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[Plonger dans l’âme de...] Jessie Lee (& the alchemists). Potion magique

La scène est, parfois, une évidence. Une manière naturelle d’être, de vivre, de partager. Jessie Lee Houllier, Jessie Lee, appartient à cette famille de personnes qui ont la musique dans le sang, comme une nourriture nécessaire, et qui travaillent sans relâche pour être à la hauteur de l’enjeu permanent qu’est un concert. Repousser sans cesse le défi du Blues, du Rock’N Roll, du Jazz... L’adrénaline du show. La première fois que je l’ai vue, c’était en 2016 Aux petits joueurs, le club de la Rue de Mouzaïa où elle avait organisé une immense fête pour ses 23 ans, et dont elle fêtera le 10ème anniversaire le 28 octobre prochain avec les Respect SiXters - Tribute Aretha Franklin (chaud devant!). Une joie trans-générationnelle est palpable à chacun de ses concerts. Et, surtout, son talent. Bravo Jessie!



Bonjour Jessie ! On va donc parler de toi et de ton rapport à la musique... La première question que j'ai envie de te poser est la suivante : « pour qui joues-tu ? » Est-ce que tu joues pour quelqu'un ? Pour toi, sans doute, mais surtout pour les autres... Donc, pour qui ?


Bonjour Philippe. Forcément, je joue pour des gens, mais je joue aussi pour moi, parce que j'aime la musique. Quand je suis sur scène, c'est l'un des seuls moments où je suis moi-même à 100%, sans masque social ou autre. C'est très libérateur. C'est un moment d'expression hors du commun, qui permet d'aller au delà des mots, d'aller puiser des choses qui ne sortiraient pas autrement. Après, je dirai qu'en premier, il y a des gens qui font que j'en suis là où j'en suis aujourd'hui, auxquels je pense tout le temps, notamment mes deux parents. Mon papa est bassiste et m'a mis dans le bain très tôt, mais ça a été à ma demande. J'ai commencé la guitare à 5 ans et demi...


C'est assez rigolo, d'ailleurs. Je voulais faire de la flûte traversière, c'était mon premier grand truc. Du coup, il m'avait emmenée voir un professeur au Conservatoire qui avait dit : « ça va être compliqué parce qu'elle est en train de perdre ses dents »... En effet, c'est vrai je n'en avais plus beaucoup ! Il fallait donc attendre un peu. Alors j'ai fait de la guitare. Finalement, je n'ai jamais fait de flûte, même si c'est un instrument que j'aime beaucoup. Et puis ma maman n'était pas musicienne, mais très grande mélomane : il y avait toujours de la musique à la maison, on allait voir des concerts... Ce sont les deux premières personnes, qui m'ont poussée là-dedans. Après il y en a eu d'autres évidemment, mais eux deux m'ont toujours soutenue. Donc, quand je joue je pense très fort à eux.


C'est cool. Les premières personnes à qui tu penses en montant sur scène, donc, notamment c'est elles.


Ma maman, oui, parce que déjà, ça c'est perso, elle n'est plus là. Elle m'a énormément soutenue. Je l'ai perdue jeune. On avait une relation très fusionnelle toutes les deux, donc oui je pense à elle parce que, dans un certain espoir, je me dis que peut-être elle m'entend. Je chante donc aussi pour elle, c'est une des raisons qui m'animent en tous cas. Et mon papa parce que il m'a tellement poussée, des fois j'étais à deux doigts d'arrêter, il m'a appris à bosser, vraiment. C'est lui qui m'a inculqué cette rigueur du travail et du travail bien fait on va dire.


Il te faisait répéter en parallèle des cours ?


Ah la la, oui ! J'avais un cours toutes les semaines et après, à la maison, quand j'étais à l'école primaire au début, on avait deux heures de pause le midi. Il venait me chercher à l'école, on mangeait en une demie heure et après il se mettait à côté de moi et on bossait. Il était à côté de moi en me disant, allez, recommences ! Il mettait le métronome, il était avec moi, il me surveillait... Jusqu'au jour où je lui ai dit, bon écoute, là, ça commence à me gonfler, je vais bosser toute seule... Mais je pense que de mes 6 à mes 12-13 ans, il a été là tous les midis. 1h30 à 2h par jour. La moitié du temps, on bossait ce que je bossais en cours, et l'autre moitié du temps, il a tenu à faire ça, et ça m'a fait énormément de bien, on montait un répertoire. On bossait des morceaux qu'il choisissait, il m'accompagnait à la basse, je jouais des trucs que personne ne connaissait à mon âge ! On préparait un répertoire parce que tous les ans, j'enregistrais un album avec lui à la maison, parce qu'il est ingé son aussi. Il fallait qu'en une année on ait monté le répertoire, 15 titres, et qu'on soit aptes à l'enregistrer.


Il t'a vraiment formée...


Oui ! Il a été dur des fois. On n'était pas toujours d'accord. Au début j'étais petite, j'avais envie de faire autre chose, de jouer d'autres morceaux. J'ai commencé à chanter très tôt, quasiment dès le début. Il se disait « elle s'accompagne c'est cool », et quand j'ai commencé à vraiment m'intéresser au chant, j'ai senti qu'il y avait des réticences ! Il ne voulait pas que je sois chanteuse... Il voulait que je sois guitariste. C'était son rêve. C'est rigolo.


Aujourd'hui, tu es guitariste et chanteuse.


Oui, complètement ! Ca n'était pas dans ses plans au départ, mais il est très heureux aujourd'hui. Il me faisait bosser le côté guitare, mais jamais le chant. Je bossais toute seule dans ma chambre. J'ai pris mes premiers cours de chant très tard, par rapport à la guitare, à 18 ans, plus de 10 ans après... Je chantais en autodidacte quoi.


Et le plaisir de la musique t'es venu comment ?


J'ai des souvenirs à 5 ans et demi, des vagues flashs de scène. J'ai aimé ça tout de suite. En fait, il y avait toujours de la musique à la maison, depuis avant que je sois née. 10 heures sur 24 ! Dès que je me levais, toute la journée. Que ce soit sur la chaîne ou au studio avec mon père qui répétait, j'ai vraiment baigné là dedans. Le plaisir était là avant que je pratique moi-même. Ca me fascinait d'aller voir mon père répéter avec ses musiciens. Quand j'ai commencé à jouer, je pense que comme tous les élèves, au début, tu dis, c'est dur, tu te fais un peu chier, mais quand on aime ça, on s'acharne et finalement on arrive à faire des choses simples, qui nous procurent déjà beaucoup de plaisir. Moi, ça a été dès le départ. J'ai toujours aimé ça.


Et aujourd'hui, tu joues combien de temps par jour ?


C'est très variable. Dans mes études, j'ai eu des phases où je travaillais plus la guitare, puis d'autres phases où c'était le chant. Ca se déséquilibrait un peu. Je n'ai jamais réussi à travailler autant les deux en même temps. J'aurais adoré mais je n'ai pas été capable de faire ça. Je peux bosser la guitare 5 heures tous les jours pendant 2 – 3 mois et après, ça va être pareil pour le chant, mais pas 5 heures parce que la voix fatigue, donc 2-3 heures maximum. J'alterne. Et puis, il y a des phases aussi où je bosse moins, une heure, une demie-heure, voire je ne la touche pas pendant une journée, parce que je bosse d'autres choses. Ecriture, composition... En ce moment, en plus, j'apprends un nouvel instrument, le thérémine, un des premiers instruments électroniques. Il a été inventé en 1919. C'est un truc avec une antenne, des ondes avec un champ électro-magnétique. Tu joues sans le toucher. C'est très sensible, au moindre millimètre, ça change la note. C'est un peu un rêve de gamine, j'en ai eu un pour mes 25 ans !


Et tu vas l'intégrer dans Jessie Lee & The Alchemists ?


Pour l'instant, je ne m'avance pas parce je ne maîtrise pas bien. J'aimerais bien sur 1 ou 2 titres faire des intros, des ambiances. En plus en live c'est très visuel, donc ça me plairait bien. On verra.


De fil en aiguille, il y a eu toutes les reprises avec ton père et après tu t'es mise à composer...


Oui et non. La composition est venue assez tard. Comme beaucoup de gamins, j'enregistrais quelques morceaux sur le 4 pistes à cassettes que mon père m'avait offert, un petit Tascam... Mais je n'ai pas spécialement une âme de compositrice. Je laisse venir. J'ai écrit quelques titres, mais je ne suis pas quelqu'un qui va pondre 6 titres par jour. Je ne fais pas partie de ces gens-là. C'est Alexis Didier de l' Ecole ATLA, qui était à la base d'abord mon professeur de guitare, avec qui j'ai commencé après, qui lui est un compositeur de métier, autant que guitariste. C'est quelqu'un qui a vraiment étudié ça et qui m'a donné envie d'aller là-dedans. Il sait très bien écrire, il sait écrire aussi pour moi. J'ai les idées, les arrangements, on forme un duo complémentaire.


Tu es plus interprète et à l'origine de certaines idées et lui fait l'habillage on va dire ?


On fonctionne sur un processus de commande. Je lui fais une liste de titres que j'aime beaucoup en précisant, tel titre j'aime parce qu'il y a tel son, ou pour x raisons, ça peut-être aussi une partie seulement que j'aime bien. Ou je lui dis ça serait intéressant que tu mixes ce titre de Tina Turner avec celui-ci de Bill Withers, deux artistes qui n'auraient pas pu se rencontrer. Alexis a la capacité de composer en tenant compte de ces contraintes-là. Ca l'amuse, même. On retravaille les morceaux ensemble après, où je lui dis voilà, ça non, cette partie-là OK, mais on pourrait rajouter ça ou des choeurs...


Vous vous êtes rencontrés fin 2011, vous avez d'abord fait des reprises et puis sont arrivés Laurent Cokelaere, Julien Audigier et, pour finir, Laurian Daire...


Exactement. On les a appelés. En fait, j'ai rencontré Laurent dans une master class qu'il venait faire à Atla. J'étais encore élève et le directeur m'a dit, c'est ton style, il faut absolument que tu ailles jouer un titre avec eux. J'étais impressionnée, j'étais là en train de trembler, j'y suis allée, on a fait un titre ensemble et ça s'est super bien passé. Depuis on ne s'est jamais lâchés. Laurent fait vraiment partie des gens que j'ai la chance d'avoir à mes côtés, comme Alex. Ils m'ont vraiment poussée. Laurent est une sorte de mentor pour moi.Même si on ne pratique pas le même instrument, c'est quelqu'un qui m'a énormément influencée, aidée. Il m'a présenté beaucoup de monde, m'a fait rencontrer des gens qui m'ont fait bosser. Je l'admire pour être le bassiste exceptionnel qu'il est et puis pour l'amoureux de la musique qu'il est resté. Il n'a jamais arrêté de monter des projets pour jouer la musique qui l'éclate avec ses potes en club et ça respect, parce que il n'y en a pas tant que ça qui l'ont fait avant. C'est quelqu'un que j'admire énormément.


Laurent est extrêmement bienveillant.


Extrêmement. Il a cette capacité à repérer les gens, à se dire là il y a un potentiel, il va les prendre un peu sous son aile et il va les aider, les inviter dans ses projets, en parler autour de lui. C'est rare j'ai l'impression dans ce milieu-là qui n'est pas facile, où il n'y a pas forcément que des gens bienveillants. Si j'en suis là où j'en suis aujourd'hui, il y est pour quelque chose, vraiment et il m'a fait énormément de bien. Je suis tellement heureuse de l'avoir à mes côtés sur scène, c'est un peu mon 2ème papa dans la musique.


Ca ne m'étonne pas.


Julien était avec lui ce soir-là. Quand on a commencé à avoir l'idée d'un projet de compos avec Alex, on s'est dit on ne va choisir les gens parce que c'est nos potes, ce qu'on avait fait avant et c'est très cool aussi. On sait comment on veut que ça sonne et on va appeler les gens parce que c'est ce son-là qu'ils ont. On a fait un choix musical, on a dit il faut qu'on appelle Laurent et Julien, c'est exactement ce son-là qu'il nous faut. Et évidemment, on est devenus très amis, mais on les a appelés parce qu'on savait que c'était leur jeu et leur son qui collaient à ce qu'on voulait faire. Mais à la base on ne se connaissait pas plus que ça quand on a commencé à monter le projet en fait. On est devenus de très bons amis très rapidement. Mais on les a choisis pour leur son.


Et donc après, s'est rajouté Laurian.


En fait, il y a eu quelqu'un d'autre avant lui, un autre clavier, Gilles Erhart, qui a été aussi un de mes profs à Atla. Il m'a appris beaucoup sur le jeu en groupe, je lui dois beaucoup aussi. Excellent claviériste et très bon ami de Laurent... Il a préféré arrêter, on est toujours en très bons termes et Laurian est arrivé. Pour la petite histoire, Laurian a participé aux albums de quand j'étais gamine, à 15-16 ans.On se connaît donc depuis très longtemps ! Mon père l'avait appelé et il était venu faire une session...


Jessie Lee and the Alchemists, le groupe existe depuis 4 – 5 ans. Où en êtes-vous?



On a sorti le 1er album en avril dernier seulement. On a mis le temps, mais on est très contents du résultat. On est déjà en train de travailler sur le 2ème, parce qu'on a envie d'accélérer les choses... Mais, nous, ce qu'on aime avant tout c'est le live. On fait les albums parce que c'est bien d'en faire, mais clairement, c'est beaucoup de travail pour assez peu de rentabilité au final. Cela dit, l'album marche plutôt bien : on a fait represser 2 ou 3 fois pour réapprovisionner le distributeur. Dans tous les cas, c'est une carte de visite dont on a besoin. Après, on est quand même à la base un groupe de live et c'est pour ça qu'on a mis tellement de temps à faire ce premier album. On voulait d'abord rôder les titres en live avant de les enregistrer. Souvent les gens font dans l'autre sens, ils vont en studio, ils enregistrent et apprennent après à jouer les titres en concert. Nous, on a vraiment eu la démarche inverse : on avait envie de trouver un son de groupe et d'enregistrer live, justement. Donc, il fallait qu'on ait d'abord vraiment ce son, cette énergie commune avant de fixer. Après, là, clairement, ce qui nous manquerait pour être complètement heureux, c'est un tourneur pour nous trouver des dates! Pour l'instant, c'est majoritairement moi qui m'en occupe. C'est un boulot éreintant, je fais ce que je peux, ce sont des heures et beaucoup d'énergie. Et quand tu me demandais le temps de travail de l'instrument par jour, il y a aussi ça ! Je passe des fois des journées à envoyer des mails, passer des coups de fils... Une fois que tu as fait ça, tu vois ta gratte posée, et tu dis non, j'ai pas envie. Quand on démarche soi-même pour son projet, c'est difficile aussi parce que te prendre des refus quand tu mets toute ton énergie dedans, ça peut faire mal. C'est décourageant. Et il ne faut pas se laisser décourager. On manquerait donc vraiment de quelqu'un qui ait un coup de cœur pour le projet, qui dise ok on y va, on tente, on fait un pari. Là, on fait une 30aine de dates par an, ce qui n'est pas non plus ridicule, mais c'est tellement de temps et d'énergie, ça serait bien que quelqu'un prenne le relais ! Et ça me permettrait de donner plus de temps et d'énergie dans la musique.


Mais c'est bien déjà là où vous en êtes rendus, c'est énorme...


Oui, je n'ai pas de recul, je m'en rends pas compte. C'est vrai qu'on y croit, on a un beau bébé, on va essayer de le pousser le plus loin possible. On est bien entourés aussi, on a des partenaires, on est bien contents parce que sans eux, on n'en serait pas là. Notre éditeur nous a beaucoup aidés, Music Box Publishing. Ou des graphistes, des gens qui font de la vidéo... Ce sont tous des amis aussi qui nous ont aidés. On a un entourage très chouette, heureusement qu'ils sont là. Aujourd'hui, un groupe en auto-production, s'il est seul, ne peut rien faire. C'est trop compliqué. Je pense que plus on a de partenaires, mieux c'est. Un tourneur efficace en plus, ça serait juste parfait !


Et il y a un lieu important dans le XIXème à Paris. Quelle est la place de Aux petits joueurs pour toi ?


C'est le club dans Paris qu'on affectionne tous particulièrement. Olivier est un mec génial. Et l'accueil y est génial : on mange bien, on est super bien reçus par des gens qui sont amoureux de la musique, ça fait plaisir à voir ! La programmation est d'enfer. Au niveau des conditions financières, même si c'est pas simple pour lui, c'est un des seuls qui offre un fixe de cet ordre à Paris. Il dit que c'est trop peu alors que par rapport aux autres c'est juste incomparable. Olivier est vraiment quelqu'un qui aime la musique. J'y joue depuis que je connais Laurent Cokelaere en fait, c'est un peu son fief ! C'est avec lui que j'y ai joué la première fois, puis avec les Alchemists, Cokepit, les Respect SiXters - Tribute Aretha Franklin, Eric Sauviat, Manu Galvin... Le public y est juste incroyable aussi. C'est rare dans un club d'avoir une écoute attentive à ce point-là. Les gens ne sont venus pas juste pour manger mais aussi pour écouter la musique. Pour moi c'est un endroit qu'il faut soutenir, je sais que la fin est proche, je souhaite de tout mon cœur qu'il réussisse à réouvrir un endroit de cette envergure là, Olivier est un mec incroyable.


On est tous d'accord ! Vous allez y jouer pour le 10ème anniversaire du lieu le 28 Octobre prochain un hommage à Aretha Franklin...


Oui ! Rien que ça. C'est encore la faute de Laurent Cokelaere ! Il n'est jamais à court d'idées. Le projet est né il y a un an environ, de l'envie de rendre hommage à cette immense dame qui n'était pas encore partie à l'époque. Aretha Franklin, on ne peut pas passer à côté. J'ai rarement rencontré, écouté, des chanteuses de cet envergure. Laurent m'a appelée en me disant, l'idée ça serait 6 chanteuses pour se frotter à son répertoire. C'est quelque chose de difficile, parce qu'on est tout de suite dans la comparaison, il fallait varier. Donc l'idée était d'avoir 6 chanteuses très différentes, pour que ne se pose pas la question de la comparaison. On se partage donc les leads à 6, et quand on n'est pas en lead, on assure les choeurs, partie toute aussi importante, voire plus, en fonction des morceaux. On a fait tout un boulot de relevé de choeurs le plus proche possible de ce qui a été écrit à l'original. On a une section de choristes incroyable au final! Voilà, donc on s'éclate à passer des choeurs au lead avec une bande de zicos qui fait le travail comme personne. A la fin on est morts. Parce que c'est une musique qui est très exigeante. Mais, ça n'est que du Bonheur. Qui plus est avec la situation actuelle, elle nous a quittés il n'y a pas longtemps, donc ça prend encore plus de sens aujourd'hui. On lui rend hommage à notre manière. Pas en essayant de l'imiter, juste en se faisant plaisir à chanter les titres qu'elle chantait si bien. C'est une manière de lui dire merci.



Il y a Jessie Lee and the Alchemists, il y a tous les autres projets à côté, dont cet hommage à Aretha Franklin... Tu as un quotidien très chargé alors !


Bah oui, j'ai envie de dire comme tout musicien qui se respecte! Après, c'est vrai que je donne des cours aussi à l'Atla où j'ai été élève il y a quelques années maintenant. Je donne 8 heures de cours par semaine là-bas, deux demi journées.


Ca se passe bien ?


Oui. Très bien. C'est une école qui a été importante dans mon parcours aussi. Que j'ai fait tout de suite en sortant du bac. Au début, quand j'ai dit à mon père, ah non, je veux pas aller à la fac, je veux pas faire d'études, je veux faire une école de musique. Et lui qui m'a toujours poussé, il m'a dit, non tu ne feras pas ça. J'ai peur, je sais ce que c'est que le métier de musicien, je n'ai pas envie que tu galères, tu feras ça à côté. Et ma mère, qui n'était pas musicienne, c'est elle qui a dit: “mais tu rigoles ou quoi, il faut absolument qu'elle le fasse et si ça ne lui plaît pas, elle aura le temps de se retourner après, mais elle va regretter si elle ne le fait pas”. Donc, je me suis retrouvée à faire cette école-là. Je devais faire un an et finalement, j'en ai fait deux, j'ai eu un diplôme de l'école, j'ai un autre diplôme qui s'appelle le MIMA et ensuite, j'ai eu envie de pousser un peu plus loin, j'avais 20 ans quand je suis sortie de mes deux ans à ATLA et je crois que the alchemists commençait tout juste. J'ai eu envie de pousser plus loin, donc j'ai passé le concours d'entrée du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris en musiques actuelles, qui était un cycle qui était tout frais, qui avait 2 ou 3 ans. Et du coup, j'ai passé 4 ans là-bas. J'ai poussé mes études musicales un peu plus loin, étudié l'arrangement, l'harmonie... J'ai fait 4 ans là-bas qui ont été des années très difficiles au niveau de la dose de travail et des emplois du temps, parce que j'étais quand même déjà active à côté, mais qui ont été terriblement enrichissantes musicalement donc je suis très contente d'avoir fait ça. J'ai passé du coup mon DEM en musiques actuelles, en chant, il y a deux ans.


Bravo pour tout ça Jessie, c'est super chouette. Et entre temps, il y a eu la parenthèse « the Voice» !


Je l'ai fait en 2015 si je ne m'abuse. C'était la 5ème édition et ça faisait déjà 2 ans que la prod m'appelait pour me dire ça serait bien que tu viennes, passe donc le casting... Je leur disais non non non, ça ne m'intéresse pas. Je n'avais pas envie de faire ça. Pour moi, ça n'était pas du tout mon milieu et je ne comprenais pas non plus ce qui pouvait les intéresser chez moi vu la musique que je faisais. Donc j'ai refusé une ou deux fois, je sais plus. Et puis, ils m'ont rappelée, les alchemists existaient depuis déjà un an. Je me suis dit, bon pourquoi pas faire cette émission puisque j'ai un projet qui existe. Si certains accrochent avec ce que je peux montrer, peut-être qu'ils vont s'intéresser à ce que je fais et que ça peut aider à développer le projet. C'est vraiment dans cette optique-là que je l'ai fait. Et du coup, j'y suis allée. Par contre, c'était clair, il n'était pas question que je fasse des choses qui ne me plaisent pas. Je voulais rester fidèle à la musique que j'aime, ça n'a pas été forcément simple, je t'avoue, parce que la prod' a toujours des suggestions, c'est pas évident de se mettre d'accord avec eux sur les choix de morceaux, mais j'ai réussi mon challenge. Je suis sortie au bout du 3ème passage télévisé, sur un titre que j'aimais et ça a été super. C'est une belle expérience que je ne regrette pas du tout. En plus, j'étais très très bien accompagnée par les zicos derrière qui étaient pour certains déjà des copains, c'était rigolo de me retrouver là. Ca m'a donné une bonne visibilité sur le moment. Attention, c'est assez éphémère : les gens oublient vite. On a tout d'un coup beaucoup, beaucoup d'exposition... et puis quelques mois après plus rien. C'est une particularité de la télé aussi. En tous cas, ça m'a permis de lancer un crowdfunding dès que je suis sortie pour la production du 1er album et ça nous a énormément aidé. Parce que beaucoup de gens m'ont découvert à cette occasion, ils m'ont suivie et nous suivent encore aujourd'hui, ils viennent au concert, même si c'est une partie infime des téléspectateurs, et bien, ces gens-là sont encore là aujourd'hui, ils nous ont beaucoup aidé. C'est une expérience importante pour moi.

Etta James – I Just Want to Make Love to You | Jessie Lee Houlier | The Voice 2016 | Épreuve ultime https://www.youtube.com/watch?v=RW2VnUy5O2w


Donc bravo. A la fois, tu gardes ton exigence, ta personnalité et tu sais saisir les opportunités...


J'essaie, mais ça n'est pas simple. C'est vrai qu'on a tendance à se faire embringuer dans le truc. Ah ils veulent que je chante ça, comme ça je vais peut-être aller plus loin... Mais mon but, c'est quoi, aller plus loin ou juste montrer aux gens ce que je sais faire ? J'ai essayé de rester intègre et je pense que j'ai réussi. Après, ça n'a peut-être pas plu à tout le monde, mais ceux à qui ça a plu, ils ont été là et ils le sont toujours. Ca fait plaisir.


Un petit mot de conclusion sur la musique en général ? Ton rapport à la musique, à la scène ?

J'ai envie de dire que la musique, c'est toute ma vie. Je pense que le but ultime, c'est de réussir à transmettre les émotions, la passion qui nous anime. En tous cas, moi, c'est pour ça que j’en fais. Si j'arrive à transmettre ça aux personnes qui sont en face, je suis la plus heureuse du monde!


De ce que j'ai pu entendre et voir à chaque fois, le pari est plutôt réussi: Bravo Jessie!...


Propos recueillis par #PG9









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