top of page
  • Photo du rédacteurCulture Etc

Pierre-Emmanuel LeGoff, réal./ prod de “16 levers de soleil”, l'aventure spatiale de Thomas Pesquet

Il y a l’aventure exceptionnelle de Thomas Pesquet que le monde entier a suivi, et il y a une autre aventure, souterraine avant qu’elle n’apparaisse au grand jour, celle de Pierre-emmanuel Le Goff, réalisateur-producteur du film “16 levers de soleil”, mais aussi de “Thomas Pesquet: l’envoyé spatial” et ‘Thomas Pesquet: l’étoffe d’un héros” sans parler des expériences en réalité virtuelle ou des films spéciaux pour les planétariums. Bref, Pierre-Emmanuel a suivi l’astronaute pas à pas pour raconter son histoire. Culture Etc a eu envie de lui demander de parler un peu de lui. C’est ce que vous allez découvrir ci-après... Bonne lecture!



Bonjour Pierre-Emmanuel! Avant tout bravo pour tout ce que tu as fait, c'est extraordinaire. C'est donc quand tu as appris que Thomas Pesquet partait dans l'espace que tu t'es rapproché de lui pour le projet. La prise de contact a-t-elle été facile? Peux-tu nous raconter en quelques mots votre première rencontre?

La 1ère rencontre, je l'avais organisée avec mon co-réalisateur sur les autres projets spatiaux, Jürgen Hansen. Elle a eu lieu au « Club de l'Etoile » à Paris, un cinéma proche des Champs : je trouvais que c'était un beau signe de le faire dans une salle qui porte ce nom. Thomas est arrivé à un moment donné, on avait préparé la projection. J'ai tout de suite senti que c'était quelqu'un de très accessible. On lui a présenté Gravité ZERO, le précédent film que Jurgen avait réalisé sur l’astronaute allemand Alexander Gerst. On lui a expliqué que l'idée était de faire un peu la même chose, de suivre son aventure depuis son entraînement jusqu'à sa mission dans l'espace dans un format à la fois télé et aussi cinéma. Il nous a tout de suite dit qu'il était très enthousiaste et qu'il avait envie de nous permettre de faire quelque chose d'encore plus ambitieux que ce qu'on avait fait sur son collègue allemand.


Extraordinaire. Et il s'est engagé à 300% dans le projet ?


Oui. Et il y a aussi une forme de challenge entre astronautes. Ils aiment bien se mettre des défis. Là, il y avait un défi technique qui l'intéressait et c'était intéressant pour lui également parce que ça fait partie de sa mission de la faire partager au plus grand nombre. Communiquer, faire des films, c'est important pour sensibiliser à la nécessité de faire ces missions d'un point de vue scientifique. Et puis aussi pour sensibiliser à la thématique environnementale dont il s'est fait l’un des porte-paroles.


Il est dans une démarche très pédagogique en fait ?


Complètement, oui. C'est même pour ça qu'il a été recruté. Dans le sens où ça fait partie des critères de sélection des astronautes, d'être en mesure de partager, de communiquer de façon simple, claire, pédagogique, sur les travaux effectués dans l'espace et le pourquoi de ces missions habitées que ce soit dans la station spatiale, mais aussi, à moyen terme, vers à nouveau la Lune, Mars etc... Il y a donc un vrai travail pédagogique d'autant plus important que ce sont des financements publics qui sont utilisés pour ces expéditions spatiales.


Une vraie complicité est née entre vous?

Oui. Ça a pris un peu de temps parce qu'on se voyait de façon assez épisodique au début. Mais, les tournages allant, on avait finalement réussi à passer du temps ensemble, une semaine, 10 jours… Il voyait comment on travaillait, on pouvait lui expliquer comment ça marchait. Forcément, de fil en aiguille, on en est arrivés à créer des relations amicales. Une vraie confiance et un respect mutuel se sont progressivement mis en place. Et je crois qu'il est très content de tout ce qu'on a pu faire. Après, quand il était dans l'espace, il était important d'avoir cette relation de confiance et d'amitié, pour avoir la même vision du film et que lui et ses équipiers prennent du temps de mission spatiale pour faire des images qui allaient nous servir. Il fallait donc qu'il en ait envie, qu'il nous fasse confiance, qu'il le fasse par “amitié” aussi. C'était important et nécessaire de tisser ce lien en amont.


Désormais "16 levers de soleil" et les autres projets autour existent. Es-tu un réalisateur heureux?

C'est difficile d'être plus heureux en tant que réalisateur que lorsqu’on arrive à réaliser le rêve de tourner dans l'espace avec une qualité d'image pareille, et en même temps d’avoir relevé ce défi technique avec une personne aussi enthousiasmante et extraordinaire que Thomas. Qui plus est pour véhiculer un discours important autour de la thématique environnementale qui me tient à cœur. C'est vraiment ce qui donne du sens à mon métier : raconter des aventures qui touchent le plus grand nombre, et avec un fond puissant, nécessaire. C'est pour ça que je fais ce métier.


Ca se sent complètement d'ailleurs dans le film... Es-tu un producteur heureux? Maintenant, tout est possible pour La Vingt-Cinquième Heure ou pas ?


On est un peu à la croisée des chemins. On a fait le plus dur : réaliser et produire des films. Maintenant, on a misé beaucoup sur ces différentes aventures et tout n’est pas encore gagné. Le premier pas, qui était le plus important, le marché français, est un succès, chaque jour qui passe, chaque semaine, on a des nouvelles salles qui s'ajoutent aux premières. On se dirige vraiment vers un beau succès. Cela dit, le marché français est une chose et pour vraiment passer un cap, il faut qu'on arrive à attaquer le marché international. Il n'y a pas de raison qu'on n'arrive pas à décrocher d'autres pays, d'autres territoires et donc à faire un succès commercial international...


A décrocher la lune...


Oui, j'ai failli le dire... D'une certaine manière oui.


Combien de salles le diffusent actuellement ?


En ce moment, il y a encore une cinquantaine de salles. On en est pratiquement à 500 salles depuis la sortie. On a un objectif de 1 000 d'ici le premier trimestre 2019, et on croît beaucoup aux séances que nous organisons vers le public scolaire qui marchent très bien notamment.


Et combien de spectateurs ?


On approche des 50 000.


J'avais une 3ème question à te poser. Es-tu un Papa heureux?

Je suis un papa super heureux ! J'ai une petite fille extraordinaire, elle s'appelle Louison. Maintenant, j'espère être un papa d'autant plus heureux que j'aurai un peu plus de temps à consacrer à ma famille et à ma fille. C'était un rythme très soutenu. Surtout que Louison est arrivée sur terre pendant que Thomas partait dans l'espace. C'était une mission très importante et qu'il a fallu accomplir en même temps. Elle est très épanouie, elle parle beaucoup de Thomas Pesquet à la maison ! Elle a une fusée accrochée au dessus de son lit, elle a une poupée qui est un astronaute... Quand Thomas est venu dîner à la maison, elle lui a offert des pinces à linge. Je ne sais pas pourquoi... Un petit sac avec des pinces à linge, peut être parce que dans la station spatiale, ils n’ont pas de machine à laver !


La question qui va avec c'est la suivante : quel message à ta fille et aux enfants du monde entier?


Louison est ce qu'il y a de plus important pour moi en tant qu'homme et en tant que créateur, c'est ma plus belle réalisation avec Marie et en même temps, c'est là où mon travail de réalisateur rejoint un peu mon travail de père. A travers mes films, j'essaye de transmettre un message au plus grand nombre et d'abord pour ma fille. Ce que j'aurais envie de lui transmettre, c'est une Terre qui soit un peu plus vivable, moins invivable en tous cas, et un futur qui ressemble à quelque chose de plus lumineux que celui que notre civilisation est en train de proposer en ce moment.


Concrètement, c'est ma dernière question... Quels sont tes projets à venir?


Il me reste un film sur la mission de Thomas à terminer. C'est une version planétarium sur la partie spatiale, j'ai déjà fait une version planétarium sur la partie entraînement. On est aussi en train de mettre en place aussi avec Guillaume Perret une version ciné-concert avec la perspective d'en faire à la Philharmonie de Paris, par exemple. C'est un format qui va permettre de faire vivre l'expérience au spectateurs d'une manière encore plus immersive en terme musical. Et puis, à côté de ça, La Vingt-Cinquième Heure a des projets en production, en distribution qui ont tous des sujets de fond, mais que je ne réalise pas. Ca va d'un court-métrage sur le harcèlement au travail pour France 2, à un documentaire sur les Grands Voisins qui est une sorte d'utopie dans la ville à Paris, ou un autre documentaire sur un gardien de moutons, ça s'appelle “La métaphysique du berger”. Quelqu'un qui a tout lâché pour aller garder des moutons dans l'Aveyron. Des projets qui parlent à chaque fois de problème sociétaux sous la dimension fiction ou documentaire. Quant à la réalisation, il y a mon projet autour de la Guerre d'Algérie, “Le Petit Frère” qui est aussi lié au Petit Prince. Et puis j'ai un projet autour des phares. Je vais les mettre en place dans les semaines qui viennent.

A la base, j'avais envie d'appeler le texte “Des phares et des étoiles”...


Avant qu'il ne parte dans l'espace, j’ai offert plusieurs livres à Thomas dont “Armen” de Jean-Pierre Abraham, le récit d'un gardien de phare. Et puis un livre de Louis Cozan, un ami gardien de phare intitulé “Un feu sur la mer”. C'est là qu'on a commencé à tisser des liens qui allaient au delà du contexte purement professionnel. Il les a lus et beaucoup aimés parce qu'il y a finalement beaucoup de similitudes entre le métier d'astronaute et de gardien de phare. Etre comme ça perdu au milieu du néant et isolé. Ce qui est propice d'ailleurs à la réflexion et à l'introspection.



Un mot de conclusion ?


Simplement ne pas oublier qu'il y a une vraie urgence environnementale. Il est temps que les citoyens reprennent vraiment le pouvoir comme le préconisent notamment Cyril Dion ou voir ce qui va se passer du côté du nouveau mouvement de Glucksman peut-être. Il y a des éléments positifs dans la société actuelle, mais il faut aller vite. C'est pour ça que je pense qu'on a tous notre rôle à jouer, quel que soit notre métier : réorienter nos métiers pour qu'un grand mouvement citoyen se mette en place et fasse un peu changer notre modèle de civilisation...


Merci à l’équipe de La Vingt-Cinquième Heure


Propos recueillis par #PG9


La Terre vue de la Station Spatiale Internationale. Photo: Thomas Pesquet (c)


“La Vingt-Cinquième Heure”






Pour échanger avec Culture Etc et retrouver tous nos articles, rendez-vous ici

Partageons la Culture!

PS: toute reproduction, même partielle, interdite sans autorisation

contact@cultureetc.fr

Cet article vous a plu? N'hésitez pas à le partager, ça fera plaisir à tout le monde!




107 vues0 commentaire

Comments


bottom of page