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[Plonger dans l'âme de...] Alex, rappeur/ slameur opiniâtre et positif

Partager de bonnes ondes et grandir. Utiliser les mots pour construire ses repères, se frayer un chemin et mieux voir le monde, mieux l'appréhender. Alex est l'artisan de la première édition 3/7 Battle, ligue de battle rap a capella, qui aura lieu Samedi 12 Septembre au Café le Rouge-Mécanique à Nantes, maintenu coûte que coûte dans les conditions difficiles actuelles du Covid 19. Il s'est battu, il a tenu et l'événement aura lieu. Parce que son opiniâtreté positive méritait d'être saluée, voici un long entretien qui vous présente le jeune rappeur/ slameur en lui souhaitant de toujours continuer à se battre pour la force des mots! Bonne lecture


Alex par Flo de Slam Poetry Nantes (C)

Bonjour Alex ! Tu vas tout me dire sur toi, à commencer par le début STP... Qu'est-ce qui t'a donné envie de t'exprimer, de dire des choses sur scène par l'humour ou par le slam?


Bonjour Philippe. Je n'en sais rien. C'est compliqué comme question !


Tu te souviens du premier jour où tu es monté sur scène?


Oui, ça je m'en souviens très très bien. Après est-ce qu'on parle de l'aspect kermesse ou est-ce qu'on parle de l'aspect plus sérieux ?


Quand tu dis kermesse, ça veut dire qu'une des premières fois où tu es monté sur scène, c'était à une kermesse... C'est ça ?


Oui, voilà, en primaire. Je devais être en CE2-CM1, mais ça, ça n'est pas quelque chose que je retiens en fait.


Ce qui m'importe, c'est ce qui t'a donné envie de le faire... parce qu'aujourd'hui, on te voit très souvent, pour ne pas dire toujours sur les scènes de slam, partout où tu peux aller tu y vas... C'est bien que ça tient à une envie de quelque chose... C'est une envie de quoi ?


C'est une bonne question. J'aurais du mal à définir en fait ! Je ne dis pas que c'est arrivé comme ça par hasard. Mais poser un mot, un ressenti dessus, pour le coup, j'avoue, c'est très compliqué pour moi.


Pas de soucis. Donc, le 1er souvenir marquant, c'était quand?


C'était "Juste pour Rire" en 2009 pour le coup ! C'était juste incroyable que je la fasse cette scène, Salle Vasse, devant 400 personnes. Je n'étais même pas encore majeur... On peut dire que c'est vraiment la première scène en soi qui m'a marqué. Pour la simple et bonne raison, c'est que c'était un peu inattendu. Autant j'avais déjà fait de la scène avant, du théâtre à l'école dans un registre on va dire un peu plus périphérique, là pour le coup, c'était vraiment la première fois. Et puis c'était une grosse première fois quand même! C'était l'époque, de mémoire, où Michel Valmer dirigeait la salle.


Tu avais fait un texte à toi du coup ?


Oui, oui. C'était un texte, je ne m'en souviens plus forcément. C'est juste que déjà, à l'époque, j'avais déjà la plume acerbe... Disons que ce côté brut de décoffrage, je l'avais déjà au départ. Je l'ai toujours aujourd'hui, d'ailleurs, ça n'a pas changé. C'est pour ça que entre 2009 et 2020, il n'y a pas tellement de différence entre ce que j'étais avant et ce que je suis aujourd'hui.


Par rapport à tes textes ?


La seule différence, c'est que je ne fais plus d'humour. Enfin, si, j'en fais encore, mais je ne fais plus de sketchs..


Avant de détailler tout ça, il s'est passé quelque chose d'intéressant, c'est que tu dis, tu ne t'es pas dirigé, vers le théâtre, tu as préféré écrire des textes toi-même et les dire.


Oui.


Est-ce que tu sais pourquoi ? Qu'est-ce qui ne te plaît pas dans le théâtre ?

Ce qui ne me plaît pas dans le théâtre... C'est pas tant ça la question. La question, c'est pourquoi ça ne me parle plus. Parce qu'au fond, le théâtre, j'aime toujours autant. Mais disons que camper des personnages ça ne me correspond plus. En fait, le théâtre et aussi par extension camper des rôles, ce genre de choses, c'est pas mon truc. Tout simplement. Et puis, pour ce qui est du fait d'écrire ses propres textes, l'explication elle aussi simple que ça : j'aime bien ce qui m'appartient et puis avec le temps... je pense que tout artiste est tourné sur le monde à partir de là, on s'intéresse principalement à ce qui se passe, ce qui se fait... C'est vrai que, dès le départ, j'avais une volonté d'engagement sociétal dans certains de mes textes. Ca pouvait prendre soit une forme plus brute, plus hard core comme on dirait dans le milieu du rap, mais ça pouvait être aussi bien ironiquement. Après, moi j'ai toujours tenté de lier les deux parce qu'en fait si je les écris c'est surtout parce que c'est une très grosse partie de moi-même.


Ce sont vraiment des choses qui viennent de toi, qui te touchent toi...


Voilà. Après qui me touchent moi directement, pas toujours. Je peux parfois fonctionner un peu comme un journaliste qui traite un sujet, un article. Il y a des sujets sur lesquels je préfère avoir une certaine froideur, mais ça ne signifie qu'ils ne nous concernent pas. Je dis bien NOUS. C'est plutôt pour éviter qu'à un certain moment dans les textes il y ait trop d'affect. Trop de ma personne. Par expérience, je sais que l'affect peut parfois desservir: quand crée, ce qui est bien c'est de savoir mettre de l'émotion, mais il faut savoir l'atténuer. Sinon, ça n'est plus vraiment accessible, je pense.


Accessible aux autres ou à soi-même ?


Aux autres premièrement, après à soi-même aussi. Je me rappelle à une époque, m'être retrouvé à déchirer tout un stock de textes parce que je trouvais ça archi-nul.


Donc, tu as fait un moment du théâtre, mais tu l'as délaissé, pour t'orienter vers des choses que tu écris toi en réaction à ce que tu vois dans le monde...


Ce que je vois dans le monde, ce que je vis, ce que je lis aussi... Dire que j'ai délaissé le théâtre, c'est pas que je l'ai délaissé, c'est en fait le théâtre classique, camper des rôles, ça ne m'intéresse plus vraiment. Après, il faut voir comment ça évolue à l'avenir, si j'ai l'occasion de faire du théâtre d'impro, pourquoi pas, mais je pense que ça attendra un petit moment.


Comment écris-tu ? Est-ce que ta manière d'écrire a changé entre le début et maintenant ?


Elle a changé pas qu'un peu ! On va dire qu'on peut avoir une bulle, être imperméable à pas mal de choses, il y a toujours une influence quelque part. Pour parler du slam et du rap, la "trap" est passée par là, par exemple. C'est une façon bien particulière de séquencer des syllabes pour amener des phrases de manière saccadée, selon un certain rythme avec un certain débit qui n'a rien à voir avec qui se faisait dans les années 2000. Dans les années 2000 on va dire que c'était plus le rap "parlé", le texte avait une fluidité par rapport à la façon dont les auteurs pouvaient parler dans la vraie vie. Maintenant, ça ressemble plus à du théâtre pour moi.


Et ça te plaît quand même, la trap ?


Oui, mais ça n'est pas comment dirais-je, par rapport à ma façon d'écrire, ce que j'utilise en premier lieu. C'est un instrument de travail auquel je peux me référer parfois pour traiter certains thèmes, certains sujets. Sinon, d'une façon générale, ce n'est pas du tout ce vers quoi je vais me tourner.


Pour reprendre les choses, tu as donc basculé de l'humour avec Juste Pour Rire, à quelque chose de beaucoup plus général qui est aujourd'hui le slam, même si dans le slam tu peux mettre de l'humour...

Appelle-moi poésie. Photo: Catel Tomo (C)

Sur l'humour, on ne voit plus du tout. Le temps est passé par là, et puis, de toutes façons, même si j'ai toujours bossé en conséquence, je pense qu'à l'époque, je devais mal bosser. Enfin en même temps, là dessus, je n'ai aucun reproche à me faire: j'étais tout seul de A à Z. Personne pour m'aider à répéter, pour écrire mes textes, ce genre de choses... Et c'est encore le cas aujourd'hui. Quand j'avais des critiques, des remarques, comme quoi je ne bossais pas du tout, c'est là que j'ai compris que l'humour si je continuais, allait très rapidement me gonfler. Donc, j'ai arrêté. Après, l'évolution s'est faite justement à travers le rap, parce qu'en fait, je faisais plus du rap que du slam à l'origine. Une fusion s'est opérée pour la simple et bonne raison que dans le rap, j'ai toujours pris mon temps. Je ne me suis jamais précipité, je me suis dit on a le temps donc profitons-en et je ne pense pas que c'est le rap qui me donnera plus à manger que ça, donc je le fais vraiment à la fois pour le plaisir et pour l'engagement, je ne cherche pas à faire carrière. Après, si j'en ai la possibilité, pourquoi pas, mais ça fait 11 ans que je suis dedans, je sais très bien à quoi m'attendre et je ne me fais pas de faux espoirs...


Si tu es parti du rap aussi, ça veut dire que tu parlais du coup sur des instrus ?


Oui, voilà, c'est ça.


Des instrus que tu chopais à droite à gauche ou que tu faisais toi-même ?


J'aimerais bien être beatmaker. Mais ça n'est pas le cas, donc c'était des instrus que je trouvais sur internet.


Ok. Qu'est-ce qui te plaisait dans le fait de mêler la musique et les mots ?


C'est la classe quand même quand on arrive à poser sur un beat.


Le plaisir est dans l'objet esthétique ?

Alex. Photo: les Lapins à Plumes (C)

Oui, il est esthétique après, heureusement que mon arrivée dans le slam, un peu par hasard, d'ailleurs, m'a apporté une façon de voir les choses, une nouvelle discipline, parce que tenir 3'10'' sur du vide - je veux dire par là, les textes sont dits a capella dans le slam, sinon si c'est sur un son, c'est du spoken word, c'est autre chose.


Donc, tu es passé de l'humour au rap, puis au slam... Et ton écriture a suivi l'évolution?


Je suis franchement incapable de le dire. C'est comme si tu me demandais d'animer un atelier slam auprès des adolescents ou des gosses de primaire, j'en suis incapable.


Tu as bien une technique d'écriture quand même?


Oui, ça on en a tous !


Qu'est-ce qui provoque en toi l'envie de commencer à écrire quelque chose ? Et comment fais-tu ?


Déjà, il me faut un thème. C'est sûr. Je sais que, par exemple, pour citer une artiste que j'aime bien, Casey, dans une interview, elle disait: "quand je commence à écrire un texte, je pose un mot et ensuite j'imagine les jeux de mots que je peux faire avec." Pour ma part, je dirais que je ne fonctionne pas avec les jeux de mots, et pourtant il y en a pas mal dans mes textes, à part dans le dernier, mais je fonctionne plus par association d'idées et je vise principalement la transcendance. Je veux dire... comme dans la vraie vie... Pour moi, une phrase doit avoir sa percussion et sa répercussion, doit vraiment te prendre au corps et te rester en tête.


Ce qui te porte, donc c'est le sens. Il te faut un thème et une idée à défendre.


Déjà, mes textes je ne les écris pas sans message. Je sais qu'il y a pas mal d'artistes pour qui le message n'est pas important. Dans un sens, tant mieux, on n'est pas toujours obligés de faire pareil,mais moi il y a toujours un message en fait. Si j'écris un texte et que pour moi le message n'est pas clair ou absent ou cafouillé, ça ne va pas me plaire. Je vais avoir tendance à le mettre de côté.


Tu écris le matin, le soir, ou peu importe ? Tu as des moments particuliers ?


J'aimerais être un peu plus discipliné! Après, comme je suis quelqu'un qui vit principalement le soir, généralement mon inspiration arrive la nuit. Ca m'est déjà arrivé d'écrire des textes le matin ou dans la journée, mais ça reste rare.


Tu vas plutôt dans un café, chez toi tout seul, dehors... Tu fais comment ?

Slam au Rouge Mécanique. Photo: Patricia Gourreau (C)

Je ne peux pas écrire dehors. Tout simplement parce que il y a le vent déjà... A Nantes, on ne peut pas dire que le vent ne soit pas présent. Ok, tu me diras, c'est pas pire qu'à la Rochelle, mais... A la rigueur, je répète dehors. Après, écrire un texte, c'est juste pas possible. A une époque, j'écrivais beaucoup au café, là, j'écris chez moi. Après l'inspiration, c'est bizarre. On peut très bien avoir l'inspiration qui survient d'un coup, on ne sait pas trop pourquoi. Ca m'est déjà arrivé d'avoir l'inspiration dans le tram... C'est très bizarre! Si tu as quelque chose pour écrire, c'est cool, mais si tu n'as rien, tu es obligé de faire un effort de mémoire absolument hallucinant, pour te rappeler de la phrase qui t'a traversé la tête...


Tu n'écris pas sur ton téléphone ?


Ca peut m'arriver mais ça n'est jamais pour écrire un texte. Plus pour noter des idées.


Donc, tu écris plutôt chez toi... Un thème te vient en tête... Qu'est-ce qui provoque en toi l'envie d'écrire sur tel ou tel thème ?


Ca peut être toute une palette d'émotions. Quand j'écris un texte sur les femmes, j'ai plutôt le sourire parce que la plupart du temps, c'est de la taquinerie. Après, quand ce sont des textes, on va dire un peu plus personnels, généralement, c'est un peu la colère qui me guide. Et puis quand ce sont des trucs engagés comme les violences policières, il n'est même plus question de colère, il est juste question de vengeance, c'est encore autre chose.


D'accord. Le thème te vient en tête, porté plutôt par une émotion, du coup, tu t'assois, tu prends une feuille de papier... Tu fais comment: ordinateur? papier ?


Pour mon dernier texte, j'ai choisi de retourner vraiment au papier. Donc le papier, le stylo, avec un format de papier particulier, pas de 21 x 29,7, mais plutôt la moitié.


Un calepin ?


Non un calepin, c'est vraiment plus petit encore. Là, c'est vraiment... Un demi A4. J'ai choisi ce format-là pour écrire mon dernier texte parce qu'effectivement, j'étais beaucoup à l'ordinateur. Et l'ordinateur a ses bons et ses mauvais côtés. Après, je dirais que, moi pour ma part, écrire à l'ordinateur, autant je peux rester très très fort dans ce que je sais faire, autant je peux tendre vraiment vers de la facilité. Je veux dire par là, parce que je sais comment je fonctionne, comment j'écris sur certains thèmes, certaines manières, ça peut créer des ritournelles, des répétitions, et du coup je ne me sens plus vraiment pour réfléchir et faire autrement. Alors, là, je me suis dit pour le dernier texte que j'ai écrit, déjà on va revenir à la feuille et au papier et on va vraiment se concentrer sur davantage d'authenticité et aussi de travail de la formule. Sachant que pour ma part, je ne parle pas vraiment de technique d'écriture. Quand on parle technique, il y a les alexandrins, les multi-syllabiques qui sont très prisés dans le rap actuel et dans les battle rap, surtout dans les battle rap j'ai remarqué. Ou alors les métaphores, ce genre de choses... je ne calcule pas en terme de technique en fait. Les anaphores, les métaphores..., en vrai, ça vient assez naturellement, donc je me concentre vraiment sur le propos et donc par conséquent la formule.


La formule vient en te concentrant sur le propos


C'est ça.


Ca veut dire que tu réfléchis sur tout ce qui touche au propos... ? Tu fais une recherche sur le thème avant d'écrire ou tu te laisses aller ?


Je ne fais pas de recherche sur les thèmes. Les seules recherches que je puisse faire, c'est par rapport au vocabulaire et à l'orthographe d'un mot. D'une façon générale, je ne fais pas de recherches. Après, ça n'est pas totalement exclu parce qu'en temps normal, je lis beaucoup d'articles, c'est à dire que je ne lis que ça, je ne lis pas de romans, je ne lis en fait que des articles en tous genres, c'est vraiment très varié, je suis très éclectique là dessus et ça n'est pas exclu que justement avec toutes ces connaissance je puisse créer des morceaux....


Ta curiosité te porte, c'est ce que tu disais en tout début, tu parlais de curiosité au monde, donc ta curiosité te vient de tous les articles que tu lis, de tout ce que tu vis, tout ça....


En partie. Sachant que l'autre partie vient quand même de ce que je vis au quotidien.


Donc, tu te retrouves devant ton ½ A4 et comment ça se passe ? Comment les choses naissent-elles, comment arrivent-elles ?

Déjà, c'est un processus qui est très long... A chaque fois que je commence un texte je me dis, mais comment je fais pour m'en sortir ? C'est vrai ! Le dernier texte, j'ai commencé à l'écrire, je ne sais plus, peut-être 3-4 jours avant de réellement façonner la première partie, il y a un peu plus de deux semaines. Et ensuite, plus rien, mais vraiment plus rien. Je veux dire par là, comme au départ pour faire la première partie, j'écrivais par bribes, j'avais des bonnes formules, en tous cas que je trouvais pertinentes et raccord avec ce que je suis, donc je les ai petit à petit « collées » les unes par rapport aux autres pour que ça fasse un truc cohérent et après, la deuxième partie a mis 15 jours en fait pour réapparaître pour la simple et bonne raison que l'inspiration n'était plus là. Je continuais encore à travailler sur le texte mais ce que j'écrivais ne me convenait absolument pas et comme moi j'ai … autant je suis patient mais autant je n'aime pas perdre de temps sur des choses qui ne viennent pas tout de suite, même si je suis plutôt partisan de la manière forte : quand ça ne vient pas, il faut quand même se casser le cerveau pour que ça vienne à un moment donné, parce que comme on dit le talent ne fait pas tout et là enfin, j'ai fini par avoir le texte. Donc, sincèrement, c'est toujours une prouesse en fait pour moi d'arriver au bout d'un texte.


Donc là en gros, tu as mis 15 jours – 3 semaines ?


En tout, j'ai mis 20 jours.


Et c'est un peu toujours comme ça ou ça dépend ?

Alex à Tours par Patricia Gourreau (C)

Pas toujours. Heureusement que ça dépend. Parfois c'est juste l'histoire de 2-3 heures. Après, tu me diras, mes textes reflètent beaucoup, mine de rien, ma situation.


Ton état d'esprit? Ce que tu vis ?


Voilà, c'est ça. Donc si je ne suis pas dans un bon mode, je ne vais pas écrire plus que ça. Je vais même quasiment pas écrire. Et c'est vrai que là, je suis un peu... dans la phase où je me dis est-ce que ça me convient vraiment tout ça ? Non pas que ça ne me ressemble pas, parce que je ne me trahis pas, mais est-ce que j'ai vraiment envie de continuer là-dedans ? Réponse dans 6 mois, on verra.


Effectivement, il y a deux choses. Tu peux très bien, et justement c'est l'essentiel, tu peux très bien faire ça comme ça parce que ça te plaît mais ne pas avoir envie d'y consacrer ta vie, mais garder ça comme un loisir, parce que ça te plaît...


Oui, voilà, il faut plus que ça reste comme un, à la fois comme un loisir et comme un engagement. En tous cas, par rapport à l'humour, l'humour c'était plus l'aspect loisir, autant le rap et le slam même d'ailleurs par extension, c'est plus par engagement. Et effectivement, ces dernières semaines, ces dernière années, puisque j'ai retrouvé le slam en 2016, vers octobre 2016, là c'était la reprise, donc c'était plus le plaisir, le travail de sa personne avant toutes choses, donc, effectivement, ça avait pas mal tourné autour du divertissement si je puis dire. Mais c'est vrai que par rapport aux scènes d'humour que je pouvais faire à l'époque, j'ai acquis une culture de show man, qui fait que ça me permet de vraiment profiter de la scène. Maintenant j'ai franchement envie de passer à autre chose, tourner une page définitivement.


Est-ce que tu te souviens tu as parlé de ta première scène d'humour à la Salle Vasse en 2009 pour « Juste Pour Rire », mais est-ce que tu te souviens de ta première scène slam ?

Alex au Live Bar en 2011 par Slam Poetry Nantes (C)

(rires) C'est une très bonne question. La seule chose que je peux dire, c'est qu'il y a une scène slam qui m'a vraiment bien marqué, je crois que je devais avoir 20 ans à ce moment-là et c'était une scène qui se déroulait déjà au Live Bar. Déjà, le Live Bar faisait des scènes, déjà il s'y passait des scènes là-bas, comme au Buck Mullighan, et je me rappelle à l'époque, je crois que c'était ma première scène slam en fait, c'est là que j'ai découvert ce qu'était une scène slam, c'était au Live Bar, ça devait être en 2011, parce que je n'ai pas le souvenir d'avoir été ni plus jeune ni plus vieux, donc 20 ans. Je me rappelle à l'époque j'avais rencontré, je crois que c'était 3 rappeurs et dans ces 3 rappeurs-là, il y avait « Cap-Oral » et effectivement, c'est là que j'ai découvert le slam mais en fait, je ne sais même plus c'est fou parce que je ne me souviens pas de ce que j'étais venu faire là dans cette soirée en fait. Je pense que j'étais simplement à la recherche de scène rap, comme on dit d'open myke dans le milieu, et je suis tombé là dessus, sur cette scène slam. Ca m'avait bien marqué.


Tu avais dit un texte ?


Oui. J'en avais fait un, mais comme pour la 1ère en 2009 je ne m'en souviens pas trop.


Ca t'avait marqué... Tu sais pourquoi ? Qu'est-ce qui t'avait marqué ?


Le fait que ça se déroule a capella en, fait, déjà, le fait que tout le monde pouvait participer, peu importe. Il n'y a pas d'amateur, pas de professionnel, tout le monde peut vraiment s'exprimer. Et c'est ça qui est important finalement, que j'ai compris que c'était important dans une scène slam, c'est l'accès à tous.


Aujourd'hui, si tu fais un peu le bilan, qu'est-ce que ça t'a apporté, le slam ?


Enormément de choses.

C'est à dire...


Déjà une longévité si j'ose dire...


Que veux-tu dire par là ?

Avec les Champions de France, Ligue Slam de France. Photo: Patricia Gourreau (C)

Ca m'a quand même donné envie de m'accrocher à l'art, à l'écriture d'une façon générale. Ca m'a apporté aussi des nouvelles relations, vraiment. Je pense qu'avec tous ceux et toutes celles que je fréquente sur les scènes slam, ça m'a fait vraiment grandir et mûrir. Et la 3ème chose que ça a pu m'apporter aussi c'est le sérieux dans l'engagement. Pas l'engagement politique ou ce genre de choses, c'est : il y a une scène slam qui se déroule, tu y vas et puis tu mouilles le maillot quoi. Parce que justement il y en a tu n'es pas le seul à monter sur scène, tu sais bien que c 'est limité en terme de temps, on a le droit à 3mn10, encore que la plupart du temps je ne respecte pas le timing.... mais ce que je veux dire par là, c'est que c'est du sérieux. C'est du sérieux pour que tout le monde s'éclate, justement.


Comment te projettes-tu dans l'avenir par rapport au texte en général ?


Par rapport à ma vie? Par rapport aux textes ?


Tu réponds comme tu veux ! Effectivement, il y a plusieurs étages.


Sur l'aspect de la vie, je vais le faire très très simple, il me faut du bif. On va se concentrer là-dessus. Et comme j'ai toujours refusé de travailler pour servir le monde et la société dans laquelle on se trouve à se casser le dos 60h/ semaine pour finalement engraisser les poches de je ne sais quel patron qui va aller faire ses qui va aller réaliser ses rêves à ta place.... Donc du coup à un moment donné, je me suis dit, bon, je vais me retrousser mes manches et je vais véritablement exploiter mes dons. Dans le sens où il y a des choses que je sais faire et il faut en prendre conscience, prendre confiance en soi et briser une à une les barrières mentales que les autres peuvent mettre dans ta tête. Donc, ça c'est la 1ère chose et le 2ème étage par rapport au texte, moi je n'ai pas changé ! Je veux dire par là, je suis toujours le même brigand, le même pirate qui retranscrit sa vie dans ses textes et qui prend des positions parfois assez hard-core. Donc, ça, je pense que ça ne changera pas, comme je t'ai dit au départ, mon côté brut de décoffrage a toujours existé. En fait il n'y a pas tellement de différence entre le moment où j'ai commencé en 2009 et celui où je continue en 2020 et j'ai surtout remarqué avec grand plaisir que mon style passe, donc ça me fait dire que, jusqu'à maintenant j'ai plutôt bien travaillé et qu'il faut continuer, et surtout rester humble et pas prendre la grosse tête... Surtout je n'ai pris la place de personne.


Donc, comment te projettes-tu par rapport aux textes ?


Les textes doivent être ni plus ni moins que la retranscription de ma réalité. Même si, évidemment, il y a certains moments où on exagère un peu, comme pour tout le monde. Mais sinon, voilà, on va dire que moi 70-90% de ce que je retranscris dans mes textes, je le vis. Ou alors, à ce moment-là c'est que j'exploite un personnage qui existe déjà depuis 1996, qui n'est pas mon personnage, c'est un personnage féminin qui a été retranscris au cinéma depuis, qui a été incarné par Angelina Jolie … je n'en dis pas plus. Là, effectivement, ce qui m'intéressera pour le coup, c'est plus être véridique. C'est à dire que, même si ce n'est pas quelque chose que je vis, je veux que ça reste crédible. Sinon, sans utiliser ce personnage de Tomb Raider, ça reste moi à au moins 80% des cas.


Et donc ça va suivre ta propre évolution à toi.


Voilà.


Un mot pour conclure ?


Que les scènes rap et slam reprennent très rapidement parce que les trucs en visio-conférences, ça n'est pas possible... Il faut arrêter ! J'ai l'impression de travailler, tu sais comme dans les entreprises du tertiaire où ils font des réunions par-ci par là et où ils sont tellement loin les uns des autres, donc ils mettent des caméras partout... C'est juste horrible ! Insupportable. Mais sinon, plus sérieusement, le message que j'aimerais faire passer c'est déjà à tous ceux qui me connaissent et qui me soutiennent depuis le début, merci à vous et à bientôt !


Merci Alex !


Propos recueillis par #PG9


Appelle-moi poésie. Photo: Catel Tomo (C)


A noter que:

Samedi 12 Septembre 2020 à partir de 20h, Alex organise la 3/7 Battle, 1ère édition au Café Le Rouge Mécanique - Nantes. Infos ici






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