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[A la découverte de...] "After Ivory". Arthur, la musique est une vibration qui vient de l'intérieur

Dernière mise à jour : 6 sept. 2020

Mercredi 24 Juin dernier une bombe a fait son apparition sur les réseaux sociaux dévoilant pour celles et ceux qui ne les connaissaient pas Esteban, Arthur, Henri et Tony du groupe "After Ivory" (dans l'ordre de la photo ci-dessous). En déroulant le fil de leur chaîne YouTube on découvrait en prime toute une série de pépites: une véritable mine aux trésors. Des clips parfaits et des chansons dont certaines montrent un potentiel assez insensé. Bref, il fallait savoir qui se cachait derrière... On commence par celui qui chante et compose: Arthur. Je vous laisse savourer! Et vraiment, baladez-vous dans leur répertoire: c'est un délice. Bonne lecture


PS: bon anniversaire à Tony au passage (puisque ce 28/06 c'est son jour!)


"After Ivory". Photo: Gaby Kai (C)

Bonjour Arthur. Un grand bravo pour ce que j'ai découvert hier qui n'est pas que le clip "Anymore", mais qui est l'ensemble de l'oeuvre. Je trouve tout ça absolument superbe !

Merci !


En deux mots, comment as-tu atterri sur le projet "After Ivory"?


Ca fait depuis 2015 que j'ai rejoint les autres membres du groupe qui, à l'époque, était un peu différent. Ca s'est fait dans une envie commune de faire de la musique. Ils cherchaient un chanteur, je cherchais un groupe, tout simplement. Je suis tombé sur une de leurs annonces, un peu par hasard, on a fait une répet' et ça s'est bien passé. Depuis, on a appris à bien se connaître et maintenant on est des supers potes avant d'être des membres d'un groupe. On par en vacances, pour te dire, samedi ensemble !


Vous partez ensemble en vacances.. pour travailler d'ailleurs !


Oui, ce sont des vacances... mais avec un objectif, en effet, de composition et d'enregistrement de maquette pour avoir du contenu nouveau.


Avant « After Ivory », tu avais fait pas mal de choses, déjà.


Oui, j'ai fait plein d'autres trucs avant et pendant aussi d'ailleurs. En gros, j'ai commencé la guitare en 4ème, donc il y a maintenant bien longtemps, vu que j'ai 26 ans, j'ai rapidement chanté en même temps. Au début, c'était un hobby, rapidement, c'est devenu une passion et puis à terme, j'ai voulu en faire un métier. Du coup j'ai fait une école pour ça, Atla, qui m'a permis d'apprendre pas mal de choses, d'autres instruments, la théorie musicale... Et, suite à ça, j'ai commencé à faire mes premiers cachets d'intermittent. Après, ça s'est enchaîné. Plein de projets, comme tous les aspirants intermittents du spectacle, forcément, c'est rare d'avoir un seul projet pour mener le bateau. Du coup, j'ai accompagné par exemple une comédienne sur ses one-woman-show, j'ai fait des mariages, des comités d'entreprise, des barmitzvas... Plein de choses aussi dans l'animation. L'année dernière, j'ai beaucoup travaillé avec Warner, ça été ma plus grosse réussite si on peut dire. J'ai chanté avec des DJs qui s'appellent "Ofenbach", ça m'a permis de voir un autre monde que celui du rock indépendant en France, celui des grosses majors, des télés etc. C'était intéressant de voir ça. Ca a duré un an, maintenant, ça s'est un peu calmé. J'ai eu plein de projets différents. J'ai aussi fait du lyrique, pendant mes années à l'école, j'ai chanté dans une chorale, on a fait une tournée dans les églises de Londres, c'était super chouette. C'est un prof qui m'avait repéré et mis là. Ce projet m'a surtout permis en terme de compétence, d'apprendre une autre façon de chanter qui me sert dans le rock de temps en temps. C'est très large quoi.


Est-ce que tu sais d'où te vient le goût de la musique ?

Arthur de "After Ivory". Photo: Aurélie (La Chambre de Bonne) (C)

Honnêtement, je n'en sais rien. Je ne me suis jamais trop posé la question. C'est arrivé en début d'adolescence à un moment où c'est agréable d'avoir quelque chose un peu pour soi pour se démarquer. En 4ème, tu te cherches un peu et le fait de se mettre à la guitare, ça plaît aux gens, ça donne aussi une petite identité peut-être. Donc ça a commencé comme ça. Après, ça a été plus physique qu'autre chose, presque. Une relation aux vibrations, au son, aux émotions, ce que ça fait ressentir, tout simplement...


Là, tu parles de ton rapport à la guitare ou tu parles aussi de la chanson ?


Je parle aussi du chant, quand je parle de vibrations, c'est encore plus quand on chante qu'on les ressent, parce que ça vibre dans tous le corps. Mais je parle de la guitare, comme du chant, comme d'autres instruments, d'ailleurs.


A quel moment t'es-tu mis à écrire des chansons ?


Tout de suite. Ca faisait deux mois que je faisais de la guitare, j'enchaînais mes premiers accords et j'ai fait ma première compo comme ça. Très rapidement... au début, ça ne ressemblait pas à grand chose, mais j'ai ressenti le besoin de le faire dès que j'ai pu en fait.


Tu as tout de suite écrit en anglais ou aussi en français ?


J'ai tout de suite écrit en anglais. Ma mère est prof d'anglais et on parle souvent anglais à la maison, c'est une langue avec laquelle je suis assez à l'aise en général. Après, ça m'est arrivé d'écrire des trucs en français, au lycée. C'était plus dans les couleurs de Danakil, Damien Saez... des choses un peu contestataires mais qui m'ont un peu passé. Je trouve ça très difficile d'écrire en français.


Aujourd'hui, tu trouves difficile d'écrire en français parce que ça veut dire qu'il faut que tu portes un regard sur le monde ?


Oui, c'est plus difficile de dire des choses profondes ou avec du sens dans sa langue natale. C'est plus difficile avec l'écriture quand c'est sa propre langue. Je ne sais pas vraiment pourquoi.


Je travaille beaucoup sur la question du slam entre parenthèses, qui est justement ux antipodes de ça, c'est marrant - et c'est passionnant d'ailleurs. Tu touches à la poésie ?

Arthur de "After Ivory". Photo: Viviane Stevens (C)

Honnêtement, je n'en lis plus. J'en écrivais fut un temps, ça m'a bien plu et de temps en temps, mais très rarement, je me sens l'âme d'un poète l'espace d'un moment, une demi-journée! J'écris un petit truc mais ça reste très très rare.


Aujourd'hui, tu écris des chansons, tu écris des paroles et des musiques.


Oui.


Et ce couple, paroles et musique, te vient par la musique d'abord ?


Oui, complètement.


Tu ne choisis pas un thème, quelque chose dont tu as envie de parler, d'abord ?


C'est assez rare. C'est beaucoup plus souvent d'abord les accords, voire même toute l'instru et ensuite, voir ce que ça évoque et faire les paroles en fonction.


Comment composes-tu ? Qu'est-ce qui t'inspire des notes ?


C'est très variable, mais je pense comme la majorité des gens qui le font, ce sont les choses qu'on vit au quotidien et qui sont proches de nous et qui nous touchent. Ca peut aller de l'arbre en face de moi avec ses feuilles qui tombent, à la galère que j'ai eue la semaine dernière. En général, c'est quelque part assez centré sur moi et ce que je vis au quotidien. Il n'y a pas de grand thèmes ou de grandes revendications politiques derrière tout ça.


C'est ce que tu disais tout à l'heure par rapport au fait d'écrire en anglais, on revient là-dessus.


Oui, parce que c'est plus simple aussi de parler de choses comme ça, de cette façon, je pense.


Pour en revenir à "After Ivory", comment travaillez-vous vos chansons ?

Arthur de "After Ivory". Photo: Aurélie (La Chambre de Bonne) (C)

Généralement, je compose les morceaux chez moi et j'arrive avec un squelette, une structure, des accords, les paroles et la mélodie, et puis on voit comment arranger ça ensemble. Quel pattern de batterie on va mettre, quelle ligne de basse, quelle ambiance à la guitare électrique. Après, c'est un travail qu'on fait en groupe en studio de répèt'. En tous cas, jusque là on a fonctionné comme ça. Pour les morceaux qu'on va voir la semaine prochaine, ça va être plus depuis l'ordinateur qu'on va travailler avant d'essayer de structurer ça en répétitions directement. Ca va nous permettre, déjà d'avoir les oreilles plus reposées, de faire des sessions de travail plus longues et puis aussi d'avoir des possibilités plus larges. Il y aura notamment beaucoup plus de piano dans les prochains titres, chose qu'il n'y avait pas du tout avant.


Oui, vous n'avez pas de clavier. Donc, il va y en avoir un du coup ?


Ca sera moi.


D'accord."After Ivory", comme sortir de la tour d'ivoire... L'évasion, c'est un thème qui vous inspire tous ?


Je pense que c'est l'âge qui veut ça! Mais l'évasion, l'éclosion, l'évolution, quelque part... Et donc, voilà, c'est cette idée de sortir de cette période où on aurait pu se sentir comme dans une tour d'ivoire, d'en sortir et de montrer tout ce qu'on y a mijoté pendant quelques années.


Tout ça, ça te parle ?


Oui, complètement.


Ce que vous allez partir faire ensemble, c'est avec l'idée d'un nouvel album derrière ?

"After Ivory". Photo: Aurélie (La Chambre de Bonne) (C)

C'est vrai que dernièrement, finalement, on est de moins en moins attirés par l'idée de sortir des EPs ou même des albums. Parce que c'est le marché de la musique aussi qui veut ça et que à notre niveau, c'est beaucoup d'investissement en terme de temps, voire en terme d'argent et c'est pas forcément très viable avec la situation économique d'un groupe comme le nôtre, surtout après le Covid qui nous a bien affectés... Du coup, c'est vrai qu'on a plus maintenant une approche de single, même si on essaie d'avoir une cohérence entre chacun. Pour le moment, on ne vise donc pas un prochain EP ou album. On en a un en fait qui est déjà prêt et qu'on sort au compte goutte puisqu'on essaie de clipper chaque morceau. Après le 1er EP, "Influence", il y a ce 2ème sur lequel on peut déjà retrouver trois titres qui sont sortis, "Wide awake", "Smoke upon the mountain" et "Anymore". Il y a trois autres titres dessus, ils sont déjà enregistrés depuis un bon moment. On discute ensemble, on verra comment on compte le sortir. Mais pour faire une petite confidence, on n'est même pas sûrs à 100% de le presser en physique en fait.


D'autant que vous n'êtes pas vraiment produits si j'ai bien compris ? Vous êtes complètement indépendants, pour l'instant en tous cas.


Tout à fait. Pour le moment, on fait absolument tout par nous mêmes. Donc, c'est aussi pour ça: c'est du temps, de l'argent, pas mal d'investissement et donc du coup il faut aussi qu'on choisisse quels projets on veut mener à bien. On ne peut pas tous les faire. Là, on a peut-être des opportunités sympa, on a rencontré des gens récemment qui sont peut-être intéressés par cet esprit de single dont on parlait un peu plus tôt. C'est aussi pour ça qu'on s'est décidé de se perdre une semaine pour aller travailler, pour leur proposer. Ces personnes pourraient nous produire par la suite des singles sympa... Mais rien n'est fait.


Vous prenez un soin très particulier sur vos clips. Ils sont vraiment super bien filmés, pensés, c'est un vrai beau travail.

Merci beaucoup, c'est très sympa. C'est clair, que c'est beaucoup de temps et d'organisation. On s'est donné les moyens, franchement, c'était des grosses journées, beaucoup de taf, oui. Mais au final, on est très, très contents du résultat et nous ça nous fait kiffer d'avoir ce résultat. On est vraiment très contents.


Ils sont tous chouettes ! Tous ceux que j'ai vus sont magnifiques, notamment celui de "Wide Awake". C'est une claque, vraiment. A la fois par la chanson elle-même évidemment, mais aussi par tout, les images, la chorégraphie, vous avez vraiment travaillé et c'est bien. D'ailleurs, du coup, vous êtes toute une bande maintenant ? Combien de personnes tournent autour du projet aujourd'hui ?


Ecoute, c'est très variable, finalement ! Je ne sais pas trop comment on se débrouille, mais on arrive toujours à fédérer des gens autour du projet. C'est vrai que la majorité du temps, on est tous les 4 et quand vient le moment de tourner un clip ou d'enregistrer quelque chose, on fait appel à nos connaissances, des potes de potes... mais on n'a pas encore de membres attitrés à tels postes si on peut. Ca nous est arrivé d'en avoir, mais au final, ça ne s'est pas forcément très bien passé certaines fois, d'autres fois, c'était des problèmes de disponibilités. Là, le réalisateur du clip de "Anymore", par exemple, est parti vivre au Canada. Enfin, bon, il y a toujours des petites choses qui font que c'est compliqué. Et puis ça reste un projet indépendant, donc c'est pas une chose sur laquelle les gens peuvent compter pour être rémunérés décemment et en vivre non plus... Donc, ça n'est jamais évident de fédérer des gens assez pro et qui font du travail de qualité autour d'un projet comme ça. Après, c'est vrai les côtés humain et artistique plaisent à certaines personnes qui sont motivées pour donner de leur temps parce qu'ils sont passionnés par ce qu'ils font aussi.

"On a réalisé en binôme avec mon ami Florian Nermont. C'était vraiment super de tourner à Fontainebleau, le coin est vraiment magnifique à deux pas de Paris. On avait très peu de moyens et une toute petite équipe, mais tout le monde -y compris les membres du groupe- était super investi. On a réussi à avoir à l'image l'ambiance qu'on avait imaginée...  Et je suis aussi super content de la presta d'Abde qui à une présence incroyable à l'image!" François Glevarec, co-réalisateur - en direct de Montréal, Québec, Canada 

Tu penses que cette manière de fonctionner, c'est plutôt une force ou une faiblesse ?

"After Ivory". Photo: Thomas Danieau (C)

Je pense que c'est une grande force et une grande chance aussi, parce que ça n'est pas donné à tous les groupes indépendants qui font du rock comme ça en France... Donc, j'en suis très content, après ça a aussi ses désavantages. C'est clair que quand il n'y a pas un contrat avec un mec qu'on paie au tarif classique c'est plus compliqué de passer dans les priorités quand le mec bosse aussi à côté. Du coup, faire la distanciation entre ami et pro, ça n'est pas toujours facile. Mais, ça a ses avantages et quand tout se goupille bien on vit des supers moments. Je pense à la fin du tournage de "Wide awake", c'était un moment magique. On était tous rincés, on avait tous taffé comme des fous, et on était juste tous vidés, mais heureux. On avait fait du bon boulot avec des gens qu'on aimait, donc c'était cool. C'st aussi des gens avec qui on s'entend bien et pas juste des professionnels qu'on paie et qui sont là juste sur le tournage pour ça.


Ok. Si c'est pas indiscret, vous partez où pour cette semaine de "vacances"?


On part à côté de Vannes, en Bretagne !


Vous avez déjà une couleur a priori de ce que vous imaginez créer ensemble ?

Complètement. J'ai déjà commencé à enregistrer pas mal de démos pendant le confinement et ce sont déjà ces démos-là qu'on a montrées à certaines personnes qui ont bien accroché. Donc, on va continuer dans cette veine-là, peaufiner le tout pour essayer d'arriver avec au moins 4 morceaux bien propres qu'on peut présenter.


Ecoute je vous souhaite une très belle semaine de création tous ensemble...


Merci beaucoup !


Et si ça a la gueule de tout ce que vous avez fait jusqu'à présent...


Mais, ça sera encore mieux !


Un mot de conclusion ?


Pas spécialement si ce n'est merci à toi pour ces jolis mots sur le projet. Ca fait plaisir toujours de voir qu'il y a des gens qui sont intéressés et touchés par ce qu'on fait... Donc, merci.


Merci à Tony pour la mise en contact - Propos recueillis par #PG9


"After Ivory". Photo: Gaby Kai (C)





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