Slameuse/ Slameur: Mayalla Dabo aka Free Soul
Equipe de: Lyon
Pourquoi Slamez-vous?
Enquête auprès des poètes sélectionné-e-s pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2020
Bonjour Mayalla! Comment as-tu rencontré le slam? Te souviens-tu de la première scène à laquelle tu as assisté, puis participé (et donc de ton premier texte)?
J’ai rencontré le slam le 19 février 2019. J’avais entendu parler avec une amie du Macanudo et des soirées slam qui étaient organisées chaque 3ème mardi du mois. Poète dans l’âme et écrivant des poèmes depuis mes 15 ans, j’ai décidé d’y aller avec elle. J’avais apporté mes textes avec moi, par réflexe. Lorsque nous sommes arrivées, on nous a expliqué s’il s’agissait d’un jour spécial car ils organisaient les sélections pour la Coupe de la Ligue Slam. Seuls les 15 premiers inscrits pouvaient participer. Mon amie m’a tirée le bras... J’ai tout d’abord refusé car c’était insensé, je n’avais jamais fait de slam de ma vie, je n’avais pas de texte écrit pour le slam, mais j’ai fini par m’inscrire. Ce fut donc la première fois que je montais sur scène. J’ai alors fait une pierre deux coups. Bien sûr, je n’ai pas gagné, mais ce fut une expérience magique.
Comment écris-tu tes textes? Qu'est-ce qui t'inspire? Aimes tu te mettre dans des conditions particulières pour écrire?
Je n’ai pas de méthode précise. Comme je le dis souvent, lorsque j’écris j’ai l’impression d’avoir déjà tout le texte dans ma tête. Il me suffit ensuite de prendre un bout de papier ou mon téléphone et de tout écrire. Tout m’inspire. Tout ce que je vois et tout ce que j’entends. De la feuille morte d’automne qui est balayée par le vent sur les rails des trains, à mon cours d’histoire des idées politiques. Je peux écrire partout. L’extérieur compte peu pour moi. L’essentiel c’est que je sois bien dans ma tête. Et lorsque j’ai de la poésie en tête, je me sens toujours bien.
Si tu as d'autres activités artistiques, le Slam a-t-il une place particulière dans ton processus créatif?
Je peins beaucoup. Aussi, j’ai souvent l’occasion de faire des discours, que ce soit dans le cadre de concours d’éloquence ou de mini conférences. Et toutes les personnes qui m’écoutent remarquent tout de suite que je fais du slam à côté. Je parle désormais avec un rythme particulier, le slam est calé au fond de ma gorge. Pas une phrase ne peut sortir sans que le slam ne se manifeste d’une manière ou d’une autre.
Comment est la scène slam autour de chez toi? La fréquentes-tu assidûment chez toi et aussi ailleurs?
Je vais au Macanudo, dans le septième arrondissement de Lyon. C’est un lieu très chaleureux où le public est très accueillant. C’est un plaisir de slammer là-bas. Comme je n’habite pas sur Lyon et que mes cours me prennent beaucoup de temps, je n’ai pas eu l’occasion d’y aller très souvent. A vrai dire depuis ma première scène slam, je n’ai slammé que 5 fois, compétition y compris.
Que dirais-tu à quelqu'un qui cherche à découvrir la discipline?
Je lui dirai, que le slam rend libre. Que celui qui a saisi l’esprit du slam n’a plus peur de rien, car toutes ses peurs, il peut les tuer à coup de poésie. Il peut exprimer sa rage, sa peine mais aussi tout ce qui le fait vivre sur une scène qui lui est consacrée. Avec un public désireux d’entendre et d’écouter. Je lui dirai que le slam est une maison, dans laquelle on se sent toujours au chaud. Dans laquelle on se sent toujours chez soi.
Quelle est pour toi la place de la poésie dans la société ?
Je disais dans l’un de mes slams « je suis poète, donc je suis, car pour moi penser ne veut rien dire, lorsqu’on ne regarde pas la vie par le prisme de la poésie ». En réalité, beaucoup écrivent de la poésie. Les ressentis, surtout lorsqu’ils sont fort, demandent à être exprimés. Ainsi, je crois qu’il y’a plus de poètes que l’on ne le croit. Seulement, peu décident de partager leur art. Je pense que la poésie est comme le printemps après l’hiver. Elle donne envie de s’émerveiller, de sortir de son terrier et de voir le monde, tout en réalisant que nous faisons partie de ce monde comme l’un de ses plus beaux fragments.
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