Son parcours est jalonné des plus grands noms de la musique, du théâtre (et aussi du cinéma): Ariane Mnouchkine, Didier Bezace, Matthieu Chedid -dont il fait les premières parties sur la tournée actuelle et avec qui il chante en duo sur "Papillons Bleus"... David Assaraf est un artiste qui donne des ailes aux mots, nous emmène en voyage vers l'inconnu et ouvre tous les horizons. Et puis, il y a cet album incroyable, "Ceux qui dorment dans la poussière". Une perle façonnée par les émotions, les rencontres qui ont marqué sa vie, laissant derrière elles leur parfum au monde. Merci, David, pour cette sincérité profonde si touchante.
Bonne lecture
David Assaraf: "Juré, craché sur vos tombes" (clip officiel) in "Ceux qui dorment dans la poussière"
Enchanté David. Nous allons parler de vous, de votre parcours et de création. A 27 ans, vous avez eu un déclic: vous avez compris que vous aviez trouvé une forme d'expression qui vous convenait parfaitement... Du coup, côté chanson, vous êtes passé de l'ombre à la lumière: vous avez décidé de travailler pour vous-même et de vous mettre en voie d'un album...
Enchanté Philippe. Le déclic était dans l'écriture. J'écrivais, de la poésie principalement, ou des pièces de théâtre, et puis, je composais déjà, l'écriture et la musique, je faisais ça depuis longtemps. J'avais chanté des chansons plus jeune, adolescent, mais vers 20 ans ce qui venait plus naturellement c'était de l'anglais approximatif de groupes de rock et je sentais bien que ça n'était pas ça. Vers 27 ans, j'ai réussi, je crois, à écrire la première chanson où je me suis dit: "tiens, là, ça vaut le coup". J'ai réussi à me détacher de la poésie complètement et j'ai écrit une chanson. Je me suis dit, là, ça me correspond. Chanter des chansons, j'ai chanté les chansons des autres en piano bar ou autres, mais chanter mes propres chansons, je n'avais pas trouvé la forme qui me convenait ou qui exprimait ce que je voulais dire. A ce moment, j'écoutais beaucoup Chet Baker, cette voix douce et je me suis dit au final, il n'y a pas besoin de chanter comme Jacques Brel – parce que j'adorais Jacques Brel. Ensuite, on m'a comparé à Gainsbourg, je l'ai écouté je me suis rendu compte que effectivement, on pouvait chanter sans "crier"...
Vous dites que le déclic est venu de l'écriture. Est-ce que vous vous souvenez sur quel texte c'était et ce qui s'est passé en vous ?
Il y en a eu plusieurs où on m'a encouragé. Je pense que les premiers étaient très inspirés, j'écoutais beaucoup Barbara, donc il y avait pas mal encore de... pas de références, mais... de présences on va dire. Je crois que la première chanson a été "Sous ordonnance des étoiles" qui au final a été chantée par Sylvie Vartan et Arthur H. C'est ça. J'ai eu le sentiment d'avoir atteint un truc vraiment personnel et qui a débloqué le reste en fait.
Vous parlez de Barbara, effectivement, ce qu'il y a de très fort chez elle, c'est une fusion absolue entre sa musique et elle, sa vie et son histoire.
Absolument ! On retrouve ça aussi chez Brel ou Nougaro entre autre... et je pourrais ajouter Fiona Apple, Nina Simone, Tom Waits...
Donc, à partir de ce moment-là, vous avez trouvé, vous parlez de l'écriture...
L'écriture... Ce qui a réuni pour moi le chant, la composition et l'écriture. Le fait que je puisse aller défendre moi-même mes morceaux on va dire.
Vous vous êtes trouvé votre univers ?
Voilà. C'est une forme de digestion. Après des années et des années, tout s'est mis en place. Je me suis rendu compte que je pouvais écrire des chansons et que j'aimais ça.
L'équilibre que vous avez trouvé à ce moment là de votre vie, savez-vous à quoi il est dû ?
C'est une longue maturation. Le moment où c'est digéré. Je pense que même mon travail au théâtre et le fait d'être acteur, de jouer, de m'approprier des textes, de sentir la musicalité des mots, de se rendre compte de ce qui se passait, certains mots écrits ne ressortent pas forcément très bien à l'oral... Et puis, je suis un très gros lecteur, je lis énormément, beaucoup de poésie d'ailleurs, je crois que c'est ça. Une lente maturation et une digestion d'idées, de concepts et puis de formes d'écriture. Ca a été ça ce déclic. Une chanson, c'est assez particulier parce que c'est court, enfin les miennes ont tendance à se rallonger, mais c'est à peu près 3'30'' et il faut avoir un angle dans une chanson. C'est très concis, très précis. Je crois que c'est le temps qu'il m'a fallu pour digérer tout ça. J'ai un souci d'exactitude, de précision. Quand on écrit pour le théâtre ou qu'on fait de la poésie tous les mots comptent... J'avais envie aussi de ne pas avoir forcément une écriture qui ne serait qu'explicative. Comment distiller un peu de poésie sans perdre le sens. J'avais une envie d'écriture, je pense que jusque là je n'y étais pas arrivé.
Un dosage à trouver.
C'est ça. Et je me rends compte que en plus, là on parle de mes 27 ans, mais plus on avance plus on affine, on précise. J'aimais beaucoup les jeux de mots, j'en mets quand même moins maintenant. C'est étonnant. Les chansons sont de bons témoins de la vie, comme des Polaroïds. Je crois qu'il m'a fallu ce déclic-là, sentir une osmose entre ce que je voulais dire et arriver à le dire et ensuite de pouvoir le chanter ou le composer qui a permis de dérouler la suite. Une longue digestion, une maturation de mots et de musiques... Je suis évidemment aussi mélomane! J'écoute énormément de musique et pour écrire des chansons, je pense qu’il faut être extrêmement curieux, de tout. Ça implique aussi de savoir à peu près sous quelle forme on veut les présenter. Penser à des arrangements, des choses comme ça. C'est aussi important de digérer ce qu'on aime et ce qu'on n'aime pas. Savoir ce qu'on n'aime pas c'est très important dans ce métier.
On va revenir au tout tout début. A 5 ans, vous avez eu votre premier synthé.
Mon premier synthé avec Georges Michael en couverture, période "Wham!"... Il y avait lui et, surtout, ce qui m'a le plus frappé, il y avait Mozart dedans en musique démo. Je me souviens qu'à l'école je n'ai parlé que de Mozart pendant un moment. Le fait que ce soit un enfant... J'étais fasciné par l'enfant prodige. Il y a, je pense, le côté identification quand on est gamin... Je regardais aussi beaucoup de films, j'avais envie d'être le héros. Indiana Jones ou... Mozart. J'étais fasciné, notamment par "La marche turque" ! Voilà, mon entrée dans l'univers de la musique, c'est ça. C'est ce synthé. On écoutait beaucoup de disques à la maison, mais la découverte de la musique classique m'a également beaucoup apporté.
Vous avez fait des études de musique genre Conservatoire ou... ?
J'avais un professeur qui venait une fois par semaine à la maison. Vers 17 où 18 ans j’ai rencontré une femme, présidente de l’association Chopin à Genève, également professeure au Conservatoire. Elle m'avait entendu et proposé de passer, de venir dans sa classe pour suivre ses cours. J'y suis allé qu’une seule fois, ça c'est ma période Chopin qui ne m'a plus quitté, elle m'a dit : "écoute, c'est fabuleux comme tu joues Chopin, mais ça n'est vraiment pas comme ça qu'il faut le jouer !". A cette époque-là, je vivais en Suisse donc, que j'ai quittée pour venir à Paris. J'ai arrêté les cours, mais j'improvisais et composais déjà énormément. J'avais un rapport assez libre à la musique.
Un rapport assez libre à la musique... et à la création en général. Vous naviguez entre la musique et les mots. Vous avez écrit votre première pièce de théâtre à 21 ans.
Même 20 ans je pense. Je l'ai mise en scène, ça s'appelait: "Pour l'amour de Dieu... ou de rien".
Vous chantez, vous faites de la comédie, sur scène ou à l'écran... Vous touchez à tout, vous êtes un être qui aimez faire exister les idées par l'Art ?
C'est quand même un moyen fabuleux de le faire ! Et puis le théâtre à cet avantage de pouvoir mêler les genres. Je me souviens, j'avais donc mis en scène ma pièce. Lui donner vie, c'est déjà écrire pour les autres. C'est le début. Ensuite, on met de la musique et, en mise en scène, on mêle de tout. De la scénographie à la musique, il y a plein de choses à penser, c'est extrêmement riche. Pour moi, ça a un sens tout ça. C'est comme tailler une pierre. Au début, il y a le gros bloc et puis on taille, on taille un peu partout et ça se précise. Au fond, c'est comme ça que je vois ces années d'apprentissage : j'ai façonné ma pierre...
Vous avez façonné l'écriture et la composition à votre image.
Et aussi le jeu qui donne un rapport à la scène pour être chanteur. Je crois que je me prépare encore, comme je me préparais en tant qu'acteur avant de monter sur scène. Pas pour jouer un rôle, mais dans la disponibilité que ça demande. On dit qu'il ne faut pas être concentré mais attentif. Parce qu'on reste en écoute de tout ce qui se passe pour être là, ici et maintenant. Je me sers aussi de ça sur scène par exemple. Ou même en enregistrant, j'essaie de garder une spontanéité. Il y a une préparation, une concentration, tout ce qu'on veut, mais une fois qu'on est en studio, il faut être disponible. Être dans un état d'écoute et pas dans une bulle. Ne pas être enfermé...
Une bulle et ne pas être enfermé, ça nous amène à "Et que rien ne m'éveille"...
Oui. Ça, c'est le travail... La transmission d’une intimité, le côté impudique des chansons. "Et que rien ne m'éveille", c'est d'imaginer son père, d'être avec lui qui serait encore vivant et de ne pas vouloir être réveillé pour rester le plus longtemps possible avec lui. Parfois, la vie est comme un rêve éveillé, comme quand on est gamin, qu'on est dans la classe... L'esprit s'en va et on voit très clairement une autre vie en train de se passer, on fait autre chose, ailleurs, dans un autre endroit, à un autre moment. On n'est pas du tout en classe. Ça m'arrivait souvent. Jusqu'au moment où le professeur vous balance une craie pour que vous reveniez sur terre. C'est ça, cet état d'absence, un peu, où on est réellement ailleurs. C'est le thème de la pièce "Pour l'amour de Dieu... ou de rien" : le personnage principal quitte tout pour aller ailleurs. Il y a un endroit qui s'appelle "Ailleurs" et il veut absolument y aller.
Ça nous emmène à votre processus créatif pur. "Ceux qui dorment dans la poussière", l'album, a demandé combien de temps de travail ? Comment avez-vous travaillé ?
Alors. Un peintre a eu un procès comme ça... Il avait fait un portrait qui lui avait pris 5 ou 10 mn et il avait demandé assez cher. Au procès, on lui a dit : "alors c'est vrai que vous avez mis 10 mn à faire ce portrait ?". Il a répondu: "oui, j'ai mis 60 ans et 10 mn". Le processus créatif c'est ça, une écoute permanente. Pour le titre, mettons... Mon père est décédé quand j'avais 11 ans. A l'entrée du cimetière, il y avait cette phrase tirée de la Bible : "les morts ressusciteront, ils se relèveront, ils se réveilleront avec des chants de joie, ceux qui dorment dans la poussière". On allait tous les ans au cimetière et, chaque fois, j'étais frappé par cette phrase : "ceux qui dorment dans la poussière". Je crois qu'à 20 ans déjà, j'avais eu envie d'écrire quelque chose à partir de ce titre, mais je ne savais pas quoi. Il m'a fallu pas mal d'années pour me dire: ce sera un album. Celui-là est assez particulier. J'ai fait un autre album qui n'est pas sorti, qui avait une logique plus chanson, et celui-là est vraiment particulier. C'est un album qui est presque un "alb'hommage", un hommage aux vivants et à ceux qui ne sont plus qui ont fait aussi celui que je suis aujourd'hui. Dans le processus de création, je me suis dit un jour, je fais aussi des instrumentaux, je ne compose pas uniquement des chansons et j'ai décidé de tout mettre en fait. Parce que c'est ce que ça raconte aussi: c'est la même personne, la même histoire, la mienne. C'est venu comme ça. Je crois que c'est quand j'ai contacté Ian Caple (Réalisateur de l’album). Certaines chansons ont été écrites très peu de temps avant l'enregistrement, voire même pendant. Ainsi, "Si je n'aime la vie j'aime encore ce moment" a été écrite ou rêvée très peu de temps avant l'enregistrement. Quant à "Love songe", elle a été faite carrément en studio.
J'ai un peu le sentiment en vous écoutant que l'album ou ses chansons sont susceptibles d'évoluer avec le temps... Non ?
On peut leur donner d'autres formes, c'est sûr. Disons que le souci, quand on n'a pas forcément les moyens qu'ont les grandes maisons de disques - qui peuvent partir pour 4 mois de studio, revoir certains titres ou les réarranger ou essayer autre chose-, là, tu n'as pas le droit à l'erreur. On ne peut pas tenter d'autres arrangements. J'aurais bien tenté encore d'autres versions sur certains morceaux. Mais, au final, j'aimais quand même cette urgence qui demande d'aller vers une forme d'essentiel. En tous cas, ils vivront sur scène différemment, je pense.
La tournée qui s'annonce pourra s'enrichir de l'instant.
Exactement. En ce moment, mais ce sont aussi des contraintes budgétaires, je ne peux pas défendre l'album avec 4 ou 5 personnes sur scène, ce qui fait que je le défends de la manière la plus simple, telles qu'elles ont été écrites ou composées : au piano. Il n'y a pas toute cette part d'arrangements, mais je tenais à eux pour le disque parce que rien n'empêche de sortir quelque chose de plus léger par la suite ou de sortir les piano-voix quand on enregistre les concerts. J’aime beaucoup la nudité des morceaux, mais j'aimais bien l'idée d'avoir un disque qui soit comme un voyage sensoriel, avec différentes atmosphères, j'avais vraiment à cœur de faire ça.
Est-ce que vous croyez à la réincarnation ?
Non, mais je crois en la vie éternelle. Ca veut dire ceux qu'on laisse après nous. Nos enfants, nos amis, ceux qui nous ont connus. Dès que quelqu'un transmet un peu notre mémoire, on vit toujours.
"Ceux qui dorment dans la poussière"...
..."se réveilleront avec des chants de joie!" Ils vivent. Ca va paraître un peu bateau. Nos amis... On est toujours présent pour quelqu'un. Et puis après, quand ça s'arrête, c'est comme si on n’avait jamais existé, on est une sorte d’empreinte, un manque souvent, mais une présence... on est éternel. On ne disparaît pas vraiment. On est en continu...
On peut donc presque dire qu'effectivement, votre père est dans cet album...
Je vais même vous dire, il y a un morceau qui s'appelle 26/09 et juste après, il y a "Et que rien ne m'éveille". Tout n'est pas entièrement dédié à mon père, mais là en l'occurrence on y est. 26/09, c'est la date de son décès, le 26 septembre. Il se trouve que pendant que j'enregistrais, et j'ai composé d'ailleurs cet instrumental un 26/09, des années plus tard, et donc quand je l'ai enregistré, ma femme était enceinte. Notre enfant est né et, je ne suis pas particulièrement pratiquant, mais j'ai grandi dans la religion juive. La date biblique de la naissance de mon fils tombait le 26/09. Le jour où on ferait normalement la cérémonie de naissance tombait le même jour que le décès de mon père. J'ai enregistré à la clinique le premier cri de mon fils et l'ai intégré dans le morceau 26/09. On y trouve une partie sombre et lorsqu’on arrive à un moment donné du morceau, c'est assez subtil, on ne va presque pas l'entendre, mais il y a ce premier cri... C est une espèce de passation, de cycle, il y a une mort et une naissance. Ensuite le morceau s'ouvre avec les cordes de "Et que rien ne m'éveille", c'est une ouverture, c'est un peu plus solaire. C'est encore une fois une digestion, parce qu'un deuil est aussi une digestion et comprendre que la vie demeure et qu’on ne meurt pas, ou alors on meurt à deux (Deux-meurent). Mais on ne meurt pas. L'autre reste. En soi. Ca réconcilie énormément avec la mort quand on se dit qu'on ne disparaît pas vraiment. Que ceux qu’on aime ne disparaissent pas... C’est mon rapport à la mort ça...
Dans le clip "Papillons bleus", il y a beaucoup d'effets miroirs -humoristiques- entre la vie et la mort... mais en entendant tout ce que vous dites, on comprend encore mieux que l'album parle des deux. On est vraiment sur un passage de l'un à l'autre, une transmission, une éternité et le parfum qu'on laisse au monde.
Comment dire, j'explore aussi des champs de mort symboliques ou des naissances symboliques. On se défait tout au long de notre vie de certaines parties de soi. Je pense qu'il y a 10 ans ou 15 ans, vous n'étiez pas le même qu'aujourd'hui. D'autres choses apparaissent. Il y a des cycles comme ça. Même ne serait-ce que trouver sa voie. On ne devient pas autre, on devient de plus en plus soi-même et on délaisse ce que nous ne sommes pas. C'est là où je parle de mort symbolique où on a de ce fait une autre, une nouvelle naissance... Je parle de morts symboliques, pas de décès. Mais est-ce qu'elles sont si différentes ? Il y a une absence, un manque, c'est sûr. Mais au fond c'est une étape. De toutes façons on y va tous.
Clip: "Papillons Bleus" en duo avec "M"
L'album est une étape vers quoi ? Qu'allez-vous devenir David ?
Je ne sais pas. Je ne vis pas tellement dans la projection. Je suis vraiment dans l'instant. Si après on me dit tu as rendez-vous la semaine prochaine à 14h, je le note, mais... non, je ne sais pas ce que je vais devenir. Je me contente d'être. Je n'ai pas de plan de carrière. J'ai envie de continuer à faire de la musique, sûrement de rejouer, de mettre en scène à nouveau. Continuer cette exploration du monde. C'est vrai que d'écrire ou de mettre en scène, c'est une façon de réfléchir à la nature humaine. Ça me fascine.
La sensibilité au monde, c'est un mélange de musique, de mots, de couleurs... ? Est-ce que vous peignez ?
Je dessinais beaucoup. Je prends moins le temps, mais j'ai eu une grande période où je dessinais énormément. Je le fais encore dans mes carnets mais moins sérieusement.
Le dessin de la pochette est de vous ?
C'est Yann Orhan, qui a fait la photo également, sur une idée à moi. J'avais fait une ébauche... On a envoyé le projet à Yann qui l'a esquissé. La pochette est l'idée de base de l'album. En l'enregistrant, je savais que ça serait un mélange de ma tête et de ce clown qui ressemble à mon père, c'était ça l'hommage dont je parle dans la chanson "Et que rien ne m'éveille": "voir ta gueule de clown triste". Yann a fait l'illustration et je suis très content.
"On fait les choses pour soi, on ne les fait pas forcément contre les autres. J'ai compris que, plus tu es proche de ton intimité, plus tes chansons deviennent universelles", ces mots sont de vous (in "Les Chroniques de Mandor")
Oui. On met longtemps à faire des choses pour soi, enfin ça dépend des gens. Moi, j'ai mis longtemps. J'avais une nature où j'avais le sentiment de toujours devoir faire les choses pour les autres: quand je faisais des choses pour moi, j'avais le sentiment d'être égoïste. Donc je me mettais au service de tous, tout le temps. Ah tu as besoin de ça, je te le fais... accepter des projets que je n'avais pas forcément envie de faire, mais les faire quand même pour les autres. Une espèce de vie comme ça où je m'interdisais mes propres. Et je pense que ça va de pair avec ce fameux déclic de 27 ans. Comprendre peu à peu qu'en faisant des choses pour soi, on ne les fait contre personne en fait. Apprendre à gérer sa culpabilité, on va dire. Ma première pièce était très personnelle, je pensais que personne n’y comprendrait rien. Elle était un peu fantasque quand même... et bien beaucoup de personnes sont venues me voir en sortant de la salle pour me dire: "c'est dingue, c'est mon histoire". Et là je me suis rendu compte qu'effectivement plus on est personnel et plus ça tend à l'universel.
Et qu'il ne faut pas en avoir peur... Merci David, c'est magnifique. Vous voulez dire un mot de conclusion ?
Ca n'est pas vraiment une conclusion. J'apprends énormément en faisant tout ça. C'est à dire que je crois que... À un moment, il y avait des écrivains publics, on venait, on ne savait pas écrire et quelqu'un écrivait à ta place. Par moment, je pense que certaines chansons ont cet effet de rassurer peut-être certaines personnes qui n'avaient pas les mots et puis d'entendre quelqu'un qui a pu avoir les mêmes maux que lui, on en sort soulagé, apaisé, comme s'il y avait eu un secret échange muet entre deux personnes. C'est bon, on y va ensemble. Ca va aller. Une main sur l'épaule...
Merci à Jérémy Verlet pour la mise en contact. Propos recueillis par #PG9
Le site de David Assaraf:
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