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[Pourquoi Slamez-vous?] Coupe de la Ligue Slam 2019: Sebseb, Toulouse

Slameuse/ Slameur: Sebseb

Equipe de: Toulouse



Pourquoi Slamez-vous?

Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr



Bonjour Sebseb ! 1ère question : comment as-tu rencontré le slam ?


Bonjour Philippe. J'ai rencontré le slam à Paris par l'intermédiaire du 129H qui était un collectif avec Rouda, Lyor et Neobled et aussi par Shakyamuni, qui a animé les scènes de slam.


Tu y es né ?


Oui. Je suis né à Paris. Mes parents se sont rencontrés à Toulouse nonobstant.


Quand ils t'ont présenté le slam, tu écrivais déjà toi-même ? Tu étais un peu dans les mots ?

Oui. J'étais dans le reggae dancehall, le soundsystem. Je faisais des chansons.


Ton parcours pourrait ressembler à celui de Maël ?


Oui, peut-être parce que lui aussi faisait de la chanson déjà, du rap et tout ça.

La migration vers le slam, c'est une migration ? Une évolution ? Tu vois ça comment pour toi qui faisais déjà des choses avec le texte avant, le fait d'avoir basculé vers le slam?


Pour moi c'est plutôt une amélioration, pour plein de raison, mais notamment pour la qualité des textes. Le reggae français est un peu pauvre à ce niveau-là...


L'appétence aux mots, à l'écriture, te vient de où ?


C'est une bonne question, je ne sais pas. J'ai toujours bien aimé les mots depuis tout petit. J'ai un parent qui est journaliste politique, peut-être que ça a un lien avec ça.


Dans la famille, le discours était présent ?


Oui, c'est ça. A la fois présent et à la fois absent... Je sais pas. En tous cas, il y avait un truc à régler avec ça.


Il y a le discours et il y a le dialogue, ce sont deux choses différentes.


Oui, c'est ça. Le discours était présent alors !


Et donc tu t'es mis à écrire. Qu'est ce que ça t'a apporté de particulier de te mettre à écrire pour faire du slam ?


La scène slam, comme c'est un endroit amateur, il n'y a finalement pas grand chose à gagner ni à perdre. C'est un bon terrain pour tester les morceaux qui seront ensuite intégrés ou pas au spectacle. Pour voir s'il y a des trucs qui fonctionnent. Des choses dont on pensait qu'elles ne fonctionneraient pas et qui finalement fonctionne et inversement.

Sebseb. Photo: Pierre Girod (c)

En fait, le slam n'est pas le cœur de ta vie, tu as les spectacles à côté ?


C'est ça, je fais de la musique oui.


C'est intéressant d'avoir l'oeil de plein de personnes qui te découvrent par ce biais-là?


Oui. Mais même le propre regard qu'on peut poser sur son propre texte une fois qu'il est livré à quelqu'un, il est plus le même qu'entre soi-même et soi-même.


Tu réécris derrière ?


Ca peut arriver que des textes partent à la poubelle ou, à l'inverse, des textes dont on pensait qu'ils n'étaient pas si bien peuvent s'avérer être des trucs à garder, seulement des passages, ou des textes entiers.


De quoi t'inspires-tu pour ton écriture ?


Jusqu'à il n'y a pas si longtemps, c'était plutôt les choses intimes. Livrer son intime me plaît beaucoup, mais là, je me suis trouvé depuis un an ou deux l'envie et la possibilité de dire des choses plus politisées. Militantes comme on dit.


Du coup tu te sers de ton expérience des mots pour dire des choses plus engagées ?


Sebseb. Photo: François Riquelmes (c)

Oui. Tu vois, je fais une différence entre ces deux grands corps de thèmes, l'intime et le politique. Il y en a d'autres. Il peuvent se rapprocher parfois, mais dans l'ensemble, ce n'est pas la même chose.


Tu penses que la scène slam est propice à ça en particulier, ou, l'art en général de toutes façons ?


L'art en général de toutes façons. La scène slam crée de l'espace de parole pour des gens qui n'avaient pas d'oreille pour dire leur texte, donc, du coup fatalement, ça peut-être un endroit où l'intime est délivré. Mais le militantisme lui va bien aussi.


Pour revenir concrètement au slam et à tout ce qui va se passer autour de la coupe, là, toi tu es coach de l'équipe de Toulouse...Qu'est-ce que ça veut dire pour toi ?


Un peu comme moi j'ai été coaché par d'autres quand j'ai été dans des équipes de tournoi. Dans toute l'équipe qui participe à un tournoi de slam, il y a l'envie de rencontrer les autres slameurs des autres villes et puis il y a aussi parfois aussi l'envie de gagner. Dans ces deux envies là, la question qui doit se poser, c'est est-ce qu'il y a plus l'une ou l'autre ? Chaque personne de l'équipe a plus envie de favoriser la rencontre ou alors de favoriser le jeu...


Et le coach a un rôle moteur dans tout ça ou c'est lui qui doit justement emmener l'équipe là où elle va aller


Ca dépend des équipes. Dans mon équipe, cette année, il y a deux slameurs qui ont l'habitude des tournois, le 3ème, moins. Je pense que le plus intéressant dans le rôle de coach, c'est un peu comme un animateur de scène slam, c'est qu' il doit savoir accueillir les personnes qui viennent au tournoi pour la première fois en fait.


Abendsen, Maël, Abdallah (équipe de Toulouse)

Dernière question: que dirais-tu à quelqu'un qui cherche à découvrir la discipline pour lui donner envie ?


Déjà, moi, contrairement à beaucoup, j'ai pas forcément l'idée que tout le monde ou que n'importe qui devrait en faire... Tu vois je ne pense pas que je forcerai quelqu'un à en faire. Mais je pourrais proposer ou suggérer vivement de passer sur scène mais jamais insister. Si quelqu'un me dit qu'il n'a pas envie, je trouve ça pas si mal non plus parce qu'il faut quand même des gens pour nous écouter sinon on serait dans la merde ! Voilà en substance.


Mais tu penses que le slam est adapté éventuellement à certaines personnes en particulier ?

Ca c'est une grande question, d'une façon générale, l'expression artistique est-ce qu'il faut avoir des prérequis ou pas ? Est-ce qu'il faut par exemple avoir vu la merde dans sa vie ou pas ? Je n'en sais rien. Mais c'est une grande question que je me pose depuis longtemps. C'est une question intéressante d'ailleurs. Je constate qu'il y a des gens qui n'ont pas forcément de back ground comme la prison, l'hôpital psychiatrique ou des grosses histoires de vie et qui ont quand même un énorme talent et inversement aussi. Donc, je n'en sais rien. Il n'y a pas vraiment de règle.


Un grand merci à la Ligue Slam de France, à toute l’équipe de Toulouse, notamment bien sûr à Sebseb pour sa disponibilité...





Tous les portraits sont regroupés ici:



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