Slameuse/ Slameur: Lord Myke Jam
Equipe de: Vernou
Pourquoi Slamez-vous?
Enquête auprès des poètes sélectionné-e-s pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2020
Bonjour Lord Myke Jam! Comment as-tu rencontré le slam ? Te souviens-tu de la première scène à laquelle tu as assisté, puis participé (et donc de ton premier texte)?
Éducateur Sportif de profession dans un service de Prévention, suite au visionnage du film Freedom Writer (“Écrire pour exister “), j’ai souhaité enrichir ma palette éducative en me servant de l’écriture comme outil éducatif auprès d’un groupe d'adolescents. Je n’avais jamais écrit mais le visionnage de ce film m’a fait réaliser que s’exprimer avec le corps n'était pas suffisant je ressentais le désir d’offrir, de partager d’être disponible encore plus pour les jeunes. J’avais vraiment envie d’utiliser un autre moyen de communication que le sport et c’est comme ça que pendant les vacances de l’été 2007, des jeunes et moi même, nous avons écrit notre premier texte. De retour de vacances, sur le groupe de 8 jeunes, il ne restait qu’un jeune motivé (Mitoff). Mais qu’importe, nous avons continué d’écrire ensemble et de cette expérience est née une amitié. Pour moi écrire c’était devenu libératoire, mais il manquait encore quelque chose.
C’est par hasard qu’un soir d’automne 2007 à Troyes, j’ai découvert qu’il existait des lieux où on pouvait dire ces textes. Le Bar s’appelait "le mixité". Et là, l'excitation de pouvoir dire mes mots était très forte. Je ne pourrai pas oublier cette première scène: l’adrénaline, l’ambiance dans le bar, la gentillesse du patron, l’accueil du public et les notes du jury. “Parce qu’en plus, on va être noté” ! “Un tournoi de poésie “wouah c’est n’importe quoi “ ! Mais l’idée me séduit: je veux le gagner mais j’ai pas appris mon texte… Je m’y inscrist tout de même sous le pseudo de Lord Myke Jah, mais le présentateur prononce Lord Myke Jam punaise ça commence bien... Ma feuille tremble, j’suis en stress, mais je sens toute la bienveillance du public, des poètes locaux (Mikanonyme, Matt, Micheline, Delphine, Cécil sans E, La Vermine, No Smoking...) des poètes invités (Barcella, Selecta Seb, Imora, Monsieur Dam, Laurent Etienne, Utopique... du collectif Slam Tribu - Reims - de l’époque). Mes notes ne sont pas fameuses... vivement le mois prochain. Au final on n’attendra pas le mois prochain, ça sera la semaine prochaine… Et puis le mois d’après, on ira à Dijon, Paris, Avignon, Marseille, Reims, Le Mans… Autant d’heures de route pour dire un texte ou deux qui ne dure que 3 minutes!...
“Je ne le savais pas encore mais le slam ce n’est pas uniquement ce qui se passe pendant mais c'est surtout ou aussi ce que nous vivons ensemble avant, pendant et après ! Parfois ça peut durer plus de 24h, parfois des années... et peut être même une vie !
Dans mon métier d'éducateur, le slam m’offre un nouvel outil avec les jeunes. Ferme tes yeux et ouvre une fenêtre sur le monde... Que vois-tu ? Que ressens_tu ? Qu’est-ce que tu as envie de dire ? "Pouvoir dire, pouvoir écouter et devoir s’écouter", des règles simples que je m’applique également. Ensuite avec les jeunes on échangeait sur le contenu des textes.
Puis il y a les choses qui ne se voient pas… Des actions qui se passent en dehors de la scène, sur une place, près d’un camp de légionnaire, dans un stade, dans un bus, en covoiturage, dans un coin de rue, dans des petits village de France, dans des établissements scolaires et dans des institutions spécialisées…Ce sont ces actions, ces moments, ces rencontres qui alimentent encore ce qui est devenu ma passion.
J’aime la liberté qu’offre le slam dans l’approche de l’écriture,J’aime vivre, ressentir ce que je dis et être à contre nature de ce que je suis : un grand timide. J’aime quand mon coeur rebondit sur mon bitume, cette sensation où tu te sens à la fois fragile et solide.
Parce que rien n'arrête la Poésie!
Tous les portraits de slameuses et de slameurs sont regroupés ici
