour celle-ci. Nous attendons de voir les réactions et retours qu'on pourra nous faire. Nous avons deux représentations prévues pour la rentrée au Théâtre de la Rue de Belleville.

En parallèle de l'école j'ai eu la chance cette saison de jouer dans mes deux premières pièces professionnelles. La première est une création du théâtre 100 Noms: "Robin des bois, spectacle musical" ou j'ai interprété Petit-Jean, le Shérif de Nottingham et Richard Coeur de Lion. Le spectacle était joué, chanté et chorégraphié avec de la musique live. La deuxième pièce s'intitule "La très lamentable histoire de Charles et Irène Trouvé". C'est une comédie conjugale dans laquelle j'interprétais un narrateur sorti d'une autre époque, musicien et chanteur. Je suis musicien autodidacte depuis plusieurs années (accordéon, guitare, chant) c'est aussi grâce à ça que j'ai pu intégrer ces spectacles. Grâce à ces deux pièces j'ai pu basculer au régime d'intermittent du spectacle. Tout cela va bien sûr très vite alors que je ne suis pas encore sorti de l'école. Je ne réalise pas encore très bien mais je suis très heureux de ce qui m'arrive. Je peux penser un peu plus sereinement à la suite. Enfin, avec la pandémie que nous traversons, je n'arrive pas tellement à me projeter comme beaucoup j'imagine.


Quels sont tes espoirs? Quelles sont tes peurs?

Mes espoirs sont bien-sûr de réussir professionnellement. Apprendre encore et toujours plus de choses, rencontrer encore et toujours plus de gens, m'éclater encore et toujours plus. J'espère aussi que je ne deviendrais pas un vieux con, je veux garder mon âme d'enfant quand même ! Des peurs ? Peut-être que le ciel finisse par vraiment nous tomber sur la tête! Aux vues du désastre écologique qui ne fait qu'empirer, j'ai du mal à penser positivement aux générations futures. Qu'allons-nous leur laisser ? Chaleurs de plus en plus fortes l'été, montée des eaux, poumons de la terre en feu, etc. Le changement de cap est urgent et doit se faire de manière radicale. Nous devons apprendre à redonner une place et une importance à notre si belle planète dans nos vies. En arrêtant de la polluer par exemple, ce serait un bon début. Le confinement nous a fait ouvrir les yeux sur l'impact que nous avons sur elle. A nous de ne plus les refermer.


Un mot de conclusion?


J'espère malgré tout que la vie va reprendre son cours petit à petit en intégrant toutes les leçons que ce confinement à pu nous apprendre. En s'aimant les uns les autres, quelle que soit notre couleur de peau, notre religion, notre sexe, notre attirance sexuelle, notre âge.

J'espère que la culture se relèvera fièrement de cette épreuve et qu'elle continuera à nous surprendre et nous émouvoir, nous faire rire et pleurer. Tout simplement, nous rendre vivant-es.


Vos auteurs préférés : Joël Pommerat, Alessandro Baricco, Jean-Paul Didier Laurent (Tombé amoureux de son premier roman "Le liseur du 6h27") Vos comédiens préférés : Laurent Lafitte, Daniel Auteuil, Cécile de France... mais la liste est bien trop longue. Votre livre de chevet : Je ne suis pas un très grand lecteur (j'y travaille !) mais je dirais Into the wild de Jon Krakauer, je l'ai dévoré.


Sébastien Loiseau. Photo: Sébastien Marqué (C)


BONUS: "12 minutes avec..." SEBASTIEN LOISEAU (ITW)



auto-portraits d'élèves comédiens

(à suivre!)




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