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[Aux Petits Joueurs] Philippe Maniez. Le Jazz c’est mieux en Band!

Dernière semaine. Samedi 22 décembre, le Club de Jazz Aux petits joueurs fermera ses portes au 59 rue de Mouzaïa, Paris XIXème, après avoir activement contribué à la vie du quartier... et bien au delà! Après avoir soutenu de nombreux musiciens en les accueillant pour faire grandir leur projet. C’est notamment le cas avec Philip Maniez et The Dedication Big Band... Deux années de résidence, 24 concerts, le groupe est prêt: il rentre au mythique Studio de Meudon fin février 2019 pour enregistrer et prépare la saison 2019/2020. Avant tout ça, un dernier concert Mardi 18/12 “à la maison” avec un programme magique. Un beau parcours grâce aux énergies conjuguées du Conservatoire National de Musique (Conservatoire De Paris Cnsmdp) pour l’enseignement d’un côté et de ce lieu chaleureux, à l’ambiance familiale unique, pour la pratique de l’autre: merci Olivier, Sarah et toute l’équipe de Aux petits joueurs (...à suivre!)




Bonjour Philippe. D'où vient cette idée de créer un big band comme le « Dedication Big Band » ?


Bonjour Philippe. Je pense qu'elle est née à la base dans ma tête lors de forts moments pendant mon éducation musicale où j'étais en grande formation. J'ai beaucoup, beaucoup aimé ça. Ca a commencé quand j'avais 16-17 ans, je faisais de la percussion classique et on avait un grand orchestre de percussions classiques, on était une vingtaine à jouer: 8 marimbas, 8 vibraphones et des percussions afro-cubaines. C'était un projet très inhabituel, j'ai vraiment pris goût à ça. Peu de temps après, j'ai commencé à étudier l'arrangement à l'école Nationale de Musique de Villeurbanne, comme on fait dans un conservatoire de Jazz.

Tu es originaire de Villeurbanne, Lyon... Ce coin-là ?


Je suis lyonnais oui. Je fais partie de la clique des lyonnais.


Tu as débarqué à Paris quand ?


Il y a 7 ans, pour faire le Conservatoire De Paris Cnsmdp.


Tu y es encore où tu as fini ?


J'ai eu mon master il y a 3 ans.


Maintenant, tu joues dans plein de formations dont celle que tu as créé toi-même, The Dedication Big Band?

Exactement. Il y a quelques formations à mon initiative. Il y a aussi mon trio avec le bassiste Etienne Renard du Dédication et le ténor 2, Pierre-Marie Lapprand, j'ai aussi un trio avec Bastien Brison et Nico Moreaux qui s'appelle “Spirits”, mais mon petit groupe à moi, celui où je m'occupe vraiment de tout, de la gestion de l'équipe à l'écriture de la musique, c'est le Dedication.


Ton “petit” groupe comme tu dis ! Là, c'est la dernière soirée Aux petits joueurs qui vous a accueilli en résidence régulièrement ?


Oui. On a commencé en septembre 2016 et donc comme on est en décembre 2018, ça fait un peu plus de 2 ans. Ca fait notre 3ème année. En tout, on aura fait, moi je me suis fait remplacer pour 4 concerts si je ne dis pas de bêtises, 3 ou j'étais aux Etats-Unis, 1 où j'étais en Mongolie et ce sera le 24ème concert aux Petits Joueurs.


Extraordinaire comme aventure ! Pour le concert du 18 décembre, vous serez combien sur scène ?


On va être 18 ! Le Big Band, on est 17, mais Mathilde, une chanteuse avec qui je travaille beaucoup, va venir pour quelques morceaux avec nous.


Que jouez-vous?


Principalement des compos à moi. Il y a quelques arrangements aussi et quelques compositions de récemment, d'autres membres du groupe. Pascal Mabit, on va jouer un morceau de lui, c'est notre lead alto. Et on va sûrement jouer une composition de Pierre-Marie Lapprand, c'est notre 1er ténor et en plus de ça, il y aura quelques arrangements. Il y aura un truc de Fela Kuti, il y a également un arrangement que j'ai fait sur un morceau de Mathilde. Donc d'habitude, c'est un programme où on ne fait quasiment que ma musique, mais là on a envie d'ouvrir un peu l'éventail, il y aura une grande variété de choses. Il y aura également quelques chansons de Noël. Un Big Band qui fait des chansons de Noël c'est génial...


Comment as-tu créé cet ensemble ? Avec qui ?


Alors pour la plupart avec mes camarades. Pas mal de camarades de classe et de camarades, des musiciens, que je fréquente beaucoup. Pour la majorité, ils sont issus du CNSM. A l'exception de 5, 12 sont sortis du CNSM ou y sont toujours.


Votre lien avec le CNSM est super fin ? Tu y retournes régulièrement ?


Je ne suis plus trop en contact, à part avec mes camarades que je vois en dehors. Sinon , je ne fais plus grand chose avec eux. D'ailleurs le chef de département n'est toujours pas venu nous écouter alors qu'on est un petit bébé du CNSM...


C'est l'occasion donc Mardi 18/12...


Il faut que j'insiste !


Depuis 2016, que s'est-il passé ? Comment la formation a-t-elle évolué ?

Grâce à la résidence, on a une activité régulière, tous les mois au moins un concert. Sauf l'été. On a fait... La 1ère fait qu'on est sortis de Paris, on a fait une petite tournée l'année dernière, on a été invités à jouer au Théâtre de Roanne dans leur programmation culturelle et on a joué à la Clé de Voûte, ça, ça nous a fait voyager, c'était génial, c'est très formateur. Et dans le même mois, on a aussi joué à la Petite Halle pour la Jam de la Casserole on a été invités deux fois. Donc on a eu quelques périodes où ça nous est arrivé de jouer 3 ou 4 fois dans le mois, c'était génial et très rare pour nous. On est également allés jouer au Conservatoire de Saint-Cloud dans leur auditorium et on a également fait quelques matinées où on présentait le jazz et la musique en grande formation à des écoliers, des classes du CE1 au CM2, c'était hyper agréable.


C'était dans quel cadre ? Ces initiatives viennent de qui ?


Là, c'est le Conservatoire de Saint-Cloud qui nous a invités. Donc, il nous ont demandé de à la fois de jouer notre programme, donc de faire un concert, et de faire une présentation où on était libres.


Dans quelle démarche vous avait-il invité ?


L'envie de faire découvrir le jazz et les musiques improvisées par des grandes formations. L'envie de les éduquer, de faire venir un groupe de Paris jusqu'à chez eux et aussi c'est le directeur qui nous a contactés. Il avait déjà fait appel à Léo Jeannet, notre 2ème trompette. Il nous faisait confiance. C'est comme ça que c'est venu.


Et donc, 24 concerts aux Petits Joueurs, est-ce que tu as senti quelque chose de particulier se passer au sein de la formation ?

Oui. Certains soirs le feeling est juste très fort, une cohésion, une écoute, une envie de jouer. Ca, ça venait, ça repartait lors de la résidence. Par contre, quand on a voyagé ensemble, lors de notre voyage à Lyon, on s'est tous sentis très très bien parce qu'on a eu une expérience qui était plus que de jouer de la musique, on a passé beaucoup de temps ensemble, à voyager, on vivait ensemble, on dit que la musique se passe aussi pendant ces moments-là où on est en train de se connecter socialement. Pendant ces 2-3 jours, lorsqu'on était sur scène, tout le monde avait une concentration, une envie de jouer très très fortes et ça nous a fait gagner beaucoup de sons et de cohésion. Juste en quelques concerts.


Vous habitiez plus et mieux votre musique ?


Exactement.


L'avenir du Dédication Big Band, ça va être quoi ?


Un enregistrement. Fin février, on sera 3 jours au fameux studio de Meudon. Et on commence à envoyer notre Dossier de Presse et à essayer de nous faire programmer pour la saison 2019-2020.


Ca répond comment ?


On ne s'est pas encore lancés vraiment à fond on attend d'avoir des enregistrements, de la vidéo, de la promotion...


Le fait d'être nombreux vous aide, vous porte ?


Il y a plusieurs choses. A priori, au début, ça peut rendre les choses plus difficiles, simplement pour réunir tout le monde, pour trouver des salles assez grandes, mais néanmoins il y a également beaucoup de bénéfices. La musique en grand ensemble, elle porte lorsqu'elle est jouée avec beaucoup d'intention et la volonté de se fondre dans un groupe, ça fait quelque chose de vraiment incroyable. Et, évidemment, les réseaux de tout le monde peuvent servir et sans doute serviront.


Que penses-tu en gros du rapport aux jeunes musiciens et au jazz en France aujourd'hui ?

Vaste question. Je trouve qu'il y a un intérêt grandissant pour le jazz. Pour ma part dans la capitale, parce que mon expérience, c'est surtout mon expérience de musicien à Paris, j'ai pu voir pas mal de musiciens qui prennent des initiatives, qui vont ouvrir des lieux ou créer des opportunités pour que des musiciens jouent. Donc j'ai l'impression que maintenant, par rapport à quand je suis arrivé, il y a encore plus d'endroits où ça joue, où il y a de la musique. On peut aller à un bœuf. On peut jouer de la musique dans son contexte social traditionnel, donc aller jammer, boire un verre, rencontrer des musiciens. J'ai vraiment l'impression que ça fourmille beaucoup. A part ça, c'est surtout ce qui me frappe le plus. Les gens ont beaucoup envie de jouer, les musiciens sont de plus en plus informés, de plus en plus capables sur leurs instruments et on commence à voir une nouvelle génération avec des musiciens épatants.


Là, tu parles du point de vue des musiciens, mais comment sens-tu le public ? Est-ce qu'il répond présent ?

Ca dépend. Evidemment, en France le public a répondu moins présent ce mois-ci parce que pendant les périodes tumultueuses, politiquement, avec beaucoup de rassemblements et le froid, le public a répondu beaucoup moins présent. Pour ma part, j'ai un rendez-vous régulier au Baiser salé, j'y joue deux fois par mois avec mon trio « Spirits ». On a un public très curieux, toujours très varié, des gens qui viennent d'un pu partout dans le monde, c'est peut-être un des points forts à “Le Baiser Salé” et quelle que soit l'esthétique qu'on propose, moderne ou très trad, j'ai l'impression que les gens sont toujours attirés vers les mêmes choses dans la musique. Si on met beaucoup de notre intention, de chaleur, de partage, les gens vont passer un délicieux moment ensemble. Et ça, ça a toujours été le cas avec notre trio.


Paris est-elle une ville importante pour le Jazz dans le monde ou y-a-t-il d'autres villes beaucoup plus importantes que Paris ?


Il y a d'autres villes importantes, clairement. New-York. Il se passe beaucoup de choses à Los-Angeles. La Nouvelle Orléans est une ville importante mais je pense que Paris est une ville qui plaît énormément aux musiciens de jazz. Elle plaît parce qu'il y a un niveau relativement élevé, il y a beaucoup de très bons musiciens, il y a plusieurs communautés différentes, plusieurs cliques, donc les musiciens qui viennent de l'étranger peuvent retrouver, peuvent se sentir à la maison. Le monde du Jazz est petit et comme il y a beaucoup de musiciens à Paris, tout le monde connaît quelqu'un à paris, j'ai l'impression que beaucoup de musiciens américains se plaisent beaucoup à Paris, parce qu'on peut retrouver un très bon de musiciens. Et parce qu'il y a une qualité de vie qui, pour les musiciens de jazz, est supérieure à New-York. En plus de ça, les français sont très friands de musiciens US... Par exemple, il y a Joe Sanders qui est ici, le contrebassiste, pendant un moment on a eu Seamus Blake également, on a le contrebassiste Alex CLaffy, il y a l'italien Francesco Geminiani qui vient de déménager ici. Ce sont tous des musiciens qui savent qu'ils peuvent retrouver ici une clique inspirante et une scène foisonnante.


Super ! Vive le Jazz...


En tous cas, à Paris, on ne se fait pas chier. Il se passe beaucoup de choses. C'est une des raisons pour lesquelles on voit de plus en plus de musiciens c'est une capitale qui se remplit !

Le mot de la fin sera pour l'équipe de “Aux Petits Joueurs”. Qu'aurais-tu à dire à Olivier et à son équipe?

Je dois le remercier infiniment. Si je dois dire un mot c'est “MERCI”. Si je peux en dire un autre, c'est “Continue”! Parce qu'il a donné à beaucoup de musiciens la chance de se produire. Moi, c'était un petit rêve que j'avais de réunir un Big Band, je ressentais le besoin de le faire à une période particulière. Il m'a donné cette chance là et on a eu le lieu parfait pour nous accueillir. C'est tellement rare d'avoir un lieu de résidence où on se sent tellement bien. Les musiciens revenaient parce qu'il y avait une réelle ambiance, on était réellement accueillis comme de la famille. Je pense que c'est dans ces conditions-là, où la musique se passe au mieux. Olivier a compris ça. Lorsqu'on joue aux Petits Joueurs on ressent énormément d'amour, de convivialité, ça nous permet de passer des moments très forts où on est connectés à notre public et c'est là où la musique prend tout son sens pour moi.


Merci Philippe




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