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[Pourquoi Slamez-vous? 2020] Elise, Toulouse

Slameuse/ Slameur: Elise

Equipe de: Toulouse


Pourquoi Slamez-vous?

Enquête auprès des poètes sélectionné-e-s pour la Coupe de la Ligue Slam de France 2020



Bonjour Elise! Comment as-tu rencontré le slam?


Presque par hasard. La seule notion que j’avais du slam est ce que j’entendais à la radio de Grand Corps malade. Je ne savais pas qu’il existait des lieux qui proposaient ces tribunes d'expression. J’ai commencé à écrire des textes par-ci par-là quand j’avais 12 ou 13 ans, mais n'en n’avais jamais lu aucun avant mes 35 ans. Puis un soir, par curiosité, je suis allée dans un bar de Toulouse, "Le Gai Pêcheur". J’avais vu sur leur programmation qu’ils annonçaient "soirée slam". Là-bas, quelqu'un est venu vers moi pour me demander si je voulais participer, si je voulais déclamer quelques chose. Ma tête a dit non, mais ma bouche a dit oui... Ce soir-là je suis tombée amoureuse du concept...


Te souviens-tu de la première scène à laquelle tu as assisté, puis participé (et donc de ton premier texte)?


J’ai entendu et vu ce soir-là des choses magnifiques. Des gens accueillants, ouverts, bienveillants. L'écriture était pour moi un exutoire depuis toujours, plus qu'une auto thérapie, un vrai souffle, une fenêtre ouverte sur mes émotions donc quelque chose de très personnelle. Une des poétesses qui venait slamer m’a donné comme conseil (vu que j'étais morte de trouille de prendre la parole en public) de ne pas faire un texte trop "intime" pour ne pas me mettre en difficulté. Malgré son conseil d'une grande sagesse, j'ai déclamé le poème le plus lourd émotionnellement que j'avais écrit. Je me suis dit: "si j'arrive à dire celui-là, j'arriverai à faire n'importe lequel". Mon 1er texte était : 52 jours. Il parle des 52 jours de coma de ma maman avant son départ. Bon évidemment j'ai pété l’ambiance. Moi qui aime écrire des textes drôles, ce soir là ça n'était pas gagné.


Comment écris-tu tes textes? Qu'est-ce qui t'inspire? Aimes tu te mettre dans des conditions particulières pour écrire (lieu, ambiance, moment de la journée...)?

J'écris sur tout, tout le temps et n'importe où. Mon support de prédilection reste mon smartphone car je l'ai toujours sous la main. J'ai trois enfants, ça n'est donc pas toujours évident de dégager un moment identifié pour écrire. Je ne me mets jamais dans une obligation de "production" sauf quand je travaille sur mon roman. Mais pour la poésie, quand j'écris c'est que j'ai quelque chose à dire. Je ne m'impose aucune contrainte, aucun style. J'ai d'ailleurs un style d'écriture très simple et accessible: je préfère l'authenticité à la technicité. Je trouve l'inspiration parfois avec un mot qui me parle, une image, il n'y a pas vraiment de règles, ça vient quand ça vient. La plupart du temps mes textes sont en vers et en rime mais c'est une écriture intuitive. J'écris facilement 5 ou 6 textes par mois sur des sujets extrêmement variés. J'aime l'humour, le sarcasme, j'aime aussi surtout l'idée de me dire que la poésie, et par extension le slam, permet de faire d’un sujet moche ou douloureux quelque chose de joli.


Si tu as d'autres activités artistiques, le Slam a-t-il une place particulière dans ton processus créatif?


Oui beaucoup car je suis sur deux projets professionnels en lien étroit avec l'écrit poétique. L'un est la création d'un spectacle intitulé "Pin'up story" qui est un mélange de poésie et de piano. Les scènes ouvertes slam me permettent de présenter certains textes, de les tester, mais aussi de m'inspirer des autres slameurs. Au-delà des chouettes rencontres artistiques que j'y ai fait, j'y ai aussi trouvé de belles personnalités qui me motivent à sortir de mes zones de confort pour aller au bout de ce projet.Le deuxième est l'écriture d'un ouvrage de poésie romancée... donc encore et toujours l'amour et le jeu des mots.


Comment est la scène slam autour de chez toi?


Nous avons la chance à Toulouse d'avoir des personnes extrêmement motivées qui organisent des espaces de scènes ouvertes chaque semaine. Via "l'Ecole du Marget d'argent", il y a déjà 3 scènes mensuelles, la compagnie de la tchatche propose également des scènes régulières. Ce qu’il y a de formidable, c'est que chaque lieu est différent, donc chacun peut s'y retrouver selon ses affinités, ses goûts. Par exemple le 4ème samedi du mois, la librairie Ombre Blanche propose une scène le midi, ce qui permet de faire découvrir le slam aussi à un très jeune public.


La fréquentes-tu assidûment chez toi et aussi ailleurs?

Pour être honnête, j'y suis chaque semaine, oui. Quand on aime, il paraît que l'on ne compte pas. J'ai plus récemment, grâce à la médiathèque de mon village, pu ouvrir une 1ère scène découverte du slam lors de la nuit de la lecture. Il est prévu d'en proposer une chaque trimestre et ça, pour un village de 2000 habitants, je trouve que c'est une belle victoire poétique.


Que dirais-tu à quelqu'un qui cherche à découvrir la discipline pour lui donner envie?


Quand j'ai commencé il y a 1 an, je me suis dit : allez pourquoi pas !!! Mais je doutais énormément de moi. Je me disais que j'allais dire mes textes devant des gens que je ne connaissais pas, qui n'en n'avaient probablement rien à faire de mes petites histoires, qui allaient peut-être même me trouver ridicule.. Puis je me suis lancée. Et sincèrement, pas une seule seconde je n'ai regretté ! Autours de moi les gens ont commencé à me dire que j'étais courageuse, que eux aussi écrivaient mais qu'ils n oseraient jamais passer dernier le micro. J'ai réalisé que des "pourquoi pas" il y en avait beaucoup en réalité et que la seule chose qui les freinait ces "pourquoi pas" était juste de OSER. On est tous des slameurs dès que l'on a quelque chose à dire. Le slam n'a ni forme, ni règles dans la tournure d'écriture. Il y a autant de type de slam différents qu'il y a des slameurs.Et puis existe t'il ailleurs un autre espace temps comme celui là où celui qui offre son 1er texte a autant de légitimité, d'écoute et de considérations que celui qui slame depuis 10 ans?Le slam c'est populaire, c'est gratuit, c'est libre, c'est un spectacle vivant, c'est beau... quoi dire de plus ? Venez voir au moins une fois comme moi je l'ai fait un soir presque par hasard, vous ne repartirez plus!


Quelle est pour toi la place de la poésie dans la société?


Je pense qu'elle n'est pas suffisamment désacralisée.On imagine souvent la poésie comme quelque chose de "pompeux", d'inaccessible pour un commun des mortels qui n’a pas fait de longues et belles études universitaires. On n’a pas tous un master littéraire mais on a tous (j'aime l'imaginer) une sensibilité. Pour moi, un poète est un libre penseur qui dit tout haut ce que nombreux aimeraient ne pas penser trop bas. Le slam, c est ça ;-) La poésie pousse partout, à chacun de la cueillir.




Parce que rien n'arrête la Poésie!



Tous les portraits de slameuses et de slameurs sont regroupés ici



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