Slameuse/ Slameur: Neimad
Equipe de: Rennes
Pourquoi Slamez-vous?
Enquête auprès des slameurs sélectionnés pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2019 www.ligueslamdefrance.fr
Bonjour Damien ! Comment as-tu rencontré le slam ?
Grâce aux réseaux sociaux. La première scène que j'ai faite, c'était à Rennes avec Carlotta. Et c'était presque par hasard. Je suis tombé dessus parce que j'écrivais et je me disais pourquoi pas le partager pour voir à l'oral ce que ça pouvait donner, j'y suis allé timidement la première fois... et j'ai été contaminé, le virus a pris. J'ai trouvé ça super, très bienveillant. Ca a été agréable de trouver un endroit où l’on pouvait s'exprimer librement, sans a priori, sans jugement.
C'était il y a longtemps ?
C'était il y a au mois de novembre de l'année dernière.
Ah oui, c'est super récent !
Oui.
Tu écris depuis très longtemps ?
C'est marrant que tu me demandes ça... Je suis retombé sur des cahiers que j'avais quand j'étais gosse, je crois que les premiers textes que j'ai commencé à gratter remontent à mes 13 ans à peu près. J'ai écrit jusqu'à mes 20 ans environ et j'ai arrêté pendant 10 ans. J'ai repris là récemment il y a 6-8 mois.
C'est à dire que les mots sommeillaient en toi quelque part ? Que s'est-il passé ? Leur disparition et leur réapparition ?
La disparition, ce sont les aléas de la vie. J'ai fait des choix professionnels et personnels qui m'ont empêché de pouvoir écrire, car pour écrire, il me faut un environnement particulier. J'ai besoin d'être seul, dans mon cocon, et ça n'était plus possible à cette époque-là, donc, forcément, ça a disparu de façon naturelle, mais il y a toujours eu une envie, des idées qui me traversaient la tête. Il y a toujours eu ce besoin de m'exprimer artistiquement par le dessin ou par la musique, c'est quelque chose qui a toujours été présent. Mais ce n’est pas quelque chose qui voyait le jour nécessairement comme aujourd'hui.
Les réseaux sociaux ont comblé ce manque de mots jetés on va dire ?
Non. Pas du tout. J'ai repris l'écriture sans forcément me dire que j'allais les partager. J'ai fait lire à un texte à une amie elle m'a dit: “c'est dommage de les garder pour toi, tu devrais ou les faire lire ou les partager...”. C'est à ce moment-là où je suis tombé sur la scène Slam de Rennes où des gens, des anonymes venaient lire leurs poèmes. On connaît tous Grand Corps Malade, quand on voit slam, c'est le premier truc auquel on pense, c'est l'icône, même s'il y a la musique, même s'il y a tout ça... On se dit pourquoi pas essayer !
Tu te souviens du premier texte que tu as lu sur la scène de Rennes?
Le premier texte que j'ai lu, avec ma feuille et je me cachais derrière tellement j'avais peur, c'était “Alter Ego”.
Je suis sur ta page FB, il est dessus. Quels sont les thèmes qui t'inspirent ?
On va dire qu'au démarrage, c'était une écriture qui était très thérapeutique, donc beaucoup de choses qui me concernaient moi intérieurement et plus j'avançais, en faisant de plus en plus de scènes, je me suis rendu compte que quand c'était trop personnel, ça touchait moins de monde alors les sujets se sont élargis. Je n'ai pas de thème particulier, sinon. Je vais prendre un peu ce qui me traverse l'esprit, ça reste toujours des choses qui sont écrites d'un point de vue très personnel, mais après je n'ai pas envie de m'encastrer dans un registre ou une thématique, je veux pouvoir écrire des textes drôles, des textes avec des thèmes imposés, des histoires, des textes engagés... Je ne me pose pas de limite particulière. Pour moi, ça serait l'inverse du slam, parce qu'on peut écrire vraiment ce qu'on veut, de la manière qu'on veut et le dire comme on veut ! Je m’inspire de l'amour, le rapport à l’autre, l’actu... Ce sont les mêmes thèmes, qui sont dans mes cahiers de gamin, on écrit toujours sur l'amour, la mort, l'existence humaine, la condition humaine. C'est juste que les points de vue évoluent, on prend un peu plus de recul et on les aborde de façon différente, mais les thèmes restent assez récurrents.
Comment écris-tu ? Tu disais que tu avais besoin d'être un peu seul. Tu écris le matin, le soir... dans un café, chez toi ?
N'importe quand! Mais le plus gros du boulot se fait chez moi, tranquille, seul, sur mon ordinateur ou un cahier, ça dépend. Toujours avec de la musique, mais ça m'arrive en voiture d'avoir un flash, d'avoir deux mots qui, je trouve, vont bien ensemble, alors je m'arrête je les note dans mon cahier et je repars. Idem au boulot, des fois je pense à un truc, je le note sur mon téléphone et je le reprends le soir. On va dire que j'écris toute la journée.
Tu disais que tu écoutais de la musique en écrivant. Des instrumentaux ? Des chansons ? Un type de musique particulier ? Ou une radio ?
Ce que je vais écouter va influencer ma manière d’écrire. Je pense que la musique influence beaucoup, je ne sais pas comment dire... Elle va construire le tempo du texte. C'est à dire que si par exemple je me mets une instru de piano douce, je vais écrire un texte beaucoup plus poétique, lisse, qui va couler simplement, par contre avec un morceau de hip hop ou une chanson de Damien Saez par exemple, le résultat sera différent. En musique, je n'ai pas de style vraiment particulier, je suis très éclectique, mes textes le sont donc aussi.
Tu en fais un peu toi-même ?
Légèrement. Un peu de piano... C'est au stade embryonnaire.
Venons en à la scène slam à Rennes... Bravo, déjà, puisque tu as été sélectionné pour participer à la Coupe de la Ligue, c'est extraordinaire !
Je ne m'y attendais pas du tout. Je suis un peu un bébé là-dedans. J'étais très agréablement surpris, surtout quand on voit la scène, il y avait du beau monde. J'étais très heureux de pourvoir m'insérer là-dedans, ça a été vraiment une grosse grosse surprise pour moi.
Comment te prépares-tu pour la suite ? Round de demi finale le 18 mai à Bordeaux, finale le 22 juin à Tours...
J'ai sélectionné deux textes pour le round, je fais étape par étape. On va bosser en équipe avec Elvi et Clarence, mes deux partenaires. Ils ont plus d'expérience que moi, ils m'amènent énormément de conseils, des astuces et des critiques très constructives pour donner encore plus de relief au texte, pour le faire vivre d’avantage. On va beaucoup bosser tous les trois pour vraiment donner le meilleur et essayer de tirer notre épingle du jeu sur ce round. On joue face à Nantes et Vernou. L'équipe de Nantes, je la connais, comme j’y vais souvent. C'est une très belle équipe, assez éclectique, j'ai hâte de voir ce qu'ils vont faire.
Vous avez un texte collectif à présenter ?
Pour la finale, on aura un texte collectif à écrire. On a déjà pensé à quelques thèmes, sujets, mais on n'a rien sur le papier. On a des idées qui fusent à droite et à gauche.
Maintenant que tu as mordu au slam, tu fréquentes toutes les scènes de slam ?
Oui. Dès que j'ai du temps libre et que je peux y aller j'y vais. Je suis allé à Nantes, récemment, je suis allé à Saint-Nazaire chez Thomas Rire de Lion, à l'atelier du Pré vert, une scène de poésie que j’ai beaucoup aimé, j'ai fait une scène à Granville avec Slamvabien où j'ai été très surpris, l'accueil a été top. Dès que je peux en faire une différente j'y vais, c'est hyper enrichissant.
Dernière question, que dirais-tu à quelqu'un qui veut découvrir le slam ?
Je lui dirais: “viens à une soirée, regarde comment ça se passe, prends un texte avec toi au cas où...” et je suis sûr à 100% que s’il a vraiment envie d'y aller, il ira tout seul. C'est tellement bienveillant, il n'y aura aucun jugement. J’y emmène déjà des gens qui ne connaissent pas et qui découvrent, qu’ils écrivent ou non, ils sont toujours agréablement surpris.
Un grand merci à la Ligue Slam de France, à toute l’équipe de Rennes, notamment bien sûr à Damien... Propos recueillis par #PG9
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